36 / Mission d'étude et thèse de doctorat. Condamnation par le Plan

Publié le Vu 2 499 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

36 / Mission d'étude et thèse de doctorat. Condamnation par le Plan

          Ma lettre de dépit et de critique du Plan (extraits ci après), a été adressée à El Moudjahid  le 4 janvier 1971 ( refusée à la publication) au lendemain de mon retour de la mission d’étude à Bruxelles et de la remise de mon rapport d’étude en août 1970, mission et rapport qui m’ont valu d’être aussitôt éloigné des services centraux du Plan et affecté à la création de l’Institut du Plan dans le cadre du projet des Instituts de Technologie.

Cette lettre illustre les chapitres 4 et 5 de mon livre ( Coparentalité sans conjugalité. Essai autobiographique sur la mixité binationale France-Algérie, cf. article 30) et précède l’affaire dite de l’Institut du Plan, affaire ouverte en 1971, poussée en justice en 1973, manipulée et  relancée en 1988, suite à ma création en 1986-87, à Bruxelles, d’une association de défense des enfants franco-algériens, annoncée par Ménie Grégoire dans France-Soir  .

De fait, ma mission d’étude et ma thèse de doctorat à Bruxelles ont été d’emblée considérées comme une mise en cause accusatoire du modèle de planification suivi par le Plan.

- Extraits de ma lettre du 4 janvier 1970, adressée au journal El Moudjahid  : "  Ajuster l'économie au social pour combattre la société duale en Algérie" :

             "  Beaucoup de dirigeants algériens étaient convaincus entre 62 et 71, qu'il suffisait de  recopier l'organisation  industrielle des pays colonisateurs pour  atteindre (moyennant quelques sauts de page d'histoire)  l'objectif  d'émancipation poursuivi par les indépendantistes.
Il est vrai que le peuple avait, pour sa part, côtoyé  la société coloniale et son niveau de vie et  qu'il avait conçu  à son égard, un désir  de conquête, bien que (ou parce que)  il en avait été exclu auparavant, exclusion ressentie comme, une injustice, un affront.

                        Cette apparente contradiction  de la révolution tient au fait que les dirigeants ont paradoxalement mis à profit une injonction de la doctrine marxiste qui  prônait, comme premier objectif de la  lutte des classes,  la conquête du  pouvoir étatique et son exercice autoritaire, à l’exemple d’autres révolutions….
Mais, en Algérie, une fois cette conquête accomplie au lendemain de l'indépendance,  le pouvoir de décision de l'administration est restée intouchable, insoupçonnable. La critique des aspects redondants du modèle colonial n'a  pu être effectuée de manière pertinente.  Les choix économiques et technologiques mis en œuvre n’ont pu être ainsi ni évalués ni contestés (Führerprinzip).

C'est dans ces conditions et sur des images caricaturales que s'est engagée la construction de l'économie nationale dans la période cruciale de l'indépendance.

         Belaid Abdeslam, Mourad Castel, mais aussi M. Liassine (SNS) et A.Ghozali (SONATRACH) ont été les maîtres d’oeuvre de l'économie industrielle algérienne, économie artificielle gérée par l'Etat, fondée sur  l'exploitation  marchande des ressources pétrolières.   Leurs choix ont été entérinés par le Président, soutenus par le Parti et appliqués par le Plan . 

……Conclusions   (jugées oppositionnelles)

       J'ai appelé l'ajustement de l'économie au social : la Gouvernance Sociale.  Elle constitue le volet nouveau de la planification générale à articuler à la planification économique .         Le Parti et le Plan ne devraient pas rester insensibles à cette problématique étudiée lors de la mission dont j'ai été chargé et dans le cadre de ma réflexion doctorale destinée à la Direction générale du Plan .

    En Algérie, les directions du personnel et la gestion des ressources humaines devraient  prendre en considération  l'évolution générale de l'organisation du travail esquissée dans ce rapport, avant d'être formatées de  l'extérieur par les technologies utilisées ….

Les  responsables nationaux doivent, pour leur part, s'interroger impérativement sur   l'opportunité et l'évaluation des technologiques dans la définition des objectifs d'industrialisation des secteurs et des branches en fonction du rapport capital-emploi ainsi que sur la pertinence  du rapport recherché entre le social et l'économie, la population  et le travail, la  croissance et la  répartition des charges et des revenus, la dépendance et la souveraineté.                                                                                                                      L'effort à engager sur cette voie est celui de la lutte contre l'extension de la société duale, à défaut de quoi la révolte gagnera le peuple, la religion les esprits, la division  l'union nationale.  L'enjeu de la gouvernance sociale est essentiel.   


BENAMMAR Miliani, Christian
administrateur au Plan
Secrétaire Général
ITPEA - Ben Aknoun

(1)  Remerciements  :
- à MM. Cherif Belkacem et A. Medeghri, ministres d'état, ainsi que Djaffari et Taouti d'avoir permis et facilité cette mission d'étude, qui pour moitié consistait à étudier les techniques de planification des ressources humaines.
- au Consul d’Algérie à Bruxelles.
- au responsable du BIT à Bruxelles d'avoir encadré et suivi mon étude
- au BIT  pour les appréciations élogieuses qui m’ont été adressées de Genève (auxquelles le Directeur général et le Secrétaire général du Plan au Palais du Gouvernement à Alger n’ont porté aucun intérêt).
- à  MM. Doucy, Directeur de l'Institut de sociologie de l'ULB et Feldheim, son  Secrétaire général , Spitaels assistant brillant à l’ULB, pour leur accueil, nos entretiens et la supervision de mes recherches, tous attentifs à la prise en compte du rôle joué par les techniques dans les processus de développement.
- à  Mr Morsa , professeur d'économie à l'ULB d'avoir accepté la direction de ma thèse de doctorat, à Mr Dopagne pour ses conseils de mise en forme et de rédaction .
- au directeur du Bureau de la planification belge à Bruxelles, ainsi qu’au directeur et son équipe pédagogique du Centre de formation de Charleroi.
- aux conseillers de l'INSEE, de l'OCDE , du Bureau de programmation économique à Bruxelles, aux responsables des services du Ministère du travail, des syndicats FGTB et du patronat qui ont  contribué à affiner ma  réflexion sur les concepts et la mesure de la productivité et leurs implications sociales.
- au Directeur de la BBL, à son directeur du personnel et au responsable de la  mécanographie à Bruxelles qui ont bien voulu me présenter les projets d'organisation et de modernisation de la banque.   »

 

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles