Productivité et société duale en Algérie

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Productivité et société duale en Algérie

                       Productivité et société duale en Algérie

          Dans notre précédente réflexion sur la société duale  en Algérie ,
nous évoquions le fait que les idéologies en vogue dans la plupart des
milieux (intellectuels, administratifs, entreprises) n'offraient pas de
recette particulière pour éviter la montée en force de la société duale, en
situation de sous-développement. Les idéologies mises en avant,
néo-libéralisme ou néo-marxisme, jouent pourtant sur la loi de la
valeur travail mais restent chimériques comme le néo-keynésianisme qui,
pour combattre le chômage, aspire à réaliser le plein-emploi, mais dans
l'objectif d'accroître les profits  en augmentant la production.
La voie théorique, imprécise sur la conversion du concept de travail en
facteur d'emploi du fait du sous-développement, parait d'autant moins
 exploitable en Algérie que le pays dispose d'un atout national
exceptionnel : la rente pétrolière, une façon de nier les obstacles .

Notre thèse initiale, avancée en 1970, méprisée par des dirigeants  aveuglés
par la facilité et la suffisance de leurs certitudes, soulignait la valeur
travail comme spécificité centrale de la Gouvernance sociale.
Il ne s'agissait pourtant pas, dans cette étude, de favoriser des intérêts
particuliers de catégories sociales trop proches du processus
d'industrialisation, mais au  contraire d'inclure dans l'intérêt général
ceux qui étaient trop éloignés des circuits de travail pour y entrer,
d'éviter la dérive de la formation sociale  et l'apparition de la société
duale.
Selon notre approche, le refus de prendre en compte les modalités de
création des emplois, la négligence de l'analyse préalable des objectifs de
planification en matière d'investissements et de technologie conduisaient à
la formation de la société duale. De ne pas l'avoir fait auparavant,
l'Algérie le paie chèrement.

Or, dans le cas de l'Algérie, il ne s'agit pas de diviser le temps de
travail, multiplier les sureffectifs et moins encore de développer
l'assistanat à l'échelon national, sectoriel ou local.

Il s'agit, prioritairement, d'évaluer systématiquement les projets selon les
priorités nationales et les rigidités des marchés, d'évaluer les
technologies retenues selon leur aptitude à créer de l'emploi, de combiner
les facteurs de production et surtout d'utiliser la productivité pour
obtenir le meilleur effet multiplicateur.

 Aujourd'hui, la productivité ne permettant même pas à la population globale
de survivre dans l'autonomie, c'est à elle qu'il faut s'attaquer.

La productivité n'est pas, en effet, qu'un instrument de mesure des
résultats. Elle est aussi un incomparable outil de prévision, de décision et
de contrôle en matière de gestion .
Son caractère apparemment trop technique, n'intéresse pas les hâbleurs,
alors que sa capacité technique de guidance devrait la situer au niveau le
plus élevé du pouvoir, maître d'ouvre par ailleurs de la gouvernance sociale
nationale.

 La productivité permet, en effet,  de gérer et piloter, par le biais des
tableaux de bord d'information et de calcul, le processus
d'industrialisation, tant au plan du choix des projets que des technologies
et, last but not least, de lier les projets d'investissement à la formation
du travail et à la redistribution des revenus.

Trois  des éléments de la productivité sont privilégiés  :

-  les coûts des facteurs de production

-  le temps de travail

-  l'efficience et le rendement

La productivité, au demeurant d'intérêt universel, s'applique aussi bien à
l'entreprise d'Etat ou privé qu'à l'économie nationale ou sectorielle, de
 service ou de profit. Elle doit être appréhendée dans sa corrélation à la
monnaie (prix et inflation) et aux échanges extérieurs ( taux de change
et compétitivité). C'est un levier essentiel du développement d'autant plus
complexe qu'il est poussé. Il permet d'élever la production sans croissance
 ou  d'augmenter croissance et compétitivité par la seule combinaison des
éléments de la productivité.

L'efficience industrielle du point de vue social tend à opter pour une
capacité de production fixée au prix le plus bas possible selon  l'article,
les coûts des facteurs disponibles et l'objectif de qualité visé.

Bref exemple. On peut imaginer que l'on importe clé en mains une usine
allemande en Algérie. Il est prévu que l'usine fonctionnera en Algérie aux
mêmes conditions qu'en Allemagne avec la conviction de faire une acquisition
avantageuse pour l'Algérie au titre de l'industrialisation, du débouché
commercial et du progrès social.
La partie n'est pas gagnée pour autant. L'usine va, en réalité, fonctionner
aux conditions du marché algérien dont les facteurs diffèrent profondément
(équipements, durée de vie et de renouvellement, maintenance, matières
premières, financements. mais aussi effectifs, structure, qualification de
la main d'ouvre, mentalité industrielle ).
La proportion des coûts totaux allemands par rapport aux coûts algériens
obtenus peut donner une idée de la mesure du rendement économique et
des économies possibles selon l'environnement, le tissu industriel, les
conditions de travail, le taux d'utilisation des capacités...

La productivité a l'avantage de considérer les input des investissements de
développement en fonction des output de l'industrialisation. Elle tend à
former un outil précieux de la gouvernance sociale. L'une ne va pas sans
l'autre.

 

 

 

 


 

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