Jean-Pierre Clamadieu : la bonne pioche de l’Etat pour prendre la tête d’Engie ?

Publié le 07/01/2020 Vu 915 fois 0
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Depuis quelques jours, la presse économique fait part de changements possibles à la direction d’Engie. Le géant français est aujourd’hui dirigé par Isabelle Kocher, sa directrice générale et par Jean-Pierre Clamadieu, son président.

Depuis quelques jours, la presse économique fait part de changements possibles à la direction d’Engie. Le

Jean-Pierre Clamadieu : la bonne pioche de l’Etat pour prendre la tête d’Engie ?

Depuis quelques jours, la presse économique fait part de changements possibles à la direction d’Engie. Le géant français est aujourd’hui dirigé par Isabelle Kocher, sa directrice générale et par Jean-Pierre Clamadieu, son président. Un duo qui a tout pour réussir une transformation indispensable du groupe, mais qui aurait du mal à travailler de concert depuis plusieurs mois. Les rumeurs vont donc bon train et le nom de Jean-Pierre Clamadieu revient avec insistance pour prendre seul les rênes du groupe dont le principal actionnaire est l’Etat. C’est donc au plus haut niveau politique que la décision se prendra alors que le mandat d’Isabelle Kocher arrive à son terme en mai 2020.

La transition énergétique est en marche et les industriels ne peuvent y échapper. La direction d’Engie l’a compris et a amorcé depuis plusieurs années une mue qui doit lui assurer un avenir radieux dans un secteur en rapide évolution. C’est ainsi qu’Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie depuis mai 2016 et Jean-Pierre Clamadieu, président depuis mai 2018 ont uni leurs forces afin de mener à bien une transition propice au groupe qu’ils dirigent et dans le respect de l’environnement. Une alliance entre deux industriels de haut vol sous les auspices d’un Etat actionnaire discret, mais à la voix prépondérante. Alors qu’un nouveau mandat pour Isabelle Kocher est âprement discuté au sein du Conseil d’administration, l’idée de laisser Jean-Piere Clamadieu seul aux responsabilités commence à faire son chemin.

Jean-Pierre Clamadieu, un industriel conquérant

Arrivé il y a un peu plus d’un an à la présidence d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu n’a rien d’un inconnu dans l’univers de l’industrie et du CAC40. Il doit sa nomination à ses états de service à la tête de Solvay, un leader mondial de la chimie. La réussite de Solvay et de son désormais ex-président pourraient peser lourd au moment de faire un choix pour Engie. En effet, si Solvay se porte plutôt bien, c’est parce qu’il a parfaitement géré le rachat de Rhodia (alors dirigé par Jean-Pierre Clamadieu) en 2011 puis celui de l’Américain Cytec quatre ans plus tard. Un coup double concomitant d’une réorganisation en cinq pôles d’activités plus efficace qui n’a pas permis pour autant à son président de voir son mandat renouvelé. Cette partition conclue sur une fausse note n’a toutefois pas fait peur à l’Etat qui a finalement propulsé Jean-Pierre Clamadieu à la présidence d’un groupe six fois plus important. A titre d’exemple, les investissements annuels réalisés par Engie représentent environ un an de chiffres d’affaires de Solvay. La marche est donc haute, mais la confiance mise en lui en 2018 semble totale et s’explique par les étroites relations qui unissent Jean-Pierre Clamadieu au président de la République, Emmanuel Macron.

Le côté aventurier de Jean-Pierre Clamadieu et son goût pour les grandes manœuvres en font un homme très apprécié du côté de l’Elysée. L’industriel donne tellement satisfaction qu’Emmanuel Macron aurait poussé son arrivée dans un tout autre domaine : la présidence du conseil d’administration de l’Opéra de Paris en octobre 2018. Le maintien de Jean-Pierre Clamadieu à la présidence d’Engie ne fait donc aucun doute en raison des rapports étroits noués avec le locataire de l’Elysée. Anciens hauts fonctionnaires, les deux hommes se ressemblent : ils sont passés par les cabinets ministériels, ont le même charisme et l’intelligence fulgurante. Nul doute que le président envisagera de supprimer le poste de directeur général pour un PDG fort.

La directrice générale ne démérite pas tant elle a engagé la transition énergétique au sein d’Engie. Une stratégie difficile à mettre en place au regard de l’envergure du groupe et des activités historiques parfois polluantes qui y sont liées. Ce positionnement n’est d’ailleurs pas pour déplaire à l’ancien numéro un de Solvay, mais l’homme est pressé et entend se séparer de nombreuses activités considérées comme trop peu profitables à court terme. Une philosophie à laquelle souscrit pleinement Ross McInnes, un financier, et influent administrateur chez Engie aux allures de cost-killer. Les deux hommes partagent une même vision – qui l’emporte sur toutes les autres considérations – augmenter les dividendes pour les actionnaires et rassurer les marchés.  

Le cours de Bourse comme faiseur de roi ?

Car à l’image de nombreux grands patrons, Jean-Pierre Clamadieu garde un œil anxieux sur les cours de Bourse et aimerait que celui d’Engie décolle encore plus. Les 20 % pris par l’action Engie au cours de la dernière année ne semblent pas suffisants pour celui dont la trajectoire est suivie de près par l’Etat, premier actionnaire du groupe avec plus de 23 % du capital. Fin tacticien, l’industriel sait l’importance d’aller dans le sens des actionnaires surtout quand le premier d’entre eux est en recherche perpétuelle de fonds pour soulager son budget. Le cours de Bourse promis pourrait donc avoir un rôle déterminant dans la constitution de la prochaine direction (inchangée ou non) d’Engie. Une chose est certaine, le Président de la République est très satisfait du travail réalisé par Jean-Pierre Clamadieu.   

Pour rappel, ce dernier avait soigné l’action Solvay avec une progression de 16 % entre mai 2012 et février 2019. Une performance qui ne l’avait toutefois pas empêché de se faire sortir du CAC 40 en septembre 2018 (détrôné par Dassault Systèmes). De par son envergure, Engie ne risque en rien une telle mésaventure d’autant que le favori de l’Elysée mettrait l’accent sur l’attractivité de l’entreprise pour les actionnaires.

La nomination de Jean-Pierre Clamadieu, seul aux commandes d’Engie serait aussi un moyen d’incarner l’entreprise pleinement et de parler d’une seule voix. Cela constitue un sérieux atout quand on sait que l’industrie est toujours à la merci de polémiques. Alors qu’il était à la tête de Solvay, Jean-Pierre Clamadieu avait réussi à éteindre l’incendie médiatique après les révélations, en Italie, de rejets dans la mer d’arsenic, cadmium, de chrome, de cuivre, ou encore de zinc. L’affaire avait fait les gros titres de la presse italienne, mais les activités de Solvay n’ont finalement pas été remises en cause tout comme la condamnation pour « discrimination raciale à l’évolution de carrière » en 2015 n’a pas eu de conséquence sur la trajectoire de son président inoxydable.

Industriel chevronné, tacticien expérimenté qui sait éviter les coups, Jean-Pierre Clamadieu a le soutien total de l’Elysée afin de monter un degré supplémentaire dans la hiérarchie d’Engie. Un atterrissage qui aurait pour avantage d’avoir un proche du pouvoir à la tête d’un fleuron mondial de l’énergie à l’heure où le secteur vit une transition des plus importantes de son histoire.    

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