Révolutionner la justice ou la symboliser ?
On connait les thèmes qui fachent. Notamment l'indépendance du Parquet aux bottes d'un pouvoir exécutif aux aguets d'affaires compromettantes, ou médiatiques, ou tout bonnement sociales, trop sociales pour ne pas sombrer dans la polémique sans fin. Notamment la saturation des prisons, phénoménales écoles du crime et de la dépravation aux antipodes de la rédemption et de la réinsertion. Notamment la justice des mineurs, chamboulée par l'implosion des cellules familiales, et des évolutions sociologiques, dont sont firands nos chercheurs qui ne trouvent pas grand-chose. Notamment par la formation des magistrats, recrutés bien jeunes, bien inexpérimentés, et vite intégrés dans des grilles indiciaires, dompteuses de talents souvent réels mais étouffés par la résignation à travailler avec des bouts de chandelle dans une omerta salvatrice. Notamment par la profession d'avocat galvaudée et livrée en pature aux politiques, ignares en droit, mais magiciens des réseaux d'affairistes ou de médiateurs supposés, aidés par un pouvoir réglementaire fécond en décrets d'équivalence du fameux CAPA. Notamment par la formation en général de toute la corporation judiciaire et juridique. Révolution ou symbole ? Une profession d'avocat toujours civile ou commerciale ? Et pourquoi avoir peur de pulvériser les tabous ? Ne faut-il pas reconnaître à la profession d'avocat, un caractère au moins mixte, commercial et civil ? Doit-on craindre d'inventer l'Ecole Supérieure des Professions Juridiques et Judiciaires, qui formerait les avocats, dont les meilleurs bataillons alimenteraiient l'armée des magistrats au terme d'un certain nombre d'années d'expériences, d'une intégrité à toute épreuve ? Pourquoi la France est-elle un des rares pays encore à recruter des magistrats sans expérience aucune ? Révolution ou symbole lorsque Christiane Taubira se fait accompagner pour la visite du TGI de Paris par Pierre Joxe, métamorphosé en avocat d'enfants au terme d'une carrière amplement politique, à plus de 78 ans ? Quelle image donne-il de ce métier d'avocat qui n'est pas sensée faire vivre sa famille, probablement bien dotée, ses enfants probablement élevés et le nourrir, compte tenu de ses retraites d'énarque, de ministre, de député, d'ancien président du Conseil Constitutionnel ? Le vrai symbole n'aurait-il pas été pour Christiane Taubira de se faire accompagner par un jeune avocat commis d'office et venant de créer son cabinet ? Non, cela aurait été une révolution... Et on ne fera pas la révolution, tirez les rideaux et reposez-vous....
