Se dirige t-on vers une démocratie sans démocratie?

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Se dirige t-on vers une démocratie sans démocratie?

Les résultats des dernières élections européennes ont démontré, dans l'Europe, qui avait été le grand gagnant de ce scrutin. L'abstention. Ceux qui n'ont pas voté.

Une moyenne de 56,2% dans toute l'Union européenne. Bon, ce n'est certes pas une surprise, on s'y attendait. Les scrutins européens n'intéressent pas les foules, et ce taux d'abstention ne fait qu'augmenter au fil des scrutins. Et ce, malgré l'arrivée des nouveaux États membres. D'ailleurs, on aurait pu croire que ces derniers seraient les plus passionnés par ces élections, car pour 12 d'entre eux, ce n'est que la deuxième fois qu'ils votent. Et puis on les a dit gourmands de démocratie, gourmands de montrer leur attachement à ce système. Pourtant les chiffres sont là, la Slovaquie, qui a adhéré en 2004, n'a voté qu'à 19,6%. Oui, une abstention record de 80,4%! Et la Lituanie n'est qu'un petit peu mieux, avec une abstention de 79,1%. Idem pour la Roumanie et la Bulgarie, finalement peu passionnés pour l'Union que la France à mis tant de mal à créer et faire évoluer.

Pourtant, d'autres États membres, parmi les fondateurs, ont le plus faible taux d'abstention d'Europe. Ainsi la Belgique, avec 14,1% et le Luxembourg avec 9% d'abstention. Mais est-ce pour autant que ces pays sont des fervents supporters de l'Europe? Non, car dans ces deux pays le vote est obligatoire, et qu'en plus il s'y est déroulé en même temps des élections locales très importante. De quoi d'ailleurs éclipser les élections européennes. Après tout, seul ce qui nous est proche nous intéresse. Car oui, l'Europe semble bien toujours aussi loin des citoyens!

Pourtant, on nous l'a dit, le Parlement européen commence à avoir de grands pouvoirs. Oui, de grands. De ceux qui intéressent tout le monde! Comme par exemple celui de savoir que bientôt le Parlement va légiférer sur les normes de sécurité pour les enfants. Ou encore cette ambitieuse règlementation sur les emballages de produits dangereux. Ou encore.. oui, encore, connaissez vous ce que le Parlement européen a fait pour vous? Les quotas de pêche? Non, ça c'est la Commission. La normalisation sur la manière dont les industriels de la viande doivent tuer les animaux pour la consommation? Oui, passionnant. Ou encore la définition de la vodka.

Alors oui, le Parlement européen manque de proximité avec le citoyen. Mais ce n'est pas faute d'essayer, car le Parlement a la volonté de s'en rapprocher. Mais pas les pouvoirs. En effet, les États membres s'attachent à ne pas donner trop de compétence à l'institution, afin de pouvoir plus facilement contrôler le débat national. Même s'il ne faut jamais se priver de rappeler aux citoyens que si ça ne marche pas comme ils le souhaitent, c'est la faute à Bruxelles. Tant pis s'ils le savaient avant ou que ce n'est pas vrai.

 

Ainsi le résultat de cette abstention est l'entrée des extrêmes dans le Parlement. Et pas seulement en France, qui s'en tire plutôt bien, puisque le Front National n'a pas pu gagner de sièges. Mais n'en a pas perdu. En revanche on a l'impression d'une entrée de personnages plutôt atypiques dans le paysage politique. Déjà, beaucoup d'eurosceptiques, ceux qui veulent bien toucher les deniers européens pour dire qu'ils ne veulent pas de l'Europe, et qui disent que finalement, on vivait mieux avant. Ou encore la premier pirate dans le Parlement, fervent défenseur des libertés individuelles, et plus particulièrement de celles émanant d'internet. Mais aussi ce député letton, qui n'a pas le droit de participer à des élections nationales mais qui s'est quand même fait élire aux européennes. Également ce nouveau député roumain qui n'a pas le droit de sortir de son pays. D'ailleurs, où se trouve la liberté de circulation des personnes? Ha oui, tous les pays membres ne sont pas égaux dans l'Europe. Dommage. Qui disait qu'il fallait éviter une Europe à deux vitesses? Enfin, l'Europe a plusieurs vitesses, à n'en pas douter.

 

Ainsi donc la démocratie s'en va. La démocratie, c'est le pouvoir du peuple (démos=peuple, kratos=pouvoir). Il s'agit donc d'un régime politique dans lequel le pouvoir appartient au peuple, c'est-à-dire dans lequel le peuple est souverain. Notre Constitution française, en son article 2, énonce d'ailleurs que le principe de la Souveraineté dans notre État est « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Autrement dit, sans le peuple on ne peut rien faire, et rien de ce qui sera fait ne sera légitime. On est d'accord. Notons toutefois que Platon avait dit que la démocratie, définie par la liberté individuelle, débouche immanquablement sur l'anarchie. Mais c'est un autre problème.

Pour revenir à notre temps, et à cette élection, 40,6% des français sont allés voter. Seulement. Il faut dire qu'il faisait beau. Et puis, pourquoi se déplacer pour glisser dans l'urne le bulletin d'un parti qu'on ne reconnaît plus. Ou qui n'a pas été capable d'expliquer la raison du vote. Oui, il s'agissait bien d'un vote européen, et non un vote visant à sanctionner la politique nationale. Dommage que personne ne fasse plus attention à ce fait. Avec une campagne en France qui a duré environ un mois, et des débat à la télévision si peu passionnant, on ne peut pas s'étonner du résultat. Les élections présidentielles débutent presque six mois avant le jour du vote. Même si cette élection est la plus noble, les européennes méritent qu'on s'y intéresse plus que ça.

 

Mais si la démocratie est aussi en déclin, c'est peut être à cause de cette aristocratie au pouvoir qui semble construire autour d'elle des forteresses imprenables. Avez vous en effet essayer de pénétrer dans un de ces hauts lieu de la démocratie? Dans les parlements on fait passer aux citoyens, celui qui détient pourtant le pouvoir, toute une série de tests pour vérifier que jamais il ne s'attaquera aux représentants. Ces hauts lieux sont devenus au fil du temps des lieux inaccessibles. Et si on y rentre, il faut respecter des règles draconiennes afin de ne perturber personne. Car si on peut s'exprimer dans la rue, lieu de circulation pour tous, on ne peut en revanche faire valoir ses points de vues dans les institutions du peuple. Alors pourquoi faire croire au peuple qu'il détient encore le pouvoir? Surement pour pouvoir affirmer aux yeux de tous que le député en est le représentant. Mais représentant de quoi? Les élections européennes ont vus la désignation de 72 députés en France, soit un député pour près de 900 000 français. C'est déjà mieux que l'Allemagne soit dit en passant. Mais ces députés ne représentent en fait personne. On ne va pas les voir, car on a nos représentants nationaux pour cela. Et sont-ils représentant d'un territoire? On peut en douter, car les circonscriptions représentant plusieurs régions. A tel point que les députés européens n'ont pas le sentiment de pouvoir incarner tous ces territoires, n'y mettant alors jamais les pieds. Sauf si ce député à des ambitions nationales. Mais alors, où en est la démocratie? Il faut bien voir que les élections sont encore un espace où le commun des mortels peut se faire élire. Même si ce commun ne se présente que finalement assez peu de candidats. Mais il a ses chances. Et peut-on dire que les partis politiques verrouillent les candidats? Car il est vrai que sans le soutien d'un parti, il est difficile de se prétendre à la victoire. Mais vouloir représenter le citoyen force le candidat à faire des alliances, au sein, justement, d'un parti. Alors, la démocratie est-elle toujours le meilleur système? A n'en pas douter en tout cas le moins pire.

 

Et le Député européen dans tout ça? Il est utile. Vous en doutez? Alors regardez de près ce qui va se passer dans les prochains mois, et vous verrez que le Député européen se fait voir, montre ses activités, et fais son devoir qui est de servir l'intérêt des citoyens européens. Dans leur ensemble.

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Benjamin Chouteau

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