Je viens de retrouver dans mes cartons cette image que j’ai peinte il y a très longtemps.
On y voit un juge entortillé par la bête hideuse du totalitarisme.
A l’époque, je l’ai écartée. Elle n’a pas figuré parmi les tableaux de la « série judiciaire de Cassou » exposés dans les palais de justice européens. Je ne voyais pas quel intérêt elle pouvait encore avoir dans l’Europe libre et florissante du début du 21e siècle. Je ne comprenais pas pourquoi cette image avait surgi sous mes pinceaux sans y être invitée, comme cela m’arrive souvent.
Les artistes matérialisent parfois dans leur œuvre des éclairs de lucidité, des prémonitions qui échappent à leur propre conscience.
Bien des années ont passé. L’image refait surface par hasard et son actualité me stupéfie.
Oui, la bête hideuse est là et bien là.
Hannah Arendt nous avait prévenus, à l’issue du procès de Nuremberg : l’Allemagne a été vaincue mais le totalitarisme n’est pas mort. Il peut resurgir à tout moment. Et de fait, ses partisans ont prospéré jusqu’à nos jours mais en sourdine.
Comment n’avons-nous pas vu que cette bête était à l’œuvre dans la nomination de tant et tant de cadres de l’Otan, de l’Onu, de l’union européenne et autres institutions internationales. Cette bête a placé ses pions à des postes clefs sans que quiconque n’ait sourcillé.
Et s’il fallait faire l’union européenne, celle qu’on nous a imposée malgré le veto exprimé des peuples, ne procédait pas d’une intention de répandre la liberté et la prospérité.
Comment ne pas le comprendre aujourd’hui après tous les sévices de plus en plus intolérables qui nous ont été infligés par nos gouvernants et que les anxiolytiques et autres tranquillisants nous ont convaincus d’accepter malgré tout, lorsque notre conscience était révoltée.
Comment avons-nous pu nous soumettre à cette folie que notre intelligence percevait confusément comme telle mais que notre lâcheté voulait à tout prix oublier dans l’alcool et le panem et circenses.
Peu à peu, la bête s’est dévoilée à la multitude, à mesure que son emprise absolue sur toute la société lui semblait assurée.
Son génie a été de prendre la précaution de se parer de glamour et d’idées de progrès et de mondialisme. On les attendait ailleurs ! Mais voyez-vous, ils sont férus de travestissement en tout genre, si j’ose dire…