Contre-visite médicale demandée par l'employeur

Publié le Modifié le 12/12/2014 Vu 38 643 fois 18
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Lorsqu'un salarié est en arrêt de travail consécutif à un accident ou à une maladie, l'employeur à la possibilité de demander une contre-visite médicale. Cette dernière permet notamment de vérifier que l'arrêt de travail du salarié est justifié.

Lorsqu'un salarié est en arrêt de travail consécutif à un accident ou à une maladie, l'employeur à la po

Contre-visite médicale demandée par l'employeur

Pour mémoire, la contre-visite médicale prévue à l'article 7 de l'Accord national interprofessionnel du 10 décembre 1977 sur la mensualisation s'est vu donner une valeur législative par la loi du 19 janvier 1978.

  1. Eléments contrôlés par  la contre-visite médicale

La contre-visite médicale permet de vérifier :

  • que l'arrêt de travail du salarié est fondé ; [1]
  • que la durée de l'arrêt de travail est justifiée ; [2]
  • que le salarié respecte les horaires de sorties autorisés pendant son arrêt de travail. [3]

  1. Procédure de la contre visite

Les conditions d'application de la contre-visite médicale sont jurisprudentielle.  

La Cour de cassation s'est prononcée aussi bien sur les contre-visites prévues par les conventions collectives que sur la contre-visite prévue par le code du travail.

2.1 A la demande de l'employeur

L'employeur a la possibilité de faire procéder à une contre-visite au domicile de ses salariés par le médecin de son choix. En effet, l'article L. 1226-1 du code du travail prévoit que l'absence justifiée par l'incapacité résultant de maladie ou d'accident doit être constatée par certificat médical et par une contre-visite organisée par l'employeur s'il y a lieu.[4]

Pour cela, il communique au médecin-contrôleur l'adresse du salarié qui doit faire l'objet de la contre-visite, sans pour autant porter atteinte à l'intimité de la vie privée du salarié.[5]

Antérieurement au contrôle, l'employeur n'a pas à prévenir le salarié de la contre-visite[6]. De plus, cette dernière n'est subordonnée à aucune consultation préalable par le médecin-contrôleur du dossier médical détenu par le médecin traitant du salarié.[7]

Le médecin contrôleur est librement mandaté par l'employeur[8] qui, dans la pratique, fait le plus souvent appel à des organismes spécialisés dans le contrôle médical ayant généralement une compétence nationale et dont l'objectif déclaré est de lutter contre l'absentéisme. Dès lors le salarié, n'est en mesure de substituer aucune autre mesure de son choix, telle une visite par un médecin expert. (sauf convention collective contraire prévoyant que le contrôle sera exercé par un praticien choisi parmi ceux figurant sur la liste des experts près des tribunaux.)

Le médecin visiteur doit décliner au salarié sa qualité de docteur en médecine et celle de mandataire de l'employeur.

2.2 En cas de refus du salarié

Le principe veut que le salarié ne puisse  refuser le contrôle médical

Lorsqu'un accord prévoit expressément une contre-visite médicale comme condition du versement des indemnités complémentaires de maladie, le salarié ne peut refuser de s'y soumettre sans commettre un manquement à son obligation, manquement qui le prive du bénéfice des indemnités.[9]

Le salarié ne peut exiger ni la présence du médecin traitant ni la présence du médecin de la Sécurité sociale si cette présence n'est pas prévue par la convention collective.[10] En effet, est assimilé à un refus de se soumettre à la contre-visite médicale, le fait de n'accepter la contre-visite qu'en présence du médecin traitant (ou d'un médecin choisi par le salarié), alors qu' une telle exigence n'est pas prévue par la convention collective applicable » [11]

En revanche est un motif légitime de refuser la contre-visite médicale :

  • La pratique d'un examen clinique douloureux dès lors que le salarié propose au médecin contrôleur de consulter son dossier médical et les comptes rendus opératoires ; [12]
  • Le fait que le médecin ne décline pas sa qualité de docteur en médecine et celle de mandataire de l'employeur.[13]

2.3 En cas d'absence du salarié :  

En cas d'absence injustifiée du salarié à son domicile ce dernier perd le bénéfice des indemnités complémentaires si, absent de son domicile, il n'a pu se soumettre à la contre-visite et n'a pas été en mesure, à la demande de son employeur, de justifier des motifs de son absence.[14]

A contrario, si l'absence du salarié de son domicile est justifiée, l'employeur ne peut pas suspendre le versement des indemnités complémentaires.[15]

Il ne peut être tenu compte de l'absence du salarié lors de la visite du médecin contrôleur si cette visite a lieu pendant les heures de sorties autorisées.[16]

Dans ce cadre, le salarié doit aviser son employeur de son lieu de repos pendant l'arrêt de travail situé hors de sa résidence habituelle ou si il est autorisé par son médecin traitant à se rendre à la montagne pour y passer sa convalescence.

En s'abstenant de remplir ces formalités, le salarié ne permet pas le contrôle de son état de santé. L'employeur n'est donc pas tenu de lui verser une indemnisation complémentaire.[17]

En revanche, en cas d'arrêt maladie survenu à l'étranger, pendant les congés annuels du salarié par exemple, l'employeur qui ne peut faire effectuer le contrôle vu l'éloignement du salarié, ne peut cependant pas lui supprimer les indemnités complémentaires.[18]

Dans tous les cas, il appartient à l'employeur qui a pris l'initiative du contrôle d'établir qu'il n'a pu faire procéder à la contre-visite en raison de la carence ou de l'opposition du salarié.[19]

  1. Conséquence de la contre visite

Le salarié qui ne s'est pas plié à la contre-visite perd le bénéfice des indemnités complémentaires de maladie. Mais l'impossibilité de faire procéder à une contre-visite ne peut priver le salarié du complément de salaire pour la période antérieure à la date de la visite.[20]

La Cour de cassation a également précisé que « si l'absence du salarié de son domicile lors de la contre-visite peut entraîner la perte du droit à indemnisation complémentaire, elle ne peut, en soi, constituer une cause de licenciement ».[21]

Le salarié doit se soumettre à la décision du médecin qui a effectué la contre-visite. Ainsi, il doit reprendre le travail à la date fixée par le médecin-contrôleur, sous peine de perdre le bénéfice des indemnités complémentaires.[22]

La prolongation d'arrêt de travail prescrite par le médecin traitant, postérieurement au contrôle médical de l'arrêt de travail, rétablit le salarié dans son droit aux indemnités complémentaires de maladie et si l'employeur conteste ce droit, il lui appartient de faire procéder à un nouveau contrôle médical.[23]

Si le salarié conteste les résultats de la contre-visite, il lui appartient de solliciter une autre contre-visite ou de demander une expertise judiciaire.[24]

Le salarié qui conteste les conclusions du médecin-contrôleur peut saisir le juge des référés aux fins de désignation d'un médecin-expert. [25]

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Gaël Collin
Avocat à la Cour
38 rue de Lisbonne - 75008 Paris


[1] Cass. soc., 26 octobre 1982, n° 80-40.875

[2] Cass. soc., 17 avril 1980, n° 78-41.878

[3] Cass. soc., 27 avril 1983, n° 81-40.387

[4] Cet article renvoie à un décret le soin de déterminer les formes et les conditions de la contre-visite.  Le fait que ce texte ne soit jamais paru ne peut entraver l'application de cet article. (Cass. soc., 10 novembre 2010, n° 09-41.628)

[5] Cass. soc., 2 juin 1981, n° 80-10.935

[6] Cass. soc., 4 décembre 1986, n° 85-43.357

[7] Cass. soc., 2 juillet 1980, n° 79-40.283

[8] Cass. soc., 2 juillet 1980, n° 79-40.263

[9] Cass. soc., 3 mai 1979, n° 77-41.312

[10] Cass. soc., 22 juillet 1986, n° 84-41.588

[11] Cass. soc., 8 juin 1983, n° 81-40.801

[12] Cass. soc., 13 février 1996, n° 92-40.713

[13] Cass. soc., 10 février 1998, n° 95-41.600

[14] Cass. soc., 28 avril 1981, n° 79-41.806

[15] Cass. soc., 20 novembre 1986, n° 84-40.217

[16] Cass. soc., 26 septembre 2012, n° 11-18.937

[17] Cass. soc., 13 mai 1992, n° 88-44.963

[18] Cass. soc., 5 juillet 1995, n° 92-40.235

[19] Cass. soc., 30 juin 1988, n° 86-41.898

[20] Cass. soc., 15 octobre 1987, n° 85-40.555

[21] Cass. soc., 10 novembre 1998, n° 96-42.969

[22] Cass. soc., 17 avril 1980,  n° 78-41.878

[23] Cass. soc., 5 mars 1997, n°75-89.158

[24] Cass. soc., 26 octobre 1982, n° 80-40.875

[25] Cass. soc., 28 février 1996, n° 92-42.021

Vous avez une question ?
Blog de Maître GAEL COLLIN

Gaël COLLIN

50 € TTC

35 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
30/11/2014 09:43

Bonjour, mon employeur a effectué une contre visite pendant mon arrêt. Le médecin contrôleur à validé l'arrêt, mais je n'ai pas reçu les compléments d'indemnisation de la part de mon l'employeur. Est-ce normale ? Merci de vos avis.

2 Publié par Visiteur
27/08/2015 17:23

cela vous dérange pas qu il sont payer par l employeur ou est l impartialité?????

3 Publié par Visiteur
27/11/2016 11:47

Bonjour,
Je suis en arrêt de travail depuis le 10/11/16 pour dépression suite à harcèlement et j'ai déjà été contrôlée à mon domicile le 16/11 par un médecin mandaté par mon employeur. J'ai expliqué ma situation et le médecin mandaté m'a dit qu'il n'y avait pas de problème mais que je devais me mettre en règle. Pour cela, il allait arrêter mon arrêt de travail en indiquant qu'il était médicalement non justifié (document qu'il m'a également fait signer!)et que je devais prendre rdv avec la médecine du travail pour qu'elle me déclare inapte provisoirement. Il m'a également dit de demander une prolongation d'arrêt de travail à mon médecin pour combler le délai entre sa décision de stopper le 1er arrêt au 16-11 et le rdv avec la médecine du travail au 01/12. J'ai fais tout cela et aujourd'hui (vendredi 25/11 à midi)je reçois une convocation ( en 2 envois :lettre simple et courrier recommandé) à un contrôle médical pour le lundi 28/11 à 15h par le même médecin que celui qui est déjà passé ! ET en plus je ne peux me rendre à ce rdv ayant déjà un rdv médical de prévu.
A-t-il le droit de me reconvoquer à son cabinet alors qu'il m'a déjà vu et que j'ai suivi ce qu'il m'a demandé de faire?
De plus, je ne perçois actuellement toujours aucune indemnité complémentaire par mon employeur et n'ai reçu qu'une petite partie des IJ de la sécu.
Je crains que le médecin mandaté ne stoppe de nouveau mon arrêt et j'ignore quels sont leurs droits.
Comment puis-je me défendre?
Ont-ils réellement le droit d'arrêter un arrêt de travail comme ca ?
Ont-ils le droit de me reconvoquer à visite médicale et puis-je refuser sans conséquence financière?
Je ne perçois aucune indemnité de mon employeur, a-t-il le droit de demander un nouveau contrôle?
Merci pour votre aide

4 Publié par Visiteur
22/02/2017 14:10

Bonjour,

En arrêt maladie pour 15 jours suite à une rechûte anxiodépressive (burn-out l'an dernier) dans un contexte de management toxique (ou maladroit), je devais (et pensais) reprendre le travail la semaine prochaine.

Ce matin visite surprise d'un médecin d'une boite de contrôle privée mandatée par mon employeur.
C'est bête, je me sentais mieux jusque là.
Mais cette intervention m'a retourné le cerveau.

Les conclusions de l'expertise sont "arrêt justifié", et le médecin a rajouté la mention manuscrite "prolongation à envisager" car j'ai éclaté en pleurs durant l'entretien.

C'est malheureusement ce pour quoi je vais demander l'avis de mon médecin avant une éventuelle reprise, car là le boulot de résilience accompli depuis une semaine est mis à mal...
Le manque de confiance de mon employeur me désespère et me met en colère.

Conclusion: avant de mandater une boite privée pour vérifier la véracité de l'arrêt maladie d'un de vos employés, réfléchissez-y bien, car cela peut avoir des effets indésirables sur la santé de cet employé (et donc sur sa date de reprise).

A bons lecteurs...

5 Publié par Visiteur
04/06/2017 16:23

Je suis en arrêt pour état anxieux reactionnel je dois me faire contrôler par un medecin mandater par mon employeur mardi 6 juin et mon arrêt se termine le 9 juin est je voudrais savoir si il peut m obliger a reprendre mon travail le lendemain de sa visite

6 Publié par Visiteur
04/07/2017 19:20

je suis en arrêt pour une dépression,je reprend le travail le 14/07 même si mon psy voulait me prolonger car mes médicaments ne me permettent pas de conduire.niveau 2 et 3
j'ai reçu de la part d'un médecin generaliste une contre visite a son cabinet,pourquoi dois je me déplacer?

7 Publié par Visiteur
07/11/2017 16:08

A MEDICAT PARTNER,
EN ARRÊT MALADIE, MON PATRON VOUS A MANDATÉ POUR UNE VISITE SURPRISE À MON DOMICILE. J'ETAIS EN ABSENCE JUSTIFIÉE PAR MON RADIOLOGUE CHEZ LEQUEL JE ME TROUVAIS. VOUS,LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES QUI EFFECTUÉ CE "JOB"IGNOBLE,VOUS NE GAGNEZ PAS ASSEZ DE FRIC SUR LE DOS DES PATIENTS QUE VOUS CONTRÔLEZ ?
PUB DE MEDICAT PARTNER:UN CONTRÔLÉ SUR DEUX EST UN FRAUDEUR!!!!
MERCI AU DOCTEUR PATRICK VALLÉE QUI EST PASSÉ CHEZ MOI POUR 150€!!!
LA DÉLATION, ÇA PAYE BIEN.
AUX PATRONS :ACHETER DES PACKS DE MANDATS POUR RIEN !!!!

8 Publié par Visiteur
08/04/2018 17:00

Bonjour moi même en arrêt pour dépression j’a été contrôlé hier après-midi samedi à 15h40 par un médecin contrôleur de coutisole j’étais bien évidemment chez moi malgré ce beau soleil.
Pensez vous que notre propre médecin nous mets en arrêt pour sortir et nous amuser franchement alors que nous sommes à peine capable de faire face au quotidien !!! Mon employeur nous serre la ceinture pour nous équiper d’un simple stylo ou marqueur par contre pour cela il y a des sous bizarrement !!!!
Je sais qu’il y a des abus dans tout
Mais remettre en cause l’arrêt d’un médecin et ne pas faire confiance à ses employés c’est vraiment honteux !!!!

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de Maître GAEL COLLIN

Avocat, je vous réponds de façons claire et complète dans les domaines suivants:

- Droit commercial,
-
Droit des affaires,
- Droit des contrats,
- Droit civil,
- Droit de la famille.

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

50 € Ttc

Rép : 24h max.

35 évaluations positives

Note : (5/5)
Types de publications
Dates de publications
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles