Procédure devant les Prud'hommes : avec ou sans avocat?

Publié le 28/10/2010 Vu 55 047 fois 38
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Déposer une demande devant le Conseil des Prud'hommes peut se faire sans l'assistance d'un avocat. Chaque partie peut se défendre seule ou avec l'aide d'un représentant syndical. Ainsi, la procédure est peu coûteuse pour le salarié notamment et conforme aux principe fondamental d'accès pour tous à la justice. Mais le salarié peut-il réellement se défendre seul?

Déposer une demande devant le Conseil des Prud'hommes peut se faire sans l'assistance d'un avocat. Chaque par

Procédure devant les Prud'hommes : avec ou sans avocat?

Comment ça marche ?

La procédure se déroule en 2 temps. Une première phase consiste à convoquer les parties devant le Bureau de Conciliation, composé d'un  conseiller "salarié" et d'un conseiller "employeur". Comme son nom l'indique, cette étape a pour but de réunir les parties et de tenter une conciliation entre elles. Cette procédure n'est pas à négliger, car intervenant plusieurs mois après le dépôt de la demande, les passions peuvent s'être apaisées, et l'on assiste parfois à des transactions entre les parties mettant ainsi fin au conflit.

Lorsque la conciliation a échoué, les parties sont alors renvoyées devant le Bureau de jugement. Il s'agit de la phase contentieuse au cours de laquelle les parties vont expliquer et plaider leurs causes. Le Bureau de jugement est composé de juges élus, soit deux conseillers "salarié" et deux conseillers "employeur". La décision, si elle est frappée d'appel est en revanche portée devant des magistrats professionnels de la Cour d'Appel compétente.

 

Voilà pour la forme mais qu'en est-il en réalité?

La réalité est toute autre et l'absence de défense de l'avocat au cours de la procédure s'avère fréquemment pénalisante pour le salarié.

Dans la majorité des cas, la demande initiale est formulée par le salarié à l'encontre de son ex employeur. Le salarié qui aura fait le choix d'assurer seul sa défense, se retrouvera quasi systématiquement face l'avocat de l'employeur, ce dernier disposant en général des moyens d'assurer sa défense

 

David contre Goliath?

Certains diront que l'employeur a plutôt intérêt de se défendre avec l'aide d'un avocat pour mettre toutes les chances de son côté. Il est de coutume d'entendre ici et là que tel Conseil de Prud'hommes est pro- salarié et que tel autre est pro-employeur.

Ce qui est certain, c'est que la salarié est toujours la partie faible au contrat et que pour cette raison, le Conseil de Prud'hommes attend de l'employeur une attitude exemplaire dans le traitement de ses salariés (un contrat en bonne et due forme, des salaires et heures supplémentaires payées, des congés accordés, un motif de licenciement réellement fondé et non parce que le salarié n'est plus en odeur de sainteté auprès de son employeur, la liste est longue).

Il n'en demeure pas moins que le salarié, s'il est dans son bon droit, doit impérativement se faire entendre. S'il choisit de se défendre seul, il devra manier réthorique, arguments et surtout faire preuve de clarté. Il devra avoir communiqué à son advsersaire par la voie recommandée avec accusé de réception, les pièces sur lesquelles il entend fonder ses demandes. Il devra être capable de calculer l'ensemble de ses demandes et surtout de ne pas en oublier (c'est souvent le cas) de demander des sommes auxquelles il aurait droit (comme par ex le remboursement de 50% de la carte orange mensuelle dont le paiement est obligatoire pour les entreprises en Ile de France).

On le comprend, préparer sa défense pour le salarié relève du juriste expérimenté. D'autant que les Conseils de Prud'hommes sont certes composés de juges non professionnels, mais démontrent chaque jour d'une maîtrise pointue du Droit. Ainsi, devant le Conseil de Prud'hommes de Paris, on assiste très fréquemment entre avocats et juges à des joutes d'une grande technicité sur le plan juridique.

Se savoir dans son bon droit est une chose, mais lorsque l'on se trouve face à un adversaire qui a organisé sa défense avec l'aide d'un avocat, il devient alors difficile de faire le poids.

Le but de l'adversaire sera de chercher la faille, de vous désarmer et de montrer que vos demandes sont soit non fondées, soit confuses. Bref, le but du jeu sera de vider de leur substance des demandes pourtant légitimes. Et puis quoi de plus difficile que d'assurer sa propre défense ? comment rester objectif, ne pas s'émouvoir de la présence de l'employeur, savoir tout simplement gérer sa parole en public?

 

Pourquoi vous conseiller de vous faire représenter par un avocat?

Les avantages que vous en tirerez seront nombreux :

- il vous conseillera dans votre démarche ou non d'assigner votre employeur; point essentiel que beaucoup de salariés oublient tout simplement parce que la démarche de déposer une demande est simple. Mais, quelles sont ses chances de succès? les demandes sont-elles réellement fondées en droit?

- il apaisera vos inquiétudes et sera votre porte-voix à l'égard de votre employeur; il saura définir les priorités et mettre de côté tous les aspects émotionnels que vous pourriez juger important d'évoquer mais qui pourraient au contraire vous pénaliser;

- il vous aidera à dépassionner le conflit pour ne se concentrer que sur vos demandes et leur légitimité;

- il pourra éventuellement engager des discussions avec votre ex employeur même après la phase de conciliation afin d'éviter la procédure contentieuse et envisager une transaction;

- si la procédure contentieuse est inévitable, votre avocat rédigera des conclusions, communiquera les pièces et plaidera vos demandes;

N'oubliez pas qu'engager une procédure contentieuse devant le Conseil de Prud'hommes peut prendre entre 2 et 4 ans, sans aucune garantie de succès. Il faut donc une motivation et un moral d'acier pour supporter d'être plongé dans un conflit avec un ex employeur alors même que vous aurez retrouvé un autre emploi. L'aspect moral est très important, surtout si l'échec est au bout de tant de mois d'attente.

Encore une fois, un avocat sera apaiser ces inquiétudes et vous aider à supporter cette attente.

 

Combien ça coûte?

Toute prestation a un coût, bien sûr.

La première démarche, simple et rapide, sera de vérifier si vous êtes admissible à l'aide juridictionnelle. Si tel est le cas, alors tous les frais d'avocat seront pris en charge par l'Etat. Si tel n'est pas le cas, il y a plusieurs moyens d'envisager la rémunération de votre avocat.

N'hésitez pas à consulter des avocats et leur demander leurs tarifs. Il n'y a rien de mal à faire une étude de marché et mettre les avocats en concurrence.

Les honoraires peuvent également prévoir une partie en honoraires de résultat : lorsque vos demandes sont légitimes, il est possible de convenir avec votre avocat qu'un pourcentage, convenu à l'avance, sera versé à l'avocat à titre d'honoraires, sur une partie des sommes obtenues devant le Conseil des prud'hommes.

Par ailleurs, votre avocat demandera toujours une indemnité sur le fondement de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile qui permet d'obtenir d'un tribunal le versement par l'adversaire d'une indemnité au titre des frais engagés et notamment des frais d'avocat. Cette indemnité peut s'avérer élevée lorsque les juges estiment que la demande est parfaitement légitime.

Une petite dépense peut s'avérer être un véritable investissement pour votre défense et un gage de réussite.

Pensez-y avant de vous lancer sans filet!

 

Thierry Rouziès

Avocat au Barreau de Paris

 

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1 Publié par miyako
31/10/2010 21:02

Bonsoir,
Tout à fait d'accord avec vous Maître ,à condition d'avoir à faire à un avocat sincère jouant réellement son rôle de conseil.L'avocat ayant une obligation de conseil ,à défault d'obligation de résultat.
Mon expérience me fait dire qe si,la grande majorité des avocats conseillent très bien leurs clients et avec qui il est très agréable de travailler,il y en a malheureusement qui plaident n'importe quoi et engagent leurs clients dans des galères impossibles et couteuses.J'ai vu des salariés payer des honnoraires d'avocats ,plus élevés que les sommes qu'ils ont obtenu .Quant à l'article 700 ,on ne récupère jamais tous les frais ;on arrive à récupérer ,au niveau de la cour d'appel ,avec les dépens.Quant au pourcentage sur les gains ,d'accord à condition de bien mettre les choses clairement TVA INCLUSE.Car de ce côté là ,les mauvaises surprises ne manquent pas.
Personnellement ,lorsque le dossier ne tient pas la route ,je refuse de le plaider et je le dis franchement au salarié .Si le salarié me raconte des histoires et qu'après vérification auprès de l'employeur ,il s'avère que tout est faux ,je lui rends son dossier en lui disant la vérité.Enfin ,ma première préoccupation ,c'est la conciliation ,car dans la plus part des cas ,c'est parfaitement possible.Mais il faut agir en amont du conseil des prud'hommes ,et arriver le jour du bureau de conciliation avec tous les éléments pour concilier ;cela permet d'avoir un jugement définitif opposables aux divers administrations et aux parties.
Mais surtout ,je tiens informé le salarié de tout ce que je fais et lui donne un double de son dossier complet.Je SURVEILLE LE respect des dates d'envoi des pièces ,à la présence des parties aux audiences ,à la remise des conclusions dans un délais raisonnable AVANT L'AUDIENCE.
Amicalement vôtre
suji KENZO conseiller RH membre du BIT

2 Publié par Thierry Rouzies
02/11/2010 14:32

Je vous remercie pour ces précisions. Vous avez tout à fait raison de souligner que le postulat de départ est bien entendu un contrat de confiance entre l'avocat et son client. Ce que vous décrivez n'est pas rare et bien souvent le manque de communication entraine des situations dommageables des 2 côtés.
J'a eu également quelques expériences malheureuses avec des représentants de salariés qui n'avaient pas les réflexes que vous décrivez en matière de respect du contradictoire, s'agissant de la communication des pièces notamment.
Ma conclusion, est que vous avez toutes les qualités requises pour faire un excellent avocat! ;o)

3 Publié par plebriquir
03/11/2010 09:24

Cher Maître,
Dommage que la publicité soit interdite ; votre article serait d'une grande utilité à M. Domenech qui, visiblement, envisage de porter le litige devant le Conseil de Prud'hommes !
Cordialement

4 Publié par Visiteur
25/01/2011 18:34

Ces commentaires sont très intéressant,cependant vous confirment que sans les financements pour payer un avocat ou si votre droit ne convient pas a ce qu'un pourcentage sur le procès puisse régler la note , vous vous retrouvez seul pour combattre et donc, votre procédure reste vouée a l' échec.

5 Publié par Visiteur
08/08/2013 16:20

je me suis défendue seule contre mon employeur pour non application d'un avenant à la convention collective. J'étais encore en activité chez cet employeur au moment de la procédure. Je n'avais pas d'avocat, lui non plus. Le jour de la conciliation, il a reconnu la légitimité de ma requête. A la demande du président du conseil, le greffier s'est empressé de lui faire signer le papier et il a été condamné sans autre forme de procès. J'ai obtenu un rappel sur 5 ans. Je regrette toutefois l'absence d'avocat car j'ai négligé de demander des intérêts sur ces sommes dont une bonne partie aurait pu être placée. Pas sûre que j'aurais obtenu gain de cause mais un avocat connaît bien le vocabulaire juridique et un bon avocat aurait essayé d'obtenir le maximum. Je ne travaille plus chez cet employeur mais j'ai encore un litige à régler : non application d'un article du droit du travail! Cette fois, je vais demander l'assistance d'un avocat, même si je suis certaine d'être dans mon bon droit et que la jurisprudence en la matière me conforte dans cette idée.

6 Publié par Visiteur
09/02/2014 11:46

j'attaque mon ex employeur au prud’homme et j'attends le jour de la conciliation a impatience car j'ai travaillé mon dossier comme un fou , jour et nuit , ça me passionne et pourtant je ne suis que salarié . je voudrais vous dire que mon meilleur avocat c'est mon ex patron ! Avec tous les documents écrits de sa part que j'ai en ma possession pour prouver mes dires en l’occurrence un licenciement abusif , je ne vois pas comment je peux perdre la partie . Tout est écrit noir sur blanc dans le contrat , ma lettre de rupture de période d'essai sans délai de prévenance , convention collective erroné sur le contrat de travail etc etc .... Donc mon avocat c'est mon ex patron et le meilleur dans tout ça est que c'est lui qui va payer !

7 Publié par Visiteur
13/05/2014 21:02

bonjour,
dans le cadre d'une transaction avant le bureau de jugement, pouvons nous en tant que particulier proposer une transaction par courrier à l'avocat de la partie adverse ?
Cette proposition de transaction par courrier doit-elle être émise absolument par un avocat d'après-vous ou pouvons nous le faire à titre personnel sans être pénalisé en cas de refus de leurs parts ?

8 Publié par Visiteur
16/07/2014 04:48

Mon patron ne veux pas que j'avance cela fait 14 ans qu'il me dit j'aurais rien de sa part

9 Publié par Visiteur
03/10/2014 14:59

bonjour,
suite à un cdd, mon ex employeur (après 2 mois d'attente et de lettres recommandées afin de faire valoir mes droits à l'amiable), n'a toujours pas répondu à ma demande de paiement de salaires et de remise de doc. Nous sommes 18 dans ce cas et j'entends bien me défendre seule. j'ai tous les documents : plaidoirie chronologique par ordre de pièces, mes documents bancaires, mes contrats et promesse d'embauche, mes articles de loi préparés, les lettres envoyés et les ar rattachés, factures de consultation d'avocat, factures de frais de garde pour les heures supplémentaires (article 700). J'ai calculé ma base salariale, les heures supplémentaires, les primes fin de contrat et précarité (car pas contrat saisonnier art l1243-8). Je pense n'avoir rien oublie. tous les doc on été remis par fax accusé de réception en partance dans mon dossier et double de l'avocat de la parti adverse faisant foi. Ai-je des chances sachant que je plaide "travail dissimulé" et que j'ai toutes les preuves hihi !

10 Publié par Visiteur
10/10/2014 11:43

Bonjour je suis passé au prud 'homme mais j'ai ue le droit a l 'aide juriditionnel j ai du versse 10pourcent a ma juriste esque c' est normal?

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