Bail commercial : modalités d’évaluation de l’indemnité d’éviction due par le bailleur au locataire

Publié le 12/02/2014 Vu 44 942 fois 24
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Le 5 février 2014, la Cour de cassation a jugé au profit de clients du cabinet Bem que les modalités de fixation de l’indemnité d’éviction due par le bailleur au locataire en cas de non renouvellement du bail doivent respecter les usages de la profession.

Le 5 février 2014, la Cour de cassation a jugé au profit de clients du cabinet Bem que les modalités de fix

Bail commercial : modalités d’évaluation de l’indemnité d’éviction due par le bailleur au locataire

Pour mémoire, le bail commercial est un contrat de location de locaux affectés à l’exercice d’une activité professionnelle commerciale ou artisanale. 

Régi par plusieurs textes du code de commerce, le statut des baux commerciaux se veut protecteur pour le locataire. 

Ainsi, la loi confère au locataire un droit au maintien dans les lieux dont le non respect par le bailleur peut entrainer le versement par ce dernier d’une indemnité d’éviction.

Le locataire a un droit au bail et son éviction donne droit à indemnisation.

En effet, l’article L145-14 du code de commerce dispose que :

« Le bailleur peut refuser le renouvellement du bail. Toutefois, le bailleur doit, sauf exceptions prévues aux articles L. 145-17 et suivants, payer au locataire évincé une indemnité dite d'éviction égale au préjudice causé par le défaut de renouvellement. 

Cette indemnité comprend notamment la valeur marchande du fonds de commerce, déterminée suivant les usages de la profession, augmentée éventuellement des frais normaux de déménagement et de réinstallation, ainsi que des frais et droits de mutation à payer pour un fonds de même valeur, sauf dans le cas où le propriétaire fait la preuve que le préjudice est moindre. »

Concrètement, le montant de l’indemnité d’éviction comprend :     

  • l’indemnisation du dommage subi par le locataire au titre de la disparition du fonds de commerce et donc de la clientèle attachée au lieu de situation ; 

  •  les éventuels frais normaux de déménagement et de réinstallation ;    

  • les éventuels frais et droits de mutation à payer pour un fonds de commerce de même valeur ;    

  • l’éventuelle indemnité de la perte de gains pendant le temps nécessaire à la réinstallation du locataire ;    

  • l’éventuelle indemnité de licenciement en cas de rupture des contrats de travail du personnel salarié (uniquement en cas de disparition définitive du fonds ou de réinstallation lointaine).

En revanche, le montant de l’indemnité d’éviction ne peut pas comprendre :    

  • le prix du matériel, mobilier et droits incorporels car ils restent la propriété du locataire évincé ;    

  • l’acquisition d’un nouveau pas-de-porte ;    

  • les aménagements et travaux réalisés dans le local ;  

  • les impôts dus au titre des plus-values ;    

  • le préjudice moral. 

En tout état de cause, les parties sont libres de négocier et de s’entendre amiablement sur le montant de cette indemnité afin d’éviter un contentieux judiciaire.

A défaut d’accord amiable entre le propriétaire-bailleur et le locateur-preneur, le montant de l’indemnité d’éviction est fixé par le juge.

Dès lors, la question se pose de savoir comment le juge saisi d’une demande de fixation d’une indemnité d’éviction évalue cette dernière.

L’arrêt rendu par la Cour de cassation le 5 février 2014 apporte des éclaircissements sur cette question. (Cass. Civ.3, 5 février 2014, n°13-10174)

En l’espèce, des sociétés ont donné en location à une personne exerçant une activité de vente de prêt à porter un local situé dans un centre commercial pour une durée de neuf années.

A la fin de ces neuf années, les sociétés bailleresses ont fait délivrer un congé avec une offre d’une indemnité d’éviction.

Pour fixer le montant de cette indemnité d’éviction, la cour d’appel a retenu que seul le montant hors taxe sur la valeur ajoutée du chiffre d’affaires doit être pris en considération, l’indemnité attribuée s’inscrivant dans la réparation d’un préjudice et non dans une transaction imposable.

Peu satisfait du montant fixé par la cour d’appel, le locataire a alors formé un pourvoi en cassation en reprochant aux juges du fond d’avoir retenu que la taxe sur la valeur ajoutée ne devait pas être incluse dans le chiffre d’affaires servant de base au calcul de l’indemnité d’éviction, sans rechercher si l’usage de la profession commandait d’inclure cette taxe dans le chiffre d’affaires.

Ce raisonnement a eu les faveurs de la Cour de cassation qui a donné gain de cause au locataire en cassant et annulant l’arrêt d’appel.

Pour ce faire, la Haute juridiction a considéré que :

« le fait qu’une indemnité réparatrice ne soit pas soumise à une taxe sur la valeur ajoutée ne fait pas, en soi, obstacle à la prise en compte pour sa fixation, d’éléments comptables arrêtés toutes taxes comprises et que la détermination de la valeur marchande du fonds de commerce s’effectue selon les usages et modalités retenus dans la profession ou le secteur d’activité commerciale concernée ».

En d’autres termes, pour fixer le montant de l’indemnité due au locataire par le bailleur qui refuse le renouvellement d’un bail commercial, il convient notamment de prendre en considération la valeur marchande du fonds de commerce déterminée selon les usages et modalités retenus dans la profession ou le secteur d’activité commerciale concernée.

Par conséquent, en n’ayant pas recherché quelles étaient les modalités d’évaluation des fonds de commerce en usage dans la profession, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision.

Cette décision est donc conforme à l’article L145-14 du code de commerce visé par la Cour de cassation qui a rappelé qu’il résulte de ce texte que « l’indemnité, égale au préjudice causé par le non renouvellement du bail qui comprend notamment la valeur marchande du fonds de commerce, est déterminée suivant les usages de la profession ».

En définitive, il résulte de l’arrêt commenté que l’évaluation de l’indemnité d’éviction due par le bailleur au locataire en cas de non renouvellement du bail commercial sera différente selon les éléments pris en compte, notamment les usages et modalités retenus dans la profession ou le secteur d’activité commerciale concerné.

Dès lors, il est utile pour tout locataire qui se voit refuser le renouvellement de son bail commercial d’être assisté d’un avocat spécialisé dans le calcul des préjudices subis afin de déterminer, d’une part, les postes de préjudices et, d’autre part, les montants.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
05/12/2016 17:50

Bonjour Maître,

Je suis propriétaire d’un appartement en station de ski depuis 10 ans.
J’ai acheté celui-ci dans le cadre de la loi Demessine et il est donc géré par une société de loisir.
Depuis 2 ans cette société a baissé les loyers qu’elle me verse de 50% ( pour cause invoquée de non-rentabilité de la résidence …)
( Pour info : - Valeur du bien à l’achat : 180 000€
- Loyer annuel : 7100€ au départ 3580€ actuellement )


Il semblerait que pour résilier ce bail, je doive payer des « indemnités d’éviction », mais … comment sont-elles calculées ? A combien celle-ci vont-elles approximativement se monter ??

Vous remerciant,
Cordialement,

( Pour info : - Valeur du bien à l’achat : 180 000€
- Loyer annuel : 7100€ au départ 3580€ actuellement )

2 Publié par Maitre Anthony Bem
05/12/2016 18:18

Bonjour jmw,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "services" en haut de cette page.

Cordialement.

3 Publié par Visiteur
06/01/2017 15:16

Bonjour maître, je possède un Pmu sur Paris et mon bailleur ma refuser le bail avec indemnité d'éviction.ayant occupé les lieux pendant 3 ans après avoir reçu congé et payer l'indemnité d'occupation durant cet période j'aimerai quitter les lieux et commencer une nouvelle vie.ai-je toujours le droit à l'indemnité d'éviction ayant si je rend le local? Merci.

4 Publié par Maitre Anthony Bem
07/01/2017 17:15

Bonjour Paris 09,

Il me semble que vous pouvez quitter le local pris à bail commercial avant le terme, sans perdre votre droit à l'indemnité d'éviction.

Cordialement.

5 Publié par Visiteur
10/01/2017 10:34

Maître BEM bonjour ,
Si vous permettez juste une question.
Lors du calcul d'une éviction , à partir de quelle date et en quel nombre doit on prendre en considération les montants de CA du commerce concerné?.
Bien cordialement.

6 Publié par Visiteur
24/01/2017 22:52

Bonsoir Me, mes parents exercent une profession de bouche depuis 20 ans à la même adresse. Ne Trouvant pas repreneurs, ils envisagent une cessation d'activité, les héritiers des propriétaires envisagent une transformation en appartements. Mes parents peuvent ils prétendre à une indemnité d'éviction en pareil cas ? Dans l'affirmative sur quele base de calcul ?
Avec mes remerciements.

7 Publié par Visiteur
29/05/2017 00:29

Bonjour Maître
Je possède un fond de commerce sans cadastre et l'état n'a aucun respecter en norme depuis 13ans et puis le bailleur ne répond pas de demander de renouvellement bail depuis 2ans par huissier qui ne me réponds pas non plus.
Je ne peux pas savoir s'il a été renouveler ou refuser.
Si ça a été refusé, je voudrais bien demander indemnité d'éviction ce bailleur maintenant.En tout cas j'ai droit de demander à me randonner tout ce que je lui ai payé depuis 13 ou pas?

8 Publié par Maitre Anthony Bem
29/05/2017 08:06

Bonjour 33,

Le bail commercial s'est tacitement reconduit suite à votre demande de renouvellement, à condition que les modalités de signification aient été respectées.

Il n'y a donc pas eu d'éviction de la part du bailleur.

En tout état de cause, sauf cas exceptionnel de nullité du contrat de bail pour vices du consentement, il n'y a jamais de restitution des loyers payés.

Cordialement.

9 Publié par Visiteur
23/06/2017 12:24

Bonjour Maître,
Je possède un commerce dans une zone commerciale ou je suis locataire .
Suite à une réunion , je viens d apprendre que les bâtiments ou j exerce mon activité vont etre rasés en 2021 .
Quelle seront les dommages versés? De quelle manière l indemnité est elle calculée ? Prorata du chiffre d affaire ?
Cordialement

10 Publié par Maitre Anthony Bem
23/06/2017 22:59

Bonjour Jean,

Vous êtes supposé obtenir de la part de votre bailleur l'indemnisation de la perte de votre fonds de commerce.

L'indemnité est en effet calculée notamment compte tenu du montant de votre chiffre d'affaires et des frais de déménagement.

Cordialement.

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