Délai d'action en paiement de l'indemnité d'occupation due à une indivision successorale ou divorce

Publié le Modifié le 11/12/2014 Vu 45 455 fois 49
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L'indemnité d'occupation due dans le cadre d'une indivision ou après un divorce est limitée à une durée de 5 ans dont le point de départ varie selon les situations.

L'indemnité d'occupation due dans le cadre d'une indivision ou après un divorce est limitée à une durée d

Délai d'action en paiement de l'indemnité d'occupation due à une indivision successorale ou divorce

À défaut de conclusion d'un contrat de bail, l'occupant sans droit, ni titre d'un bien immobilier, doit à son propriétaire une indemnité d'occupation. 

Ainsi, le paiement d'une indemnité d'occupation pèse sur toute personne qui jouit privativement d'un bien possédé en communauté ou en indivision (époux, héritiers, concubins, etc ...). 

Concrètement, l'indemnité d'occupation vise à réparer le préjudice subi par le propriétaire ou l'indivision du fait de la perte des fruits et revenus suite à cette jouissance exclusive du bien. 

À cet égard, l'article 815-9 alinéa 2 du Code civil dispose que :

« L'indivisaire qui use ou jouit privativement de la chose indivise est, sauf convention contraire, redevable d'une indemnité ». 

Or, se pose souvent la question de savoir quel est le délai durant lequel le propriétaire ou l'indivision est en droit de réclamer à l'occupant le paiement d'une indemnité d'occupation. 

À cet égard, l'article 815-10 alinéa 3 du code civil dispose que :  

« Aucune recherche relative aux fruits et revenus ne sera, toutefois, recevable plus de cinq ans après la date à laquelle ils ont été perçus ou auraient pu l'être.»

Le 10 juin 2005, l'assemblée plénière de la Cour de cassation a jugé que 

« si le créancier peut poursuivre pendant trente ans l'exécution d'un jugement condamnant au paiement d'une somme payable à termes périodiques, il ne peut, en vertu de l'article 2277 du Code civil, applicable en raison de la nature de la créance, obtenir le recouvrement des arriérés échus plus de cinq ans avant la date de sa demande » (Ass. Plén., 10 juin 2005, N°03-18922)

Ainsi, compte tenu de « la nature de la créance », la prescription de cinq ans est applicable à :

  • tout créancier qui réclame le paiement d'une indemnité d'occupation à un occupant sans droit ni titre ;
  • indépendamment du fait que cette indemnité d'occupation soit exigible en application d'une clause du bail ou suite à une décision de justice ;
  • peu importe que l'indemnité d'occupation sollicitée soit à échéance mensuelle, périodique ou que le montant demandé soit global. 

En matière de divorce, la demande de paiement de l'indemnité d'occupation par l'un des époux comporte une particularité eu égard à son point de départ. 

En effet, au cas par cas, le délai de cinq ans commence à courrir à compter de la date de l'ordonnance de non conciliation ou du jugement de divorce passé en force de chose jugée. 

En matière de succession, lorsqu’une décision de justice irrévocable fixe le principe et le montant d'une indemnité d'occupation pour toute la période comprise entre la naissance de l'indivision et la date du partage effectif, la prescription de cinq ans n’a pas vocation à s’appliquer pour les sommes déjà échues à la date de ladite décision.  

En revanche, pour les échéances postérieures au prononcé de la décision de justice, c’est-à-dire les termes à venir, la prescription quinquennale pourra s’appliquer.

De manière obscure, la Cour de cassation a jugé, le 10 juillet 2013, que :

« seuls les arriérés échus postérieurement à une décision judiciaire, ayant force exécutoire, qui a reconnu une créance d'indemnité d'occupation, échappent, en raison de la nature de la créance, à l'interversion de prescription résultant de cette décision ; qu'après avoir relevé que l'arrêt du 26 février 1997 était passé en force de chose jugée sur le principe et le montant de l'indemnité d'occupation due par Mme X..., la cour d'appel a retenu à bon droit que ce n'était que pour la période postérieure à cet arrêt que s'appliquait la prescription quinquennale, de sorte que l'indivision ne pouvait prétendre au paiement de l'arriéré de l'indemnité d'occupation pour la période qui avait couru du 27 février 1997 au 17 décembre 2003 ; que le moyen n'est donc pas fondé » (Cass. Civ., I, 10 juillet 2013, N°12-13850). 

Ainsi, concrètement, en cas d’indivision successorale, lorsqu’une décision judiciaire a fixée le principe d’une indemnité d’occupation pour l’avenir, il est nécessaire, avec l’assistance d’un avocat spécialisé, d’assigner en justice le co-indivisaire occupant l’immeuble, dans le délai de cinq ans, afin d'interrompre la prescription et ne pas perdre les échéances à venir.

Pour conclure, il convient de souligner que, quelque soit la situation (indivision successorale ou divorce), le délai de prescription de 5 ans applicable à l'action en paiement d'une indemnité d'occupation constitue une exception au délai de 10 ans durant lequel peut être exécuté une décision de justice. 

Même si une décision de Justice définitive fixe le principe d’une indemnité d’occupation pour le passé et pose le principe d’une indemnité d’occupation pour l’avenir jusqu’au partage effectif, les mois d'occupation non encore échus car postérieurs au prononcé de la décision sont frappés d'une prescription de 5 ans ; obligeant le bénéficiaire de cette indemnité d'assigner l'occupant du bien dans ce délai pour ne pas perdre ses droits sur les échéances mensuelles à venir.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Maitre Anthony Bem
09/01/2016 14:01

Bonjour Issa,

En effet, je vous confirme qu'une action en indemnisation des préjudices subis me semble encore possible.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
25/02/2016 07:47

Bonjour Maitre
je voudrais occuper un appartement dont je suis propriétaire (étant moi même en location), loué à un Tiers dont le bail arrive Bonjour Maitre
je voudrais occuper un appartement dont je suis propriétaire (étant moi même en location), loué a un Tiers dont le bail arrive a expiration le 29/02/2016. Je lui ait envoyé par voie d'huissier le congé il y a 6 mois. Or le cabinet qui s'occupe des recouvrement des loyers m'a informé que le locataire ne veut pas sortir prétextant qu'il ne veut pas déscolariser ses enfants en cours d’année. Par le passé, ce monsieur ne payait pas ces loyers d’où j'ai intenté une action en justice contre lui pour l'expulser, pour sa défense, il a contesté le bail que je lui ai fait et j’ai été condamné à lui refaire un nouveau bail de trois ans qui expire en fin février. Je pense que ce monsieur ne veut pas sortir de mon appart car il n'a fait aucune demande à la mairie pour avoir un logement pour sa famille, vos conseils ?? Cordialement

3 Publié par Visiteur
02/04/2016 12:44

Bonjour Maître, mon propriétaire ma donner congé pour vendre. Il me demande 2 fois mon loyer soit 1280e. Si je continue de ne verser que la somme de mon loyer soit 640e. Qu'es ce que je risque sachant que je serai occupant sans droit ni titre que pour 4 mois? Merci par avance.

4 Publié par Visiteur
17/12/2016 20:52

bonjour Maitre,
Suite à une ordonnance de référé en ma faveur visant la clause résolutoire,le locataire a fait appel et ne paie pas son occupation sans titre ni droit décidé par le juge, que puis espérer de cette situation ?
Merci pour votre appréciation
Michel

5 Publié par Maitre Anthony Bem
18/12/2016 01:49

Bonjour Michel,

Tout dépend de la suestion de savoir si la décision rendue en votre faveur dispose de l'exécution provisoire ou non.

En effet, ce n'est qu'en cas d'exécution provisoire que la décision est susceptible d'exécution malgré l'appel interjeté contre celle-ci.

À défaut, l'appel est suspensif.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
19/12/2016 16:43

Bonjour Maitre
Oui effectivement puisqu'il s'agit d'une ordonnance de référé constatant l'acquisition de la clause resolutoire, l'appel peut il etre validé par la cour d'appel si le succombant ne paye pas le jugement de 1ere instance.
Michel

7 Publié par Visiteur
16/01/2017 22:21

Bonjour maître
J ai vecu pendant 28 mois dans la maison que nous avions achetée en indivision avec le pere de ma fille. Ce dernier est parti en 2014. Il m a assignée en justice en 2015 quand j y vivais encore et s est désisté pour m assignée sans m en avertir en amont en decembre 2016. Nous avons fink par vendre ce bien commun en nov 2016. Puis je echapper à l indemnité d occupation qu il me réclame pour ces 28 mois maintenant que nois avons déménagé ma fille et moi? Comment m en sortir? Je précise nous etions pacsés mais nius avons rompu le pacs dans l année qui a suivi son depart.
Merci beaucoup

8 Publié par Maitre Anthony Bem
16/01/2017 22:50

Bonjour Halia,

Je crains en effet que le délai de prescription de 5 ans ne soit pas encore depassé dans votre cas, de sorte qu'une action en paiement de l'indemnité d'occupation serait encore possible.

Le moyen d'échapper à une condamnation serait de prouver que l'occupation du bien n'était pas exclusive de votre part mais je doute aussi que vous le puissiez dans votre cas selon les informations communiquées.

Cordialement.

9 Publié par Visiteur
12/03/2017 21:56

Bonjour,

Nous avons payé l'intégralité de notre arriéré de loyer le 4 juillet 2015. Mais nous payons toujours à ce jour des indemnités d'occupation. Notre bailleur ne ayant pas fait signé de nouveau bail malgré notre demande.
Cela est il légal? D'avance merci pour retour.
Respectueuses salutations.

10 Publié par Visiteur
20/03/2017 23:38

Bonjour maître
Je suis iberges chez mon grand père depuis septembre 2014 mes ils décès en janvier 2016 et j'ai demandé le transfert de bail à France habitation et j'ai reçue un qites les lieux et j'ai qites et cette semaine je me trouve copndaner à peyer 7000€ et je sais pas si si normal

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