L'inefficacité du nantissement ou de la saisie de parts sociales pour le recouvrement de créances

Publié le Modifié le 22/08/2014 Vu 96 197 fois 54
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Suite à une décision de justice rendue contre un débiteur qui a des parts dans une société dont il est gérant ou l’associé, que peut faire le créancier à l'encontre de ce dernier pour se faire payer ?

Suite à une décision de justice rendue contre un débiteur qui a des parts dans une société dont il est gÃ

L'inefficacité du nantissement ou de la saisie de parts sociales pour le recouvrement de créances

Pour mémoire, sauf dans certaines matières où l'exécution provisoire est ordonnée de plein droit, telles les ordonnances de référés, l'exécution provisoire est la formule juridique figurant dans le "par ces motifs" des juges aux termes de laquelle ils ordonnent que leur décision de justice soit exécutoire malgré toute voie de recours exercée par les parties. 

Ainsi, concrètement, le débiteur condamné au paiement d'une somme d'argent à titre d'indemnisation ne peut suspendre sa condamnation en faisant appel ou en formant un pourvoi en cassation. 

Pire, en cas d'exécution provisoire, la validité du recours en appel ou en cassation suppose que la dette soit payée spontanément et préalablement par la partie perdante à la partie qui a gagné l'instance soumise à recours. 

Cependant, au delà de la théorie, en pratique, l'exécution spontanée des décisions de justice n'est pas une évidence. 

En effet, une fois que la décision a été rendue et que le juge a ordonné l'exécution provisoire de la condamnation ; son exécution suppose souvent que le créancier procède, de manière coercitive, à des mesures dites d'exécution forcée telles que des saisies bancaires, sur salaires, sur les biens mobiliers, à des hypothèques sur les biens immobiliers ou un nantissement sur les parts sociales appartenant au débiteur condamné. 

Le créancier peut donc tenter de se faire payer par le débiteur lorsque ce dernier a des parts ou des actions dans une société dont il est gérant ou l’associé. 

Une fois le nantissement réalisé, le créancier peut faire procéder à la vente aux enchères des parts, à moins que le débiteur ai fait procéder à une vente du bien dont est propriétaire la société. 

En effet, s'agissant par exemple des SCI, compte tenu que les parts sociales appartiennent personnellement à l’associé alors que l’immeuble appartient à la société, le nantissement des parts :

  • n'empêche pas la vente des biens immobiliers de la société par cette dernière ;

  • ne permet pas au créancier de bloquer le montant du prix de vente des biens de la société auprès du notaire.

Il est donc important de savoir que le gérant d'une SCI peut parfaitement vendre le patrimoine immobilier de la société sans que le créancier ne puisse s'y opposer malgré le nantissement des parts sociales. 

Les parts nanties peuvent ainsi se retrouver sans aucune valeur en cas de vente du bien  immobilier de la SCI par exemple. 

Compte tenu de l’inefficacité de cette voie d’exécution, la loi permet donc au débiteur d'organiser la fraude aux droits de ses créanciers. 

Par conséquent, le nantissement des parts sociales est une garantie très imparfaite, voir même une mesure inutile compte tenu du vide juridique qui l'entoure. 

Les seules hypothèses où le nantissement peut avoir un intérêt est de :

  • espérer que le débiteur ne soit pas conseillé ou soit mal conseillé et qu'il ne fasse pas vendre le bien de la société ;

  • attendre que la société soit dissoute du fait de la réalisation de l'actif social (ex : vente des biens immobiliers par la SCI) et que les associés se partagent le boni de liquidation. 

Compte tenu de l'importance de la participation du débiteur dans le capital de la société, de sa qualité de dirigeant et du risque de disparition des biens dont est propriétaire la société, il peut s'avérer utile d'obtenir parallèlement du juge :

  • l'autorisation de procéder à une inscription d'hypothèque conservatoire sur les biens de la société ;

  • la nomination judiciaire d'un administrateur provisoire. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Fredhou
09/11/2019 13:37

Bonjour Maître,

Merci pour cet article.
Il y a un point que je ne comprends pas : Si la sci, possédant un seul bien pour l'exemple, fait procéder à la vente de ce dernier après le nantissement des parts d'un des associés, la sci se retrouve avec l'argent de la vente en lieu et place du bien immobilier. En quoi cela est-il mieux que d'avoir encore le bien immobilier ?

Exemple :
A et B possèdent chacun 50000 parts de 1 € d'une SCI.
B subit un nantissement de ses 50 000 parts et dans la foulée le gérant fait procéder à la vente du bien et, après déductions des différents frais, il reste 100 000 € sur le compte en banque de la SCI.
Donc, la valeur de la part ne semble par avoir changé.

Ainsi : pouvez-vous donner un exemple détaillé permettant d'illustrer la phrase : "Les parts nanties peuvent ainsi se retrouver sans aucune valeur en cas de vente du bien immobilier de la SCI par exemple".

D'avance merci.

2 Publié par darkswiip
07/09/2020 12:30

Bonjour,
Le creancier dispose t il d'un délai MAXIMUM pour faire réaliser une vente forcée de part sociales ?
J'ai eu un PV de saisie début 2019, et depuis, plus rien ne se passe. Le PV est il toujours valable ?
Merci

3 Publié par GregAlexandre
30/09/2021 23:21

Bonjour,
J'ai contracté un prêt pour acheter des parts de SCPI fiscale.
Celle-ci est en cours de vente de ses biens avant dissolution et donc rembourse aux propriétaire des parts les montants correspondant aux ventes.
Comme les parts sont nanties la SCPI demande au créancier s'il doit me rembourser ou lui verser tout ou partie des montants remboursés. Quelle est la base légale pour cela? Dans ma compréhension les droits sur le bien nantis ne peuvent s'exercer qu'en cas de vente du bien: dans ce cas les parts de la SCPI?
De plus le créancier prétend que c'est un remboursement anticipé alors que c'est son exercice d'un droit qui serait créé par le nantissement? Quel est le terme à employer pour cet exercice de "saisie" des montants.
A noter que mon but n'est pas d'empêcher l'exercice du remboursement mais de ne pas permettre que cela soit considéré comme un remboursement anticipé avec ses règles prétablies et ses frais.
Merci et cordialement.

4 Publié par Parick
30/03/2022 18:54

BONJOUR,

Je suis gérant, associé, liquidateur d une SCI qui a été bénéficiaire d un arrêt condamnant des squatteurs comme occupant sans droit ni titre ,en 2000 (plus de 100 000 euros de condamnation) ..j ai signifié a partis et vainement essaye d exécuter le recouvrement depuis cette date ca ma coute 5000 euros..( j ai fais saisir les comptes :rien,saisis des salaires ;1000, etc ).j ai fait une liquidation amiable de ma sci en 2018 , dissolution ,publication .;mais pas radiation... j ai relancé un commandement en fevrier2022 pour que mon arrêt ne soit pas prescrit par 10 ans... et la j ai trouve pour ma debitrice qu est est gerante et associé de 6 sociétées...puis je encore faire saisir les parts sociales ? ai je encore ma qualité a agir et recouvrir les sommes dues ?

merci d une reponse...

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