L’interdiction d’exercice d’une activité de restauration source de nuisances olfactives

Publié le 12/05/2014 Vu 63 122 fois 30
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Une activité de restauration peut-elle être interdite par la copropriété même en l’absence de clause du règlement de copropriété l’interdisant expressément ?

Une activité de restauration peut-elle être interdite par la copropriété même en l’absence de clause du

L’interdiction d’exercice d’une activité de restauration source de nuisances olfactives

Le 13 novembre 2013, la Cour de cassation a jugé qu’en présence d'une clause du règlement de copropriété interdisant simplement l'exercice d'un commerce générant des nuisances olfactives, la copropriété de l’immeuble n'a aucune obligation pour rendre une activité de restauration conforme au règlement ni d'autoriser des travaux de nature à remédier à ces nuisances et peut valablement l’interdire. (Cass. Civ. III, 13 novembre 2013 N° de pourvoi: 12-26121)

Pour mémoire, chaque copropriétaire use et jouit librement des parties privatives et des parties communes sous la condition de ne porter atteinte ni aux droits des autres copropriétaires, ni à la destination de l'immeuble.

L'analyse du règlement de copropriété, loi fondamentale des copropriétaires, permet de fixer au cas par cas les limites des droits de chacun au sein de la copropriété notamment s’agissant de l’exercice d’une activité commerciale telle que la restauration.

En l’espèce, le propriétaire d’un local commercial dans un immeuble en copropriété a sollicité, en vain, de l'assemblée générale de la copropriété une autorisation pour améliorer l'évacuation des odeurs de son local.

Malgré ce refus d’autorisation, et en l'absence d'un conduit d'extraction des fumées conforme, il a donné à bail son local à la société Subito Pizza à usage de restauration, pizzeria, vente à emporter, livraison à domicile.

Le règlement de copropriété de l’immeuble stipulait notamment : « ... sont formellement exclus : tous établissements dangereux, bruyants ou insalubres, de nature à incommoder par le bruit ou l'odeur les personnes habitant la maison ».

Ainsi, le règlement de copropriété n'interdisait pas expressément l'activité de restauration, qui ne constituait d’ailleurs pas, a priori, un établissement dangereux, bruyant ou insalubre.

Cependant, à la suite de plaintes de copropriétaires à raison de nuisances générées par ce commerce, le syndicat des copropriétaires a assigné le propriétaire des locaux et la société Subito Pizza en cessation, sous astreinte, de l'activité de cette dernière.

Les juges d’appel ont refusé d'ordonner la cessation de l’activité de restauration en considérant que celle-ci n'était pas exclue par le règlement de copropriété.

De plus, la Cour d’appel a jugé que le syndicat des copropriétaires refusant toute mesure adéquate destinée à faire cesser les inconvénients liés à une activité non prohibée par le règlement de copropriété, il y avait lieu de recourir à une mesure d'expertise afin d'examiner les inconvénients et nuisances allégués et proposer les solutions techniques de nature à y remédier tout en permettant la poursuite de l'activité.

Toutefois, la Cour de cassation a cassé et annulé l’arrêt d’appel et refusé l’exercice d’une activité de restauration dont les nuisances olfactives sont seules prohibées par le règlement de copropriété et même que soit ordonné une expertise pour examiner la réalité des inconvénients et des nuisances allégués.

Cette interdiction résulte de l'existence de plaintes de nuisances olfactives liées à l'activité de la société Subito Pizza et du fait que le règlement de copropriété excluait formellement les établissements générant ce type de nuisances.

La Cour de cassation a ainsi jugé que, en présence d'une clause du règlement de copropriété interdisant l'exercice d'un commerce générant des nuisances olfactives :

- l'assemblée générale des copropriétaires n'a aucune obligation, pour rendre cette activité conforme au règlement ni d'autoriser des travaux de nature à remédier à ces nuisances ;

- un syndicat des copropriétaires peut valablement refuser à un copropriétaire l'autorisation d'installer une tourelle d'extraction pour favoriser l'évacuation des fumées de nature à mettre un terme aux nuisances olfactives ou de procéder à toute mesure destinée à faire cesser les inconvénients éventuels liés à une activité même non expressément prohibée par le règlement de copropriété ;

- un syndicat des copropriétaires peut valablement faire état, au soutien de sa demande de cessation d’une activité de restauration, de nuisances olfactives et ce, sans avoir à prouver la non-conformité du système d'extraction des fumées ;

L’intervention d’un avocat spécialisé permettra d’analyser l’étendue des droits et limites fixées par le règlement de copropriété et, le cas échéant, vérifier si l'activité de restauration envisagée est interdite ou autorisée.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
15/06/2016 00:18

Bonjour, un restaurant en rez de chaussée occasionne un bruit qui dépasse largement le niveau de décibels autorisé avant et après 22h.
Dans l'absolu :
Est ce que un syndicat de copropriétaires peut faire inscrire dans le règlement de copropriété, ceci sans besoin de passer par la mairie pour validation, sans devoir compter sur un vote majoritaire, des clauses sur le type de commerce refusé, ceci empêchant à l'avenir toute candidature ?
D'avance merci.
Cet,

2 Publié par Maitre Anthony Bem
15/06/2016 07:47

Bonjour Kin,

Vous pouvez simplement engager contre le restaurant du rez de chaussée une procédure judiciaire en référé pour trouble de voisinage sans avoir à modifier le règlement de copropriété.

Il vous faut tout de même un constat du bruit avant et après 22h.

Si non un des copropriétaires peut demander au syndicat de copropriétaires de faire inscrire à l'ordre du jour de la prochaine assemblée un vote sur une modification du règlement de copropriété sur les activités autorisées à l'avenir, sans avoir besoin de passer par la mairie pour validation, mais selon les règles de vote prévues dans les statuts.

Cordialement.

3 Publié par Visiteur
24/11/2016 08:52

Bonjour,jai un peut le même problème , un local situé en bas de chez moi a était modifié en restaurant sauf que la sortie de leur conduis de cuisine pouvait que passer par la petite cour situé a côté de ma fenêtre nous avons refusé l'accès mais les 2 autres propriétaires m'ont dit qu'ils avaient pas le choix,en définitif le tuyau a était poser tout le long de la façade respectant ocunement le schéma de base et le bruit du souffle rentre chez moi fenêtre fermée. Que faire svp ? Je suis propriétaire

4 Publié par Maitre Anthony Bem
24/11/2016 23:27

Bonjour Nykoromano,

Vous pouvez engager une procédure judiciaire pour trouble de voisinage contre le propriétaire du restaurant afin de faire cesser le préjudice et être indemnisé.

Cordialement.

5 Publié par Visiteur
31/12/2016 13:13

Bonjour,
Je suis propriétaire d'un immeuble d'habitation comprenant une épicerie au RDC. L'épicier voudrait transformer une partie du local en bar-restaurant. Puis-je autoriser cette activité en exigeant que les aménagements effectués et les équipements installés retiennent toutes les odeurs ? Si, à l'usage, ces conditions ne sont pas respectées, et que les locataires-habitants se plaignent, quels recours peuvent être utilisés contre le commerçant pour l'obliger à respecter ses obligations ?
Puis-je autoriser une restauration sans odeur, par exemple uniquement "sandwicherie" ?
Merci pour votre aide. Bien cordialement

6 Publié par Visiteur
17/02/2017 08:52

Bonjour Maître,
Notre immeuble en copropriété (construction 1986) hors caves et garages comprend 32 lots. Dans le règlement de copropriété 23 sont étiquetés "appartement", les 9 autres "local commercial"; très curieusement ce texte ne différencie pas les charges et contraintes relatifs à chacun. L'article 15, commun donc aux appartements et locaux commerciaux, stipule qu'"ils ne pourront faire ou laisser faite aucun bruit anormal, aucun travail, de quelque genre que ce soit, qui serait de nature à nuire à la solidité de l'immeuble, ou à gêner leurs voisins par le bruit, l'odeur, les vibrations ou autrement". Le propriétaire d'un local commercial initialement utilisé comme boutique y a installé un restaurant, et a - sans autorisation de la copropriété - percé un trou dans le mur extérieur de l'immeuble pour évacuation des odeurs. Il refuse depuis de le reboucher.
L'arrêté de la Cour de Cassation du 13 novembre peut-il s'appliquer dans ce cas, compte tenu de la faible mention de l'interdiction de gêne par l'odeur spécifique à ces locaux commerciaux dans le règlement de copropriété.
Merci pour votre aide. Bien cordialement

7 Publié par Maitre Anthony Bem
19/02/2017 18:10

Bonjour Jean-Luc,

Je vous confirme que l'arrêt rendu le 13 novembre 2013 par la Cour de cassation est parfaitement susceptible de pouvoir s'appliquer à votre situation.

En effet, en présence d'une clause du règlement de copropriété interdisant l'exercice d'une activité commerciale générant des nuisances olfactives, la copropriété peut interdire une activité de restauration, même si celle-ci est conforme au règlement de copropriété.

Elle n'est pas tenue non plus d'autoriser la réalisation de travaux de nature à remédier à ces nuisances et peut valablement l’interdire le cas échéant.

De plus, je me permets de vous indiquer que la notion de "troubles de voisinage" peut aussi faire obstacle à l'exercice d'une activité générant des nuisances de quelque nature que ce soit.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
22/02/2017 20:02

Bonjour,
un commerce de restauration rapide se trouvant près de
chez moi a été récemment revendu. Les nouveaux propriétaires ont remis en fonction une vielle cheminée datant du début du siècle dernier, située à quelques mètres face et à la hauteur de mes fenêtres. Le restaurant étant ouvert sept jours sur sept, je subis en continu le bruit de la ventilation ainsi que les odeurs de graisses brulées. Je précise que ce restaurant se trouve dans un immeuble voisin, donc sans aucun lien de copropriété avec la maison de ville que j'occupe. Que puis-je légalement faire pour faire cesser ses nuisances? Dois-je au préalable en informer le propriétaire, en informer la mairie? Merci pour les bonnes informations que vous voudrez bien m'apporter.

9 Publié par Visiteur
28/02/2017 02:56

Bonjour à tous,

Nous avons repris un local commercial de 90 m2 dont le bail dit:
- la vente de produits d'épicerie italienne, dégustation de café, thé et chocolat
- la vente de salades, sandwich ou autres produits élaborés froids sans cuisson préalable dans les locaux
- vente de crêpes
à l'excusions de toute autre utilisation
vous ne pouvez, sous aucun prétexte, changer la destination des lieux loués et ce, même de façon temporaire.

Quand j'ai repris le local en septembre 2015 , nous avons pas fait d'état des lieux.
A notre grande surprise nous avons eu plus de 4 mois de travaux et dépenser beaucoup d'argent, vu l'état du local.
Les travaux sont :
- Mise en conformité du local Hygiène, marche alu Handicapée, 5 extincteurs, couverture de feu, 3 coups de poing arrêt d'urgence EDF
- Démontage de la frisette sur tous les murs avec plus 500 trous à reboucher
- Peinture, la faïence cuisine, toilette, électricité complète, plomberie.
- Nettoyage et dégraissage du conduit d'extraction, des hottes et des machines de cuisson.
- Installation d'une alarme incendie type 4 sourd et malentendant avec flash d'évacuation, certifier par un pro.
- Alarme surveillance vol, capteur de fumer, de fuite d'eau et de coupure de courant relier à une surveillance 24/24h et 7/7j
- Pose d'un chapeau sur le conduit de cheminée ou d'extraction sur la toiture avec goudronnage du tour du conduit cause de fuite (a mes frais bien sûr)
(Pas de gaz de ville, tout est électrique)
- Revissions et dépannage du cumulus.

1 Mois après, je reçois un courrier de l'agence immobilier me demandant de retirer le chapeau et de démonter le conduit. Et par la même occasion, me demande de me plier au bail en respectant le "sans cuisson épicerie etc.." donc d'arrêter mon activité de restaurant traditionnel pour la remplacer par une épicerie, crêperie sans cuisson,

J'ai aussitôt retiré le chapeau en toiture mais laissé le conduit existant.

J'ai donc répondu à son courrier en lui expliquant que j'ai bien démonté le chapeau en lui précisent par contre, que le conduit était existant avant notre signature.
Je profite de ce courrier pour leur signaler que nous demandons une déspécialisation du bail pour le changer en restaurant traditionnel car ce local est un restaurant depuis plus de 10 an, reconnu dans le département, avec son classement sur TripAdvisor en position n° 1 sur notre ville.

Le refus de l'agence est catégorique le bail ne changera pas :
1) parce que ça n'a jamais était un restaurant
2) parce que nous avons fait les travaux sans autorisation
Et nous demande de remettre le local respectant le bail, ici il n'a jamais eu de restaurant, me dit elle et il n'y aura jamais.

Nous avons continué à faire notre restauration pendant un bon mois et nous avons reçu une assignation en réfère pour non respect du bail et demande de faire casser le bail par le tribunal.

Quand pensez-vous?
Pensez-vous que je peux obtenir du tribunal une déspécialisation forcée de notre bail sachant que nous avons la preuve de son activité de restaurant pendant plus 10 ans sans que l'agence ne dite rien toute c'est années ?
( preuve: Article journaux, contrat de travail CDI de ma fille qui travaillé là, photos, message tripadvior, pub sur les brochures de la mairie, de l'office de tourisme et de nombreuse attestation des clients)

Les travaux de rafraichissement et de normes que nous avons effectués, nécessite t-elle une autorisation auprès du bailleur?

Merci à vous, le jour de l'assignation arrive très vite !!
merci de votre aide !!

10 Publié par Visiteur
11/10/2017 11:33

Bonjour, quel est le recours juridique contre l'installation illégale d'une gaine d'extraction (restaurant) datant de 1989 ? Existe-t-il une prescription par rapport aux délais ? Merci, cordialement

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