Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Publié le 18/09/2015 Vu 60 487 fois 229
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La déclaration de nationalité française par mariage peut être contestée dans le cadre d'une procédure défavorable au justiciable en raison de l'imprécision des délais d'action et le poids de la présomption de fraude. Une amélioration des droits du déclarant s'est faite grâce à l'intervention du Conseil Constitutionnel et du contrôle par la cour de Cassation de la manière dont le juge du fond apprécie les faits.

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Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Des lois successives modifiant les conditions  d’acquisition de la nationalité française se sont multipliées ces deux dernières décennies. Malgré l’alternance et le changement  habituel de la couleur politique du gouvernement, la tendance est  vers le durcissement.

C’est ainsi que le contentieux de la nationalité s’est alimenté considérablement et s’est vu s’alourdir par des procédures  juridictionnelles longues et épineuses.

Nous allons nous intéresser au cas particulier de l’acquisition de la nationalité française par mariage, premier moyen d’accès à la nationalité française.       .

Plusieurs étrangers  mariés à des ressortissants français choisissent la voie de l’acquisition de la nationalité française par déclaration en raison de la simplicité de sa procédure et de ses conditions. Ce choix de la facilité peut s’avérer regrettable.

Et pour cause, obtenu par mariage, le bénéfice de la nationalité française risque de rester  intimement  lié au sort du dit mariage.

Or,  autant que n’importe quel couple, les époux, dont l’un a dû acquérir  la nationalité française par déclaration, sont susceptibles de se séparer et d’engager des procédures de divorce.

A l’initiative de l’époux mécontent ou de l’administration mise au courant  de la séparation du couple, une procédure d’annulation de la déclaration de nationalité en vue de la constatation de l’extranéité du déclarant pourrait être engagée.

C’est le troisième alinéa de l’article 26-4 du code civil qui traite de l’annulation de l’enregistrement après séparation des époux : «  L'enregistrement peut encore être contesté par le ministère public en cas de mensonge ou de fraude dans le délai de deux ans à compter de leur découverte. La cessation de la communauté de vie entre les époux dans les douze mois suivant l'enregistrement de la déclaration prévue à l'article 21-2 constitue une présomption de fraude. »

Deux questions se posent :

  • Comment l’action en nullité est –elle engagée ?
  • Quelles sont les conséquences de la décision définitive de nullité sur la situation du déclarant redevenu étranger ?

  • Les enjeux de l’action en nullité de l’enregistrement de la déclaration de nationalité par mariage

L’annulation de l’enregistrement de la déclaration de nationalité sur le fondement de l’article 26-4 du code civil, pose plusieurs problèmes juridiques donnant lieu à une jurisprudence abondante :

  • le point de départ de la prescription biennale de l’action

Après des années de confusion, il est décidé définitivement que le point de départ du délai d’agir en nullité de l’enregistrement est la connaissance par le Ministère public, à l’exclusion de tout autre administration de l’Etat , de l’existence de la fraude ou du mensonge. Cette connaissance est appréciée par les juridiction au cas par cas : transcription du divorce, diligence d’une enquête.. Avec l’arrêt du 5 juillet 2012, la Cour de Cassation a nuancé sa position en faveur du justiciable : il ne s’agit plus uniquement de déterminer la date à laquelle le ministère public a eu une connaissance effective de la fraude ou du mensonge, mais d’apprécier la date à laquelle il a pu en avoir connaissance. D’ailleurs, à ce titre les juridictions de fond  n’ont plus le bénéfice de appréciation souveraine de ce point de départ.

  • La notion de mensonge et de fraude : le mensonge ou la fraude est une notion objective, indépendante de l’intention de son auteur. Constituent ainsi des cas de fraude ou de mensonge le fait d’invoquer la persistance d’une communauté de vie (Civ. 1re, 11 juin 2008, Bull. civ. I, n° 167 ; RLDC 2008/52, n° 3117, obs. Marraud des Grottes) ou encore le fait de produire un acte de naissance apocryphe (Civ. 1re, 23 juin 2010, n° 08-19.854, D. 2010. 1708  ; ibid. 2868, obs. O. Boskovic, S. Corneloup, F. Jault-Seseke, N. Joubert et K. Parrot  ; Rev. crit. DIP 2010. 689, note S. Corneloup et F. Jault-Seseke ).

  • la mise en jeu de la présomption de fraude : La présomption de fraude instituée par l’article 26-4 du code civil a été  longtemps un outil déterminant pour le Ministère public dans ses procédures d’annulation. La charge de la preuve étant inversée, le juge avait pour mission d’apprécier si les éléments apportés par le déclarant étaient de nature à contrecarrer l’état de fraude préalablement établi à son encontre grâce au simple fait de la séparation de son conjoint dans les douze mois de l’enregistrement.

Or, le Conseil constitutionnel en sa décision  (n° 2012-227 QPC) du 30 mars 2012, et tout en déclarant conforme à la Constitution l'article 26-4 du code civil , il a émis une importante réserve au considérant 14, aux termes de laquelle la présomption prévue par la seconde phrase du troisième alinéa de ce texte ne saurait s'appliquer que dans les instances engagées dans les deux années de la date de l'enregistrement de la déclaration et que, dans les instances engagées postérieurement, il appartient au ministère public de rapporter la preuve du mensonge ou de la fraude invoqués ;

Aussi, depuis cette décision, la Cour de Cassation sanctionne les arrêts des Cours d’appel persistants à considérer que le bénéfice de la présomption est acquis au Ministère Public malgré l’engagement de l’action plus de deux ans après l’enregistrement de la déclaration de nationalité.  Le dernier arrêt de la Cour  suprême date du 9 septembre 2015, Pourvoi 14-20410.

  • La situation administrative du déclarant après la nullité de l’enregistrement de sa déclaration de nationalité.

La décision définitive prononçant la nullité de la déclaration de nationalité française par mariage a pour effet de constater l’extranéité du déclarant. Ce dernier n’est plus  français et reprend au regard de l’Etat français son statut d’étranger.

Mais dans quelle situation administrative serait cet étranger sur le sol français ? Régulière ou irrégulière ?

La question n’a pas de réponse législative et sombre de ce fait dans le gouffre du vide juridique, pourtant assez rare de nos jours.

En effet, rien n’est prévu par les textes pour traiter des cas de ceux qui perdent la nationalité française en général et qui avaient restitué leur titres de séjour ( souvent de dix ans) à l’administration française en contre partie du « sésame » bleu.

            On pourrait tout de suite dire que le droit commun s’applique : toute nullité a pour effet de rétablir les parties dans l’état où ils étaient avant l’acte annulé. Pourtant cette solution n’est pas d’application directe et n’est guère considérée par celui à qui incombe la restitution du seul titre restant à priori valable. En effet, le déclarant, désormais étranger est sommé par tous les moyens de restituer aux services de l’Etat la carte d’identité et passeport français sans pour autant qu’il soit en mesure de se faire restituer son ancien titre de séjour.

Les préfets considèrent souvent que la personne est, depuis la perte de la nationalité française, sans titre sur le sol français comme si la décision judicaire vaut annulation de tout son parcours en France. Je me souviens du cas d’un étranger ayant vécu régulièrement en France depuis son entrée sur notre territoire et qui s’est vu annuler sa déclaration de nationalité française après 17 ans de résidence en France dont 8 ans en qualité de français. La demande de titre de séjour a été traitée comme étant une première demande de régularisation et non la restitution d’un droit  déjà acquis. Forte heureusement, le demandeur étaient le parent d’enfants français encore mineurs  (nés de l’union ayant été à l’origine de l’acquisition de la nationalité). Mais quid de ceux qui ne rentre dans aucun des cas d’obtention de plein droit de titre de séjour prévus par le CESEDA ?

En résumé, il faut que les prétendants de la nationalité française optent plutôt pour la démarche administrative de  naturalisation plutôt que de faire dépendre leur statut administratif  des aléas de la vie de coulpe.

Ceux préméditant la séparation de leurs conjoints français, doivent savoir que le risque ne se limite pas à l’annulation de la déclaration de nationalité mais peut atteindre également le droit même de demeurer en situation régulière sur le sol français. L’article 46-4 du code civil est prévu justement pour sanctionner leur fraude.

Malheureusement, le recours à un Conseil est rarement envisagé en amont. Ce n’est qu’en aval, à la réception de l’assignation en justice qu’on s’aperçoit qu’il y avait matière à se poser les bonnes questions !

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1 Publié par Visiteur
13/10/2016 12:57

jcb vous n'avez aucun droit d'annulé la nationalité de qui que ce soit il aurait fallu agir avant

2 Publié par Visiteur
13/10/2016 13:01

Bonjour,

Je suis marié depuis 2009 aujourd'hui je veux divorcé pour des raisons sentimental (pas la peine de détailler) ma femme viens de déposer une demande de nationalité mais je voudrais me libéré de ma vie commune nous avons un enfant de 7mois je ne voudrais pas que cela soit considéré comme fraude en plus c'est moi qui veut partir ..

3 Publié par Visiteur
17/10/2016 10:27

Bonjour je viens ici pour vous demander si mon ex femme qui avant notre divorce en juillet 2013,et ayant dissimuler sa grossesse pour que je puisse lui payer les compensations du divorce doit être Française? La vraie histoire de ce drame judiciaire est que son avocat a tout manigancé pour que mon ex femme puisse faire une fausse déclaration de naissance: elle a fait reconnaître son futur enfant contre 3000 euros par personne quelconque de nationalité française pour avoir ses papiers qu'elle n'a pas pu obtenir durant les 02 mois de mariage(12 Mai 2007-10 Juillet 2007) avec moi m'ayant expulsé de mon domicile devant les policiers venus en patrouille;elle avait déclaré l'abandon de foyer par l'epoux(moi) et jusqu'à nos jours le législateur n'a rien prévu pour la cause et ces actes délibérés de femmes sont toujours considérés comme des "abandons de foyers par les hommes".
Je voudrais donc savoir pourquoi une telle femme venue en France pour les services sociaux et les allocations familiales diverses mériterait d'être française avec la fraude à la déclaration de nationalité de son enfant et pour que les allocations familiales lui verse des prestations.
Merci d'avance je m'excuse si je suis confu dans mes propos et j'attends vos enseignements.

4 Publié par taboubi
17/10/2016 14:09

Pour répondre à Liberty79:
La reconnaissance de complaisance de paternité faite par une ressortissant français ne sert qu'à transmettre la nationalité à l'enfant reconnu. Le bénéfice de la mère reste le droit au séjour en tant que parent d'enfant français. Aucun avantage ne sera tiré de cette situation quant à la naturalisation de la mère. Au contraire, l'administration rejette les demandes de personnes ayant eu une période de séjour irrégulier en France. D'ailleurs, même pour l'enfant, ce dernier peut perdre la nationalité française si jamais une action en désaveu de la paternité serait intentée.

5 Publié par Visiteur
25/10/2016 20:14

Bonjour, je suis marié depuis 6 ans.
J'ai fait une demande de naturalisation française par mariage il y'a un peu plus d'un an. Aujourd'hui je reçois la décision favorable . Mon mari est violent et d'ailleurs on a eu à passé par le tribunal en 2014 pour violence conjugale. Il y'a deux semaines j'ai était porté plainte encore une fois pour vionlence. Aujourd'hui je compte demander le divorce. Qu'est ce que je risque par rapport à ma nationalité française suite à ce divorce.

6 Publié par Visiteur
27/10/2016 02:08

Bjr membres vous avez répondu à tout le monde sauf moi...
Cordialement

7 Publié par Visiteur
27/10/2016 02:10

Bonjour Maître vous avez répondu à tout le monde sauf moi..SVP pourriez-vous me dire ce qui peut arriver..Cordialement

8 Publié par Visiteur
30/10/2016 19:21

Bonjour je suis marié sa fais 7 ans je 2 garçons avec mon mari et la on devorce je demande ma nationalité française ons attand toujours la convocation est que mon mari il peut toujours annulé ma nationalité ????quoi faire ??

9 Publié par Visiteur
02/11/2016 22:49

Bonjour.
Mon amie est divorcée depuis 2008, son ex a eu la nationalité pdt le mariage, elle n'a fait aucune démarche d'annulation de nationalité, mais depuis 5 ans maintenant son ex ne se manifeste pas du tout et ne voit plus ses enfants, il a dit je ne veux plus les voir devant le juge aux affaires familiales,un des enfants a porté plainte pour abandon et toujours pas de nouvelles. Elle souhaite aujourd'hui de faire une demande d'annulation de nationalité vu qu'il ne s'occupe même plus des enfants. Merci de m'informer svp.

10 Publié par taboubi
03/11/2016 10:49

Réponse pour Rabeb :
Je n'ai pas compris de quelle convocation il s'agit? Si c'est pour la nationalité je vous déconseille de maintenir la procédure si votre mari a entamé la procédure de divorce. En effet, au jour de l'enregistrement de la déclaration de nationalité vous êtes censés vivre en communauté de vie.

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