Eloge de l'échec : ils ont raté leur examen

Publié le 04/12/2017 Vu 56 003 fois 26
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Ils s'appellent Omar, Frère Tuc, Sonia, Bee, ... et ils n'ont pas eu leur examen d'entrée au CRFPA. Ce sont les victimes de la génération "crash-test". Voici leur histoire...

Ils s'appellent Omar, Frère Tuc, Sonia, Bee, ... et ils n'ont pas eu leur examen d'entrée au CRFPA. Ce sont

Eloge de l'échec : ils ont raté leur examen

Je sais que je dois débuter cette chronique par une citation de Confucius "[l]a plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute" ou encore de Nelson Mandela "je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends", mais que cela fait du mal tout de même d'essuyer un échec, surtout quand on mérite de réussir. 

Précédemment, je décrivais la réussite de différents étudiants de Sup Barreau que j'ai suivi durant une année entière...https://www.legavox.fr/blog/mikael-benillouche/chronique-prepa-crfpa-comment-vont-24307.htm

Mais il y en a d'autres et non des moindres qui n'ont pas réussi et je n'ai pas eu les mots pour les aider. Au delà des statistiques, ces échecs m'ont profondément affecté, énervé et agacé.

"OMAR M'A TUER"

​Jeux de mots facile n'est-ce pas ? Omar c'était certainement mon meilleur étudiant. C'est un pénaliste. C'est un peu le fils spirituel. C'est un homme bien, loyal, honnête et droit. Il s'est battu pour réussir son examen. Régulièrement, je surveillais ses copies, supervisais son travail. Je nourrissais de grands espoirs dans sa réussite. Serein, j'avais l'impression que sa réussite ne poserait aucune difficulté. Il a énormément travaillé. Il a quelques lacunes en droit des obligations bien sûr, largement compensées par une maîtrise de la matière pénale assez rare à son âge.

Il fédérait les étudiants autour de lui, leur prodiguait des conseils, les aidait régulièrement à comprendre les notions les plus complexes (nullités de l'instruction ou corruption par ex.).

Il ne l'a pas eu, je n'ai pas compris, c'est illogique. Il a du mal à s'en remettre. Il veut se venger, revenir et il aura son examen, ce n'est pas possible... 

​J'AI ASSASSINE BEE

​Dans ma carrière, j'en ai rencontré des gens formidables, Bee fait partie de ceux-là. Bee et moi, c'est une histoire de rendez-vous manqués avant cette année. Elle s'est inscrite à la Prépa et je l'ai suivie du début à la fin. Elle a travaillé d'arrache-pied avant la Prépa, elle a tout donné. Tous les soirs, durant les épreuves, nous faisions le point, cela devait être juste, mais ça devait passer. Elle passait l'examen dans un IEJ où les pénalistes réussissent peu. Et elle ne l'a pas eu. J'ai pris sur moi une initiative, c'est moi qui lui ai annoncé ses résultats. C'était terrible, horrible, traumatisant.

Pour vous situer le personnage, Bee c'est une personne qui est capable de venir te voir juste après que tu lui aies annoncé qu'elle n'a pas eu son examen et qui plante son regard dans tes yeux et te demande comment tu vas. Je ne vais pas bien Bee, je suis tellement désolé, j'étais tellement persuadé de t'annoncer une bonne nouvelle. Il va falloir que tu y retournes tu sais ? 

J'AI ETE LE POURVOYEUR DE FAUX ESPOIRS

Ah Frère Tuc, mon publiciste, ma grande rencontre de cet été : que de souvenirs improbables avec lui, de discussions autour de la pédagogie. C'est que voyez-vous Frère Tuc a un problème avec l'autorité, mais il suffit de le convaincre finalement. Il n'aime pas trop la condescendance. Bon, Frère Tuc est brutal en droit, c'est donc logiquement qu'il a été admissible au CRFPA.

Le 7 novembre, il a passé son GrandO, dans un grand IEJ parisien. Juste après, il m'appelle son plan tient bien la route. Il s'agissait de commenter un arrêt de la Chambre criminelle. Il a été réactif et pertinent concernant les questions. Tout s'annonçait bien. En évaluant sa performance, je tablais soit sur un 9, soit sur un 16/20. C'est que Frère Tuc peut agacer. Quelques jours auparavant, je lui avais fait passer une simulation du GrandO en tête-à-tête et j'ai essayé de l'assassiner. Il a eu droit à un florilège : entre des questions sur l'histoire constitutionnelle de France, la Grèce des colonels et mon café qui s'est renversé, j'ai essayé - sans y parvenir - de le désarçonner. 

Bref, Frère Tuc allait avoir son examen. Le 1er décembre, tout était prévu. Après mes cours, je comptais aller le rejoindre pour fêter cela autour d'un verre. Il m'a appelé, il avait 6/20. Il n'a pas eu son examen. je n'ai pas été le seul surpris. Tout le monde pensait qu'il faisait une blague. Ce n'était pas une blague. Ses notes ont été vérifiées ! Il ne l'a pas...

Frère Tuc est impressionnant, il se relève déjà, il a hâte d'en découdre à nouveau...

​LA GENERATION "CRASH TEST"

Pourquoi raconter ces histoires plutôt que d'autres ? Je ne sais pas, je pense que ce sont les plus marquantes, les plus blessantes et surtout que je n'arrive pas à les réconforter mes petits. Bien sûr, j'ai parlé de mes propres défaites, mon premier échec au CRFPA, mes deux "ratés" à l'agrégation et je leur ai dit, montré que l'on pouvait les surmonter...ensemble. Mais je trouve cela injuste.

Je sais ce que j'encours en écrivant ces propos. Déjà, les Profs grincheux de certains IEJ vont à nouveau prendre leur plume acerbe pour critiquer. Savent-ils qu'ils se gargarisent de la réussite de nos étudiants ? Ensuite, il y a les défenseurs de la réforme avec lesquels il est tout de même possible de dialoguer. Enfin, il y a ces "collègues" réduits à un silence coupable alors même qu'ils bénéficient d'une liberté de ton inhérente à leur indépendance constitutionnellement garantie.

L'examen national devait être plus juste. Or, IL N'EN EST RIEN ! Les grilles de correction ont été suffisamment critiquées pour ne pas y revenir. Certains correcteurs s'en sont manifestement émancipés. Pourquoi ne pas croiser les corrections d'un IEJ à l'autre ? Les disparités n'ont absolument pas été gommées - bien au contraire - elles se sont creusées. Et que dire des oraux ? Ils sont nécessairement inégaux. Quels sont précisément les critères d'exigence ? Pourquoi ne pas avoir nationalisée cette partie de l'examen ?

Il est impératif d'aller plus loin, il en va de la crédibilité d'une profession qui cette année est passée à côté d'Omar, de Bee, de Frère Tuc et de tant d'autres qui auront été de merveilleux avocats. Et qui le seront...dans un an ! Cela ressemble à un serment !!!   

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1 Publié par Visiteur
01/11/2018 19:41

Bonjour, je suis à mi-chemin entre Lexpublicgirl et Juriste ... J'ai passé le CRFPA en 2017 (IEJ paris 1) . 4 jours avant le début des épreuves je finissais mon stage. J'avais tout de même préparer cet examen sans prépa mais avec une certaine motivation. Ça n'est pas passé. Je n'ai pas été surprise, il me manquait la méthode. Pour autant, mes notes tournaient autour de 9. Je me suis dit qu'avec une bonne prépa, de la confiance et de la motivation ça ira en 2018. Je suis repartie sur un stage pour avancer et motivée. Tout l'été j'ai préparé le CRFPA, très sérieusement, et j'y ai crû car je finissais par avoir de bonnes notes, même en droit des obligations (je suis publiciste). Le jour des résultats, je n'étais toujours pas admissible. Certaines notes sont horribles, je ne comprends pas du tout, j'ai fait "comme à la prépa". J'irai voir mes copies pour essayer de comprendre mais ça ne changera rien. Malgré deux masters 2 en droit public et des stages valorisants, je finis par penser que je suis une mauvaise juriste.
Après deux échecs, que faut-il faire ? Retenter - mais est ce que c'est s'entêter ? - Arrêter les frais ? Deux échecs ça reste des échecs, c'est beaucoup. Si vous étiez, nous, que feriez-vous ?

Merci

2 Publié par MikaBenillouche
06/11/2018 09:20

La difficulté c'est qu'il existe de multiples Prépas privées avec des pédagogies différentes. Il n'est pas indispensable d'en faire une mais c'est parfois nécessaire. Il faut retenter et réfléchir à la meilleure façon de vous préparer. N'hésitez pas à me contacter en inbox pour quelques conseils stratégiques

3 Publié par Visiteur
05/12/2018 20:08

J’ai uniquement fait l’IEJ en même temps que mon M1 en 2017-2018, j’ai passé le concours en 2018 et l’ai eu.
Je ne cache pas que j’ai été très déçue (si ce n’est dire choquée) des notes obtenues dans certaines matières et aurait aimé pouvoir avoir une consultation des copies + un corrigé afin de comprendre le pourquoi du comment.
Je ne pense pas que les prepa privées soient indispensables pour la réussite de de fe concours. Je pense que pour réussir ce concours, il faut croire en soi et donner le maximum (la chance est la bien venue).
Il est bien dommage de constater que certains enseignants ont tendance à briser tout nos espoirs, à nous faire croire que ce concours est impossible à avoir. Il suffit d’aller à une première réunion d’IEJ pour entendre ce genre de discours et entendre des statistiques démoralisantes.
Croyez en vous et dites vous que si d’autres l’ont fait, vous le pouvez également ! N’ecoutez pas les stats
Bon courage à toutes et à tous

4 Publié par Visiteur
08/12/2018 13:53

Bonjour à toutes et tous, je suis la maman d'une étudiante qui a échoué à l'oral alors qu'elle n'a pas démérité par rapport aux autres. Bien au contraire !!!! J'ai pu me faire une opinion pour avoir assisté à plusieurs oraux et notamment à celui de la candidate juste avant l'oral de ma fille. Cette personne avait juste 10/20 aux écrits et elle a réussi le concours alors qu'elle a fait un hors sujet à son exposé. Je ne l'invente pas car ceux sont les membres du jury qui lui ont dit. Dans la deuxième partie de l'oral, à plusieurs reprises le jury lui faisait remarquer qu'elle ne répondait pas aux questions posées, elle a cité que l'état islamique était un état et a été incapable de citer les sanctions suite à une infraction au code de la route. C'est une véritable HONTE mais c'était la troisième fois qu'elle le passait. Après les résultats ma fille s'est entretenue avec sa prof. (avocate), présente à son oral, pour savoir les erreurs qu'elle avait pu commettre. Aucune pouvant justifier la note de 07/20. A si, la seule d'avoir tout juste 22 ans alors que la moyenne d'âge à ce concours est 24/25 ans. Je ressens un profond sentiment d'injustice et de colère face à des gens qui défendent des valeurs de non-discrimination, de préjudice moral etc... et qui ont pour certains prêtés serment. Une maman en COLERE

5 Publié par Linou8790
16/08/2019 01:13

Bonjour

J’ai passé l’examen du crfpa en 2015 et une deuxième fois en 2017. Je ne l’ai pas eu. J’ai mit beaucoup de temps à m’en remettre et à vrai dire je ne m’en remet toujours pas car exercer la profession d’avocat est une évidence pour moi depuis petite. J’ai obtenu deux m2 dont un assez bien classé au niveau national. Je n’ai pas voulu le repasser tout de suite par peur de vivre encore un échec, j’exerce donc une activité salariée en tant que juriste.

Toutefois, deux ans plus tard je décide de le repasser, j’ai fait une prepa d été pendant deux mois et je me suis uniquement consacrée aux entraînements. Je suis un peu paniquée car je n’ai pas investi de temps à apprendre mes cours de manière approfondie.

J’ai vraiment peur d’échouer, je n’ai pas réellement confiance en moi et en mes capacités. J’ai tellement peur d échouer que je me dis qu’il faudrait peut être repousser l examen d’un an.

Avez vous des conseils à me donner ?

6 Publié par Léa13
24/10/2019 17:56

Bonjour, merci pour ces témoignages qui permettent aux recalés de ne pas se sentir marginaux et incompétents. Qui permettent également de mettre en lumière les incohérences du concours. Je tiens à poser ma pierre à l'édifice.

J'ai échoué au CRFPA pour la 3e fois cette année, en spé pénale. Mon désarroi est grand au regard du travail, du temps et de l'argent que j'ai consacré à ce projet. C'est aussi une vocation confrontée au réel. J'ai pourtant effectué de nombreux stages en cabinet dans lesquels cela s'est très bien passé et obtenu mon M2 de droit pénal dans une fac parisienne avec mention.

J'ai passé le CRFPA pour la première fois en 2017, à la sortie de mon M1, j'ai manqué l'admission de 0,5 points en travaillant peu sérieusement mon concours. En 2018, après avoir travaillé d'arrache-pied tout l'été au sein de ma prépa, j'ai encore échoué, cette fois-ci avec des notes franchement mauvaises alors que mon niveau était bien meilleur que lors de ma première tentative.

Enfin cette année, j'ai manqué mes écrits d'un point alors que mes notes à la prépa étaient très bonnes et constantes. J'avais également consulté mes copies des années précédentes, pris connaissance des remarques de mes correcteurs, des actualités juridiques tout au long de l'année. Je connaissais également mes programmes de révisions sur le bout des doigts... Je ne pense pas que j'aurais pu fournir plus de travail à cette occasion, c'est donc un échec sans regret mais tellement frustrant...

Plus encore, je tiens à témoigner d'incohérences du concours. J'ai vu des notes improbables, notamment en note de synthèse, des 12/20 alors qu'il manquait des documents et des 6/20 qui respectaient les conditions de forme. J'ai aussi été frappée de voir des corrections avec 4 points d'écart entre les deux corrections et aucun 3e correcteur pour départager. Comment expliquer un tel écart de points s'il existe une grille de correction à respecter ? Ce genre de largesse n'est-elle pas la preuve d'une réforme et d'une nationalisation de l'examen de façade ? Sans compter que je ne comprends pas pourquoi l'oral n'a pas un plus gros coefficient, l'oralité dans le métier d'avocat étant une caractéristique majeure de la profession.

Aujourd'hui je suis inquiète dans la mesure où le CRFPA est désormais un pré-requis, même pour des postes de juristes et que je suis dans l'incapacité de m'en prévaloir. Le nombre d'abandons après quelques années de barre, voire après le stage final conduit à ce genre de course au diplome et dévalorise le concours.




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