Faux et usage de faux (I).

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Porter plainte pour faux et usage de faux, étant la victime, nécessite de quelques connaissances juridiques préalables, ainsi que de certaines preuves visant à démontrer la présence d'une infraction.

Porter plainte pour faux et usage de faux, étant la victime, nécessite de quelques connaissances juridiques

Faux et usage de faux (I).

1.- Définition de faux et usage de faux.

 

Le faux et usage de faux documents est un délit pénal défini par le Code pénal comme une altération frauduleuse de la vérité, visant à causer un préjudice.

 

L’article 441.1 du Code pénal considère faux toute altération frauduleuse de la vérité, par quelque moyen que ce soit, dans un écrit  ou tout autre support d’expression  de la pensée, qui a pour objet ou pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques.

 

En somme, l’utilisation d’un faux document dans le but d’obtenir les mêmes droits, biens ou résultats qu’avec le document original et légitime, constitue un délit de faux et usage de faux.

 

Plusieurs conditions sont recueillies par l’article 441.1 du Code pénal pour constituer une infraction de faux et usage de faux :

 

1.- Un support matériel, physique, permettant de prouver l’existence d’une altération de la vérité.

 

2.- Une altération de la vérité. Il faut faire la différence entre faux matériel et faux intellectuel.

 

Le faux matériel est l’altération de la vérité réalisée sur un écrit ou tout autre support physique, y compris un document numérique ou fichier informatique.

 

Le faux matériel peut être constitué  par un document falsifié, altéré ou contrefait, mais aussi par l’utilisation d’une pièce dans le but de transmettre de fausses informations, un document partiellement modifié, antidaté, une signature imitée, copiée/collée, ou transférée suivant des procédés physiques, chimiques ou numériques.

 

Par contre, le faux moral ou intellectuel nécessite d’un individu qui agisse frauduleusement pour introduire des affirmations fausses, par omission ou dissimulation de la vérité, soit sur un acte authentique, soit sur un document frauduleusement modifié par une personne dépositaire de l’autorité publique, légitimée pour délivrer le document concerné.

 

Dans le faux moral, il n’y a pas de manipulation à postériori, mais une altération réalisée par le rédacteur légitime.

 

3.- L’existence d’un dommage ou préjudice comme conséquence directe du faux et usage de faux.

 

4.- L’existence  d’un droit ou conséquence juridique indue comme conséquence directe de l’introduction du faux concerné.

 

5.- La présence d’une intentionnalité coupable, l’auteur est conscient et consentant de cette infraction, que ce soit pour la confection, l’usage du faux ou l’omission de la vérité. Il n’y a pas de crime sans intention de le commettre.

 

 

2.- Sanctions pour faux et usage de faux.

 

Les peines prévues par le Code pénal en matière de faux et usage de faux sont définies d’une façon générale en 45000 € d’amende et trois ans d’emprisonnement.

 

Cependant, la seule détention d’un faux document est punie de 30000 € d’amende et deux ans d’emprisonnement.

 

Ces peines sont portées à 75000 € d’amende et cinq ans d’emprisonnement dans de cas de détention de plusieurs faux, sachant que l’usage et la fabrication d’un faux document sont punis des mêmes peines.

 

Par ailleurs, plusieurs faits aggravants peuvent faire augmenter les peines précédentes :

  • Falsifier ou manipuler un document délivré par une administration publique.
  • Le cas précédent réalisé par un individu dépositaire de l’autorité publique.
  • Falsifier ou manipuler une écriture publique ou authentique.
  • Le cas précédent exécuté par une personne dépositaire de l’autorité publique.

 

Le Code pénal établi aussi des peines complémentaires à celles évoquées précédemment :

  • Interdiction de droits civiques, civils et de famille.
  • Interdiction d’exercice :
    • d’une fonction publique.
    • d’une activité professionnelle  ou sociale.
    • d’une profession commerciale ou industrielle.
    • de la direction, administration, gestion ou contrôle d’une entreprise.
  • Exclusion des marchés publics.
  • Confiscation des éléments ayant servi à la commission du délit.
  • Interdiction du territoire français pour les étrangers.

3.- Victimologie.

 

On parle souvent de la responsabilité civile et pénale des auteurs de délits de faux et usage de faux en écritures, de faux en signatures, de faux en documents, mais on a en face toujours les victimes.

 

La victimologie de ce type de faits criminels est très riche en typologie et souvent très lourde de conséquences.

 

Une imitation de signatures dans le cadre d’une transmission frauduleuse d’un véhicule, par exemple, n’est que rarement repérée par la victime. Il faut attendre la réception du premier PV et mener sa petite enquête pour s’en apercevoir que quelqu’un est en train de rouler avec sa voiture indument, étant encore la victime à la fois le titulaire, le propriétaire ainsi que le responsable civil et pénal de toute infraction commise avec le véhicule.

 

Un cas plus répandu, l’imitation de la signature du conjoint sur un prêt contracté  sur internet. En effet, la dématérialisation des procédures permet aujourd’hui de contracter un crédit en ligne en toute simplicité, étant les contrôles effectués par les établissements bancaires très faibles, voire inexistants.

 

La victime s’en aperçoit normalement quelque temps après, souvent dans le cadre d’une procédure de divorce, lorsque l’emprunteur (conjoint falsificateur) ne peut plus faire face aux remboursements, et que l’établissement de crédit se retourne vers le co-emprunteur, ne connaissant l’existence du crédit en cours.

 

La victime se trouve souvent face à une situation financière très délicate, exposée à un interdit bancaire et à toutes les conséquences juridiques que cela pourrait entraîner.

 

Malgré les conséquences directes et imprévisibles pour les victimes de faux et usage de faux, elles doivent commencer pour prouver le préjudice et l’existence du faux, normalement par la production d’une expertise en écritures et documents, soit avant de déposer plainte, soit en phase procédurale.

 

On exposera prochainement les différentes typologies de faux documents, ainsi que certaines techniques pour repérer et mettre en évidence de type d’infraction.

 

 

Par LFD Criminalistique.fr

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1 Publié par Visiteur
23/10/2018 18:19

Bonjour, un locataire nous a remis de fausses quittances sur lesquelles apparaissaient les coordonnées de son ancien propriétaire. Les loyers n avaient pas été acquittés. Nous avons contacté le propriétaire ayant des doutes et il s avéré que celles ci étaient falsifiées. Qui d entre nous peut porter plainte ? L ancien propriétaire ou nous meme ou les 2 ? ( a savoir qu aucune signature n est apposée sur les quittances ). Merci

2 Publié par LFD Criminalistique
30/10/2018 08:56

Bonjour Exposito Elsa,

Au premier abord, l’ancien propriétaire n’a pas été victime de faux et usage de faux. Les quittances ont été utilisées avec vous. Vous avez le droit de porter plainte, mais l’ancien propriétaire aussi, car il y a peut-être usurpation d’identité.

Cordialement,

LFD Criminalistique.fr

3 Publié par Visiteur
07/11/2018 09:03

Bonjour,
mon ex - conjoint envisage de porter plainte contre moi pour faux et usage de faux concernant un contrat de rachat de crédit souscrit en mai 2015 et, un contrat d'assurance lié à ce rachat de crédit, pour lesquels il est co - emprunteur mais ne rembourse plus rien depuis la date de notre séparation à savoir juin 2018.
Il s'avère que mon ex - conjoint remet en cause la signature du contrat d'assurance or, il l'a signé en 4 exemplaires et, après contact avec la compagnie d'assurance, il se trouve qu'aucune signature n'est identitque sur les 4 exemplaires (j'ai pu en récupérer 3 sur 4). Sa plainte a t -elle des chances d'aboutir.

4 Publié par Visiteur
07/11/2018 09:20

Je viens préciser que le remboursement du rachat de crédit est prélevé sur mon compte bancaire depuis le départ ainsi que les mensualités liés aux 2 contrats d'assurance (celui de mon ex - conjoint et le mien).
Jusqu'en mai 2018, mon ex conjoint me reversait sa quot - part sur la mensualité due au titre du rachat de crédit. Donc, il n'y a pas à mon sens de préjudice subi,d'autant que j'ai fait une demande auprès de l'organisme de crédit pour reprendre à ma charge complète ce crédit et, retirer mon ex - conjoint comme co - emprunteur

5 Publié par LFD Criminalistique
07/11/2018 09:22

Bonjour BARBARA,

En principe, une enquête sera menée par un OPJ, et un expert en écritures et documents consulté, dans le but d’authentifier les signatures, ou de déterminer s’il y a faux et usage de faux.

Dans ce cas précis, vous aurez un procès au civil (pour ce qui est de la responsabilité civile) et la possibilité d’un procès pénal pour le faux et usage de faux.

Mais avant cela, c’est l’OPJ qui va décider la suite à donner à la plainte, et le Procureur de la République décidera de vous poursuivre ou non, en fonction des éléments recueillis par les enquêteurs.

Cordialement,

LFD CRIMINALISTIQUE.FR

6 Publié par Visiteur
07/11/2018 10:16

Le fait que les signatures apposées sur le contrat d'assurance de mon ex conjoint (je précise qu'il a lui même apposé même s'il veut se convaincre du contraire)soient toutes différentes, ne remet -il pas en doute sa démarche de plainte?
Clairement, son but est de se dégager de sa réponsabilité de co - emprunteur afin de ne plus payer.
S'il n'est plus co - emprunteur du rachat de crédit suite à l'accord de l'organise de crédit, est ce que cela met fin aux éventuelles poursuites ?

7 Publié par Visiteur
07/11/2018 10:18

Y a t -il moyen de savoir si une plainte a été déposée à mon encontre ?

8 Publié par Visiteur
07/11/2018 10:21

Le fait que les signatures de mon ex - conjoint (je précise que c'est lui qui a pposé ces signatures même s'il veut se convaincre du contraire sachant que j'ai un document original sur les 3 exemplaires récupérés)ne suffit - il pas à remet en doute sa plainte ?
Il est clairement établi qu'en agissant ainsi, il ne veut plus rembourser le crédit.
Le fait qu'il ne soit plus co - emprunteur si l'organisme de crédit donne son accord permet il de stopper la procédure pénale ?

9 Publié par LFD Criminalistique
07/11/2018 10:34

Bonjour BARBARA,

En principe, l’établissement de crédit ne donnera pas son accord aussi facilement. Il faut entamer une procédure civile. Normalement c’est à la justice d’en décider et à votre ex-conjoint de prouver qu’il n’a rien signé.

Normalement, l’expert en écritures trouvera des gestes graphiques en commun parmi les signatures étudiées.

Parfois, il n’y a pas de procès, car l’OPJ et le procureur font expertiser les signatures au préalable et la supercherie éclate au grand jour.

Nous vous conseillons d’attendre ainsi que de demander conseil à votre avocat.

Cordialement,

LFD CRIMINALISTIQUE.FR

10 Publié par Visiteur
07/11/2018 10:41

Merci pour ces informations.
En fait j'ai vu avec ma banque pour racheter ce crédit en cours et de ce fait, mon ex - conjoint ne serait plus co - emprunteur.
Donc, est ce que cela peut couper cours à la procédure, comte - tenu que tous les prélèvements sont effectués sur mon compte bancaire personnel ?

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