Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Publié le 18/09/2015 Vu 60 847 fois 229
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La déclaration de nationalité française par mariage peut être contestée dans le cadre d'une procédure défavorable au justiciable en raison de l'imprécision des délais d'action et le poids de la présomption de fraude. Une amélioration des droits du déclarant s'est faite grâce à l'intervention du Conseil Constitutionnel et du contrôle par la cour de Cassation de la manière dont le juge du fond apprécie les faits.

La déclaration de nationalité française par mariage peut être contestée dans le cadre d'une procédure dÃ

Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Des lois successives modifiant les conditions  d’acquisition de la nationalité française se sont multipliées ces deux dernières décennies. Malgré l’alternance et le changement  habituel de la couleur politique du gouvernement, la tendance est  vers le durcissement.

C’est ainsi que le contentieux de la nationalité s’est alimenté considérablement et s’est vu s’alourdir par des procédures  juridictionnelles longues et épineuses.

Nous allons nous intéresser au cas particulier de l’acquisition de la nationalité française par mariage, premier moyen d’accès à la nationalité française.       .

Plusieurs étrangers  mariés à des ressortissants français choisissent la voie de l’acquisition de la nationalité française par déclaration en raison de la simplicité de sa procédure et de ses conditions. Ce choix de la facilité peut s’avérer regrettable.

Et pour cause, obtenu par mariage, le bénéfice de la nationalité française risque de rester  intimement  lié au sort du dit mariage.

Or,  autant que n’importe quel couple, les époux, dont l’un a dû acquérir  la nationalité française par déclaration, sont susceptibles de se séparer et d’engager des procédures de divorce.

A l’initiative de l’époux mécontent ou de l’administration mise au courant  de la séparation du couple, une procédure d’annulation de la déclaration de nationalité en vue de la constatation de l’extranéité du déclarant pourrait être engagée.

C’est le troisième alinéa de l’article 26-4 du code civil qui traite de l’annulation de l’enregistrement après séparation des époux : «  L'enregistrement peut encore être contesté par le ministère public en cas de mensonge ou de fraude dans le délai de deux ans à compter de leur découverte. La cessation de la communauté de vie entre les époux dans les douze mois suivant l'enregistrement de la déclaration prévue à l'article 21-2 constitue une présomption de fraude. »

Deux questions se posent :

  • Comment l’action en nullité est –elle engagée ?
  • Quelles sont les conséquences de la décision définitive de nullité sur la situation du déclarant redevenu étranger ?

  • Les enjeux de l’action en nullité de l’enregistrement de la déclaration de nationalité par mariage

L’annulation de l’enregistrement de la déclaration de nationalité sur le fondement de l’article 26-4 du code civil, pose plusieurs problèmes juridiques donnant lieu à une jurisprudence abondante :

  • le point de départ de la prescription biennale de l’action

Après des années de confusion, il est décidé définitivement que le point de départ du délai d’agir en nullité de l’enregistrement est la connaissance par le Ministère public, à l’exclusion de tout autre administration de l’Etat , de l’existence de la fraude ou du mensonge. Cette connaissance est appréciée par les juridiction au cas par cas : transcription du divorce, diligence d’une enquête.. Avec l’arrêt du 5 juillet 2012, la Cour de Cassation a nuancé sa position en faveur du justiciable : il ne s’agit plus uniquement de déterminer la date à laquelle le ministère public a eu une connaissance effective de la fraude ou du mensonge, mais d’apprécier la date à laquelle il a pu en avoir connaissance. D’ailleurs, à ce titre les juridictions de fond  n’ont plus le bénéfice de appréciation souveraine de ce point de départ.

  • La notion de mensonge et de fraude : le mensonge ou la fraude est une notion objective, indépendante de l’intention de son auteur. Constituent ainsi des cas de fraude ou de mensonge le fait d’invoquer la persistance d’une communauté de vie (Civ. 1re, 11 juin 2008, Bull. civ. I, n° 167 ; RLDC 2008/52, n° 3117, obs. Marraud des Grottes) ou encore le fait de produire un acte de naissance apocryphe (Civ. 1re, 23 juin 2010, n° 08-19.854, D. 2010. 1708  ; ibid. 2868, obs. O. Boskovic, S. Corneloup, F. Jault-Seseke, N. Joubert et K. Parrot  ; Rev. crit. DIP 2010. 689, note S. Corneloup et F. Jault-Seseke ).

  • la mise en jeu de la présomption de fraude : La présomption de fraude instituée par l’article 26-4 du code civil a été  longtemps un outil déterminant pour le Ministère public dans ses procédures d’annulation. La charge de la preuve étant inversée, le juge avait pour mission d’apprécier si les éléments apportés par le déclarant étaient de nature à contrecarrer l’état de fraude préalablement établi à son encontre grâce au simple fait de la séparation de son conjoint dans les douze mois de l’enregistrement.

Or, le Conseil constitutionnel en sa décision  (n° 2012-227 QPC) du 30 mars 2012, et tout en déclarant conforme à la Constitution l'article 26-4 du code civil , il a émis une importante réserve au considérant 14, aux termes de laquelle la présomption prévue par la seconde phrase du troisième alinéa de ce texte ne saurait s'appliquer que dans les instances engagées dans les deux années de la date de l'enregistrement de la déclaration et que, dans les instances engagées postérieurement, il appartient au ministère public de rapporter la preuve du mensonge ou de la fraude invoqués ;

Aussi, depuis cette décision, la Cour de Cassation sanctionne les arrêts des Cours d’appel persistants à considérer que le bénéfice de la présomption est acquis au Ministère Public malgré l’engagement de l’action plus de deux ans après l’enregistrement de la déclaration de nationalité.  Le dernier arrêt de la Cour  suprême date du 9 septembre 2015, Pourvoi 14-20410.

  • La situation administrative du déclarant après la nullité de l’enregistrement de sa déclaration de nationalité.

La décision définitive prononçant la nullité de la déclaration de nationalité française par mariage a pour effet de constater l’extranéité du déclarant. Ce dernier n’est plus  français et reprend au regard de l’Etat français son statut d’étranger.

Mais dans quelle situation administrative serait cet étranger sur le sol français ? Régulière ou irrégulière ?

La question n’a pas de réponse législative et sombre de ce fait dans le gouffre du vide juridique, pourtant assez rare de nos jours.

En effet, rien n’est prévu par les textes pour traiter des cas de ceux qui perdent la nationalité française en général et qui avaient restitué leur titres de séjour ( souvent de dix ans) à l’administration française en contre partie du « sésame » bleu.

            On pourrait tout de suite dire que le droit commun s’applique : toute nullité a pour effet de rétablir les parties dans l’état où ils étaient avant l’acte annulé. Pourtant cette solution n’est pas d’application directe et n’est guère considérée par celui à qui incombe la restitution du seul titre restant à priori valable. En effet, le déclarant, désormais étranger est sommé par tous les moyens de restituer aux services de l’Etat la carte d’identité et passeport français sans pour autant qu’il soit en mesure de se faire restituer son ancien titre de séjour.

Les préfets considèrent souvent que la personne est, depuis la perte de la nationalité française, sans titre sur le sol français comme si la décision judicaire vaut annulation de tout son parcours en France. Je me souviens du cas d’un étranger ayant vécu régulièrement en France depuis son entrée sur notre territoire et qui s’est vu annuler sa déclaration de nationalité française après 17 ans de résidence en France dont 8 ans en qualité de français. La demande de titre de séjour a été traitée comme étant une première demande de régularisation et non la restitution d’un droit  déjà acquis. Forte heureusement, le demandeur étaient le parent d’enfants français encore mineurs  (nés de l’union ayant été à l’origine de l’acquisition de la nationalité). Mais quid de ceux qui ne rentre dans aucun des cas d’obtention de plein droit de titre de séjour prévus par le CESEDA ?

En résumé, il faut que les prétendants de la nationalité française optent plutôt pour la démarche administrative de  naturalisation plutôt que de faire dépendre leur statut administratif  des aléas de la vie de coulpe.

Ceux préméditant la séparation de leurs conjoints français, doivent savoir que le risque ne se limite pas à l’annulation de la déclaration de nationalité mais peut atteindre également le droit même de demeurer en situation régulière sur le sol français. L’article 46-4 du code civil est prévu justement pour sanctionner leur fraude.

Malheureusement, le recours à un Conseil est rarement envisagé en amont. Ce n’est qu’en aval, à la réception de l’assignation en justice qu’on s’aperçoit qu’il y avait matière à se poser les bonnes questions !

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
19/06/2017 15:17

Est-ce que c'est vrai que il faut attendre 2 ans (24mois) ,pour faire la demande du divorce ?? Est-ce que le mari il a le droit d'annulé la nationalité apres le divore ?? Merci maitre

2 Publié par Visiteur
21/06/2017 01:11

Bonjour Maître . Je connue mon Mari à 21 ans et nous sommes Mariée depuis 6ans avec 3 enfants . J'ai obtenue ma nationalité française par déclaration de Mariage depuis avril l'année dernière .J'ai suspendue mes études pour suivre mon Mari partout entre tant nous avons 3 enfants et depuis notre Mariage mon Mari n'a pas cesser de me faire de promesses qu'il n'a jamais tenue . Nous sommes Mariée sur le régime de la séparation de bien et depuis notre Mariage j'ai jamais travailler ni étudier et il ne m'a jamais verser de solde pour metre des économie de côté . Nous n'avons pas de toit puis qu'il était en expatriation depuis notre Mariage . Notre troisième enfant à 4 mois et il vien de prendre sa retraite . Nous sommes de retour en France mais mon époux ne rêve que de s'installer ou à Madagascar oubien au Portugal pour ne pas payer les impôts en France mais moi je lui dit que j'étais pas pour parce que je voudrais reprendre les études maintenant qu'il a finis de travailler et sachant que nos enfants sont de 6 ans , 3ans et 4 mois , je n'est pas de revenue c'est lui qui travaillait tout ses temps il me mène à sa guise . Et je n'en peux plus que doit je faire . Je n'es pas de revenue avec 3 enfants et mon Mari qui a les moyennes qui me mannipul depuis que je le connais .

3 Publié par Visiteur
22/06/2017 09:29

Bonjour Maître,
Je suis marié avec une française depuis 04 ans et demi et ma résidence en France n'a pas interrompu . Nous sommes séparés de fait depuis 02 ans ( preuve d'adultere) . La procédure de divorce à l'amiable à été échoué .
Est ce que je peux prétendre à la nationalité par mariage ou par naturalisation ?
Je vous remercie.

4 Publié par Visiteur
30/06/2017 21:22

rachid7835 Bonjour,
j'ai fait une demande de nationalité qualité Frere ou sœur j'ai mon casier judicaire vierge bulletin Numéro 2 et 3 vierge mais le TAJ fichier police plusieurs 6 mentions .

Mes parent sont Français mes 7 frères sont Français et je travaille pas en ce moment.

Apres l'entretient combien de temps on reçois a le numéro ministérielle ?
A votre avis j'aurais une réponse favorable ?

dossier envoyer = septembre 2016
entretien et récépissé Prefecture Nantes = juin 2017

Merci de vos réponses

5 Publié par Visiteur
25/07/2017 10:44

bonjour,
j'ai eu la nationalité par mariage mai2017, mais je n'ai pas fais la demande de passeport ni carte d'identité, je voudrais garder mon titre de séjour de 10ans (valable 3ans),je ne veux plus de la nationalité, j'ai appelé pour annuler, on m'a dit que c'est trop tard. est ce que je peux garder mon titre de séjour

6 Publié par Visiteur
30/08/2017 21:46

Bonjour Maître

Mon Mari vien de déposer sa demande de nationalite francaise par mariage peu de cela 6mois . Depuis qu il a déposé son dossier après 3 mois les problèmes commencent dans le couple . Aujourd hui il me dire c est fini entre nous . Que depuis ces 6 années de mariage il n étais pas heureux avec mois . Je n arrive pas à faire d enfant qui va parti . Moi j ai décidé d ecrire au consul pour les problèmes que nous sommes entrain de rencontrer dans le couple actuellement , et pour une demande de suspension de son dossier car j ai été trahir . Il m a jamais aimé . Au jour d'aujourd'hui mon Mari attend son papier pour quitter le domicile conjugal. Il avais même intention de quitter le domicile conjugal depuis , mais moi je lui est dit si tu quitte il faut la fais la séparation ou le divorce. C est pour ça il et encore la , car sert si jamais il y a séparation sa demande sera rejeté. J ai besoin de votre aide pour suspendre le dossier . Aidez moi D avance merci d votre réponse c est urgent .

7 Publié par Visiteur
17/09/2017 21:19

Bjr

Maître svp j'ai besoin une réponse urgent merci voici ma question :
J'étais naturalisée par décret juillet 2017 de mars j'ai y un problème avec une société de vente a distance, celle ci a déposé plainte contre moi le 05/05/17 j'étais convoqué au commissariat. Finalement je comparaît devant tribunal correctionnel 10 octobre 2017
Si je suis comdanee je risque de perdre ma nationalité merci beaucoup pour votre réponse.

8 Publié par Visiteur
30/09/2017 20:51

Bonjour.

D'abord, merci pour les réponses que vous apporter aux gens.
Je suis naturalisé par décret hier. Je suis le père biologique d'un enfant de père inconnu vivant en situation régulière en Belgique. L'enfant porte le nom de sa mere.
Je suis toujours célibataire et ne possède aucun élément prouvant que j'avais un enfant en Belgique avant le décret.

Est-ce que je perds ma nationalité si j'effectue une reconnaissance de paternité tardive? Sachant que l'enfant ne viendra pas s'installer en france.

Je vous remercie par avance.
Cordialement

9 Publié par Visiteur
21/10/2017 12:33

Bonjour,
Je suis mariée depuis 30ans. Mon mari qui travaillai dans le golfe persique m'avait conseillé de demander la nationalité française(éviter des problèmes, vise etc...)Apres cela j'ai perdu ma vrai nationalité( espagnole) et il m'a fallu beaucoup de temps pour la récupérer
.Depuis des années je veux renoncer a la nationalité F. mais je ne sais pas ou m'adresser
J’ai appelé la préfecture, le TI, TGI ( ils doivent être très occupes, personne répond ; j’ai envoyé 6 mail a des adresses différents réponses automatiques que ne me répond pas a ma questions : Ou je doit m’adresser ?

10 Publié par Visiteur
25/10/2017 02:54

Bonjour ,
Je suis marié en 2010 avec une française.
On a deux enfants de nationnalité françaises (6ans et 5 ans ) . Comme tous les couples on est passé par des moments difficiles et des crises .
Depuis que je suis en france je travaille (j'ai eu des contrats Cdi-Cdd et le plus part l'intérim ) .
Malheureusement, j'ai demandé la nationalité française par mariage en 2016 et j'ai l'accord en 04/2017 je suis francais par mariage, depuis ça j'ai des problèmes plus avec mon épouse ( ma chère femme ne veux plus que je deviens français) elle a demandé le divorce dans le but me retirer la nationalité.
L' enregistrement de la nationalité moins d'un ans!!!
Est ce que ma feMme a le droit me retirer la nationalité?
Vu ma situation professionnelle est ce que je peux garder ma nationalité ?
Pourgent info : 2 enfants français et je travaille toujours en interim.
Merci de me répondre.
Cordialement.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.