Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Publié le 18/09/2015 Vu 60 828 fois 229
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La déclaration de nationalité française par mariage peut être contestée dans le cadre d'une procédure défavorable au justiciable en raison de l'imprécision des délais d'action et le poids de la présomption de fraude. Une amélioration des droits du déclarant s'est faite grâce à l'intervention du Conseil Constitutionnel et du contrôle par la cour de Cassation de la manière dont le juge du fond apprécie les faits.

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Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Des lois successives modifiant les conditions  d’acquisition de la nationalité française se sont multipliées ces deux dernières décennies. Malgré l’alternance et le changement  habituel de la couleur politique du gouvernement, la tendance est  vers le durcissement.

C’est ainsi que le contentieux de la nationalité s’est alimenté considérablement et s’est vu s’alourdir par des procédures  juridictionnelles longues et épineuses.

Nous allons nous intéresser au cas particulier de l’acquisition de la nationalité française par mariage, premier moyen d’accès à la nationalité française.       .

Plusieurs étrangers  mariés à des ressortissants français choisissent la voie de l’acquisition de la nationalité française par déclaration en raison de la simplicité de sa procédure et de ses conditions. Ce choix de la facilité peut s’avérer regrettable.

Et pour cause, obtenu par mariage, le bénéfice de la nationalité française risque de rester  intimement  lié au sort du dit mariage.

Or,  autant que n’importe quel couple, les époux, dont l’un a dû acquérir  la nationalité française par déclaration, sont susceptibles de se séparer et d’engager des procédures de divorce.

A l’initiative de l’époux mécontent ou de l’administration mise au courant  de la séparation du couple, une procédure d’annulation de la déclaration de nationalité en vue de la constatation de l’extranéité du déclarant pourrait être engagée.

C’est le troisième alinéa de l’article 26-4 du code civil qui traite de l’annulation de l’enregistrement après séparation des époux : «  L'enregistrement peut encore être contesté par le ministère public en cas de mensonge ou de fraude dans le délai de deux ans à compter de leur découverte. La cessation de la communauté de vie entre les époux dans les douze mois suivant l'enregistrement de la déclaration prévue à l'article 21-2 constitue une présomption de fraude. »

Deux questions se posent :

  • Comment l’action en nullité est –elle engagée ?
  • Quelles sont les conséquences de la décision définitive de nullité sur la situation du déclarant redevenu étranger ?

  • Les enjeux de l’action en nullité de l’enregistrement de la déclaration de nationalité par mariage

L’annulation de l’enregistrement de la déclaration de nationalité sur le fondement de l’article 26-4 du code civil, pose plusieurs problèmes juridiques donnant lieu à une jurisprudence abondante :

  • le point de départ de la prescription biennale de l’action

Après des années de confusion, il est décidé définitivement que le point de départ du délai d’agir en nullité de l’enregistrement est la connaissance par le Ministère public, à l’exclusion de tout autre administration de l’Etat , de l’existence de la fraude ou du mensonge. Cette connaissance est appréciée par les juridiction au cas par cas : transcription du divorce, diligence d’une enquête.. Avec l’arrêt du 5 juillet 2012, la Cour de Cassation a nuancé sa position en faveur du justiciable : il ne s’agit plus uniquement de déterminer la date à laquelle le ministère public a eu une connaissance effective de la fraude ou du mensonge, mais d’apprécier la date à laquelle il a pu en avoir connaissance. D’ailleurs, à ce titre les juridictions de fond  n’ont plus le bénéfice de appréciation souveraine de ce point de départ.

  • La notion de mensonge et de fraude : le mensonge ou la fraude est une notion objective, indépendante de l’intention de son auteur. Constituent ainsi des cas de fraude ou de mensonge le fait d’invoquer la persistance d’une communauté de vie (Civ. 1re, 11 juin 2008, Bull. civ. I, n° 167 ; RLDC 2008/52, n° 3117, obs. Marraud des Grottes) ou encore le fait de produire un acte de naissance apocryphe (Civ. 1re, 23 juin 2010, n° 08-19.854, D. 2010. 1708  ; ibid. 2868, obs. O. Boskovic, S. Corneloup, F. Jault-Seseke, N. Joubert et K. Parrot  ; Rev. crit. DIP 2010. 689, note S. Corneloup et F. Jault-Seseke ).

  • la mise en jeu de la présomption de fraude : La présomption de fraude instituée par l’article 26-4 du code civil a été  longtemps un outil déterminant pour le Ministère public dans ses procédures d’annulation. La charge de la preuve étant inversée, le juge avait pour mission d’apprécier si les éléments apportés par le déclarant étaient de nature à contrecarrer l’état de fraude préalablement établi à son encontre grâce au simple fait de la séparation de son conjoint dans les douze mois de l’enregistrement.

Or, le Conseil constitutionnel en sa décision  (n° 2012-227 QPC) du 30 mars 2012, et tout en déclarant conforme à la Constitution l'article 26-4 du code civil , il a émis une importante réserve au considérant 14, aux termes de laquelle la présomption prévue par la seconde phrase du troisième alinéa de ce texte ne saurait s'appliquer que dans les instances engagées dans les deux années de la date de l'enregistrement de la déclaration et que, dans les instances engagées postérieurement, il appartient au ministère public de rapporter la preuve du mensonge ou de la fraude invoqués ;

Aussi, depuis cette décision, la Cour de Cassation sanctionne les arrêts des Cours d’appel persistants à considérer que le bénéfice de la présomption est acquis au Ministère Public malgré l’engagement de l’action plus de deux ans après l’enregistrement de la déclaration de nationalité.  Le dernier arrêt de la Cour  suprême date du 9 septembre 2015, Pourvoi 14-20410.

  • La situation administrative du déclarant après la nullité de l’enregistrement de sa déclaration de nationalité.

La décision définitive prononçant la nullité de la déclaration de nationalité française par mariage a pour effet de constater l’extranéité du déclarant. Ce dernier n’est plus  français et reprend au regard de l’Etat français son statut d’étranger.

Mais dans quelle situation administrative serait cet étranger sur le sol français ? Régulière ou irrégulière ?

La question n’a pas de réponse législative et sombre de ce fait dans le gouffre du vide juridique, pourtant assez rare de nos jours.

En effet, rien n’est prévu par les textes pour traiter des cas de ceux qui perdent la nationalité française en général et qui avaient restitué leur titres de séjour ( souvent de dix ans) à l’administration française en contre partie du « sésame » bleu.

            On pourrait tout de suite dire que le droit commun s’applique : toute nullité a pour effet de rétablir les parties dans l’état où ils étaient avant l’acte annulé. Pourtant cette solution n’est pas d’application directe et n’est guère considérée par celui à qui incombe la restitution du seul titre restant à priori valable. En effet, le déclarant, désormais étranger est sommé par tous les moyens de restituer aux services de l’Etat la carte d’identité et passeport français sans pour autant qu’il soit en mesure de se faire restituer son ancien titre de séjour.

Les préfets considèrent souvent que la personne est, depuis la perte de la nationalité française, sans titre sur le sol français comme si la décision judicaire vaut annulation de tout son parcours en France. Je me souviens du cas d’un étranger ayant vécu régulièrement en France depuis son entrée sur notre territoire et qui s’est vu annuler sa déclaration de nationalité française après 17 ans de résidence en France dont 8 ans en qualité de français. La demande de titre de séjour a été traitée comme étant une première demande de régularisation et non la restitution d’un droit  déjà acquis. Forte heureusement, le demandeur étaient le parent d’enfants français encore mineurs  (nés de l’union ayant été à l’origine de l’acquisition de la nationalité). Mais quid de ceux qui ne rentre dans aucun des cas d’obtention de plein droit de titre de séjour prévus par le CESEDA ?

En résumé, il faut que les prétendants de la nationalité française optent plutôt pour la démarche administrative de  naturalisation plutôt que de faire dépendre leur statut administratif  des aléas de la vie de coulpe.

Ceux préméditant la séparation de leurs conjoints français, doivent savoir que le risque ne se limite pas à l’annulation de la déclaration de nationalité mais peut atteindre également le droit même de demeurer en situation régulière sur le sol français. L’article 46-4 du code civil est prévu justement pour sanctionner leur fraude.

Malheureusement, le recours à un Conseil est rarement envisagé en amont. Ce n’est qu’en aval, à la réception de l’assignation en justice qu’on s’aperçoit qu’il y avait matière à se poser les bonnes questions !

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1 Publié par Visiteur
26/10/2017 05:21

Bonjour maître, je suis marié depuis 2008 j'ai 3 enfants on a diposer demande de nationalité française par mariage pour mon mari en décembre 2016 pas de rendez vous jusqu'à maintenant à la préfecture avec mon mari on vit sous le même toit mais pas la même chambre ça fait 3 ans que je ne suis pas allé mes enfants et moi en vacances quand à lui et part 3 fois presque tout les 6 mois il est en cdi mais il étais en accident de travail c'est pour est parti à l'étranger j'ai découvert qu'il me trompé et qu'il attend juste avoir les papiers et je souhaite connaître qu'elle sont les démarches pour arrêter la procédure de demande de nationalité et est ce possible le retrait de la carte de séjour. Du fait qu'il ne s'occupe pas des besoins de ces enfants ni de moi c'est moi qui paye tout car pour lui je touche les prestations de caf

2 Publié par Visiteur
27/10/2017 12:45

bonjour,Maître je suis naturalisé par mariage depuis 1 an 6 mois que ma demande a été enregistrée, j'ai découvert que ma femme m'a trompé, j'ai même une capture d'écran de ses conversations sur Facebook je suis parti de la maison et je compte divorcer. elle a envoyé un courrier à la préfecture elle a menti dans son courrier en disant que je suis parti avant 1 an de l’enregistrent là encore j'ai des preuves des relevés de compte qu'on payait encore ensemble nos factures,
alors ma question est ce que je risque de perdre la nationalité française par mariage

3 Publié par Visiteur
28/10/2017 03:26

Bonjour, maître je suis franco-algerienne j'ai eu mon cnf en 2015, et je suis mariée depuis six ans avec algérien, nous avons toujours vécu en Algérie, mon mari et moi avons des difficultés pour avoir des enfants, cette année on a décidé de tenter une procréation assistée en France, j'ai pris une mise en dispo d'un an et je suis parti m'installer en France au mois de juillet pour commencer les soins au même moment mon mari a constitué son dossier de nationalité française par mariage d'un conjoint français établi à l'étranger, nous faisons des allés retour jusqu'à ce qu'il puisse me rejoindre, pour ma part j'ai commencé à travailler en France et je suis affiliée à la sécurité sociale, mon mari a déposé son dossier de nationalité française il ya trois jours, mais nous avons peur que le fait de vivre séparément même si nous sommes toujours ensemble et nous avons un dossier médical puisque nous essayons d'avoir un enfant ensemble ne soit considéré comme une fraude à la sachant que l'agent qui a réceptionner le dossier nous a mis en garde communauté de vie, que pouvons nous faire, doit on arrêter la procédure ou le signaler? Je vous pris de me répondre car actuellement l'enfant est notre priorité

4 Publié par Visiteur
31/10/2017 16:16

Bonjour, pendant ma demande de naturalisation je me suis marié à l'étranger sans l'avoir signalé car je n'ai savais pas que j'étais obligé, maintenant j'ai reçu ma nationalité et je n'ai toujours pas déclaré mon mariage quelque je risque on le déclarant ?

5 Publié par Visiteur
03/11/2017 23:48

Bonjour maître,j,ai fait une demande de naturalisation par mariage en octobre 2016 j ai reçu mon acte de naissance le mois de mars 2017 et c etais la date d'enregistrement la j ai des problèmes avec ma femme que sa dure depuis un moment et que je souhaite divorcer ,j'aimerai savoir a partir de quel moment je peu lancer une procedure de divorce a l'amiable sans risqué une présomption de fraude et perdre ma nationalité ? Je suis perdu je ne sais pas quoi faire.merci d'avance maitre.

6 Publié par Visiteur
05/11/2017 01:06

après un jugement d'extranéité que je veux contester on me demande de restituer mes papiers,j'ai le droit de refuser en disant que j'introduis une procédure judiciaire mais est-ce suspensif ? et est ce qu'il y a un risque au refus de restitution ?

7 Publié par Visiteur
06/11/2017 18:37

Bonjour maître
J'ai reçu une lettre qui m'informe que je dois rendre tous documents qui attestent que je suis français, considerant l'extaneité de ma nationalité. En effet, marié depuis 2010 avec une française, j'ai été séparé avec ma femme en 2015, c'est elle qui avait quitté le domicile conjugal je précise;
J'ai obtenu la naturalisation par mariage en 2015, 2 semaines après qu'elle ait quitté le domicile conjugal avec notre fille qui avait à l'époque 5ans; elle est revenue 5 mois après... Dois je consulter un avocat avant de rendre passeport et CNI ? Sachant que actuellement j'ai réussi mon intégration, je suis policier municipal. Et on a eu un autre enfant qui a tout juste 6 mois.

8 Publié par Visiteur
06/11/2017 20:57

Bonjour maitre,Suite à ma demande de la transcription de mon Acte de mon 2 eme mariage en Algérie ,j'ai reçu un courrier du bureau de transcription pour le Maghreb ,le 22 Octobre 2015 m'informant que mon dossier est soumis à la sous direction de l'accès à la nationalité Française pour une éventuelle remise en cause de mon acquisition de la nationalité Française sur le fondement de l'ART 26-4 :
Ma QUESTION :depuis le 22 Octobre 2015 cela mène à 2 Ans ,je n'ai pas reçu d'assignation de la part du ministère public a ce jour.
Mon dossier sera-t-il repris pour l'instruction par le bureau des transcriptions pour le Maghreb faute de NON réponse de la sous direction à l'accès Nationalité française après le délai de 2Ans en vous remerciant pour votre réponse cordialement abdel.

9 Publié par Visiteur
08/11/2017 11:22

Bonjour maitre
Après un dossier d'extraneité venant du tribunal me proposant de rendre mes papiers français et par la suite demander une reintégration dans la nationalité française par décret. Est ce sûr qu'éventuellement on pourra me reintégrer dans la nationalité française ?

10 Publié par Visiteur
30/11/2017 22:36

Bonjour Maitre, mon mari a recu son recepisse de demande de naturalisation le 14 novembre 2017 a la prefecture de Paris. Il attend donc l'acceptation du ministere pour la reponse. Pour differentes raisons, j'aimerais engager un divorce a l'amiable avec lui et il est d'accord car nous avons de grosses divergences depuis quelques temps. Nous sommes maries depuis le 14 avril 2012. A partir de quelle date pourrons nous envisager engager une procedure de divorce sans qu'il n'ait un souci de presomption de fraude ? A partir de quelle date commence le compte a rebours des 1 an de vie commune a respecter

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