Qui, au sein d'une SAS, peut signer une lettre de licenciement ?

Publié le Modifié le 28/09/2010 Vu 8 080 fois 27
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Le litige soulevé devant la Cour d'appel de Paris du 31 août 2010 est épineux et mérite quelques développements. La question posée aux juges est la suivante : une lettre de licenciement signée par un DRH d'une Société par Action Simplifiée est-il ou non valable ? En d'autres termes, avait-il bien le pouvoir de signer cette lettre et par là même de prononcer un licenciement ?

Le litige soulevé devant la Cour d'appel de Paris du 31 août 2010 est épineux et mérite quelques développ

Qui, au sein d'une SAS, peut signer une lettre de licenciement ?

Pour être régulière, la lettre de licenciement doit être signée. Oui mais par qui ? Par l'employeur. Cette notion apparaît simple dans la situation d'une petite entreprise où l'on visualise le directeur mais cela vient de plus en plus complexe lorsque l'on a recours à la formule sociétaire. D'autant que la conséquence est importante puisqu'au cas d'espèce, il y aurait un vice de procédure qui selon l'article L 1235-2 du Code du Travail impose à l'employeur d'accomplir la procédure prévue et d'accorder au salarié une indemnité qui ne peut être inférieur à un mois de salaire ou des dommages et intérêts, en fonction du préjudice subi pour l'article L 1235-5.

 

Après cette brève évaluation des risques à prendre en compte, d'autant que l'incompétence du signataire peut ainsi s'étendre à tous ces actes.

 

Quels mécanismes sont utilisé pour remédier à ce problème ?

  • Comme le fait valoir, le salarié, le DRH de la société n'avait pas reçu de délégation de pouvoir de représentation générale. La délégation est un mécanisme juridique par lequel l'employeur (la société) représentée par son président ou son directeur général confère le pouvoir / la signature pour engager la société (en interne et/ou à l'égard des tiers).

 

Toutefois, la cas d'espèce se situe dans le cadre particulier d'une SAS. Quelles sont les dispositions applicables. Contrairement à la Société Anonyme, la SAS est représentée par un président désigné dans les conditions prévues par les statuts (Art. L 227-6 Code de Commerce). Or, depuis la loi du 1er août 2003, les statuts peuvent prévoir les conditions dans lesquelles une ou plusieurs personnes autres que le président, DG, DGD, peuvent exercer les pouvoirs confiés à ce dernier. Il s'agit alors d'une délégation générale de pouvoir, à titre habituel, qui doit respecter les formes de l'article R 123-54 2° du Code de Commerce.

 

Compte tenu de cette disposition, le salarié a jugé qu'à défaut de délégation expresse, prévue par les statuts, déclarée au RCS et avec mention sur le Kbis, le DRH ne bénéficiait pas d'une délégation de pouvoir du président.

 

 

  • Toutefois, la Cour d'appel en dépit d'une argumentation plausible, dispose du contraire et que la lettre de licenciement peut être signée par une personne de l'entreprise ayant reçu pouvoir de le faire par l'employeur. Quel est son fondement ? Il semblerait que le président n'ait pas eut recours à une délégation générale de pouvoir au profit de son DRH, mais d'un simple mandat, express en vertu de la délégation spécifique de pouvoir, où il donne mandat au DRH pour toutes les tâches qui comprennent la rupture des contrats, pour quelque motif que ce soit. Et ce antérieurement au licenciement du salarié. Compte tenu, notamment des fonctions de DRH, ce dernier est bien dotée de la compétence, de l'autorité et surtout des moyens nécessaire pour les exercer.

 

Le fondement du mandat est la solution, puisque la Cour ajoute au surplus que puisque la procédure a été menée à terme, l'employeur (mandataire) aurait nécessairement « ratifié » l'acte de son DRH (mandant). En effet, la ratification de vaut que pour un acte nul et dans le régime du mandat, le mandataire peut d manière expresse ou tacite ratifier des actes dépassant les engagements contractés par le mandant.

 

***

Toutefois, la solution donnée par cet arrêt, inverse la solution posée par l'arrêt de la CA de Paris du 10 décembre 2009 qui disposait que le délégataire du pouvoir de licencier un salarié de SAS doit être mentionné au RCS. Toutefois, par un réponse à un parlementaire du 9 septembre 2010, le Garde des sceaux semble suivre la même position qu'adopte le présent arrêt mais comme les précédentes décisions rendues par la CA de Paris ont été frappées de pourvoi, une chambre mixte doit se réunir à ce sujet le 5 novembre 2010, et donc une solution devra être posée.

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1 Publié par Mourot
25/11/2010 13:35

Bah écoute c'est un fixe entre tes connaissances (c'est certain), tes lectures de la doctrines et un suivi des domaines ayant une problématiques actuelles (arrêts, loi, décisions) ou un domaine qui t'intéresse et que tu souhaite approfondir. Mais je te l'accorde cela est plus ardu en début de parcours universitaires (moins de connaissances, de matières, moins de contacts, moins de sensibilité pour un domaine particulier) Bon au delà ce cela, je te souhaite bon courage pour cette création.

2 Publié par Visiteur
25/11/2010 13:49

Ok merci bien ! Je me considère en début de cursus, on peut dire à la moitié, mais ça dépend jusqu'où on veut continuer ! Effectivement c'est un mix de tout ça, mais sans vouloir paraître trop insistante je voulais savoir concrètement toi tu t'es servi de quoi mettons... pour cet article (par exemple quels sites etc.), promis je ne te demanderai plus autre chose sur tes sources ! Merci encore !

3 Publié par Mourot
25/11/2010 13:54

Bah là, en l'occurrence, j'ai lu les arrêts de la CA de Paris rendus sur le sujet, la réponse ministérielle, j'ai repris mon cours sur la délégation de pouvoir (en droit civil cf:le mandat, ainsi que celui de droit des sociétés sur la SAS) et ensuite, essayer de comprendre les implications théoriques et pratiques du problème. L'ensemble de ces recherches m'ont permis de rédiger cet articles hyper actuel.
D'ailleurs, où en es-tu dans ton cursus?

4 Publié par Visiteur
25/11/2010 14:18

Ok merci ! Je pense que chacun à ses méthodes bien à lui (que ce soit pour les devoirs ou n'importe quel autre type de travail juridique comme celui que tu fais qui consiste à faire de la veille par exemple), et puis c'est du cas par cas en fonction du sujet... C'est vrai que la méthodologie est une matière à part entière dans cette discipline qu'est le droit, donc c'est très important. Il faut beaucoup de rigueur et évidemment éviter le plagiat et faire quelque chose qui reste malgré tout assez personnel, donc s'approprier la matière. Moi je suis en Licence, donc ça reste assez généraliste pour l'instant, mais c'est très intéressant. Sur ce à très bientôt sur ton blog !

5 Publié par Visiteur
16/12/2010 10:10

Bonjour,
me concernant, j'ai été licenciée dans le cadre d'un licenciement collectif (25 personnes) j'étais salariée protégée. Ma lettre de licenciement a été signé en PO par le frère du PDG qui ne fait pas partie de l'entreprise et par l'administrateur judiciaire. est-ce légal ?

6 Publié par Mourot
16/12/2010 11:25

Je ne puis vous répondre précisément via ce blog! Des éléments fondamentaux doivent être obtenu : un licenciement collectif mais est-ce un licenciement pour motif économique, y-avait-il une liquidation de l'entreprise ?...

7 Publié par Visiteur
16/12/2010 17:38

Oui licenciement pour motif économique et RJ

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