DEMENAGEMENT D’UN PARENT SANS LE CONSENTEMENT DE L’AUTRE : UN CONFLIT QUI « DEMENAGE »

Publié le Modifié le 31/05/2016 Vu 164 318 fois 21
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Avec l’étude de la Loi sur la Famille actuellement en débat houleux à l’Assemblée Nationale, se pose le problème crucial du déménagement d’un parent en France ou à l’étranger sans le consentement de l’autre, grande source de conflits au sein de nos tribunaux.Le déménagement d'un parent pose souvent questions autour de la notion de fraude aux droits de l’autre en dehors de raisons professionnelles avérées( ex mutation, embauche…)Il touche à l’intérêt et à l'équilibre de l’enfant sorti de son milieu et de ses conditions de vie, de ses repères et de sa stabilité.Cette discorde pourrait enfin paraître légitime car elle porte atteinte d'une certaine façon aux règles de l'autorité parentale conjointe: présentation d'un conflit qui "déménage".

Avec l’étude de la Loi sur la Famille actuellement en débat houleux à l’Assemblée Nationale, se pose l

DEMENAGEMENT D’UN PARENT SANS LE CONSENTEMENT DE L’AUTRE : UN CONFLIT QUI « DEMENAGE »

I-Une question d’autorité parentale conjointe

L’article 371-1  du code civil définit l'autorité parentale comme un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant.

Elle appartient aux père et mère jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne.

En vertu de l’article 372 du code civil.

Les père et mère exercent en commun l'autorité parentale.

Toutefois, lorsque la filiation est établie à l'égard de l'un d'entre eux plus d'un an après la naissance d'un enfant dont la filiation est déjà établie à l'égard de l'autre, celui-ci reste seul investi de l'exercice de l'autorité parentale.

Il en est de même lorsque la filiation est judiciairement déclarée à l'égard du second parent de l'enfant. L'autorité parentale pourra néanmoins être exercée en commun en cas de déclaration conjointe des père et mère devant le greffier en chef du tribunal de grande instance ou sur décision du juge aux affaires familiales.

La question des actes usuels et des actes importants qui nécessitent l’accord des deux  se pose en cette matière

L’article 372-2 du code civil, fait une distinction entre actes usuels et non usuels, et  prévoit une présomption d’accord entre les parents pour les actes usuels ou  actes habituels, peu importants de la vie courante de l'enfant

A) Le déménagement comme mise à néant des règles de la résidence alternée

Le  déménagement pourra souvent mettre à néant les règles de la résidence alternée, puisque l’éloignement important supposera un changement d’école, et empêchera dans l’intérêt même de l’enfant une alternance, épuisante.

La question de la stabilité et de l’équilibre dans la vie de l’enfant est ainsi posée.

B) Le déménagement comme objet de discorde au sein des couples séparés

1°- le déménagement en France sans l'accord de l'autre comme "acte usuel"

L'exercice de l'autorité parentale conjointe suppose que les parents séparés s'informent mutuellement en cas de déménagement.

Le parent qui a la résidence de l’enfant avec lui ( par une décision de justice) n’a qu’une obligation : notifier son changement d’adresse dans le mois du déménagement..

En effet le fait pour le parent dont les enfants résident chez lui de déménager sans notifier à l'autre parent son changement de domicile dans le délai d'un mois à compter de ce changement est un délit. Il peut être puni de 6 mois d'emprisonnement et de 7 500 € d'amende.

Si la résidence a été fixée de manière alternée, il aura intérêt à informer l’autre parent avant le déménagement pour la mise en place de l’alternance ou si par impossible de saisir le juge aux affaires familiales pour faire statuer sur la résidence de l’enfant.

Par contre si le parent déménage avant toute décision, c’est dans ce contexte que le conflit né ; déménagement, changement d’école sans autorisation, frais de trajets, modalités de remises de l’enfant etc…

L'autre parent aura tendance à saisir le juge aux affaires familiales en référé suite à ce déménagement intempestif.

2°-le déménagement dans un pays étranger comme" acte important"

Une fois encore en vertu des règles qui régissent l’autorité parentale conjointe entre parents, lorsque l’enfant commun réside à titre habituel dans un pays, aucun des parents ne pourra unilatéralement décider de transférer la résidence de l’enfant dans un autre pays.

Il ne pourra aussi le retenir à l’issue de vacances, sous peine de commettre un enlèvement parental et d’être poursuivi pénalement et civilement, au risque de perdre ses droits sur l’enfant ( autorité parentale ou résidence ).

Rappelons que cette attitude de soustraction de l’enfant à son cadre familial peut entraîner de graves conséquences psychologiques sur l’enfant privé de son autre parent pour se construire.A la fois "rapté" et pris en otage, il subit parfois un lavage de cerveau destiné à tenter la destruction de l’image de l’autre parent qui  peut constituer une atteinte agressive dans sa personnalité et mettre à néant  son propre intérêt ..

C) Les moyens legislatifs de droit pénal pour pallier le déménagement

1°) en cas de non représentation d'enfant

article 227-5 du code pénal

Le fait de refuser indûment de représenter un enfant mineur à la personne qui a le droit de le réclamer est puni d'un an d'emprisonnement et de 15000 euros d'amende."

2°) en cas d'enlèvement international

Les articles 227-5 à 227-7 du code pénal

punissent de un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende, celui qui a refusé indûment de représenter un enfant mineur à la personne qui a le droit de la réclamer ou l’a soustrait des mains de celui en droit de le réclamer.

L’article 227-9 du code pénal aggrave les peines au regard de la situation dispose :

Les faits définis par les articles 227-5 et 227-7 sont punis de trois ans d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende :

a° Si l'enfant mineur est retenu au-delà de cinq jours sans que ceux qui ont le droit de réclamer qu'il leur soit représenté sachent où il se trouve ;

b° Si l'enfant mineur est retenu indûment hors du territoire de la République.

Face à une situation d’enlèvement par  l’un des parents, une plainte près le commissariat de police ou la gendarmerie, mais aussi près le procureur de la république  par lettre RAR peut s’envisager pour non représentation de l’enfant.

Cette plainte permettra d’aboutir à :

--la diffusion d’un mandat d’arrêt international ;

--faire intervenir interpol pour rechercher le parent

L’article 227-10 du code pénal dispose:

Si la personne coupable des faits définis par les articles 227-5 et 227-7 a été déchue de l'autorité parentale, ces faits sont punis de trois ans d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende.

Une mise en œuvre protection internationale est organisée autour de l’enlèvement par la Convention de la Haye du 25 Octobre 1980 pour obtenir le retour de l’enfant.

Cette convention prévoit entre les 84 pays signataires  un système de retour des enfants âgés de moins de 16 ans, laissant le problème de fixation de la résidence à la justice du lieu de résidence.

Elle pose un système de coopération entre les autorités centrales de chaque Etat signataire, pour assurer le retour immédiat de l’enfant illicitement déplacé ou retenu, au lieu de sa résidence habituelle

Le règlement européen 2201/2003 du 27 novembre 2003 améliore le fonctionnement de la Convention de la Haye de 1980 et accélère le processus dans les 27 pays membres de l’Union Européenne.

En France, il conviendra de saisir le bureau de l’entraide civile et commerciale internationale , (BECI) près la Direction des Affaires Civiles et du Sceau du Ministère de la Justice, lequel est désigné en qualité d’autorité centrale.

Ce bureau peut proposer également une aide à la médiation familiale internationale.

Le Ministère des Affares Etrangères peut être aussi contacté... 

II- L’évolution legislative proposée touche au déménagement et a fortiori au changement de l’école

A)  Le déménagement serait un acte « important » qui supposera l’accord des deux parents sauf crime ou délit commis envers le parent qui voudrait déménager

On le considèrerait comme un acte non usuel, grave, inhabituel qui rompt avec le passé ou qui engage l’avenir de l’enfant.

Je ne rentrerai pas dans le débat lié aux considérations sur le bien fondé de l'alternance  entretenu par les parents et les pedopsychiatres. (âge,équilibre de l'enfant, stabilité, milieu..)

Si pour cet acte important, un parent prend seul la décision, sans l’accord de l’autre, alors sa responsabilité et celle des tiers qui l’ont suivi pourra être engagée.

Il pourra se voir retirer la résidence avec lui, et prendrait un risque énorme en agissant sans l’accord préalable du juge en cas de conflit.

Sans "l'accord exprès" de l'autre parent pour changer d'adresse, ou d'école,pas de modification, sauf crime ou de délit commis envers le parent souhaitant déménager.

B) La notion de double résidence  et la suppression notions de résidence alternée et de droit de visite et d’hébergement

L’enfant habiterait au domicile de chacun de ses parents.

Cela ne changera rien à la réalité de la situation, car cela existe déjà en fait.

Fréquence et  durée de la résidence devront être fixées  entre les parents et à défaut d’entente par le JAF  qui par exception  pourra fixer la  résidence au domicile de l'un des parents.

De ce fait le droit de visite sera réduit.

Les atteintes aux règles de l'exercice conjoint de l'autorité parentale pourront être  sanctionnées par une amende civile de 10 000 euros. dès la première infraction sans passage devant un tribunal, d’une amende de 135 ou 375 euros.

Si les faits se reproduisent dans un délai de deux ans, le délit sera , passible d’un an de prison et de 15.000 euros d’amende.

C) La parole de l’enfant mieux valorisée, même s'il faudra rester vigilant sur la manipulation de cet enfant

Le  projet de loi souhaite que l’enfant soit interrogé en fonction de son degré de maturité, au lieu de juger la capacité de discernement du mineur à être auditionné en fonction de son âge.

En théorie on pourrait dire que cela ne change pas grand-chose, puisque déjà les textes envisageaient cela.

Sauf à indiquer que la  notion de «capacité de discernement», était sujette à interprétation et subjectivité du juge dans les débats  

Cependant le recueil de la parole de l’enfant, même si petit est encouragé puisque la loi supprimerait cette notion de discernement.

 L’audition d’un mineur par un juge sera  donc de droit dès que l’enfant en fera la demande «de manière adaptée selon son degré de maturité».

Demeurant à votre entière disposition pour toutes précisions en cliquant sur http://www.conseil-juridique.net/sabine-haddad/avocat-1372.htm

Sabine HADDAD

Avocate au barreau de Paris

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1 Publié par Visiteur
09/12/2015 21:20

Bonjour,
J'aurais besoin de conseils, je suis separer de mon ex compagnon (non marie) depuis bientot 2 ans depuis cette date il n'a prit aucune nouvelles de notre fils qui a aujourdhui 5 ans et je n'est pas non plus son adresse je sais juste qu'il vie dans le sud moi en picardie. Comment puis je faire pour demander la garde exclussive de mon fils sans l'adresse de son pere?
merci pour vos reponses

2 Publié par Visiteur
15/01/2016 10:20

Que faire quand un père quitte la France et ne donne aucune adresse,téléphone ni signe de vie. On sait juste qu il est parti en Guyane soit disant sans aucune certitude.il s est marié avant de partir et à pris le nom de sa femme.Elle même restée en France,elle n aurait plus de nouvelles non plus. Il ne voyait et ne prenait plus son fils un week-end sur deux quand il était sur place et ne versé plus la pension. Légalement il possède toujours l autorité parentale ? Que faire si une décision importante est à prendre, aux yeux des lois s'il faut les signatures des deux parents.c est très dur pour mon neveu, il ne sait pas où est son père, s il est vivant.parfois il dit: "si ça se trouve il est mort". Sachant que cela fait des années que son père ne le prenait plus ou à sa guise...

3 Publié par Visiteur
15/01/2016 11:38

bonjour a toutes et tous
je met ce petit message pour ma petite sœur qui et un peu perdu
Elle veut déménagé a 70 km de son lieu actuelle elle et séparé de son conjoint et ont un enfant de 11 ans ensemble elle viens de se marié avec sont nouveau conjoint et il veulent quitter la ville pour la campagne se qui engendre un déménagement de 70 km de la ou elle réside actuellement sont mari a trouvé un nouvel emploi c'est surtout pour cela quelle veux se rapproché du travail de sont mari car sans se déménagement il aura 110 km a faire tous le jour pour allez au travail se qui engendre des frais assez onéreux.
et ce quelle a le droit de déménagé ou pas a 70 km de sont logement actuelle sachant quelle ne quitte pas la région , ni l'état ?
Sachant quelle n'est pas rester en très bon terme avec sont ex conjoint le père de son enfants.
merci a vous pour les conseils , si quelqu'un sait a qui elle peux s'adressez merci a vous

4 Publié par Visiteur
05/02/2016 13:54

Bonjour
En garde alternée depuis 2015, je souhaite réviser le mode de garde et demander une garde pleine pourquoi?
Pour deux raisons principales:
L'emploi que j'ai retrouvé dans cette autre région pour septembre prochain ainsi que mon ami puisque nous envisageons de vivre ensemble.
Mes filles agées de 14 et 12 1/2 souhaitent me suivre.
Je suis en train de remplir un dossier de demande au JAF.
- Serait il mieux de passer par mon avocat ou ai-je des chances que cela soit validé sans l'aide de celui-ci?
- Ai-je aussi une chance que la garde soit obtenus pour la rentrée 2016?
- Le délai de passage devant le JAF est-il long?
Merci de votre réponse

5 Publié par Visiteur
25/02/2016 21:52

bonsoir,
je suis française et j,ai vécu en Belgique et delà est née mon fils, mais actuellement je suis sépare et je suis retourne en France avec mon fils. j'ai eu l'accord signée qu'il pouvais réside en France mais a l'adresse de ma mère le temps que je reloge et je vais déménager a 1000 km et je voulais savoir si je suis en droit ?
et sachant qu'il a aucun jugement entre nous ?
et aussi pas de nouvelles de sa par depuis plus an

aider moi

6 Publié par Visiteur
31/03/2016 22:41

J'aimerais avoir plus de détails svp!! Car je souhaite faire pareil.. quitter la France pour le Québec envers et contre tout dans le but de protéger mon enfant de la famille "malade" de mon ex concubin (sa mère est bipolaire, cousin skisofrene, lui même est bipolaire sans traitement... tante dépressive et un autre cousin trisomique!) Au secours!!! Comment fuir!!!! Surtout que sa taré de mère prend mon enfant pour son enfant.

7 Publié par Visiteur
02/05/2016 09:31

Bonjour je suis séparer du père de mon fils sa fait 7 ans et demi...il s'est remarier et ne s occupé plus de son fils sauf pour le manipuler pour m atteindre... quand il l'a il l emmené chez le médecin comme sa ça me fait des frais à payer, et si je ne paye pas le déduit de la pension alimentaire quand bien sûr il me l'a versé. .. actuellement j ai su que il a déménagé près de la Rochelle et moi étant du nord.. sans me prevenir ni laisser d adresse... a t il le droit... la mon tel a bloquer donc j ai du changer de tel et de numéro malheureusement c est que j ai aucun moyen de lui faire parvenir mon nouveau tel...qu est ce que je risque...??

8 Publié par Visiteur
09/05/2016 11:55

Bonjour , je suis le papa de deux enfants dont un scolarisé a la maternelle,la maman souhaite partir a 20 kilomètres du lieu de scolarité de la petite. A t elle le droit de la changé d école sans mon consentement car se n est pas passé encore devant le JAF, cela sera jugé après la rentrée scolaire. Merci d avance pour votre réponse.

9 Publié par Visiteur
21/05/2016 11:59

bonjour pouvez vous m aider, j'ai 2 filles , leur maman a eu la garde alterné je les ai 1 week end sur 2 et la moitié des vacances, je verse 600 euros de pension alimentaire et 250 euros d aide de vis donc 850 euros pour mes filles car la juge a dit que ma conjointe pouvait subvenir a mes besoin, mes elle vis aussi en couple a eux 2 touche 5000 euros par moi sans ma pension alimentaire, ma question est la suivante elle est parti vivre a 80 km de chez moi sans mon accord je lui est refusé de partir car je dépenserais 800 km par moi pour prendre mes filles, ma fille de 11 ans bientot est maltraité et insulté elle a deja ecrit des courrier sans suite l ecole ne veux rien faire elle vive a l ecole de 7h30 a 18h30 car leur maman ne souhaite pas sans occuper qu'elle demarche faire pour que mes filles vivent chez moi et que je les voient rire et non déprimé , merci de m avoir lu je vous remercie

10 Publié par Visiteur
23/05/2016 11:36

bonjour.separée depuis peux. je vivais en concubinage avec mon exe conjoint. je souhaite déménager à seulement 20 kilomètres dc changer notre fille d’école, pour des raisons professionnelles (rapprochement de mon lieux de travail) ainsi que des raisons personnelles( me rapprocher des mes deux aînés d'une première union).je précise que j'ai la garde de notre fille et que monsieur ne me verse aucune pension.est ce que je dois impérativement sont accord en sachant que je l'ai déjà prévenu verbalement .je lui ai même proposé une garde alterné afin qu'il puisse profiter de sa fille le plus possible tout comme moi. merci d'avance pour votre réponse.

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