Délai de prescription du calcul des intérêts postérieurement à un jugement de condamnation

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Les intérêts qui courent suite à une décision de justice peuvent-il s’accumuler dans le même délai que celui de l’exécution de la décision elle-même, à savoir 10 ans ?

Les intérêts qui courent suite à une décision de justice peuvent-il s’accumuler dans le même délai que

Délai de prescription du calcul des intérêts postérieurement à un jugement de condamnation

Lorsque le juge rend une décision exécutoire, la partie gagnante dispose d’un délai de dix ans pour la faire exécuter.

En effet, la loi prévoit que l’exécution de certains titres exécutoires ne peut être poursuivie que pendant dix ans.

Pour mémoire, une décision est considérée comme exécutoire lorsqu’elle ne peut plus être contestée par une voie de recours.

Parmi les titres exécutoires figurent :

les décisions de l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif qui ont force exécutoire.

- les actes et les jugements étrangers et les sentences arbitrales déclarés exécutoires.

- les extraits de procès-verbaux de conciliation signés par les juges et les parties.

Par ailleurs, à partir du jour où un jugement est rendu, des intérêts légaux commencent, par défaut, à courir jusqu’à son exécution.

Ces intérêts visent à sanctionner le retard dans l’exécution de la part de la personne condamnée.

Cependant, il est important de noter que le délai de prescription de l’action en recouvrement des intérêts d’un jugement est de cinq ans et non de dix comme celui de l’exécution de la décision de justice.

En effet, la loi opère une distinction entre le titre exécutoire (le jugement, l’arrêt, etc…) et la créance périodique (les intérêts légaux).

Ce délai plus court a pour but d’empêcher le créancier de retarder l’exécution du jugement pour obtenir des intérêts indus.

Le débiteur peut ainsi utilement opposer la prescription quinquennale à son créancier pour tenter de se soustraire au paiement d’une partie de la créance réactualisée.

En conséquence, l’ancien article 2277 du Code civil prévoyait que :

« Se prescrivent par cinq ans les actions en paiement et généralement de tout ce qui est payable par année ou à des termes périodiques plus courts (…) ».

C’est dans ce contexte que, le 8 juin 2016, malgré la suppression de l’article 2277 du Code civil précité par la loi du 17 juin 2008, la Cour de cassation, sur le fondement de l'article 2224 du code civil, a jugé que :

« si, depuis l'entrée en vigueur de la loi du 17 juin 2008, le créancier peut poursuivre pendant dix ans l'exécution du jugement portant condamnation au paiement d'une somme payable à termes périodiques, il ne peut, en vertu de l'article 2224 du Code civil, applicable   en raison de la nature de la créance, obtenir le recouvrement des arriérés échus plus de cinq ans avant la date de sa demande » (Cour de cassation, première chambre civile, 8 juin 2016, n°15-19.614)

L’arrêt du 8 juin 2016 s’inscrit dans la droite ligne de la jurisprudence qui tend à empêcher les créanciers d’obtenir le paiement d’intérêts d’un jugement plus de cinq ans après son prononcé.

Par conséquent, dès la réception du jugement, le créancier aura tout intérêt à mettre en œuvre l’exécution du jugement avant l’expiration du délai de cinq afin d’éviter de faire prescrire les intérêts de retard ou d’attendre davantage de temps pour exécuter la décision mais sans intérêt.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

 

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris

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1 Publié par Visiteur
30/01/2018 16:23

Merci Maître pour votre retour.

Cordialement

2 Publié par Visiteur
12/03/2018 15:03

Bonjour

Je me permets de vous contacter au sujet de votre article/intervention sur l’article 2277 du code civil.

En effet je suis confronté à cet article dans une affaire me concernant en tant que créancier ou je pense en avoir fait la bonne traduction à savoir que j’ai un délai
de 5 ans pour pouvoir mettre en place un titre exécutoire pour pas perdre le calcul des intérêts, et qu’au delà le calcul des intérêts sera réalisé que sur 5 ans d’arriérés.

Or je pense que l’huissier en charge de mon dossier réalise une confusion par rapport à cet article 2277 à savoir que je possède un titre exécutoire sur unjugement rendu en octobre 2013, ou nous réalisons des saisies
sur salaires selon également un acte de saisie, et que notre huissier veut arrêter le calcul des interêt en octobre 2018.

Or nous pensons que l’application de l’article 2277 n’a pas lieu dans ce contexte puisque notre titre exécutoire a été mis en place immédiatement et que les intérêts
doivent être calculés jusqu’au jour où notre débiteur aura intégralement payé la somme due.
Sachant que de plus dans notre jugement il est précisé que le calcul des intérêts est à réaliser sur chaque montant des condamnations soit sur valeur icc ou intérêts au taux légal et « jusqu’au parfait paiement »

Donc nous comprenons que tant que la partie adversaire ne se sera pas acquittée de la somme totale due, que les intérêts coûteront.

Faisons nous la bonne interprétation de l’article 2277 et notre huissier a t’il le droit d’aller à l’encontre du jugement ?

Merci de votre retour, car il est vrai que nous sommes déstabilisés dans la bonne exécution de l’article 2277.

Vous remerciant sincèrement, je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments respectueux

Cordialement

3 Publié par Visiteur
13/03/2018 18:58

Bonjour Madame,

Lors d'un jugement criminel contre mon ont maternel pour viols sur mineur de moins de 15 ans (l'autorité n'ayant pas été retenue), des dommages et intérêts m'ont été octroyés.
Initialement, 40000€ en première instance, jugement rendu par la Cour d'assises du Vaucluse en novembre 2007 et 43000€ par la cour d'appel de Nîmes le 22.01.2009.
J'ai obtenu un règlement de 30000€ par le fonds de garantie, 1500€ de provision durant l'instruction et 28500€ en mai 2009, sur le compte de la Carpa, reversés ensuite par mon avocat qui avait fait la demande de paiement puisque mon oncle était alors incarcéré.
Aujourd'hui celui ci a été libéré après avoir effectué 5 années de détention sur une condamnation à 9 années de réclusion criminelle. Il rembourse mensuellement le fonds de garantie mais ne m'a jamais payé les 13000€ restants après règlement du fonds de garantie.
Combien de temps ai je pour demander paiement de cette somme et est ce que des intérêts de sont ajoutés depuis ?
Merci pour votre réponse.
Cordialement

4 Publié par Visiteur
15/03/2018 18:31

Bonjour maître suite a un jugement datant de 1990 oui vous avez bien lu... j ai été condamné solidairement avec mon ami de l époque a une somme principal de 22276 euros .pour info inventaires déficitaires on tenait une superette 'CA....'
Seulement je suis seule a faire face a cette dette monsieur n'a jamais donné un centime. .
Je donne 77 euros par mois et j m endette tous les ans un peu plus
Je suis monté a des intérêts de 58692 euros j ai versé 19459 euros a ce jour je dois encore 63244 euros
Svp j ai besoins de conseils pour réduire au moins les intérêts sinon je ne m en sortirai jamais
Merci d avance ....

5 Publié par Maitre Anthony Bem
15/03/2018 20:38

Bonjour nini,

Il faudrait négocier un paiement rapide et forfaitaire d’une somme moindre pour régler définitivement la dette.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
16/03/2018 07:47

Bonjour maître
Merci de m avoir repondu
Je doit aller directement chez le huissier ou prendre un avocat
J ai peur de ne pas etre une bonne négociatrice dans mon cas
Le huissier est t il en droit de ne pas négocier et de me reclamer cette sommes sans meme qu il y est une prescription des intérêts
Merci d avance

7 Publié par Maitre Anthony Bem
16/03/2018 08:34

Bonjour Nini,

Vous pouvez contacter directement l’huissier ou prendre un avocat à cet effet.

L’huissier est en droit de ne pas négocier et de réclamer le paiement de la dette, sans même qu’il n’y est de prescription des intérêts applicable puisque ce sont des intérêts dus pour défaut d’exécution d’une décision de justice.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
16/03/2018 10:03

Bonjour maitre
Merci encore de m avoir éclairé
N ayant plus le choix je font pour trouver une solution a cette affaire qui me ronge depuis 28 ans. Avec tous vos conseils j espere bien m en sortir
Je vous tiendrai au courant du dénouement final
Tres cordialement nini

9 Publié par Visiteur
04/05/2018 10:33

Bonjour maître je désirais un renseignement, une ordonnance d'injonction de payer rendu le 19/01/2004 et rendu exécutoire en date du 27/02/2004 peut elle être réclamé maintenant en sachant qu'un huissier depuis 9/10/2017 me l'impose pour dette principal 1311€et d'intérêt 1584€ dont un total de 2288€ et dont ont me dit que les intérêt cours toujours
Sur 50€, 35€ d'intérêt et 15€ de remboursement, je trouve cela aberrant

10 Publié par Maitre Anthony Bem
05/05/2018 23:47

Bonjour Davkero,

Je vous confirme qu’une ordonnance d'injonction de payer de 2004 peut être exécutée maintenant si l’huissier de justice l’a correctement signifié.

Cordialement.

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