Exequatur : notion, conditions et procédure d’application des jugements étrangers en France

Publié le Modifié le 24/09/2013 Vu 130 058 fois 73
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L'exequatur est une notion propre au droit international qui désigne la décision rendue par un juge et permettant l'exécution sur le territoire de celui-ci de décisions de justice, sentences arbitrales, actes authentiques ou transactions judicaires prononcés ou rendus à l'étranger.

L'exequatur est une notion propre au droit international qui désigne la décision rendue par un juge et perme

Exequatur : notion, conditions et procédure d’application des jugements étrangers en France

I - Définition de la notion d’exequatur

L'application des décisions de justice étrangères n'est pas automatique.

En vertu de l'application territoriale des décisions de justice, celles-ci n’ont d’effets juridiques que dans l'Etat dans lequel elles ont été rendues.

Pour être applicables et appliqués à l'étranger, les jugements doivent passer par une procédure de droit international dénommée l'exequatur.

L'exequatur est une procédure visant à permettre l'exécution forcée en France d'une décision de justice étrangère.

Concrètement, l'exequatur est la transposition d'une décision de justice étrangère en droit interne afin de pouvoir bénéficier des effets juridiques qui y sont attachés.

Seuls certains types de jugements sont exécutoires de plein droit à l'étranger et ne nécessitent pas de passer par la procédure d'exequatur.

Il en ira ainsi des jugements relatifs à l’état et à la capacité des personnes.

En effet, de manière générale, les décisions étrangères produisent automatiquement leurs effets en France sans qu’il soit nécessaire de passer par la procédure d'exequatur en matière :

- matrimoniale ou d'autorité parentale tels que les jugements de divorce, relatifs au droit de garde, au droit de visite ou de tutelle ;

- d'adoption entrant dans le champ d’application de la convention de La Haye sur la protection de l’enfant et la coopération en matière d’adoption internationale, du 29 mai 1993;

- de créances non contestées.

Ainsi, en France, l'exécution des décisions de justice provenant de pays étrangers varie en fonction :

- d'une part, de la matière (biens ou personnes) et de l'Etat dans lesquels elles ont été rendues ;

- d'autre part, des accords internationaux éventuellement conclus entre la France et le pays concerné.

En outre, la procédure d'exequatur d'une décision de justice étrangère suppose de respecter quelques conditions.

II - Les conditions de l’exequatur d'une décision de justice étrangère en France

Pour mémoire, la procédure d'exequatur en France est légalement encadrée par les articles 509 à 509-7 du Code de procédure civile.

De plus, en vertu des différentes conventions internationales conclues par la France avec de nombreux d’Etats, un jugement étranger ne peut être revêtu de l’exequatur que s'il respecte les conditions suivantes :

- Les décisions doivent avoir été rendues régulièrement par une juridiction ou par une autorité judiciaire étrangère habilitée ;

- Les décisions doivent avoir été rendues régulièrement et dans le respect des règles de procédure ;

- Les décisions doivent être exécutoires dans leur pays d'origine ;

- Les décisions doivent être conformes à l’ordre public national tel la protection de la personne humaine et de sa dignité (exemple : un jugement validant une répudiation unilatérale ne pourrait bénéficier de l'exequatur).

A défaut d’accord « de coopération judiciaire » conclu par la France avec un Etat duquel est originaire la décision à exécuter, il faut se référer au régime de droit commun posé par la jurisprudence de la Cour de cassation.

Ainsi, la Cour de cassation a jugé que :

« Pour accorder l'exequatur hors de toute convention internationale, le juge français doit s'assurer que trois conditions sont remplies, à savoir la compétence indirecte du juge étranger, fondée sur le rattachement du litige au juge saisi, la conformité à l'ordre public international de fond et de procédure et l'absence de fraude à la loi ; le juge de l'exequatur n'a donc pas à vérifier que la loi appliquée par le juge étranger est celle désignée par la règle de conflit de lois française. » (Cass. Civ. I, 20 février 2007, n°05-14082)

III - La procédure d’exequatur en France d'une décision de justice étrangère

En France, la procédure d’exequatur relève de la compétence exclusive du tribunal de grande instance et nécessite obligatoirement le recours à un avocat aux fins de représentation.

Toutefois, les jugements étrangers relatifs aux biens, rendus en matière matrimoniale ou de responsabilité parentale (divorce, droit de garde, droit de visite, tutelle…), provenant des États membres de l'Union européenne (Danemark excepté), produisent juridiquement leurs effets en France sans exequatur.

Ainsi, les décisions étrangères rendues dans les trois domaines juridiques précités et provenant des États membres de l'Union européenne (Danemark excepté) bénéficient en principe d'une procédure simplifiée appelée « constatation de la force exécutoire ».

Cependant, le respect de la procédure d’exequatur s'avéra nécessaire, en tout état de cause, lorsque:

- le jugement étranger fait l'objet d'une contestation par l'une des parties ;

- il est nécessaire de procéder à une exécution matérielle du jugement telle qu'une saisie bancaire, mobilière, immobilière, sur salaires ou de parts sociales.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
29/10/2017 17:35

bonjour estce que il y a quelqu un qui a vecu la meme histoire que moi refus du procureur du tribunal de grande instance de nantes de valide mon jugement de divorce prononcer en algerie malgré les justificaves qui reflete que le cheminiment de la procedure a savoir les lettres de citations publication au tribunal et a la mairie qu une procedure de divorce est en cour un courrier avec accuse de reception de la poste adresser a cette dernier refus motif repudiation car cette elle était absente et encore aucun avocat ne veux m assiste pour la cassation je souhaiterai des reponses s il y a quelques ala meme histoire je me suis marie avec cette dernier ca fait quatre ans j ai jamais vecu avec elle elle a eu son visa de regroupement en fevrier 2015 et depuis cette aucune nouvelle d elle elle est en France par contre vis a vis ala loi francaise elle est toujour mon epouse comment faire pour faire valide mon divorce en France et merci

2 Publié par Visiteur
14/11/2017 03:57

BONJOUR MAITRE;
je voulais savoir si l exequatur d un jugement de divorce prononce en tunisie est obligatoire pour pouvoir avoir les cartes d identités de mes filles, toute en sachant qu elles ont la nationalité françaises (passeports français livret de famille actes de naissance).
cordialement

3 Publié par Visiteur
17/11/2017 13:11

Bonjour,
Je suis française mariée en Tunisie devant Notaire sous la séparation des biens avec mon mari tunisien.
Nous vivons en France.
Je voulais savoir si le régime matrimonial de séparation des biens s'appliquent automatiquement en France ou si il faut que je fasse une procédure d'exequature.
Le notaire m'a mis le doute.
Dans l'attente de votre réponse.
Cordialement.

4 Publié par Visiteur
18/11/2017 14:25

alors aucune aide ou reponse concernant refus de l exequatur refus motif repudiation

5 Publié par Visiteur
06/12/2017 15:20

Bonjour Maitre,

Moi de nationalité française et ma femme de nationalité américaine, nous nous sommes mariés en 2013 aux Etats Unis. Après avoir remporter un violon aux enchères, ma femme décide de le faire restaurer ce dernier à Paris. Le réparateur (reconnu nationalement), au lieu d’installer une ame en épicéa, installe une ame en bois d’érable qui s’eclate par la suite et rend le violon inutulisable. Par la suite,ma femme a réparé l’instrument pour un cout de 9000 dollars.

Décidés d’obtenir réparation, nous avons saisi la Cour Suprême de New-York qui condamne l’atelier au paiement de la remise en état du violon, 9 000 $, des frais d’avocat 4000 $ ainsi qu’à des dommages-intérêts punitifs à hauteur de 19 000 $.
nous vous consultons afin de savoir si ma femme peut obtenir l’exequatur de la décision américaine en France.

6 Publié par Visiteur
29/01/2018 14:24

Bonjour Maître,
Notre père est décédé en 1991. Il avait des biens en Tunisie et le partage a été effectué durant les années 2001 et 2002. Jusqu’en 2007 un avocat avait été nommé pour régler ce partage et gérer nos biens constitués de biens immobiliers et de parts de sociétés. La gestion de notre succession à ensuite été confiée à son épouse à l’aide d’un mandat dûment établi légalisé auprès du consulat de Tunisie en France. Ce mandat lui donnait pouvoir pour gérer notre succession (encaissement des loyers, vente des biens immobiliers, paiement des frais d’enregistrement, représentation de nos intérêts devant les instances publiques ou privées… ). Ce Mandat incluait également sa rémunération au pourcentage. 70 % des biens immobiliers ont été vendus en 2007 via des actes établis par des avocats tunisiens avec lesquels elle collaborait et signés en France apres légalisation auprès du consulat de Tunisie. Nous lui avons demandé par la suite à plusieurs reprises (années 2010) de nous fournir un état de la succession restant ainsi que les relevés bancaires ( Elle nous a jamais rien adressé) . L’été dernier, nous apprenons par cette dame que le reste des avoirs de notre succession (appartements et parts de sociétés) a été vendu (sans que nous en soyons informés donc sans notre accord et signature et sans qu’elle nous réclame son pourcentage). Nous apprenons dans la foulée par cette dame que nos comptes bancaires auraient été saisis et ponctionnés par le fisc, (car elle n’aurait réglé aucun droit d’enregistrement lors des ventes d’appartements), que certains appartements vendus, nous revenant lors du partage de la succession, auraient soi-disant déjà été vendus par notre père et faisaient l’objet de procédures judiciaires.
Nous lui avons donc réclamé les justificatifs de ses ventes, les relevés de comptes bancaires bref, tous les justificatifs concernant ces informations étonnantes et détonantes qu’elle nous a révélé. À ce jour, elle nous dit que les papiers ont soi-disant été oubliés et perdus dans un taxi, et nous n’avons ni justificatif bancaire, ni des impôts ou des procédures, si ce n’est qu’elle vient de nous apprendre avoir clôturer nos comptes bancaires.
Vivant en France, et ne parlant pas le Tunisien, notre question est : A qui en France, pouvons-nous nous adresser, afin de démêler ces histoires en Tunisie ?

7 Publié par Visiteur
03/02/2018 19:30

j'ai consenti la garde de mon enfant a mon frere qui est francais par une kafala judiciare j'ai introduit une demanade de visas de long sejours kafala est ce que il faut valide la kafala par jugement exequatur pour la demande de visas ou la kafala judicaire suffira pour dossier

8 Publié par Visiteur
03/02/2018 19:33

s'il faut un avocat combien de temps pour le jugement exequature validation de la kafala

9 Publié par Visiteur
13/03/2018 18:45

Bonjour

Jai le jugement tutelle du tribunal étranger de ma niéce dont la mére est décédée.pouvez vous me dire comme je pourrais avoir le jugement tutelle de france

10 Publié par Visiteur
21/05/2018 02:04

On peut demander un pouvoi en cassation apres un arrêt en dernier ressort

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