Les principales obligations du bailleur d’un local commercial envers son locataire preneur à bail

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La charge des obligations d'entretien, de réparation, de garantie des locaux commerciaux sont loin d'être neutre financièrement. Bien que celle-ci soit fixé par la loi, il est possible aux parties d’en convenir différemment aux termes du contrat de bail.

La charge des obligations d'entretien, de réparation, de garantie des locaux commerciaux sont loin d'être ne

Les principales obligations du bailleur d’un local commercial  envers son locataire preneur à bail

Le bailleur d’un local commercial est tenu envers son locataire de :

- Mettre le local loué à la disposition du locataire, preneur à bail, (I),

- Entretenir le local donné à bail (II),

- Garantir au locataire, preneur à bail, une occupation paisible (III).

I - L’obligation du bailleur de mise à disposition d’un local commercial au profit de son locataire preneur à bail

A titre liminaire, la mise à disposition du local commercial au profit du locataire suppose que le bailleur lui remette les clefs lors de la signature du bail commercial ou de l’état d’entrée dans les lieux.

A cet égard, il convient de recommander aux bailleurs d’éviter de remettre les clefs du local au locataire avant la signature du contrat de bail afin que le locataire ne refuse pas de signer le bail ou certaines clauses du bail.

A défaut, le bailleur ne disposerait d’aucun recours tendant à contraindre l’occupant à signer son bail.

Concrètement, la mise à disposition du local suppose que celui-ci soit en bon état de réparations, que les infrastructures soient en bon état de fonctionnement (sanitaires, eau, conduit de cheminée, chauffage, gaz, électricité) et puisse servir à l’usage pour lequel il est loué.

Ainsi, si le bail prévoit que le bien loué est en parfait état, le preneur pourrait exiger de son bailleur, avant son entrée dans les lieux, qu’il réalise  les travaux nécessaires afin d’assurer ce parfait état.

Par conséquent,  il est recommandé aux bailleurs de mentionner expressément dans le bail commercial que le preneur reçoit le local dans l’état où il se trouve et qu’il déclare bien connaître pour l’avoir visité et contrôlé.

Enfin, il est fréquent que le bail commercial dispense le bailleur de mettre le local loué en bon état de réparations de toute espèce.

Il s’agit d’une dérogation contractuelle à l’obligation légale précitée du bailleur, qui n’interdit pas au preneur d’exiger la mise en état de dégradations existantes et dont il n’aurait pu se rendre compte au moment de la conclusion du bail.

Le cas échéant, le preneur à bail devra négocier le montant du loyer à la baisse afin d’en tenir compte.

II - L’obligation du bailleur d’entretenir le local donné à bail et d’effectuer les réparations nécessaires autres que locatives

L’obligation d’entretien du bailleur signifie qu’il doit effectuer tous les travaux et réparations nécessaires afin que le local reste conforme à sa destination, autres que les réparations locatives

Concrètement cela consiste au changement des papiers peints, peintures, moquette, parquet, revêtement des sols et plafonds qui seraient devenus vétustes suite à un usage normal.

Il est d’usage de considérer que les peintures et tapissages de qualité moyenne sont amortis après neuf ans, de sorte que le preneur puisse exiger de son bailleur qu’il prenne à sa charge leur changement.

Le bailleur devra également se charger du curement des puits et fosses septiques.

Surtout, les articles 605 et 606 du code civil sont souvent visés dans les baux commerciaux.

Selon l'articles 605 alinéa 2 du code civil :

"Les grosses réparations demeurent à la charge du propriétaire, à moins qu'elles n'aient été occasionnées par le défaut de réparations d'entretien, depuis l'ouverture de l'usufruit ; auquel cas l'usufruitier en est aussi tenu".

L'article 606 du code civil dispose que :

"Les grosses réparations sont celles des gros murs et des voûtes, le rétablissement des poutres et des couvertures entières.

Celui des digues et des murs de soutènement et de clôture aussi en entier.

Toutes les autres réparations sont d'entretien'.

Aux termes de ces dispositions légales, le bailleur est tenu d'exécuter les « grosses réparations » telles que décrites dans ce second article, de manière limitative.

Ainsi, le bailleur est tenu des grosses réparations ou des gros travaux, à savoir :

- la réparation des  toitures, gouttières, murs, cheminées ;

- la réfection des planchers et des escaliers ;

- les réparations locatives lorsqu’elles sont dues à la vétusté ou à la force majeure.

S’agissant de ces réparations, le bailleur pourra en être déchargé si elles sont dues à la faute du locataire.

De la même manière, le bail commercial peut parfaitement stipuler que les grosses réparations incombant normalement au bailleur doivent être exécutées par le preneur et aux frais du preneur, à condition que la clause soit précise.

Il a ainsi été jugé que la clause d’’un bail stipulant que « les grosses réparations incombant normalement au bailleur seront à charge du preneur » n’était pas suffisamment précise et qu’il soit nécessaire d’y ajouter : « telles seront notamment les réparations effectuées à la toiture », ou « …y compris les réparations dues tant à la vétusté qu’à la force majeure ».

Enfin, la jurisprudence considère que la réparation des dégâts causés sur la porte ou la vitrine suite à un vol commis dans le bien loué incombent au propriétaire en l’absence de faute du preneur et de clause particulière dans le contrat de bail commercial.

En outre, la jurisprudence exonère le bailleur d’effectuer les travaux exigés par les autorités publiques ou imposés par de nouvelles réglementations de sécurité, à moins que le bail commercial n’en dispose autrement. 

Ces travaux, dont le coût peut se révéler supérieur au montant du loyer annuel pour une année donnée, peuvent, s'ils ne sont pas exécutés, justifier le prononcé de la résiliation du contrat de bail aux torts du bailleur.

Lorsque les juges sont sollicités pour interpréter les clauses du contrat de bail commercial, et particulièrement la clause de charges, l'interprétation se fera à la faveur du locataire.

Il est donc recommander aux parties de bien veiller à la rédaction des baux commerciaux qu’elles sont amenées à conclure et de prévoir de manière précise le type de charges incombant au bailleur ou au preneur lors de la rédaction de leur contrat.

III - Le bailleur d’un local commercial doit garantir à son locataire une occupation paisible

L’obligation de garantir une occupation paisible se décompose en trois garanties distinctes :

- La garantie du fait personnel : le bailleur ne peut pas troubler l’occupation du preneur en faisant certains actes de nature à occasionner un trouble, sauf s’il s’agit de travaux urgent (exemple : il ne peut pas réaliser des travaux d’amélioration ni changer le système de chauffage dans le local donné à bail sans l’accord du locataire, pénétrer dans l’immeuble pour vérifier si le preneur entretient correctement le bien, etc …)

- La garantie du fait des tiers : il s’agit des troubles de jouissance à l’occupation du preneur de la part de tiers. A la différence des troubles de fait, la jurisprudence impose au bailleur de garantir le preneur contre le trouble de droit. Cette situation se présente lorsque par exemple, une tierce personne prétend être propriétaire de l’immeuble et veut expulser le locataire arguant que le bailleur n’avait aucun droit de donner l’immeuble en location. Si le bailleur est condamné, le preneur évincé pourra lui réclamer des dommages et intérêts.

- La garantie des vices cachés : il s’agit des défauts de l’immeuble loué qui en empêchent l’usage normal ou qui diminuent cet usage, ne permettant donc pas au preneur d’occuper normalement l’immeuble. Les vices sont cachés lorsque le preneur n’aurait normalement pas pu se rendre compte de leur existence au moment de la conclusion du bail (exemples : l’invasion de cancrelats, la déficience de l’installation électrique, une fuite dans les canalisations ne provoquant d’inondations qu’au cours de fortes pluies, l’humidité dans une cave, etc …). Si le vice rend impossible l’usage de la chose louée, le preneur pourra demander la rupture du contrat avec dommages et intérêts. Par contre, le bailleur n’est pas tenu de garantir le locataire contre les vices apparents, c'est-à-dire ceux dont le preneur a pu se rendre compte de leur existence au moment de la conclusion du bail ou  relevés dans l’état des lieux. Le bailleur peut insérer une clause dans le bail aux termes de laquelle il s’exonère de son obligation de garantie des vices cachés ou ne répondra pas de tels ou tels vices cachés.

Je suis à votre disposition pour toute information ou action.

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
16/06/2017 14:30

Bonjour Maître,

Voila je loue un local commercial depuis le 15 avril. Mon propriétaire a bien encaissé les deux mois de caution mais il ne m'a toujours pas donné de baux a signer, de plus je n'ai aucun accès a une ligne téléphonique de ce fait pas internet non plus (orange demande un règlement de 1000 a 1200 € pour la construction d'une ligne car aucune élligibilité il n'y plus de ligne disponible dans notre zone d'activité.
Nous sommes en été donc pour le moment pas de soucis mais nous n'avons également aucun moyen de chauffage.

Que puis je faire s'il vous plait ?

Je vous remercie par avance

Virginie

2 Publié par jurnet karen
29/06/2017 15:59

Bonjour Maitre
nous venons de signer un bail commercial de courte durée (magasin textile) et nous nous rendons compte que la vitrine et surtout la façade de la boutique sont très vétustes et dangereuses pour les passants de la rue et nos futurs clients .... peut-on "forcer" le propriétaire des murs à faire les travaux ou devons nous nous mêmes les financer ?
par avance merci de vos conseils
Cordialement

3 Publié par Maitre Anthony Bem
29/06/2017 18:35

Bonjour jurnet karen

La façade de la boutique est une partie commune dont les travaux incombent au propriétaire ou la copropriété le cas échéant.

Selon le bail vous pouvez "forcer" le propriétaire des murs à faire les travaux comme il s'agit de grosses réparations ou des mesures de sécurité.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
11/07/2017 18:23

Bonjour maître.voila je loue depuis 2013 un local commerciale pour un bar tabac et relais poste sous l article 606 du code civile à l époque mon proprio était seul propriétaire de la bâtisse depuis fin 2014 il a vendu le haut de la bâtisse hors le proprio du haut à créé 2 appart donc du coup la partie commune est le hall d entree les escalier et un SAS qui doit me permettre de joindre mon garage hors je n' ai plus accès à mon garage par la car le proprio du haut à décrété que c étais leur local poubelle car il a pas pense à ça lors de sa reconstruction de plus l une des 2 famille fais exprès de laisser la porte du hall d entree ouverte ce qui est très gênant (des que quelques un ferme la porte elle se dépêche de descendre la réouvrir)car moi g mes livraison de pain et de journaux la nuit j en ai parlee à mon proprio qui devait joindre le proprio du haut et aucun résultat !!!!!de plus depuis ces fameux travaux mon commerce est devenu humide(chose dont la 1 ère année ce n' était pas le cas ni avec tous mes prédécesseurs ce commerce existe depuis plus de 30 ans)les murs, ma cave qui servait dans le temps au stockage de charcuterie (donc très sèche) et enfin une réserve dont le proprio du haut à passer les canalisation d un des appart sans mon accord .Donc voilà mon dilemneje ne sais plus quoi faire normalement je devrais avoir jouissance aussi des parties commune et de la tranquilité ?que puis je faire ?car e plus la fameuse voisine met sa musique la journée très forte mis à part quand la 2 ème locataire est la et bien d autres chose qui va à force nuire à mon commerce je vous remercie d avance

5 Publié par Maitre Anthony Bem
11/07/2017 18:37

Bonjour Sylcoulon,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "consultations" en haut de cette page.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
01/08/2017 13:03

Bonjour Maitre,

Je loue actuellement un local commercial avec une cave qui donne directement dans la boutique avec un accès par une trappe, cette cave n'a aucune ventilation t il y a beaucoup d'humidité du coup je ne peux l'utiliser, il y a également des étais dans cette cave pour soutenir le plafond du RDC puis je demander au propriétaire d'effectuer les travaux pour la ventilation dans un premier temps ?
Si oui dois je faire faire un constat d'huissier ?

Merci pour votre réponse

Cordialement

7 Publié par Maitre Anthony Bem
01/08/2017 13:14

Bonjour IDV ,

Vous pouvez demander au propriétaire d'effectuer les gros travaux relatifs à la solidité ou la sécurité de l'édifice et ne devez faire faire un constat d'huissier que si vous souhaitez engager une procédure judiciaire afin de faire condamner votre bailleur à la réalisation des travaux nécessaires ou des frais engagés à cet effet.

Cordialement.

8 Publié par sma69
07/08/2017 12:24

Bonjour Maitre,

Je viens d'acquérir un fond de commerce aux enchères. Je dois prochainement prendre contact avec l'agence immobilière pou signer le bail commercial.L'ancien propriétaire du fond l'a exploité en : restaurant traditionnel-pizzeria-salon de thé-glacier.
Sur le bail,la destination est: Pizzeria-restaurant-salon de thé - glacier. Le local est équipé d'une hotte 3 plaques"immeuble par destination" et d'une d'une gaine d'extraction relié au toit pour évacuation des odeurs. J'ai la volonté d'orienter mon activité en restauration rapide-vente à emporter et livraison. Vu qu'il n'est pas précisé le type de restaurant mais seulement "restaurant" dans le bail,est-ce que cela sous entend "restaurant traditionnel"(ape 5610A) ou tous type de restaurant y compris "restaurant rapide(APE 5610C) car le code ape diffère en sachant que le code ape de"salon de thé" est identique à celui de "restauration rapide"? Serai je ennuyer si je fais de la restauration rapide avec livraison? Merci d'avance

9 Publié par Visiteur
04/09/2017 13:29

Bonjour Maître,

Je loue un local commercial depuis Juillet 2016.

En Août 2016 un vol à eut lieu et ma porte facade à été déclarée irréparable par 2 experts en assurances.

Ce préjudice m'as empêché jusqu'à aujourd'hui à pouvoir travailler correctement et développer mon chiffre d'affaire. En effet je suis censé mettre une vitrine qui donne sur l’extérieur pour vendre mes produits. Cette porte étant cassée je ne peux pas le faire.

Tous les mois je contacte l'agence immobilière qui gère mon local pour avoir des informations sur les travaux mais ils font la sourde oreille.
Or, j'ai apprit récemment que mon propriétaire avait reçu 7000 € de l'assurance en Décembre 2016 pour faire changer ma porte.

Je possède tous les justificatifs : rapports d'expertises et preuve du règlement versé en Décembre.

Puis je demander le remboursement des sommes que j'ai dépensé pour acquérir ce bail commercial ?

Merci pour vos conseils.

10 Publié par Visiteur
13/09/2017 13:50

Bonjour Maître,

J'exerce une profession libérale dans un local commercial, j'ai acheté le droit au bail et suis sujet à un bail commercial.

À la fin de ce bail, le propriétaire peut - il décider de changer le bail commercial en bail professionnel? Dans ce cas, le droit au bail est-il perdu?

Merci d'avance pour votre réponse

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