Les principales obligations du bailleur d’un local commercial envers son locataire preneur à bail

Publié le Modifié le 17/10/2014 Vu 429 268 fois 471
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La charge des obligations d'entretien, de réparation, de garantie des locaux commerciaux sont loin d'être neutre financièrement. Bien que celle-ci soit fixé par la loi, il est possible aux parties d’en convenir différemment aux termes du contrat de bail.

La charge des obligations d'entretien, de réparation, de garantie des locaux commerciaux sont loin d'être ne

Les principales obligations du bailleur d’un local commercial  envers son locataire preneur à bail

Le bailleur d’un local commercial est tenu envers son locataire de :

- Mettre le local loué à la disposition du locataire, preneur à bail, (I),

- Entretenir le local donné à bail (II),

- Garantir au locataire, preneur à bail, une occupation paisible (III).

I - L’obligation du bailleur de mise à disposition d’un local commercial au profit de son locataire preneur à bail

A titre liminaire, la mise à disposition du local commercial au profit du locataire suppose que le bailleur lui remette les clefs lors de la signature du bail commercial ou de l’état d’entrée dans les lieux.

A cet égard, il convient de recommander aux bailleurs d’éviter de remettre les clefs du local au locataire avant la signature du contrat de bail afin que le locataire ne refuse pas de signer le bail ou certaines clauses du bail.

A défaut, le bailleur ne disposerait d’aucun recours tendant à contraindre l’occupant à signer son bail.

Concrètement, la mise à disposition du local suppose que celui-ci soit en bon état de réparations, que les infrastructures soient en bon état de fonctionnement (sanitaires, eau, conduit de cheminée, chauffage, gaz, électricité) et puisse servir à l’usage pour lequel il est loué.

Ainsi, si le bail prévoit que le bien loué est en parfait état, le preneur pourrait exiger de son bailleur, avant son entrée dans les lieux, qu’il réalise  les travaux nécessaires afin d’assurer ce parfait état.

Par conséquent,  il est recommandé aux bailleurs de mentionner expressément dans le bail commercial que le preneur reçoit le local dans l’état où il se trouve et qu’il déclare bien connaître pour l’avoir visité et contrôlé.

Enfin, il est fréquent que le bail commercial dispense le bailleur de mettre le local loué en bon état de réparations de toute espèce.

Il s’agit d’une dérogation contractuelle à l’obligation légale précitée du bailleur, qui n’interdit pas au preneur d’exiger la mise en état de dégradations existantes et dont il n’aurait pu se rendre compte au moment de la conclusion du bail.

Le cas échéant, le preneur à bail devra négocier le montant du loyer à la baisse afin d’en tenir compte.

II - L’obligation du bailleur d’entretenir le local donné à bail et d’effectuer les réparations nécessaires autres que locatives

L’obligation d’entretien du bailleur signifie qu’il doit effectuer tous les travaux et réparations nécessaires afin que le local reste conforme à sa destination, autres que les réparations locatives

Concrètement cela consiste au changement des papiers peints, peintures, moquette, parquet, revêtement des sols et plafonds qui seraient devenus vétustes suite à un usage normal.

Il est d’usage de considérer que les peintures et tapissages de qualité moyenne sont amortis après neuf ans, de sorte que le preneur puisse exiger de son bailleur qu’il prenne à sa charge leur changement.

Le bailleur devra également se charger du curement des puits et fosses septiques.

Surtout, les articles 605 et 606 du code civil sont souvent visés dans les baux commerciaux.

Selon l'articles 605 alinéa 2 du code civil :

"Les grosses réparations demeurent à la charge du propriétaire, à moins qu'elles n'aient été occasionnées par le défaut de réparations d'entretien, depuis l'ouverture de l'usufruit ; auquel cas l'usufruitier en est aussi tenu".

L'article 606 du code civil dispose que :

"Les grosses réparations sont celles des gros murs et des voûtes, le rétablissement des poutres et des couvertures entières.

Celui des digues et des murs de soutènement et de clôture aussi en entier.

Toutes les autres réparations sont d'entretien'.

Aux termes de ces dispositions légales, le bailleur est tenu d'exécuter les « grosses réparations » telles que décrites dans ce second article, de manière limitative.

Ainsi, le bailleur est tenu des grosses réparations ou des gros travaux, à savoir :

- la réparation des  toitures, gouttières, murs, cheminées ;

- la réfection des planchers et des escaliers ;

- les réparations locatives lorsqu’elles sont dues à la vétusté ou à la force majeure.

S’agissant de ces réparations, le bailleur pourra en être déchargé si elles sont dues à la faute du locataire.

De la même manière, le bail commercial peut parfaitement stipuler que les grosses réparations incombant normalement au bailleur doivent être exécutées par le preneur et aux frais du preneur, à condition que la clause soit précise.

Il a ainsi été jugé que la clause d’’un bail stipulant que « les grosses réparations incombant normalement au bailleur seront à charge du preneur » n’était pas suffisamment précise et qu’il soit nécessaire d’y ajouter : « telles seront notamment les réparations effectuées à la toiture », ou « …y compris les réparations dues tant à la vétusté qu’à la force majeure ».

Enfin, la jurisprudence considère que la réparation des dégâts causés sur la porte ou la vitrine suite à un vol commis dans le bien loué incombent au propriétaire en l’absence de faute du preneur et de clause particulière dans le contrat de bail commercial.

En outre, la jurisprudence exonère le bailleur d’effectuer les travaux exigés par les autorités publiques ou imposés par de nouvelles réglementations de sécurité, à moins que le bail commercial n’en dispose autrement. 

Ces travaux, dont le coût peut se révéler supérieur au montant du loyer annuel pour une année donnée, peuvent, s'ils ne sont pas exécutés, justifier le prononcé de la résiliation du contrat de bail aux torts du bailleur.

Lorsque les juges sont sollicités pour interpréter les clauses du contrat de bail commercial, et particulièrement la clause de charges, l'interprétation se fera à la faveur du locataire.

Il est donc recommander aux parties de bien veiller à la rédaction des baux commerciaux qu’elles sont amenées à conclure et de prévoir de manière précise le type de charges incombant au bailleur ou au preneur lors de la rédaction de leur contrat.

III - Le bailleur d’un local commercial doit garantir à son locataire une occupation paisible

L’obligation de garantir une occupation paisible se décompose en trois garanties distinctes :

- La garantie du fait personnel : le bailleur ne peut pas troubler l’occupation du preneur en faisant certains actes de nature à occasionner un trouble, sauf s’il s’agit de travaux urgent (exemple : il ne peut pas réaliser des travaux d’amélioration ni changer le système de chauffage dans le local donné à bail sans l’accord du locataire, pénétrer dans l’immeuble pour vérifier si le preneur entretient correctement le bien, etc …)

- La garantie du fait des tiers : il s’agit des troubles de jouissance à l’occupation du preneur de la part de tiers. A la différence des troubles de fait, la jurisprudence impose au bailleur de garantir le preneur contre le trouble de droit. Cette situation se présente lorsque par exemple, une tierce personne prétend être propriétaire de l’immeuble et veut expulser le locataire arguant que le bailleur n’avait aucun droit de donner l’immeuble en location. Si le bailleur est condamné, le preneur évincé pourra lui réclamer des dommages et intérêts.

- La garantie des vices cachés : il s’agit des défauts de l’immeuble loué qui en empêchent l’usage normal ou qui diminuent cet usage, ne permettant donc pas au preneur d’occuper normalement l’immeuble. Les vices sont cachés lorsque le preneur n’aurait normalement pas pu se rendre compte de leur existence au moment de la conclusion du bail (exemples : l’invasion de cancrelats, la déficience de l’installation électrique, une fuite dans les canalisations ne provoquant d’inondations qu’au cours de fortes pluies, l’humidité dans une cave, etc …). Si le vice rend impossible l’usage de la chose louée, le preneur pourra demander la rupture du contrat avec dommages et intérêts. Par contre, le bailleur n’est pas tenu de garantir le locataire contre les vices apparents, c'est-à-dire ceux dont le preneur a pu se rendre compte de leur existence au moment de la conclusion du bail ou  relevés dans l’état des lieux. Le bailleur peut insérer une clause dans le bail aux termes de laquelle il s’exonère de son obligation de garantie des vices cachés ou ne répondra pas de tels ou tels vices cachés.

Je suis à votre disposition pour toute information ou action.

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Anthony Bem
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1 Publié par Maitre Anthony Bem
29/09/2014 15:13

Bonjour Marj8381, seule une activité de restauration prévue au bail permet au locataire d'imposer à son bailleur à ses frais l'installation d'un conduit d'extraction des odeurs. Le bail tous commerces met donc le coût de cette installation à la charge du preneur. Il s'agit d'un aspect technico-juridique très précis et difficile à appréhender pour le locataire mal ou non conseillé au moment de la conclusion de son bail et susceptible de devenir financièrement très préjudiciable. Cordialement.

2 Publié par Visiteur
30/09/2014 14:08

est-ce les mêmes obligations pour un usufrutier ?

3 Publié par Maitre Anthony Bem
30/09/2014 14:48

Bonjour rct, oui les obligations et droits des usufruitiers sont les mêmes que ceux du défunt puisqu'ils viennent en ses lieu et place. Cordialement.

4 Publié par Visiteur
02/10/2014 08:34

Bonjour Maitre, mon propriétaire de local commercial se rend à mon local plusieurs fois par semaine (et en présence de clients, témoins à l'appuis) pour me réclamer les impots fonciers alors qu'il n'a même pas encore recu sa feuille d'imposition. Que puis-je faire?

5 Publié par Maitre Anthony Bem
02/10/2014 08:59

Bonjour Seb, le bailleur n'a pas le droit de venir visiter le local sans prévenir. De plus, votre bail doit prévoir les cas et le formalisme de la demande de visite. Un courrier recommandé avec accusé de réceptione semble donc nécessaire pour acte les violations contractuelles de votre propriétaire et le mettre en demeure d'avoir à cesser sauf à engager sa responsabilité juridique. Cordialement

6 Publié par Visiteur
04/10/2014 19:53

Bonjour maître , on a louer un local commercial le 15/08/14 et quand on a fait l'état des lieux ,le propriétaire nous a di que il manquera juste le compteur d'électricité , et qu'il va contacter edf pour l'installer , mais jusqu'à présent ce n'est pas fait parceque EDF constate qu'il faut faire une création vue que le local n'est pas lié au réseau électrique, il y a un agent EDF qui a passé hier pour voir et il a nous dis que ça va prendre un peux de temp et la liaison électrique ça sera fais vers mi novembre qu tous va bien passer,
La on a marre et on veux résilié le bail et récupérer le 1er loyer et la caution , parceque c'est mal commencé de toutes les côtés ,
Quesque vous nous cons conseil maître .

Veuillez agréer mes sincère remerciement maître .

7 Publié par Maitre Anthony Bem
04/10/2014 20:30

Bonjour Destok, il faut en effet que vous négociez une franchise de loyer et sollicitiez auprès de votre bailleur qu'il respecte son obligation de délivrance d'un local permettant une jouissance paisible. Je peux vous proposer de lui adresser une mise en demeure si vous le souhaitez le cas échéant. Cordialement.

8 Publié par Visiteur
05/10/2014 10:16

Bonjour Maître,
Je suis locataire d'un local commercial. Je n'ai plus d'eau dans ma cuisine car j'ai repéré une fuite. Une recherche de fuite a l'initiative du gestionnaire de l'immeuble a démontré que la fuite se situait sur la partie d'une canalisation encastrée dans le mur de la cave (partie privative), laquelle appartient à mon propriétaire.
Or, le plombier ne pouvant réparé la fuite a été contraint de fermer la vanne de la canalisation qui fuit et qui alimentait en eau ma cuisine. Le gestionnaire appelle cela des "travaux locatifs" qu'il a mis à ma charge au prétexte que la fuite se situe après mon compteur d'eau. Mon assurance est intervenue pour dire que cette intervention incombait au propriétaire mais rien ce passe depuis 2 ans.
De plus l'agence me réclame les charges d'entretien des parties communes de l'immeuble alors que je n'y ai pas accès et que je n'ai jamais eu la clé de la porte d'entrée de l'immeuble. Suis-je redevable de ses charges ?

9 Publié par Maitre Anthony Bem
05/10/2014 11:50

Bonjour Jean-Michel, je vous confirme que ces charges incombent à votre bailleur. et il me semble que seule une procédure judiciaire permettra de solutionner le problème de la fuite. Cordialement

10 Publié par Visiteur
05/10/2014 12:41

Merci Maître pour votre réactivité et pardon pour les fautes de frappe.

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