Successions internationales : de l’opportunité de changer de pays pour déshériter ses enfants

Publié le 03/10/2013 Vu 18 153 fois 21
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Le règlement (UE) du 4 juillet 2012 qui sera applicable à partir du 17 août 2015 permettra aux citoyens français de déshériter un ou plusieurs héritiers, de sorte que le droit des successions français qui protège actuellement les enfants et les conjoints en leur réservant une part minimum de l’héritage s'en trouvera profondément modifié.

Le règlement (UE) du 4 juillet 2012 qui sera applicable à partir du 17 août 2015 permettra aux citoyens fra

Successions internationales : de l’opportunité de changer de pays pour déshériter ses enfants

Déshériter ses enfants ? un objectif fréquemment envisagé possible à compter du 17 août 2015.

En effet, à cette date entrera en vigueur le règlement UE n° 650/2012 adopté par le Conseil de l'Union européenne et le Parlement européen.

Ce règlement s’apprête à bouleverser le droit des successions internationales en France.

Outre une simplification de notre système actuel, il offre la possibilité aux personnes de choisir le droit applicable au moment de l’ouverture de leur succession.

Il sera ainsi possible de supprimer la réserve héréditaire française qui procure, de manière obligatoire aux descendants directs, une part minimum de l’héritage, rendant par conséquent inopérante la volonté de déshériter en totalité ses enfants.

La succession d'une personne est internationale quand cette dernière décède :

  • dans un Etat autre que celui dont elle a la nationalité et qui possède des biens dans  différents pays.
  • dans le pays dont il a la nationalité et qui possède des biens dans différents pays.

En France, la loi applicable en matière de succession internationale varie selon la nature de la succession en cause.

La succession immobilière est régie par la loi du lieu de situation de l’immeuble, tandis que la succession mobilière est régie par la loi du dernier domicile du défunt.

Une pluralité de droits est susceptible d’avoir à s’appliquer.

Il en ira ainsi, par exemple, d’un allemand domicilié en France qui décède en France, laissant des immeubles répartis entre l’Allemagne et la France ainsi qu’un compte bancaire en Suisse.

Les biens immobiliers situés en Allemagne reviendront aux héritiers désignés par la loi allemande et ceux situés en France reviendront aux héritiers désignés par la loi française, en application de la loi du lieu de situation de l’immeuble.

En revanche, le compte bancaire, considéré comme un bien meuble, reviendra aux héritiers désignés par la loi française, en application de la loi du dernier domicile du défunt.

Un morcellement des règles successorales rend la liquidation des successions internationales complexe.

Cette complexité se trouve encore accentuée dans la mesure où chaque pays connait sa propre règlementation.

Ainsi, un certain nombre d’Etats permettent au futur défunt de choisir la loi applicable à sa succession (par exemple Finlande, Pays-Bas) alors que d’autres le refusent (France par exemple).

En outre, certains Etats consacrent le système scissionniste, lequel applique la loi du domicile du défunt pour les meubles et la loi de situation pour les immeubles ou loi nationale pour les meubles et loi de situation pour les immeubles, tandis que d’autres consacrent le système unitaire, lequel soumet l'ensemble de la succession à la seule loi nationale ou du domicile.

Le 4 juillet 2012, un règlement européen a ainsi été adopté afin d’unifier les règles de succession internationale.

Entrant en vigueur le 17 août 2015, ce texte vise tous les Etats membres de l’Union européenne, à l’exception du Danemark, du Royaume-Uni et de l’Irlande.

Il prévoit qu’au décès d’un citoyen de l’Union européenne, les règles de succession applicables sont celles de sa dernière résidence habituelle, à moins qu’il n’ait décidé par testament de rendre applicable celles de son pays d’origine.

Plus précisément, il suffit qu’une personne ait sa dernière résidence habituelle sur le territoire d’un Etat membre, même si sa nationalité est celle d’un Etat tiers, pour que le règlement s’applique.

Ainsi, relèvera du règlement la succession d’un algérien dont la résidence habituelle se trouve en Allemagne ou la succession d’un américain dont la résidence habituelle se trouve en Italie.

De même, relèvera du règlement la succession d’un français qui réside habituellement en France mais qui possède de nombreux biens hors de France.

Par conséquent, tout changement de résidence entraînera un changement de la loi applicable.

De ce fait, il peut être intéressant de choisir, par acte testamentaire, la soumission de sa succession à la loi de son pays d’origine afin de planifier en toute sécurité les modalités de transmission de son patrimoine.

En France, la première conséquence qui découle de ce règlement est la suppression de la distinction entre la succession mobilière (loi du dernier domicile) et la succession immobilière (loi du lieu de situation du bien).

En effet, à partir du 17 août 2015, les règles de compétences internationales en matière de successions ne distingueront plus successions mobilière et immobilière.

La disparition de cette scission entraînera une convergence des compétences législative et juridictionnelle.

Ainsi, un allemand domicilié en France qui décède en France, laissant des immeubles répartis entre l’Allemagne et la France ainsi qu’un compte bancaire en Suisse, verra la totalité de ses biens régis par la loi française en application de la loi de la dernière résidence habituelle du défunt.

Alors qu’une simplification du droit français en la matière ne peut être que saluée, ce règlement engendre cependant une autre conséquence de taille pour les héritiers.

La règle française de la réserve héréditaire sera contournable pour les successions ouvertes au 17 août 2015.

En effet, si la loi applicable en matière de succession internationale devient celle du dernier pays de résidence, il suffira au futur défunt de s’installer dans un pays qui ne connaît pas la réserve héréditaire.

Par exemple, sauf à décéder avant le 17 août 2015 - ce qui serait regrettable - il est tout à fait envisageable et légal d’acheter un pied à terre en Angleterre ou en Irlande afin d’attribuer cette partie conséquente de l’héritage à qui l’on souhaite.

Si cette mesure peut paraître extrême, il ne faut pas douter ni sous-estimer la motivation de certains à avantager la personne de leur choix et/ou à déshériter leurs enfants.

Ce nouveau règlement européen bouleverse ainsi le droit français en la matière.

S’il simplifie le système de succession internationale français, il n’est pas exempt de toute complexité et soulève nombre d’autres questions auxquelles je répondrais dans mes prochains articles.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
28/10/2015 22:43

Bonjour maître.
Je vis près de l'Allemagne, à Strasbourg et j'envisage d'habiter à Kehl, en Allemagne.
Quel serait le régime en matière de succession le plus avantageux pour moi (j'ai deux fils)?
Si j'ai bien compris, je peux choisir l'un ou l'autre celui de ma résidence principale ou par testament celui de mon pays d'origine.
D'avance merci pour vos éclaircissements.

2 Publié par Maitre Anthony Bem
29/10/2015 09:25

Bonjour Élise,

En effet, vous avez le choix de la loi applicable sur votre succession.

Sur l'opportunité du choix de la loi allemande plutôt que celle française, il me faudrait disposer de plus d'éléments d'information sur l'actif successoral.

Le cas échéant, je vous invite à me consulter en privé.

Vous pouvez prendre connaissance de mes différentes modalités de consultation dans la rubrique "services" en haut de page.

Cordialement.

3 Publié par Visiteur
16/02/2016 21:16

Bonsoir Maitre
Je vous avais déjà posé la question je suis réduisent luxembourgeois et ayant un bien en Corse
Lors de mon décès vous m avez dit que je tombais sur le régime luxembourgeois mais certaines personne s me dit oui sur le régime luxembourgeois mais sur le régime fiscal français c est à dire que mes enfants en cas d héritage devront payer un impôt de 30 pct tandis qu au luxembourg il est quasi néant Pouvez vous m'orienter Merci d'avance

4 Publié par Visiteur
22/04/2016 17:56

Bonsoir Maitre j'ai 3 enfants de 2 femmes différentes je possède quelques bien en France et une villa en Espagne que dois faire pour que mes 2 premiers enfants ne touche rien après mon décès et que tout puisse revenir à mon dernier enfant

Bien à vous

5 Publié par Maitre Anthony Bem
23/04/2016 07:25

Bonjour Gaetan et Yves,

Afin de me permettre de prendre connaissance de vos situations personnelles en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "services" en haut de cette page.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
10/09/2016 11:47

Bonjour,
Je réside en Indonésie avec femme et enfant et je pense abdiquer ma nationalité française pour pouvoir bénéficier de la nationalité indonésienne, ceci afin de pouvoir travailler en Indonésie plus facilement.
ma question est : pourrais bénéficier de ma part d'héritage lorsque ma maman partira et sous quelles conditions ? est-il moins intéressant de ne pas changer de nationalité ou peut-être est-c plus intéressant coté taxes ?
un grand Merci pour votre aide.
Bonne journée à vous **

7 Publié par Visiteur
26/02/2018 14:16

Bonjour Maitre
Je suis de nationalité Française, je posséde quelques bien en France, j'ai 3 enfants de 2 femmes différentes et je souhaiterais léguer la totalité de mes biens à mon dernier enfant, si je dois pour cela vivre ma retraite et finir mes jours dans un autre pays, quel sont les pays qui ne pratique pas la réserve héréditaire ?

8 Publié par Visiteur
07/03/2018 08:57

Bonjour Maître
Remarié depuis 25 ans ( sans enfant ) mais j’ai 2 enfants d’un premier lit dont 1 dont je n’ai aucune nouvelle depuis 11 ans après altercation dûe à sa consommation de canabis et d’alcool
J’ai 71 ans et je souhaite trouver une solution pour ne rien laisser à cet enfant que j’avais beaucoup aidé à s’en sortir sans résultat.
Partir dans autre pays au soleil ? ( assur vie c’est déjà fait ) mais où ? Espagne Portugal où autre mais sans réserve héréditaire.
Merci pour votre aide
Bien cordialement
JJ Barbet

9 Publié par Visiteur
07/03/2018 09:38

Bonjour Maitre,
Est ce que le Portugal pratique ou pas la réserve héréditaire.
Cordialement .

10 Publié par Maitre Anthony Bem
10/03/2018 11:33

Bonjour lavrite,

Il existe en effet une réserve héréditaire au Portugal.

Celle-ci est attribuée au conjoint, aux ascendants et aux descendants.

Elle s‘élève à 50% si seuls le conjoint ou les parents sont désignés, ou à un tiers si des ascendants sont désignés.

Si seul un descendant est désigné, cette réserve s‘élève toujours à 50 %.

Dans tous les autres cas, elle est au moins des deux tiers de la succession.

Enfin, je vous indique qu’un testament ne peut pas valablement remettre en cause la réserve héréditaire.

Cordialement.

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