Le bornage d'un terrain : un droit pour tout propriétaire

Publié le Modifié le 23/03/2017 Vu 205 318 fois 162
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Quelles sont les règles relatives au bornage de propriétés ?

Quelles sont les règles relatives au bornage de propriétés ?

Le bornage d'un terrain : un droit pour tout propriétaire

Contrairement à une idée reçue, le cadastre ne constitue pas un titre de propriété au sens juridique, mais seulement une présomption contre laquelle les propriétaires ont un droit de recours.

En application de l’article 646 du code civil : « tout propriétaire peut obliger son voisin au bornage de leur propriété contigu. Le bornage se fait à frais communs » et consiste à déterminer par des marques apparentes appelées borne, la limite séparative de deux propriétés.

Le bornage est demandé par un propriétaire lorsque celui-ci ignore les limites de son bien ou qu’il craint d’être victime d’un empiétement de la part de son voisin.

Pour éviter les conflits de voisinage, il est utile de connaître parfaitement les limites de sa propriété. Indispensable pour ne pas s'engager dans une construction en limite de propriété qui risque en fait de mordre sur le terrain mitoyen... et qui par conséquent devra être détruite.

Le bornage peut être demandé dès l’instant que les propriétés sont contiguës ou considérées comme telles, par exemple lorsqu’il n’existe en sol qu’un sentier privé, un ravin ou un ruisseau.

Il n’y a pas à distinguer entre les immeubles ruraux et les immeubles urbains puisque le droit d’obtenir le bornage existe pour ces deux types d’immeubles sauf si les bâtiments se touchent et à condition qu’il n’y ait pas entre eux une séparation incontestable.

C’est le géomètre-expert qui a compétence pour y procéder soit avec l’accord des parties, soit dans le cadre d’une procédure spéciale en utilisant les éléments de preuve ou les présomptions de propriété dont il dispose après avoir tracé par l’arpentage la ligne séparative entre les fonds intéressés par l’opération.

Un procès-verbal dit d’abornement ou plus simplement de bornage est ensuite dressé, signé des parties et du géomètre, ou à défaut d’accord homologué par le tribunal et publié au Livre Foncier en Alsace-Moselle ou à la conservation des hypothèques dans le reste de la France après avoir été déposé avec reconnaissance d’écriture et de signature aux minutes d’un notaire pour être dans l’avenir opposable aux tiers.

Lorsque toutes les parties sont d’accord, le bornage se fait à l’amiable et le plus souvent l’une des parties oppose la force de l’inertie soit parce qu’elle refuse d’en assumer les frais, soit parce qu’elle craint que la vérification puisse lui être défavorable. Pour vaincre cette inertie ou cette opposition, l’autre partie doit exercer une action judiciaire à savoir l’action en bornage.

En cas de bornage amiable, si le voisin n’a pas voulu signer le procès-verbal l’opération ne lui est pas opposable et, pour le lui rendre soit opposable, il est nécessaire d'exercer une action en bornage afin d’obtenir une décision judiciaire qui lui sera opposable.

Ce droit de demander le bornage est imprescriptible, mais l’article 646 du code civil est seulement applicable aux immeubles du domaine privé, la délimitation des immeubles du domaine public étant de la compétence de l’autorité administrative.

En cas de contestation de la part des particuliers, ceux-ci doivent s’adresser aux tribunaux administratifs pour reprendre la surface soustraite à leur propriété.

S’ils sollicitent uniquement une indemnité, les tribunaux judiciaires sont compétents.

Lorsqu’un précédent bornage a été effectué entre deux propriétés, soit à l’amiable, soit judiciairement, il n’y a pas lieu à nouveau bornage sauf à démontrer le déplacement ou l’enlèvement des bornes ou une erreur viciant la convention.

Le bornage qui n’a pas été fait contradictoirement est sans valeur à l’égard de la partie qui n’a pas signé la convention.

Ni le Code civil, ni le Code de procédure civile n’ont organisé l’action en bornage dont les principes ont été dégagés tant par la jurisprudence que par la doctrine.

L’action en bornage est à la fois de la compétence du Tribunal d’instance du lieu de la situation des immeubles lorsque la propriété et les titres ne sont pas contestés, du Tribunal de grande instance du même ressort en cas de contestation sérieuse du droit de propriété.

Les aspects procéduraux sont relativement peu intéressants pour le commun des mortels aussi je ne m'attarderais pas sur ces derniers dans le cadre du présent article.

Après délimitation des propriétés par le géomètre, des marques matérielles sont placées.

En principe ce sont des pierres appelées bornes plantées dans le sol à chaque angle entouré au pied de fragments de pierres appelés témoins ou garants. Cette opération matérielle est faite en présence ou après appel des parties.

Les opérations de bornage sont constatées dans un procès-verbal d’abornement contenant un plan ou un croquis des lignes séparatives et mentionnant la situation des bornes.

Ce document devient définitif dès lors qu’il est signé par toutes les parties en cause, ou homologué par le tribunal.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
03/01/2018 13:19

Nous avons effectué par un géomètre expert un bornage entre notre propriété et la voie rurale en présence de notre maire qui a donné son accord verbal lors de ce bornage. Il nous informe par courrier qu'il n'est pas en mesure de valider ce bornage étant donné ´´qu'un riverain non concerne le contesté'´ qu'il doit demander à l'état des plans et la nature exacte de la voie (le devis de notre géomètre indique voie rurale et la décision d'un conseil juridique. Cela fait 7 mois. Pouvez vous me conseiller. Avec mes remerciements.respectueusement

2 Publié par Visiteur
09/02/2018 12:46

Bonjour.

Dans le cadre d'un bornage judiciaire, l'ensemble des riverains est-il tout autant sollicité que dans un bornage classique ?

Ou si l'un des riverains n'est pas sollicité à la signature du PV de bornage, est-il possible que le bornage ne lui soit pas opposable ?

D'avance, merci.

3 Publié par Visiteur
12/02/2018 03:39

Bonjour Maître

Après qu'il m'ait donné sa parole, mon voisin et moi, avons signé un PV de bornage amiable stipulant un échange de terrain qui me permettait de récupérer ma servitude de passage.

Par la suite, il est revenu sa décision , en refusant de réaliser cet échange sous prétexte que le PV de bornage n'est pas un contrat, ni une convention.

Je voudrais savoir si nos signatures peuvent donner une valeur contractuelle au PV de bornage?

D'avance, je vous en remercie.

4 Publié par Visiteur
09/03/2018 19:01

Bonjour Maître
Suite à la signature d’un compromis pour un terrain il a été marqué « une surface d’environ 1500 m2  » pour un certain prix, je précise que le terrain n’a pas encore été bornée quel écart reste tolérable pour le « environ 1500m2 »

5 Publié par Visiteur
09/03/2018 20:05

Bonsoir Maitre
Une construction d'un abri de jardin a été réalisée
Une dalle a été construite avec un dépacement de 5 m2 sur le terrain de mon voisin
Je l'ai fait enlevée

Mon voisin me demande aujourd'hui de justifier par constat écrit établi par un géometre le bon emplacement de ladite construction sur mon terrain
En a t-il le droit et qui doit payer les frais ?
Sachant que cette construction est sur mon terrain qui a déjà été borné ?
Merci de votre réponse

6 Publié par Maitre Anthony Bem
10/03/2018 08:28

Bonjour Alex35

Selon la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis, applicable aux ventes immobilières portant sur des lots de copropriété :

« Si la superficie de la partie privative est supérieure à celle exprimée dans l’acte, l’excédent de mesure ne donne lieu à aucun supplément de prix.

Si la superficie de la partie privative est inférieure de plus d’un vingtième à celle exprimée dans l’acte, le vendeur, à la demande de l’acquéreur, supporte une diminution du prix proportionnelle à la moindre mesure.

L’action en diminution du prix doit être intentée par l’acquéreur dans un délai d’un an à compter de l’acte authentique constatant la réalisation de la vente, à peine de déchéance ».

Ainsi, cette action est ouverte à l’acquéreur si, et seulement si, la superficie privative du bien acheté est inférieure à plus d’un vingtième à celle exprimée dans l’acte de vente.

De plus, le Code civil, applicable à toute vente immobilière, prévoit que le vendeur d’un bien immobilier est tenu envers l’acheteur du respect d’une obligation de délivrance et de délivrer la « contenance telle qu’elle est portée au contrat ».

A défaut, l’acheteur peut agir en diminution proportionnelle du prix de vente, pour obtenir la condamnation du vendeur à lui restituer le montant proportionnel du prix de vente à la moindre mesure.

Il s’agira concrètement de la restitution de la totalité du prix correspondant à tout mètre carré manquant.

Cette action doit être intentée dans l’année qui suite l’acte authentique de vente.

Enfin, cette action est ouverte même en l'absence de preuve d’un préjudice, ou si l’acquéreur avait connaissance de l’erreur sur la superficie mentionnée.

Selon la jurisprudence, la régularisation d’un acte de vente immobilière n’emporte pas renonciation à l’action en réduction du prix.

Ainsi, dans votre cas il n’y a pas de superficie ou seuil limite justifiant un écart de superficie.

Cordialement.

7 Publié par Maitre Anthony Bem
10/03/2018 08:34

Bonsoir yo,

Si votre voisin vous demande de justifier par un géomètre le bon emplacement de votre borne, il lui appartient de payer les frais du bornage car cette construction est sur votre terrain et que ce dernier a déjà été borné.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
11/03/2018 20:25

Bonsoir,
Ma mère, qui vit dans sa maison depuis 1974 vient de recevoir un courrier d'un géomètre expert pour un bornage amiable. La personne qui a fait cette démarche vient de construire sa maison, le bornage n'aurait il pas du être fait avant la construction? Le courrier est adressé à mon père DCD depuis 13 ans et à ma mère atteinte d'alzheimer. La maison est en indivision, n'aurait on pas du être tous convoqués. MERCI

9 Publié par Visiteur
12/03/2018 22:34

Bonsoir maître,
Ma voisine fait édifier (après déclaration de travaux acceptée par la mairie) un mur entre nos 2 terrains contigus mais sans bornage et sans que l'on ait pu en discuter car non avisé. Nous ne sommes pas d'accord, nous pensons qu'elle empiète sur notre terrain. Elle refuse de partager les frais car c'est nous qui demandons le bornage amiable. Sa référence est le cadastre et un avis de notaire. Pourquoi devrions nous payer seul pour faire valoir nos droits. Peut-on directement demander le bornage judiciaire et qui paie?Merci pour votre réponse, cela devient très urgent

10 Publié par Maitre Anthony Bem
12/03/2018 23:19

Bonsoir Josby,

Pour savoir si elle empiète sur votre terrain, à défaut de possibilité de bornage amiable, il vous faut solliciter du juge qu’il désigne un géomètre expert.

L’avance de frais pour le bornage judiciaire est à la charge de celui qui en fait la demande.

Les frais de bornage sont néanmoins partagés à la fin de la procédure.

Cordialement.

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