Sanction du non respect du délai légal de signification pour notifier un jugement

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Outre son rôle d’information, la notification du jugement à l’égard des parties au procès est essentielle en ce qu’elle conditionne d’une part, la possibilité de faire exécuter le jugement et, d’autre part, le point de départ du délai de recours en appel.

Outre son rôle d’information, la notification du jugement à l’égard des parties au procès est essentie

Sanction du non respect du délai légal de signification pour notifier un jugement

La procédure d'exécution des décisions de justice est strictement encadrée par le code de procédure civile qui fixe notamment des délais.

Divers délais et situations sont ainsi fixés par le législateur pour notifier aux parties les décisions de justice ou pour initier un recours à leur encontre.

L’article 651 alinéa 1er du code de procédure civile dispose que :

« Les actes sont portés à la connaissance des intéressés par la notification qui leur en est faite ».

Une fois prononcé, un jugement n’est pas automatiquement porté à la connaissance des parties au procès par la juridiction qui en est l'auteur mais doit être signifié par voie d'huissier de justice.

A cet égard, l’article 503 du code de procédure civile dispose que :

« Les jugements ne peuvent être exécutés contre ceux auxquels ils sont opposés qu'après leur avoir été notifiés, à moins que l'exécution n'en soit volontaire. »

Le 29 janvier 2004, la Cour de cassation a déclaré que « les jugements, même passés en force de chose jugée, ne peuvent être exécutés contre ceux auxquels ils sont opposés qu'après leur avoir été régulièrement notifiés, à moins que l'exécution n'en soit volontaire » (Cass. Civ. II, 29 janvier 2004, n° 02-15219).

Autrement dit, la notification du jugement par voie d'huissier de justice est une condition préalable à son exécution forcée.

En outre, l’article L. 111-4 alinéa 1er du code des procédures civiles d’exécution dispose que :

« L'exécution des titres exécutoires mentionnés aux 1° à 3° de l'article L. 111-3 ne peut être poursuivie que pendant dix ans, sauf si les actions en recouvrement des créances qui y sont constatées se prescrivent par un délai plus long ».

Il en résulte que la notification du jugement doit être obligatoirement effectuée dans le délai légal de 10 ans à compter de son prononcé.

A défaut, la partie condamnée pourra opposer cet argument en défense afin d'empêcher l’exécution forcée du jugement.

Par ailleurs, il convient de souligner que le délai de notification du jugement est différent lorsque le jugement est rendu par défaut ou réputé contradictoire.

En effet, l’article 478 alinéa 1 du code de procédure civile dispose que :

« Le jugement rendu par défaut ou le jugement réputé contradictoire au seul motif qu'il est susceptible d'appel est non avenu s'il n'a pas été notifié dans les six mois de sa date ».

Autrement dit, si le jugement a été rendu par défaut ou est réputé contradictoire au seul motif qu’il est susceptible d’appel, le délai de notification est de 6 mois à compter du prononcé du jugement.

Le jugement est rendu par défaut lorsque, de manière cumulative :

  • le défendeur ne comparaît pas ;

  • la décision est rendue en dernier ressort ;

  • la citation en justice n’a pas été délivrée à personne.

Le jugement est réputé contradictoire lorsque, de manière cumulative :

  • le défendeur ne comparaît pas ;

  • la citation en justice a été délivrée à personne ou la décision est susceptible d’appel.  

A défaut de notification dans ce délai, le jugement sera non avenu et de nul effet et le défendeur pourra valablement et utilement s’opposer à la tentative d’exécution forcée du jugement devant le juge de l'exécution.

Enfin, selon l’article 528 du code de procédure civile :

« Le délai à l'expiration duquel un recours ne peut plus être exercé court à compter de la notification du jugement, à moins que ce délai n'ait commencé à courir, en vertu de la loi, dès la date du jugement .

Le délai court même à l'encontre de celui qui notifie ».

A cet égard, le 3 mai 2007, la Cour de cassation a rappelé que ce délai de recours « part de la notification à la partie elle-même », si tant est que la notification soit régulière (Cass, Civ II, 3 mai 2007 n°06-10949).

Toutefois, ce droit d’exercer un recours est limité dans le temps.

En effet, l’article 528-1 du code de procédure civile dispose que :

« Si le jugement n'a pas été notifié dans le délai de deux ans de son prononcé, la partie qui a comparu n'est plus recevable à exercer un recours à titre principal après l'expiration dudit délai.

Cette disposition n'est applicable qu'aux jugements qui tranchent tout le principal et à ceux qui, statuant sur une exception de procédure, une fin de non-recevoir ou tout autre incident, mettent fin à l'instance ».

Bien que techniques et complexes, ces règles de procédure permettent dans certains cas d'empêcher l'exécution des décisions de justice par les créanciers poursuivants et de sauver certaines situations de débiteurs pourtant en principe condamnés. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
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1 Publié par Maitre Anthony Bem
20/06/2016 22:42

Bonjour Pascalou et raphael,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre en toute connaissance de cause, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "services" en haut de cette page.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
22/06/2016 12:05

Bonjour,
un jugement d'expulsion a été notifié par un huissier à mon locataire et sa caution. on me dit qu'il s'agit d'une signification par "dépôt en étude".
Est-ce que ça a la même valeur qu'une remise en mains propres?
cordialement

3 Publié par Maitre Anthony Bem
22/06/2016 19:49

Bonjour bh26,

Je vous confirme qu'une signification par "dépôt en étude" a la même valeur qu'une remise en mains propres.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
25/06/2016 03:36

Bonjour Maitre,

J'ai appris par hasard (consultation Legifrance et reception d'un recommandé AR de l'administration fiscal) qu'un jugement (suite contrôle fiscal) avait été rendu il y a environ 8 mois me concernant par la CAA de Paris. Or, je n'ai jamais reçu de convocation, ni de notification d'huissier. (que ce soit pour la convocation ou la notification de l'arrêt)

Je me suis rapproché du Greffe qui m'a indiqué avoir adressé la convocation aux différentes adresses dont disposait l'administration. (1 erronée (probleme de retranscription vraisemblablement), 1 de mon ancien domicile d'il y a plusieurs années, le bien ayant été vendu l'administration savait que je n'y habitais plus).

Depuis le début de la procédure de controle fiscal -ne vivant plus en France- et sur les conseils de mon avocat, J'avais communiqué une adresse en France au fisc afin d'éviter tout problème pour l'administration de me contacter (Mr X chez Monsieur Y qui me transmettait les (nombreux) Recommandés de l'administration), ce qui s'est parfaitement passé durant les controles. Ensuite une seconde adresse reprise par le greffier comporte un numéro de rue erroné.

Au final, le greffe m'a indiqué qu'un courrier avec un accusé de réception à l'étranger (à une adresse qui n'est pas la mienne!!!, donc évidemment pas reçu par moi, et forcement pas signé par mes soins non plus).

Le greffe m'a indiqué qu'il fallait que je rentre en contact avec le Conseil d'Etat pour voir si ma demande était recevable.

Je souhaiterais au préalable connaitre votre opinion et savoir que vous me recommandez afin de rendre le jugement non exécutoire, et d'avoir un nouveau procès auquel je puisse me défendre ou me faire représenter.

PS : J'avais demandé à mon avocat de ne pas me représenter pour le recours déposé par l'administration auprès de la Cour d'appel. Le greffe avait donc demandé à mon avocat de confirmer qu il ne me représentait pas et de lui communiquer mes coordonnées, mon avocat aurait communiqué mon adresse à l'étranger.

Merci infiniment,

B.Y

5 Publié par Visiteur
27/06/2016 08:18

Bonjour Maître,
oui c'est un jugement contracditoire en premier resort rendu par le tribunal 28 septembre 2005.

il a été signifié par huissier de justice 10 novembre 2005.
est il toujours valable à aujourd'hui.
merci d'avance
Catherine

6 Publié par Visiteur
27/06/2016 13:08

Bonjour maître

J'ai étai condamner a 6mois de prison ferme il y a plus de 6mois.

Je n'étais pas présent lors du jugement mais mon avocat oui. A ce jours je n'ai toujours pas reçu de notification.

D'où mas question, le jugement est il caduque du fait du délais de 6mois pour la notification ou est ce que cette lois ne s'applique pas du fait d'avoir étais représenter par un avocat?

Merci d'avance
Cordialement

7 Publié par Maitre Anthony Bem
27/06/2016 13:20

Bonjour pierre85,

Le fait d'avoir été représenté par un avocat et qu'il s'agit d'une juridiction pénale fait que votre condamnation n'avait pas besoin d'être signifiée ou notifiée.

Ainsi, le fait que vous n'étiez pas présent lors du jugement ne le rend pas caduque passé le délai de 6 mois.

Toutefois, n'ayez crainte car les peines de prison de moins de deux ans sont très rarement exécutées du fait de la surpopulation carcérale, du cout d'un détenu pour la société et de l'absence de place disponible en prison.

La prison est en effet victime de son succès, un certain nombre de personnes sont des habituées et d'autres la recherche quand ils n'ont pas d'alternative.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
29/06/2016 14:43

bonjour j'ai eux un jugement par defaut dE FEVRIER 2014 car j'etait incarcerer pour autre chose on ne ma pas extrait ,je suis revenu du maroc au mois de novembre 2015 je me suis fait place en retention administrative a l'aeroport il mon demander de signer le jugement biensur j'ai refuser avec leur soi disant tu signe pas tu va y aller j'ai dit on verra j'ai refuser de signer il mon sorti apres 30 minute de oui non j'ai recu un convocation devant le juge de l'application des peine je voudrai savoir si le delai a bien etait respecter

9 Publié par Maitre Anthony Bem
30/06/2016 05:56

Bonjour Mickael,

Je vous confime que le délai de signification de 6 mois a bien été dépassé car il a été rendu par ferait et qu'il faudrait faire opposition au jugement par voie d'avocat.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
01/07/2016 18:21

Bonjour Maître,
oui c'est un jugement contracditoire en premier resort rendu par le tribunal 28 septembre 2005.

il a été signifié par huissier de justice 10 novembre 2005.
est il toujours valable à aujourd'hui.
merci d'avance
Catherine

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