Sanction du non respect du délai légal de signification pour notifier un jugement

Publié le Modifié le 10/11/2017 Vu 602 885 fois 575
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Outre son rôle d’information, la notification du jugement à l’égard des parties au procès est essentielle en ce qu’elle conditionne d’une part, la possibilité de faire exécuter le jugement et, d’autre part, le point de départ du délai de recours en appel.

Outre son rôle d’information, la notification du jugement à l’égard des parties au procès est essentie

Sanction du non respect du délai légal de signification pour notifier un jugement

La procédure d'exécution des décisions de justice est strictement encadrée par le code de procédure civile qui fixe notamment des délais.

Divers délais et situations sont ainsi fixés par le législateur pour notifier aux parties les décisions de justice ou pour initier un recours à leur encontre.

L’article 651 alinéa 1er du code de procédure civile dispose que :

« Les actes sont portés à la connaissance des intéressés par la notification qui leur en est faite ».

Une fois prononcé, un jugement n’est pas automatiquement porté à la connaissance des parties au procès par la juridiction qui en est l'auteur mais doit être signifié par voie d'huissier de justice.

A cet égard, l’article 503 du code de procédure civile dispose que :

« Les jugements ne peuvent être exécutés contre ceux auxquels ils sont opposés qu'après leur avoir été notifiés, à moins que l'exécution n'en soit volontaire. »

Le 29 janvier 2004, la Cour de cassation a déclaré que « les jugements, même passés en force de chose jugée, ne peuvent être exécutés contre ceux auxquels ils sont opposés qu'après leur avoir été régulièrement notifiés, à moins que l'exécution n'en soit volontaire » (Cass. Civ. II, 29 janvier 2004, n° 02-15219).

Autrement dit, la notification du jugement par voie d'huissier de justice est une condition préalable à son exécution forcée.

En outre, l’article L. 111-4 alinéa 1er du code des procédures civiles d’exécution dispose que :

« L'exécution des titres exécutoires mentionnés aux 1° à 3° de l'article L. 111-3 ne peut être poursuivie que pendant dix ans, sauf si les actions en recouvrement des créances qui y sont constatées se prescrivent par un délai plus long ».

Il en résulte que la notification du jugement doit être obligatoirement effectuée dans le délai légal de 10 ans à compter de son prononcé.

A défaut, la partie condamnée pourra opposer cet argument en défense afin d'empêcher l’exécution forcée du jugement.

Par ailleurs, il convient de souligner que le délai de notification du jugement est différent lorsque le jugement est rendu par défaut ou réputé contradictoire.

En effet, l’article 478 alinéa 1 du code de procédure civile dispose que :

« Le jugement rendu par défaut ou le jugement réputé contradictoire au seul motif qu'il est susceptible d'appel est non avenu s'il n'a pas été notifié dans les six mois de sa date ».

Autrement dit, si le jugement a été rendu par défaut ou est réputé contradictoire au seul motif qu’il est susceptible d’appel, le délai de notification est de 6 mois à compter du prononcé du jugement.

Le jugement est rendu par défaut lorsque, de manière cumulative :

  • le défendeur ne comparaît pas ;

  • la décision est rendue en dernier ressort ;

  • la citation en justice n’a pas été délivrée à personne.

Le jugement est réputé contradictoire lorsque, de manière cumulative :

  • le défendeur ne comparaît pas ;

  • la citation en justice a été délivrée à personne ou la décision est susceptible d’appel.  

A défaut de notification dans ce délai, le jugement sera non avenu et de nul effet et le défendeur pourra valablement et utilement s’opposer à la tentative d’exécution forcée du jugement devant le juge de l'exécution.

Enfin, selon l’article 528 du code de procédure civile :

« Le délai à l'expiration duquel un recours ne peut plus être exercé court à compter de la notification du jugement, à moins que ce délai n'ait commencé à courir, en vertu de la loi, dès la date du jugement .

Le délai court même à l'encontre de celui qui notifie ».

A cet égard, le 3 mai 2007, la Cour de cassation a rappelé que ce délai de recours « part de la notification à la partie elle-même », si tant est que la notification soit régulière (Cass, Civ II, 3 mai 2007 n°06-10949).

Toutefois, ce droit d’exercer un recours est limité dans le temps.

En effet, l’article 528-1 du code de procédure civile dispose que :

« Si le jugement n'a pas été notifié dans le délai de deux ans de son prononcé, la partie qui a comparu n'est plus recevable à exercer un recours à titre principal après l'expiration dudit délai.

Cette disposition n'est applicable qu'aux jugements qui tranchent tout le principal et à ceux qui, statuant sur une exception de procédure, une fin de non-recevoir ou tout autre incident, mettent fin à l'instance ».

Bien que techniques et complexes, ces règles de procédure permettent dans certains cas d'empêcher l'exécution des décisions de justice par les créanciers poursuivants et de sauver certaines situations de débiteurs pourtant en principe condamnés. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris

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1 Publié par Visiteur
16/03/2016 09:11

Tapez bonjour maitre,

Mon ami a été condamné à 11 mois de prison et un suivi psychologique suite à des violences il y a 5 ans. Il a payé sa peine et remonte la pente. Aujourd'hui il reçoit une notification de jugement pour non présentation à une convocation et risque 6 mois de prison. Il n'a pas reçu cette convocation et les faits remontent à 5 ans maintenant. il est dévasté et ne sait pas quoi faire. Le dossier est archivé depuis le 10/03/16. merci pour votre aidevotre texte ici pour ajouter un commentaire ...

2 Publié par Visiteur
16/03/2016 09:22

Bonjour maître,
Suite à une bagarre le 16/02/2013, mon conjoint a été condamné au Tgi de Chalon sur Saône le 23/06/2014 à payer une somme de 710€ au trésor public
Hors nous n'avons jamais été informer par convocation de la date d'audience au tribunal et nous n'avons jamais reçu le jugement depuis 2014!!
Mais le 10/03/2016 nous recevons se courrier du trésor public nous réclamant la somme de 710€ à régler sous huit jours avant saisie et vente de ses biens!
Quels sont nos recours si il y en a un ou est ce normale ce genre de procédure ....
Merci à vous

3 Publié par Visiteur
16/03/2016 20:19

Bonjour maitre.
Je réitère ma question du 9 mars.
Suite a un jugement du JAF je n'ai pas reçu la signification par huissier. Mon avocat m'a envoyé sa copie du jugement et me demande de ne rien payer dans l'attente de la signification. Qu'est ce que je risque?

4 Publié par Visiteur
17/03/2016 23:44

Bonjour maître j'aurais une question svp
Voilà j'ai eu des soucies financier je n'est plus payé mon credit consomation 2 ans plus tard huissier qui bien à la porte me donne une feuilles dinjonction de paye à titre exécutoire est ce normal 2 ans plus tard le tribunal me condamne?

5 Publié par Visiteur
18/03/2016 14:43

Bonjour Maître,

la partie adverse a été déboutée de toutes ses demandes par un jugement civil réputé contradictoire qui ne m'a pas été signifié dans les six mois du prononcé.

Peut-elle encore faire appel?

Merci

6 Publié par Visiteur
18/03/2016 19:09

Bonjour maître,
Le 8 juillet 2015 j ai perdu en ti de libourne
le 3 août 2015 , j'ai mandaté un nouvel avocat sur Paris , je lui ai transmis le dossier complet avec le jugement 4500€.le 7 août, elle m'a confirmé la réaction et indique qu'elle prendrait audience rapidement.
Le 1 octobre je la relance pour savoir si elle avait fais appel , le 7 octobre elle m'a réclamé 2x125€ pour récupérer le jugement. Le 6 janvier 2016 elle me signale que le tribunal refusait l'appel, car trop tardif.
J'ai changé d avocat et nous avons tenté de faire annuler cette décision .sans succès.aujourd'hui nous ne pouvons plus faire appel.
Nous considérons que notre avocate a commis une faute .
Pouvons nous l attaquer en justice?
Merci pour votre reponse

7 Publié par Maitre Anthony Bem
19/03/2016 10:13

Bonjour olebacle,

Je vous confirme que si votre avocat était bien mandaté de votre part pour faire appel du jugement rendu à votre encontre, vous pouvez engager sa responsabilité civile professionnelle s'il a laissé expirer le délai d'appel.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
19/03/2016 14:41

Bonjour maître,
Merci pour votre réponse rapide , nous allons saisir le bâtonnier Cordialment
Olebacle

9 Publié par Maitre Anthony Bem
19/03/2016 17:23

Bonjour olebacle,

La mise en jeu de la responsabilité professionnelle d'un avocat relève d'une procédure devant le tribunal de grande instance et non devant le bâtonnier qui ne peut éventuellement que sanctionner des fautes dontologiques.

Il vous faut prendre un avocat qui rédigera une assignation en justice.

Cordialement.

10 Publié par yanou04
21/03/2016 11:07

Bonjour Maître. Dans le cadre d'une dette locative j'ai obtenu devant le TI un délai de paiement et une dette à rembourser à partir du mois suivant la notification du jugement tel que c'est écrit dans celui-ci reçu par lettre simple via une demande auprès du greffe. Celle-ci a-t-elle valeur de signification ou non ou c'est obligatoirement une signification via huissier qui est valable . Merci d'avance de votre réponse. Cordialement

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