LES VICES CACHES : DEFINITION ET SANCTIONS

Publié le Modifié le 09/10/2017 Vu 160 504 fois 41
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

En application des articles 1641 à 1649 du Code civil, le vendeur doit garantie à l'acheteur contre les vices cachés. En cédant la chose, le vendeur se porte garant de ce qu'elle présente les qualités qui sont normalement les siennes. Cependant, si la notion est connue de tous, ce qu'elle renferme et ses effets sont souvent ignorés.

En application des articles 1641 à 1649 du Code civil, le vendeur doit garantie à l'acheteur contre les vice

LES VICES CACHES : DEFINITION ET SANCTIONS

I - La définition du « vice caché »

Aux termes de l'article 1641 du Code civil, le vice est un défaut de la chose qui la rend impropre à l'usage auquel on la destine, ou diminue tellement cet usage que l'acheteur ne l'aurait pas acquise ou n'en aurait donné qu'un moindre prix.

L'acquéreur doit établir la réunion des diverses conditions découlant de l'article 1641 du Code civil :

  • existence d'un vice (ce qui implique éventuellement d'identifier la cause des défectuosités constatées) ;
  • gravité du vice ;
  • caractère caché du vice (mais, une fois ce point établi, c'est au vendeur de démontrer que le vice était connu de son cocontractant, s'il veut se dégager) ;
  • antériorité du vice par rapport à la vente.

Le vice s'identifie à toute défectuosité qui empêche la chose de rendre, et de rendre pleinement, les services que l'on en attend.

Il résidera dans le mauvais état ou le mauvais fonctionnement de la chose, l'impossibilité de s'en servir dans des conditions satisfaisantes, les conséquences nuisibles produites à l'occasion d'une utilisation normale...

Les juges considèrent que les défauts qui diminuent seulement l'agrément que l'on peut en tirer ne donnent pas lieu à garantie (CA Nîmes, 18 déc. 1980)

Mais il en irait autrement, bien sûr, dans l'hypothèse où le plaisir et le charme sont indissociables de l'intérêt qui s'attache à l'acquisition faite.

Si l'acheteur entend donner à la chose une destination particulière, qui n'est pas celle admise dans l'opinion commune ou par les usages de la profession, et que la chose s'y révèle impropre, la garantie du vendeur ne saurait être recherchée à moins que ce dernier n'ait été averti de l'utilisation envisagée.

De cette façon, il entre peu ou prou, dans la détermination de ce qui est un vice, une part de subjectivité.

L'existence d'un vice a été admise

En matière d'immeubles :

  • pour la non-constructibilité de terrains,
  • pour des défauts de construction de nature à échapper à un examen ordinaire,
  • pour la difficulté d'accès à un garage,
  • pour une servitude non apparente que le vendeur avait l'obligation de révéler,
  • pour la présence d'insectes affectant la solidité de la construction ou sa salubrité,
  • pour l'humidité et le défaut d'étanchéité,
  • pour a présence de bruits excessifs,
  • pour la pollution d'un terrain.

En matière de matériaux :

  • pour des tuiles,
  • pour du bois non soumis à un traitement insecticide,
  • pour un matériau acquis en vue du revêtement de sièges qui s'était révélé impropre à cet usage sous l'action conjuguée de la lumière et de la chaleur,
  • pour un béton défectueux,
  • pour un revêtement pour bassin,
  • pour de l'acier,
  • pour un produit de nettoyage,
  • pour des médicaments ou préparations pharmaceutiques

En matière de produits naturels :

  • pour du blé charançonné,
  • pour de la farine avariée ayant provoqué une intoxication pour des poissons qui devaient être spécialement salés et fumés en vue de leur conservation
  • pour des fromages porteurs de bactéries les rendant impropres à la consommation,
  • pour des graines de mauvaise qualité,

En matière d'animaux

  • pour une vache atteinte de bronchite chronique,
  • pour un chien destiné à la reproduction et atteint de dysplasie,
  • pour des truites ayant contaminé un élevage,
  • pour des génisses vendues en état de gestation et dont l'une était morte en vêlant,
  • pour de la viande provenant d'une vache fiévreuse.

En matière d'objets manufacturés (appareils, engins, véhicules) :

  • pour les indications fausses de type et de série relatives à un tracteur et une semi-remorque,
  • pour des vibrations par suite du défaut de montage,
  • pour l'usure anormale d'un véhicule d'occasion le rendant impropre à son usage,
  • pour un véhicule dont les caractéristiques ne sont pas conformes à celles indiquées sur la carte grise ,
  • pour l'excès de consommation d'essence d'un véhicule,
  • pour l'implosion d'un téléviseur,
  • pour la défectuosité d'un système d'alarme fonctionnant de manière intempestive,
  • pour un véhicule neuf dont plusieurs mises au point sont restées sans effet,

En matière de biens incorporels :

  • pour des titres de société,
  • pour un fonds de commerce,
  • pour des inventions brevetables

Dans les ventes de choses d'occasion, un vice d'une particulière gravité est exigé pour mettre en jeu la garantie, car : “l'acheteur doit s'attendre en raison même de l'usure dont il est averti, à un fonctionnement d'une qualité inférieure” à celui d'un objet neuf  et que la garantie “ne peut s'appliquer qu'à des défauts d'une particulière gravité” (CA Paris, 6 nov. 1963 - Cass. 1re civ., 29 mai 1963 - Cass. com., 2 oct. 1985).

Mais la chose doit néanmoins être apte à rendre normalement les services que l'on peut en attendre étant donnée sa vétusté (Cass. com., 13 janv. 1981).

Pour que le vendeur soit tenu responsable, le vice doit être caché et donc pas de ceux que l'on peut qualifier d'apparent, eu égard à la nature de la chose, aux conditions de la vente ou à la compétence de l'acheteur et si, ce dernier ne l'avait pas connu pour quelque raison de fait, ou parce qu'il lui aurait été révélé.

Attention, cela ne signifie pas que le vice apparent n'engage pas la responsabilité du vendeur, bien au contraire car en pareille circonstance, l'acheteur pourra refuser la prestation et exiger que lui soit fournie une autre chose sans défaut.

Le vendeur est donc responsable du vice, apparent ou caché.

L'acquéreur doit ainsi faire toute diligence pour vérifier l'état de la chose et, si le vice est apparent, émettre les réserves qui s'imposent ou refuser de recevoir la prestation, sous peine de se voir ensuite déclaré l'avoir acceptée en l'état.

De manière générale, pour déterminer si le vice était apparent ou caché, les tribunaux tiennent compte avant tout de la compétence technique de l'acquéreur, ce qui amène à distinguer selon qu'il est ou non professionnel.

 L'existence du vice s’établie :

  • soit à partir d'indices comme la correspondance échangée entre les parties ou toute autre circonstance de fait
  • soit à l'aide d'une expertise contradictoire qui s'avérera indispensable dans beaucoup de situations étant donnée la technique de l'objet du litige.

II -  Les sanctions des vices cachés

L'article 1648 du Code civil dispose que l'action doit être intentée par l'acquéreur dans un délai de deux ans à compter de la découverte du vice.

L'action en garantie permet à l’acquéreur de demander librement soit :

  • la résolution du contrat c’est à dire l'anéantissement rétroactif du contrat, l'acheteur devant rendre la chose et le vendeur le prix,
  • la diminution du prix afin d’être dans la situation où il se serait trouvé si la chose vendue n'avait pas été atteinte de vices cachés,
  • la remise en état ou le remplacement de la chose,

et dans tous les cas le versement de dommages-intérêts de manière à ce que son préjudice soit intégralement réparé (notamment les frais occasionnés par la vente, la réparation des dommages causés par le vice de la chose, l’indisponibilité ou l’immobilisation de la chose, pertes d'exploitation ou préjudice commercial)

S'agissant de l'action indemnitaire, le 26 septembre 2012, la Cour de cassation a jugé que l'action en réparation du préjudice subi du fait d'un vice caché peut être engagée de manière autonome et n'est pas subordonnée à l'exercice d'une action rédhibitoire ou estimatoire (Cass. Civ. I, 26 septembre 2012, n°11-22399).

Les moyens dont dispose le vendeur pour s'opposer à la demande en garantie émanant de l'acquéreur sont nombreux, il peut :

  • contester la réunion des diverses conditions qui doivent être satisfaites pour la mettre en jeu : existence et gravité du vice, antériorité par rapport à la vente et lien de causalité avec le dommage invoqué... ;
  • invoquer la connaissance que l'acquéreur aurait dû avoir du vice en tant que spécialiste en la matière ;
  • invoquer la faute de l'acquéreur ou le cas de force majeure.

Afin de limiter la portée des sanctions financières auxquels il est exposé, le vendeur prend souvent la précaution de se prémunir d'une assurance de responsabilité.

En effet, le meilleur moyen de protection du vendeur, notamment afin d'atténuer le poids que fait peser sur lui la garantie lorsqu'il est un professionnel, est le recours à l'assurance.

Le fabricant ou le distributeur de biens de consommation ou de matériels divers sera donc prudent de contracter une police "produits livrés".

Le défaut de conception est une cause de dommages que les assureurs répugnent à prendre en charge parce qu'il est susceptible de provoquer des sinistres en série, et donc d'emporter des conséquences très lourdes, mais il est toujours possible d'obtenir qu'il soit couvert, de même que le risque de développement.

En ce qui concerne les relations entre professionnels, l'acquéreur lui-même serait avisé de souscrire une « assurance de dommages » pour les conséquences que peuvent lui occasionner les équipements, pièces ou produits défectueux dont il se trouverait être acquéreur dans le cadre de son activité, que ce soit afin de les utiliser pour les besoins de son entreprise ou pour les commercialiser à nouveau.

En effet, l'action en garantie qu'il serait en droit d'intenter contre son fournisseur présente des incertitudes, et le temps nécessaire à son succès risque de lui causer un préjudice difficilement réparable.

Enfin il convient de savoir que dans la majeur partie des contrats, les clauses par lesquelles le vendeur tendrait à limiter ou éluder sa garantie sont privées d'efficacité par les juges.

Je suis à votre disposition pour toute information ou action.

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
Tel : 01 40 26 25 01

Email : abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1426 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Maitre Anthony Bem
10/10/2017 23:30

Bonjour Motard43,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre en toute connaissance de cause, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l’une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur « consultation » en haut de cette page.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
23/11/2017 13:31

Bonjour Maitre
j ai achete une voiture d occasion en septembre ;celle ci faisait un bruit venant de l embrayage ;le vendeur dit a mon mari que c est juste un manque de graisse ;mon mari en remet!!et l embrayage vient de lacher completement !!!!nous avons ramene la voiture au vendeur qui veut bien reparer mais nous demande de payerles pieces necessaires!!
quels sont ses droits et surtout quels sontles notres???
remerciements anticipes et salutations
cordialement

3 Publié par Visiteur
25/11/2017 00:11

Bonjour , je viens d’acheter une voiture il y a un mois , hors il s’avère que les injecteur sont à faire ( 2 ) ce qui s’élève à 700 euros ! Le vendeur est un particulier qui lors de la vente m’a juste dit je cite : la voiture tousse , mais après une vidange elle sera niquel ... est ce que ceci pourra passer en vice cacher ? Si oui , combien de temps approximatif prend la procédure ? Merci

4 Publié par Visiteur
01/12/2017 13:17

Maitre bonjour
j ai acquis il y a 12 ans des enceintes
a savoir des triangle altea es esprit
les 2 enceintes sont dans une piece l une cote fenetre ou il y a un radiateur et l autre cote oppose
aujourd hui l enceinte cote oppose presente un decollement de la facade vinyle
j ai pris contact avec triangle
en 1er il m ont dis que je pouvais recoller
je leur ai dit que ca n etait pas a moi non quualifie a le faire
apres il ont voulu bien reparer a question de prendre en charge le port ar
finalement ils ont accepté de faire prendre l enceinte au but de reparation
aujourd hui ils me declarent etre incapable de proceder au recollage car cela est fait par leur sous traitant, inexistant lors de l achat tout etait fabrique a soissons, mais desormais en asie..
il me proposent un bon d achat correspondant a la valeur d achat payee autrement dit peanuts vu que le prix de vente a plus que double...
j aimerai avoir votre avis sur ce probleme
puis je exiger le remplacement a modele identique de la gamme, vu que l altea es ne se fait plus...
evidemment j en serais aussi penalisé coté teinte....
dans l attente Maitre, avec mes salutations distinguees.

5 Publié par Visiteur
01/12/2017 21:27

Bonjour maître
J ai fais l acquisition d une maison en juin 2016 l ancien propriétaire m as certifié verbalement qu un tubage reliant la chaudière avait été fait mais suite à un ramonage car la chaudière se mettait en sécurité j ai réalisée qu'il n'y avait pas de tubage ainsi qu'une belle tâche au mur l'ancien propriétaire m'as dit de faire l'entretien et que mes voisins avaient déjà constatés cette même tâche auparavant et qu un ravalement avait été fait quels sont mes actions et recours possibles voir le notaire avec un dossier ? Merci de votre réponse
Cordialement

6 Publié par Maitre Anthony Bem
01/12/2017 21:39

Bonjour Emmeline et db,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre en toute connaissance de cause, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l’une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur « consultations » en haut de cette page.

Cordialement.

7 Publié par Visiteur
03/12/2017 15:18

Bonjour maitre je m'appelle adoul kader je suis etudiant en 3ème année de licence droit privé,cher maitre je souhaiterai que vous m'expliquez davantage sur les vices cachés en matière de vente..en effet monsieur il s'agit de mon sujet d'exposé..j souhaiterai que vous me rappelez les grands traits en la matière merci d'avance monsieur..

8 Publié par Visiteur
12/12/2017 12:50

Bonjour Maitre,

le vice caché en matière d'immobilier peut il être invoqué sur des défauts affectant la copropriété mais pas le logement vendu ?
Merci
Cordialement

9 Publié par Maitre Anthony Bem
12/12/2017 13:00

Bonjour calou,

Je crains que vous ne puissiez pas valablement invoquer la théorie des vices cachés concernant des défauts affectant la copropriété et non pas le logement vendu.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
14/12/2017 18:59

Bonjour Maître,
Une motorisation de portail dont tous les éléments ont été échangés durant la garantie ne fonctionne plus lorsqu'il gèle en dessous de -2°, et refonctionne quand la température repasse au dessus, phénomène constaté à l'hiver suivant l'échange des différent éléments, soit 8 mois après cet échange. Sachant que les hivers précédents par des températures identiques tout fonctionnait normalement, peut-on parler de vice caché ?
Merci
Bien cordialement

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1426 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles