Le droit au respect de la vie privée : définition, conditions et sanctions

Publié le Modifié le 29/03/2017 Vu 488 278 fois 161
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Quelles sont les règles juridiques relatives à la protection de la vie privée ?

Quelles sont les règles juridiques relatives à la protection de la vie privée ?

Le droit au respect de la vie privée : définition, conditions et sanctions

Chacun de nous a le droit de garder secrète l'intimité de son existence, afin de ne pas être livré en pâture à la curiosité publique.

Personne ne peut donc s'immiscer dans ce domaine contre le gré de l'intéressé.

Cette liberté a toujours été menacée et l'est encore plus aujourd'hui, avec l'accroissement de la pression sociale, la relâche de la contrainte morale et le développement des techniques de divulgation et d'investigation, telles qu'en témoignent mes nombreuses actions judiciaires dans lesquelles j'interviens ou j'ai eu l'occasion d'intervenir.

Un petit rappel des règles relatives à la protection de la vie privée s'impose.

I – La protection de la vie privée

L'article 9 alinéa 1 du code civil dispose que :

« Chacun a droit au respect de sa vie privée. »

Ainsi, chacun a, sur le fondement de l'article 9 du code civil, le droit de s'opposer à la reproduction de son image ou la diffusion de tout commentaire relatif à sa vie privée.

Il n'existe pas de définition légale de la « vie privée », cependant les juges ont délimité les contours de cette notion en considérant comme des atteintes à la vie privée toutes les informations faisant intrusion dans l'intimité de la personne, notamment :

  • Les relations sexuelles : tout individu a le droit d'organiser librement sa vie sexuelle. A ce titre, l'information sur l'homosexualité rentre dans le cadre du respect de la vie privée et de la non-discrimination ;
  • La vie sentimentale : l'immixtion dans la vie sentimentale d'une personne (liaison, divorce, rupture etc …) peut faire l'objet de poursuites judiciaires ;
  • La vie familiale : l'ingérence dans la vie familiale, et en particulier la divulgation d'informations telles que la correspondance, la domiciliation, les lieux de vacances, la maternité, le PACS, est prohibée. Sont ainsi répréhensibles les photographies représentant une personne se trouvant dans un lieu privé (à plus forte raison à domicile) ;
  • Situation financière : la révélation d'informations sur la situation financière d'un individu et de sa famille tombe sous la protection de la vie privée ;
  • Souvenirs personnels : les anecdotes et confidences appartiennent au domaine de la vie privée. Seule la personne concernée est en droit de décider de leur publication ;
  • Etat de santé : le secret médical, s'appliquant à tous les professionnels de santé, est une obligation de discrétion visant au respect de la vie privée des patients.
  • Convictions politiques ou religieuses : les opinions politiques et croyances religieuses des personnes font l'objet d'une obligation au secret.

L'atteinte à la vie privée est distincte de la diffamation, entendue comme l'allégation ou l'imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération.

La jurisprudence sanctionne tous les modes de divulgation : affichage, exposition publique du portrait (CA Paris, 1re ch., 19 avr. 1985), diffusion du journal, de la revue ou du livre, projection à l'écran, à la télévision, sur un site Internet (CA Paris, 10 févr. 1999), dans un jeu informatique (Cass. 1re civ., 16 juill. 1998), et le fait d'avoir recueilli l'information de façon licite n'assure pas l'immunité de l’auteur de l’atteinte (Cass. civ., 31 mai 1988).

La jurisprudence est constante : comme toute autre personne celui qui est connu d'un large public a le droit « d'être laissé tranquille » dans sa vie privée.

Le droit au respect de la vie privée n'est pas absolu ; il est empreint d'une flexibilité nécessaire à « la balance des intérêts en présence ».

Ainsi personne ne peut se plaindre d'une atteinte à laquelle elle a préalablement et expressément consenti et si l'intérêt légitime de l'information justifie la publication litigieuse.

La charge de la preuve incombe au défendeur (CA Versailles, 4 nov. 1999).

En effet, la protection cesse chaque fois que le public a un intérêt légitime à connaître les activités, le comportement, la situation, la condition, la manière d'être d'une personne.

La puissance publique s'immisce dans la vie privée, le plus souvent, en raison de son propre droit à la preuve : enquêtes, droit de communication, perquisitions, saisies, fouilles, contrôle d'identité...

Ces pouvoirs exorbitants sont conformes à la Constitution et à la Convention européenne s'ils sont reconnus dans un texte de loi (qui ne doit être ni général ni imprécis) et s'ils sont impérativement nécessaires à une des fins édictées par la Convention européenne, par exemple :

  • perquisitions (Cass. crim., 5 déc. 2000)
  • visites domiciliaires (Cass. crim., 7 mars 2000)
  • expertise sanguine (Cass. 1re civ., 22 févr. 2000)
  • empreintes digitales (TGI Marseille, 23 mars 1995).

En matière de sécurité routière il a été jugé que ne constitue pas une atteinte illicite à la vie privée le constat par les fonctionnaires de police d'un excès de vitesse à l'aide d'un cinémomètre associé à un appareil de prise de vue (Cass. crim., 15 nov. 2000 ; 12 févr. 1997).

Selon l'article 9 du code civil, la seule constatation de l'atteinte à la vie privée ouvre droit à réparation (Cass. 1re civ., 5 nov. 1996).

L'importance du préjudice détermine le montant des dommages et intérêts. Ce montant ne doit pas varier en fonction de la gravité de la faute commise (CA Paris, 26 avr. 1983). Mais la gravité de la faute amplifie le plus souvent le préjudice.

Par ailleurs, diverses infractions pénales concourent à la protection de la vie privée :

  • délit de violation de domicile (articles  226-4, et 432-8 du code pénal) ;
  • délit de violation du secret des correspondances (articles 226-15 et 432-9 du code pénal) ;
  • délit de violation du secret professionnel (articles 226-13 du code pénal et 11, al. 2 du CGI, art. L. 103 du Livre des proc. Fisc).

De plus, l’article. 226-1 du code pénal punit l'atteinte volontairement portée à l'intimité de la vie privée d'une personne en écoutant, en enregistrant ou en transmettant au moyen d'un procédé quelconque, sans son consentement, ses paroles prononcées à titre privé ou confidentiel, ainsi qu'en fixant ou en transmettant son image lorsqu'elle se trouve dans un lieu privé.

Il peut s'agir de microphones, magnétophones, tables d'écoute... et pour l'image, d'appareil photographique, de caméra, d'appareil émetteur de télévision...

La personne dont l'image est captée, enregistrée ou transmise doit être dans un lieu privé.

« Le lieu privé doit être conçu comme un endroit qui n'est ouvert à personne sauf autorisation de celui qui l'occupe d'une manière permanente ou temporaire ».

Ainsi, il existe un véritable arsenal législatif et jurisprudentiel qui vise à protéger le droit au respect de la vie privée.

II - Les sanctions de l’atteinte à la vie privée

Toute victime d'une atteinte à la vie privée peut obtenir du juge :

  • des mesures propres à limiter la diffusion de l'atteinte (saisie, séquestre, suppression des passages litigieux, publication d'un encart, astreinte...) ;
  • des dommages-intérêts pour indemniser le préjudice subi ;
  • l'insertion de la décision de justice dans la presse.

Sur le plan pénal, les peines applicables diffèrent selon que le coupable est une personne physique ou une personne morale. 



Une personne physique encourt un an d'emprisonnement et une amende de 45.000 euros.

De plus, l'article 226-31 du code pénal prévoit les peines complémentaires suivantes :

  • interdiction des droits civiques, civils et de famille ;
  • interdiction d'exercer l'activité professionnelle ou sociale dans l'exercice ou à l'occasion de laquelle l'infraction a été commise ;
  • interdiction pour une durée de cinq ans au plus de détenir ou de porter une arme soumise à autorisation ;
  • affichage ou diffusion de la décision prononcée ;
  • confiscation de l'instrument qui a servi ou était destiné à commettre l'infraction, de l'enregistrement ou du document obtenu illicitement.

Une personne morale encourt notamment une amende égale au quintuple de celle prévue pour les personnes physiques, c'est-à-dire 225.000 euros.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
11/07/2018 22:09

Bonjour,
Le conseil général du Bas-Rhin envoie aux allocataires du RSA ( cellule contrôle ) sans AR demandant des pièces justificatives nécessaires au contrôle du versement de l'allocation ( Articles R 262-82 et L.133-2 du CASF ) sous un délai d'un mois. Dans l'ensemble des documents demandés figurent : la copie de l'ensemble des relevés bancaires depuis le 1er janvier 2017 ainsi que la copie intégrale du passeport. Ces documents sont privés. C'est intrusif comme demande. De plus c'est sous la contrainte. Car ils concluent le courrier par " À défaut de réponse ou de dossier complet, votre droit au RSA sera automatiquement suspendu "
Des articles, notamment un article dans Le monde dit qu'il n'y a encore aucune jurisprudence en la matière puisque les allocataires n'ont pas refusé ou ont perdu leur droit face à cette intimidation. Pour ma part, je pense que c'est de l'abus de pouvoir et un scandale social. Je voudrais connaître votre avis. Envoyer les pièces et porter plainte pour atteinte à la vie privée. Ne pas envoyer les relevés bancaires et voir si cela engendre la perte des droits. Merci de votre éclairage avisé. Je suis autoentrepreneur avec des faibles revenus ( touchant la prime d'activité et RSA )

2 Publié par Visiteur
11/07/2018 22:20

Voici l'article de presse en question :
https://mobile.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/04/29/peut-on-controler-les-comptes-en-banque-des-beneficiaires-du-rsa_4911165_4355770.html

Bien à vous

3 Publié par Visiteur
25/07/2018 17:25

Bonjour maître.
J'envisage de produire pour un dépôt de plainte, une vidéo montrant mon voisin venu m'invectiver dans mon jardin pour tenter de m'extorquer une somme d'argent indue.On l'y entend avouer, le plus naturellement du monde, qu'il me fait subir un harcèlement depuis plusieurs années.
Bien sûr, il a été filmé à son insu. La production de cette vidéo tombe-t-elle alors sous le coup de l'art. 226-1 du c.pénal?
Merci.

4 Publié par Maitre Anthony Bem
26/07/2018 07:33

Bonjour Joelle,

Je vous confirme qu’il est possible de produire l’enregistrement d’une vidéo, lors d’un dépôt de plainte, sans tomber sous le coup de l'article 226-1 du code pénal.

Cordialement.

5 Publié par Visiteur
02/08/2018 18:25

Un conseiller téléphonique à t il le droit de permettre à une autre personne que moi de modifier des cordonées de mon contrat?

Cette personne possède le même nom de famille que moi, et qui est simplement une voisine.
Merci

6 Publié par Visiteur
07/08/2018 18:30

Bonjour Maître,

Quel est le process pour lancer une atteinte à la correspondance usurpation d'identité et diffamation ? Dépôt de plainte à la police ?

Merci d'avance pour votre aide

7 Publié par Visiteur
09/08/2018 14:26

Bonjour Maître,

Mon ex conjoint qui fait pression sur mon conjoint et moi-même pour obtenir une garde alternée de nos enfants a tenté de nous faire dire sur un enregistrement (devant mon garage à mon domicile) avec l'aide de sa belle-mère que mon père lui aurait mis une gifle en lui laissant des marques un soir où il est venu récupérer nos en enfants.(Je précise que ce geste n'a pas du tout été commis) Hors il s'avère que ce même soir, il a insulté mon père en lui manquant outrageusement de respect. Ceci devant témoins!
Ai-je un moyen de déposer plainte, si oui pour quel motif?
Il appose une pression psychologique très caractérisé pour que je lui cède ce mode de garde, comment faire pour lui faire calmer ce jeu qui est très néfaste et dégradant devant nos enfants et mon voisinage?

Merci pour votre réponse.

8 Publié par Maitre Anthony Bem
09/08/2018 19:56

Bonjour Vivi,

En cas d’atteinte au principe du droit au secret de la correspondance, d’usurpation d'identité vous pouvez déposer une plainte pénale à la police.

Par contre, en cas de diffamation, vous devez demander à un avocat spécialisé en droit de la presse de rédiger une plainte pour l’envoyer au doyen des juges d’instruction.

Cordialement.

9 Publié par Maitre Anthony Bem
09/08/2018 19:57

Bonjour saan212,

Je vous remercie pour votre question.

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre en toute connaissance de cause, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l’une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur « consultations » en haut de cette page.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
10/08/2018 23:16

Bonjour maître,
J'ai ouvert une guinguette et un voisin a créer une pétition contre le lieu en indiquant mon adresse personnelle. Cela fait il parti de l'atteinte à la vie privée et est ce punissable?
Puis je donc porter plainte?

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