La preuve de la prescription acquisitive trentenaire ou usucapion

Publié le 20/07/2016 Vu 135 982 fois 65
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Comment se prouve l'acquisition de la prescription trentenaire ou usucapion sur un bien immobilier ?

Comment se prouve l'acquisition de la prescription trentenaire ou usucapion sur un bien immobilier ?

La preuve de la prescription acquisitive trentenaire ou usucapion

Le 14 avril 2016, la cour de cassation a jugé que la preuve de l'occupation d'un bien immobilier pour faire jouer la prescription acquisitive trentenaire peut se rapporter par tous moyens (Cour de cassation, 3e chambre civile, 14 avril 2016, N° de pourvoi: 14-26160). 

La propriété d'un bien immobilier peut s'acquérir soit classiquement dans le cadre d'une vente, soit simplement grâce à l'écoulement du temps. 

On parle juridiquement de prescription acquisitive ou d'usucapion. 

En effet, pour mémoire, conformément au code civil, la propriété des biens s'acquiert et se transmet par succession, donation entre vifs ou testamentaires, par l'effet des obligations de même que par accession, incorporation ou prescription (articles 711 et 712 du code civil).

Les modes de preuve de la possession en vue d'acquisition de la propriété immobilière sont libres. 

Le juge recherche le droit applicable au regard des faits et des éléments produits et apprécie la portée des preuves qui lui sont soumises, notamment si elles entrent en contradiction. 

En l'espèce, une personne a classiquement revendiqué en justice la propriété d'un bien immobilier grâce à l'écoulement du temps. 

Ce moyen d'acquisition de la propriété d’un bien se fait par le jeu de la prescription acquisitive trentenaire que l'on dénomme juridiquement : usucapion. 

Les juges l'ont déclaré propriétaire par application de la prescription trentenaire. 

Pour constater l'occupation des lieux objet du litige pendant trente ans, à titre de propriétaire, de façon continue, paisible, publique et non équivoque, les juges ont pris en compte les attestations établies.  

En effet, pour pouvoir prescrire, il faut une possession continue et non interrompue, paisible, publique, non équivoque à titre de propriétaire pendant trente ans. 

La possession est équivoque si les actes du possesseur ne révèlent pas son intention de se conduire en propriétaire. 

Ainsi, la possession légale utile pour prescrire la propriété d'un bien ne peut s'établir à l'origine que par des actes matériels d'occupation réelle caractérisant cette possession et se conserve tant que le cours n'en est pas interrompu ou suspendu. 

Pour ce faire, concrètement, les prétendants doivent produire tout élément de preuve permettant d'établir l'existence du droit de propriété. 

Ces documents peuvent être le relevé de propriété cadastrale et, selon les situations, tout document permettant de constater que le défunt s'est comporté comme propriétaire du bien convoité à savoir par exemples : des avis d'impôts, des factures, des contrats de location, des attestations, etc ...

Outre l'accomplissement d'actes matériels effectifs caractérisant une possession utile, la prescription acquisitive résulte d'actes de détention accomplis en qualité de propriétaire dans toutes les occasions sans intervalles anormaux assez prolongés pour constituer des lacunes et rendre la possession discontinue.

Au cas présent, les juges ont notamment pris en considération que la mère de l'occupante avait fait expulser des personnes et que l'occupante, qui se considérait comme propriétaire de la maison litigieuse avait également agi comme tel et procédé à la location des lieux. 

Il en résulte qu'en cas de procédure aux fins de revendication de la prescription immobilière acquisitive trentenaire, la preuve de la possession peut parfaitement résulter de celle de l'usage de prérogatives en tant que propriétaire, même en cas de propriétaires successifs. 

Par conséquent, la cour de cassation a estimé que l'ensemble de ces éléments permettait de faire « ressortir l'existence d'actes matériels de possession » de sorte que la prescription acquisitive était acquise. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
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1 Publié par Visiteur
05/05/2017 12:21

Bonjour,

Dans le cas d'une prise en possession d'un terrain,et d'y avoir mit en valeur le terrain par le déboisage,la culture du dit terrain, avoir fait son habitation, fait un chemin d'accès, un pont, des puits, etc....Est-ce que cette mise valeur peut-être considérée comme un acte de violence? Et s'opposer à la procédure de prescription?

2 Publié par Visiteur
24/05/2017 18:31

bonjour,
J'ai hérité au décès de ma mère en 1956 d'une maison bâtie en 1888 à laquelle on accède par des marches et un perron. C'est le seul moyen d'accès à ma maison. A la suite d'un sinistre sur ce perron (un engin agricole l'a démoli) le maire m'écrit que mon perron est bâti illégalement sur le domaine public et me refuse le permis de reconstruire.
Puis-je faire jouer la prescription trentenaire ?
Merci de vos conseils.

3 Publié par Visiteur
19/06/2017 16:52

J'ai acquis en 2012 une maison qui a subit une extension en 1974 (date du plan de la dite extension) comprenant entre autre des sanitaires dont la sortie d'eaux usées extérieure "serait" sur le terrain de mes nouveaux voisins. En effet, le cadastre indique notre limite de propriété au mur exterieur de cette extension et indique le début du terrain de nos voisins au ras de notre maison..... Pas de servitude quelle quelle soit sur notre acte d'achat.... Notre voisin veut construire un garage en limite de propriété et nous demande donc de casser la conduite pour libérer les 50 Centimetres sur 3 m qui le genent .... Avons nous un recours pour éviter ces frais alors que nous étions de bonne foi?
Merci pour votre réponse sur ce site

4 Publié par Visiteur
06/07/2017 14:21

Est ce que cela peut s'appliquer ds le cas où la décision prise lors d'un remembrement (en 1994) n'a pas été appliquée. Je vous explique ; en 1982, un voisin avait construit un hangar en limite de propriété ; le remembrement semble avoir déplacé légèrement cette limite (estimée à 1,2 m par un géomètre), en prenant sur ma propriété ? or pendant toutes ces années, cela n'a pas été appliqué (le maraîcher qui exploite la parcelle à toujours fait selon la même limite que précédemment, etc. Le juge (sollicité par le voisin pour bornage judiciaire) pourrait il retenir cette prescription acquisitive (depuis ce remembrement, car usage public, paisible de cette portion de parcelle sans revendication jusqu'alors par le voisin de cette bande de terrain ?)

5 Publié par Visiteur
09/07/2017 17:41

bonjour!

peux t-on faire une demande de prescription trentenaire sans titre de propriété?

6 Publié par Visiteur
24/07/2017 06:07

Bonjour
Pouvons nous consulter les actes de propriété de nos parcelles voisines svp ? Je actuellement notre voisin veut établir un acte trentenaire mais il n'a pas occupé le terrain pendant 30 ans nous aimerions connaître quel est le propriétaire sur l'acte. Merci

7 Publié par Visiteur
29/09/2017 03:47

Bonjour,
Une église a fait une demande de prescription acquisitive et trentenaire d'une parcelle qu'elle a occupé depuis 1915 sur une île des Tuamotu en Polynésie Française. Elle y a édifié une chapelle ainsi qu'une salle annexe servant de lieu de réunion et de réfectoire pour des réceptions ou repas partagés. Des membres et amis de cette Eglise ont attesté de l'occupation par cette dernière en toute quiétude et sans qu'aucun ayant-droit des premiers revendiquants (3 souches indivises) de la parcelle ne viennent troubler jusqu'à ce jour et pour cause que cette dernière a été mise généreusement à la disposition de ladite Eglise pendants plus de 100 ans.
Cependant, le juge dans son délibéré demande à ce que tous les ayant-droits connus voire reconnus par le curateur soient appelés et mis en cause pour une plus large implication de ces derniers (plus d'une centaine de personnes) au lieu de seulement quelques représentants au nombre de 5 personnes. Ma question, est-ce nécessaire vu que l'écoulement du temps peut prévaloir ? Merci du retour.

8 Publié par Visiteur
02/12/2017 18:30

Bonjour. En mon absence ma voisine a fait démolir ma clôture et l'a remplacé par Une nouvelle clôture empietant sur mon terrain. Le géomètre expert a conclu à un emportement de 46m2 par rapport à la division initiale de la parcelle. (Certaines bornes sont d'ailleurs toujours vusibles). Dans ces 46m2 il y a ce qu'elle avait déjà récupéré du temps de l'ancien proprio qui n'était autre que sa soeur! Bref si je retrouve les premières limites la clôture passe sur sa terrasse. Si je retrouve les limites vues à l'achat la clôture rase la maison par endroit elle sera à 20 cm d'un coin d un mur de la maison. Comme elle et ses héritiers refusent tout règlement à l'amiable je fais intervenir la justice. Plusieurs questions: La vente de la maison peut elle être annulée? Car j'ai héritée d un conflit de voisinage et aucun document de bornage n'était annexé au titre de propriété? Que va décider la justice limité initiale ou limité que moi j'ai constatée? Sachant que sous prétexte de faire son jardin cette personne poussait et pousse toujours la clôture..et par diverses pratiques essaient de me pousser à bout? Il s'agit d'une personne âgée son avocat va til plaider "La vieillesse "? Merci pour vos conseils

9 Publié par Visiteur
04/12/2017 00:44

Bonjour
Mon père (décédé en 2005) puis par la suite ma mère ont toujours payé les impôts de la maison ou nous vivons depuis 1976 : maison des héritiers de la famille. peux t'on alors faire jouer la prescription trentenaire pour acquérir cette maison ?

10 Publié par Visiteur
08/12/2017 16:54

Bonjour
Propriétaire d’un appartement à Paris au 4 étage d’un immeuble en comptant 5 je souhaite effectuer des travaux dans mes toilettes le plombier s’aperçoit alors que le voisin du dessus s’est branché sur ma canalisation ! Impossible de faire les travaux !
Le syndic nous dit que pour lui ce branchement n’existe pas et est donc d’ordre privatif !
Non seulement je ne peux pas faire les travaux chez moi mais si une fuite survient sur le raccordement la copropriété considère que cela ne la concerne pas!
Que puis-je faire? Les anciens propriétaires n’ont jamais donné leur accord
Merci

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