Vendeur et charge de la preuve

Publié le Modifié le 15/11/2011 Vu 16 551 fois 4
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Il n’est pas rare de voir surgir des conflits entre le vendeur qui s’engage à réaliser une prestation déterminée et son client qui, au moment de payer le prix, n’est pas toujours d’accord avec ce qui lui est réclamé. Dans ce cas, la question de la charge de la preuve constitue une question essentielle. La nature des obligations aura nécessairement une icidence sur la acherge de la preuve.

Il n’est pas rare de voir surgir des conflits entre le vendeur qui s’engage à réaliser une prestation d

Vendeur et charge de la preuve

Principe applicable

Conformément à l’article 1315 du Code civil, c’est à celui qui invoque un droit de le prouver.

C’est au demandeur qu’il appartient de prouver que le défendeur a commandé ou accepté des travaux.

En l’absence d’une telle preuve, il ne peut en obtenir le paiement sur le fondement du contrat qui les lie ou exercer l’action de in rem verso (action fondée sur un enrichissement sans cause).

Réclamer l’exécution d’un contrat suppose non seulement qu’il soit valablement formé, mais aussi que le créancier soit en mesure de le prouver.

Application du principe par la jurisprudence

Ces règles ont été consacrées par la jurisprudence.

Dans un arrêt du 2 novembre 2005, en l’espèce, un garagiste assigne l’une de ses clientes en paiement de deux factures pour des prestations d’entretien et de réparation d’un véhicule.

Malgré l’absence d’écrit, le tribunal condamne la cliente à payer.

Tout en estimant que le devis écrit n’était pas obligatoire à la formation et à l’existence du contrat d’entreprise, contrat consensuel, il le tient pour indispensable afin de déterminer l’existence, l’étendue et la nature des engagements de chacune des parties.

Les juges retiennent la faute du garagiste qui n’a pas subordonné l’engagement des travaux particulièrement importants à un ordre écrit.

Néanmoins, ils en atténuent les effets en estimant que cette faute n’était pas suffisamment grave pour priver le demandeur de son action en restitution fondée sur l’enrichissement sans cause.

Incapable de prouver l’existence et le contenu du contrat d’entreprise, le garagiste se voyait donc ouvrir l’action de in rem verso.

Mais la cliente formant pourvoi conteste la reconnaissance d’une telle action au contractant et, à cette fin, soulève deux griefs à l’encontre du jugement.

D’une part, l’action de in rem verso ne peut pas suppléer la carence probatoire du demandeur ne parvenant pas à établir l’existence et le contenu des engagements contractuels. D’autre part, la faute du demandeur, retenue par le tribunal, fait obstacle à l’action, quel que soit son degré de gravité.

La Cour de cassation accueille le pourvoi en sa première branche.

Visant les articles 1315, alinéa 1er, et 1371 du Code civil, ainsi que les principes de l’enrichissement sans cause, la Cour casse le jugement et rappelle qu’ « il appartenait au garagiste d’établir que la cliente avait commandé ou accepté les travaux effectués sur son véhicule ; qu’en l’absence d’une telle preuve, il ne pouvait obtenir le paiement de ces travaux sur le fondement du contrat qui les liait ou exercer une action “de in rem verso” en faisant abstraction de celui-ci ».

Le garagiste qui réclame paiement des factures doit donc apporter la preuve de l’obligation de payer de la cliente. À cette fin, il lui appartient d’établir l’existence du contrat.

Pareillement, il a été jugé que l’entrepreneur qui réclame le paiement d’un mur qu’il a édifié doit prouver que le client le lui a commandé.

C’est aussi cette règle qui explique que le client n’a pas à prouver l’accord verbal par lequel il n’aurait consenti qu’à la réalisation de certains travaux.

Le client ne doit pas davantage être condamné au paiement de la facture sous prétexte qu’il n’a pas contesté par écrit les réparations. Qui entend se prévaloir du contrat doit donc le prouver.

À défaut d’une telle preuve, le demandeur ne saurait exercer de l’action de in rem verso.

En effet, en raison de son caractère subsidiaire, elle ne saurait suppléer une autre action qu’un obstacle de droit aurait rendue inefficace.

L’enrichissement sans cause ne peut donc être invoqué par l’appauvri qui ne peut pas prouver le contrat ou qui en a dépassé le contenu (Cass. com., 8 juin 1968, n° 66-14.524, JCP éd. G 1968, IV, p. 121).

En somme, si contrat il y a, le créancier doit le prouver. À défaut, l’action de in rem verso lui sera fermée. Il n’y avait donc aucune issue pour le garagiste.

Cas où le prestataire est tenu d’une obligation de résultat

Le prestataire est tenu d’une obligation de résultat c'est-à-dire de l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à fournir un résultat déterminé.

Dans un tel cas la responsabilité du débiteur pourra être engagée dès lors que le résultat promis n´est pas obtenu.

Pour se soustraire à sa responsabilité, le débiteur ne pourra invoquer qu´une cause qui ne peut lui être imputée (Force majeure, fait du tiers, du cocontractant etc.).

Dans un arrêt du 25 mai 2005, la Cour de Cassation est venue apporter une précision concernant l’étendue de la prestation du garagiste.

En l’espèce, M. Pages a confié un véhicule automobile à M. Comuset, exploitant un garage, pour le réparer conformément à un devis accepté d'un montant de 4 992,14 F.

Après avoir réparé le véhicule, M. Comuset a émis une facture de 10 765,59 F que M. Pages, qui avait versé une somme de 5 000 F à titre d'acompte, a refusé de régler.

M. Comuset l'a assigné en paiement de la somme de 5 765,59 F correspondant au solde restant dû sur cette facture.

Il invoquera que, s'il a exécuté telle ou telle réparation, c'est en raison de son obligation de résultat.

La Cour de Cassation avait estimé que l'obligation de résultat ne se rapporte qu'aux travaux commandés, et le problème est donc un problème de preuve.

Le garagiste avait outrepassé les termes de la commande, sans doute avec le secret désir de faire monter son chiffre d'affaires, et il n'y avait aucune bonne raison de lui permettre, pour parler familièrement, de retomber sur ses pieds au moins partiellement (Cass. 1re civ., 24 mai 2005, n° 03-13.534, F-P+B, Pages c/ Comuset : Juris-Data n° 2005-028528).

L'appauvrissement était imputable à la faute du garagiste, lequel ne pouvait réclamer à son client aucune indemnité en raison de l'enrichissement dont celui-ci a bénéficié.

Ainsi, il apparait au regard de la jurisprudence que :

- le garagiste est tenu d’établir que le client a commandé ou accepté les travaux effectués sur son véhicule. En l’absence d’une telle preuve, il ne peut obtenir le paiement de ces travaux.

- l’obligation de résultat ne concerne que les travaux commandés.

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Joan DRAY
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1 Publié par Visiteur
08/06/2012 11:35

Bonjour,
Donc sans devis signé, un artisan ne peut pas reclamer la somme des travaux (8000 euros) pour une installation électricité dans un appartement, je suis dans ce cas je n'ai pas fait signer le devis et mes ouvriers de plus ont commis plein de malfaçons ce qui fait que le client m'a mis dehors sous pretexte que je ne voulais pas lui faire signer le devis que je ne faisais pas les travaux aux normes ce qui s'est avéré vrai (rapport d'huissier) je veux l'attaquer au fond avec mon avocat car il n'avait pas à me laisser commencer les travaux il m'a laissé les clefs par la suite après m'avoir mis à la porte je rappelle sans devis signé et plein de malfaçons il m'a envoyé un recommandé en precisant toutes les malfaçons (preuve) mais aussi les manquements au devis pas signé en expliquant que je ne voulais pas lui faire signé le devis tout de suite, qu'en pensez vous sans devis signé et avec des travaux mal faits ainsi que pas faits du tout mais que je reclame vous pensez que je peux gagner au tribunal. Merci pour votre repons
cordialement
mon avocat me dit que j'ai 100 % de chance

2 Publié par Visiteur
19/02/2016 17:31

Non perdu 100 pour cent
.

3 Publié par Visiteur
19/02/2016 17:31

Non perdu 100 pour cent
.

4 Publié par Visiteur
01/06/2016 21:07

Bonsoir,
Je me permets de vous soumettre mon problème avec un garagiste: j'ai subi un sinistre auto non responsable avec l'adversaire en délit de fuite pour lequel je suis allée effectuer un dépôt de plainte pour mon assurance. Encore sonnée, ma voiture Mercedes en état de rouler,je me rends chez un garagiste le plus proche du lieu de mon travail ce jour-là et je lui demande de bien vouloir effectuer un devis de réparations et me dire si mon véhicule est toujours sécuritaire. Il en fait le tour et me dit qu'il doit le soumettre à l'expert qui passe deux jours plus tard, il me confie un véhicule de courtoisie des plus repoussants mais dans l'urgence d'aller travailler je l'accepte dans l'attente du verdict. Je suis assurée tous risques avec une franchise de 388€. Sans nouvelles deux jours plus tard, j'appelle mais pas de réponse claire car sa femme n'est pas au courant... je rapelle deux jours plus tard; il me dit que l'expert n'a pas encore donné sa version... puis sa femme m'appelle en urgence car je dois changer de véhicule de courtoisie, je repars avec une twingo hors d'âge récemment achetée par le garage. Toujours pas de devis à l'horizon alors que ma voiture est désossée de tout l'arrière. J'appelle à nouveau pour m'entendre dire par le garagiste que la malle est aussi à changer et qu'il a du rappeler l'expert... donc délai supplémentaire pour établir le devis. Pourtant les travaux ont commencé... Je reformule ma demande de devis et je sens que je dérange. N'ayant jamais eu d'accident, je doute de mon droit, il me répond que c'est une affaire entre l'expert et l'assurance. Mais je comprends qu'il n'est pas agréé lorsque je passe au garage et que sa femme me souligne bien qu'il me faudra régler les frais plus la franchise, et que tout cela me sera remboursé par l'assurance... une grosse confusion s'empare de moi. Face à son aplomb, je dis ok et je lui demande de bien vouloir accepter un règlement échelonné de la franchise car je démarre un cabinet libéral et que je suis en limite économique. Elle me répond qu'elle accepte des facilités exceptionnellement. Un mois passe, J'appelle pour m'entendre dire qu'ils ont du faire revenir l'expert car le coffre ne ferme plus et qu'il faut changer la malle, donc la commander, deux jours pour la faire venir de Strabourg car elle est d'occasion...je languis de récupérer ma voiture qui est en travaux alors que je n'ai reçu aucun devis ni estimation des travaux. Je passe un jour à l'improviste pour découvrir ma voiture empoussiérée comme jamais en intérieur comme à l'extérieur et en piteux état. Elle attendrait la séance peinture imminente... je demande encore le devis ("impossible à faire selon le garagiste car il découvre des problèmes à chaque fois qu'il la touche")et le délai pour la récupérer. Il me dit dans deux jours. Je m'apprête à venir (40kms à chaque fois)quand sa femme m'appelle pour me dire que la peinture a fait une réaction avec le temps et que le vernis a craquelé. Il faut donc tout repeindre l'arrière. Quatre jours de plus.Je la récupère enfin en passant par le bureau. La femme me demande de faire 3 chèques de 122,60 pour la franchise et un chèque de 3796,60 pour les travaux. Je ressors groggy car je ne comprends pas la situation.L'important pour moi étant déjà d'être au volant de ma voiture. Je patiente donc quinze jours pour recevoir le chèque de remboursement de mon assurance. Et oh surprise, il ne correspond pas à ce que j'attends. J'appelle mon assurance et demande des explications sur le montant: elle a reçu une facture du garage d'un montant de 3950,92€ dont elle a déduit la franchise de 388€. Elle appelle le garage pour leur spécifier leur geste indélicat quant à la franchise et leur demander de me restituer mes chèques. Entre temps, je comprends qu'il y a deux facturations: une pour l'assurance et une pour moi qui s'élève à 4184,60€, ce qui me met très en colère, sans parler du double paiement de la franchise...et l'absence de devis. Je suis allée récupérer mes trois chèques et la "bonne facture" et suis partie à la chasse aux renseignements. Ma protection juridique invoque des défaillances d'information et de conseil à clientèle, puis de responsabilité professionnelle délictuelle (art 1382 du Code Civil)car il a menti sur les sommes à l'assurance, ce qui me cause un préjudice à estimer, je devrais donc écrire sous AR au garage pour l'informer qu'il a engagé sa responsabilité civile délictuelle et aussi dire son manquement à son devoir d'information sur un fondement contractuel selon l'art 1147 du Code civil... ceci me parait léger face à la colère que je ressens. Je lis par ailleurs sur le Net qu'en l'absence de devis ou d'ordre de réparations, le client n'est pas obligé de régler la facture des travaux réalisés. Cet homme ne m'a pas laissé le choix d'aller chez mon concessionnaire ni chez un autre pour faire jouer la concurrence, il a profité de mon état de faiblesse émotionnelle pour "capturer" mon véhicule et effectuer les travaux sans mon accord, il en a engagé des supplémentaires (le coffre) sans mon accord et je n'ai jamais été en relation directe avec eux lorsqu'il s'agissait de mon véhicule. L'expert n'est pas le propriétaire, mais il était présenté comme l'autorité à laquelle était assujetti le garagiste. C'est un abus de pouvoir sur une profane comme moi. Le déséquilibre est évident et j'ai été quasi congédiée du bureau lors de mon paiement. J'aime autant vous dire que lors de ma dernière venue, ils étaient beaucoup plus sympathiques puisque j'ai compris leur trafic. A l'heure actuelle, ils n'ont encaissé qu'un chèque de 122,60€ et n'ont plus aucun paiement en leur possession. J'ai mon véhicule. Ils n'ont aucun moyen de pression contre moi et ne semblent pas enclins à en manifester... pour ma part, je ne compte pas en rester là mais mon service de protection juridique me dit qu'il n'y a pas escroquerie, seulement délit éventuel.. Pouvez-vous m'éclairer en la matière? Merci de votre lecture et de l'intérêt que vous porterez à ce cas.
Bien cordialement vôtre.

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