Conséquences du dépassement du délai de réitération d’une promesse de vente d'un bien immobilier

Publié le 14/11/2013 Vu 315 009 fois 209
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Le 3 avril 2013, la Cour de cassation a jugé qu’une promesse de vente d’un immeuble n’était pas caduque malgré le dépassement du délai de réitération de la vente, car la date d'expiration de ce délai ou de sa prorogation n'était pas extinctive mais constitutive du point de départ de la période à partir de laquelle l'une des parties pourrait obliger l'autre à s'exécuter. (Cass. Civ. 3ème, 3 avril 2013, n°12-15148)

Le 3 avril 2013, la Cour de cassation a jugé qu’une promesse de vente d’un immeuble n’était pas caduqu

Conséquences du dépassement du délai de réitération d’une promesse de vente d'un bien immobilier

En général, en vue de la vente d’un bien immobilier, le vendeur et l’acquéreur formalisent leurs accords dans un avant-contrat qui prend le plus souvent la forme d’un compromis de vente dans lequel l’un s’engage à vendre et l’autre à acquérir.

Le compromis de vente est généralement assorti de conditions suspensives ayant pour effet principal de subordonner la réalisation de la vente à la survenance d’événements tels que l’obtention d’un permis de construire ou d’un prêt bancaire.

En outre, le compromis de vente peut prévoir la réitération de la vente par acte authentique avant une certaine date.

Dans ce cas, la question qui se pose est de savoir quel est le sort du compromis de vente en cas d’expiration du délai fixé pour accomplir la réitération de l’acte devant le notaire.

Deux possibilités peuvent alors se présenter.

Premièrement, si les parties ont fait de la réitération de l’acte une condition de validité de la promesse, le dépassement de la date de réitération entraînera la caducité de la promesse.

Dès lors, chacune des parties sera déliée de son engagement, sauf en cas de faute éventuelle d’une partie qui pourrait donner lieu au versement de dommages et intérêts.

C’est ainsi qu’il a été jugé qu’une promesse synallagmatique de vente conclue sous conditions suspensives de l’obtention d’un prêt et de la réitération par acte authentique avant une certaine date devient caduque si la signature de celui-ci n’est pas intervenue dans le délai prévu et ce, dés lors que le vendeur n’a pas accepté un report du délai de signature. En conséquence, il ne pouvait pas y avoir réitération forcée de la vente par le juge. (Cass. Civ. III, 29 mai 2013, n°12-17077)

Deuxièmement, si la réitération par acte authentique ne constitue pas une condition de validité de la promesse, l’écoulement du délai fixé pour la réitération n’entraînera pas la caducité de la promesse de vente.

Ainsi, le dépassement du terme fixé pour la réitération n’aura pas d’effet extinctif du compromis de vente lorsque la date prévue est susceptible de prorogation automatique.

A titre d’exemple, il a été jugé qu’une promesse de vente n’était pas caduque en raison de l’épuisement du délai de réitération, car une clause du compromis précisait que ce délai pouvait être prorogé jusqu’à l’obtention de la dernière pièce nécessaire au notaire rédacteur pour l’établissement de l’acte, mais aussi que « cette date nest pas extinctive de droit mais constitutive du point de départ à partir duquel lune des parties pourra obliger lautre à sexécuter. » (Cass. Civ. III, 21 novembre 2012, n°11-23382)

Dès lors, si le terme fixé pour la signature de l'acte authentique n’est pas assorti de la sanction de la caducité de la promesse de vente, il sera possible pour l’une des parties de mettre l’autre en demeure de s’exécuter et de régulariser la vente par acte authentique.

En cas de refus, la partie qui a mis l’autre en demeure de s’exécuter pourra demander en justice soit l'exécution forcée, soit la résolution de la vente, outre des dommages et intérêts en cas de faute.

L’arrêt du 3 avril 2013 illustre cette possibilité en jugeant que le dépassement du délai de réitération de la vente n'entraine pas la caducité du compromis de vente.

En l’espèce, une société est bénéficiaire d'un contrat de crédit-bail sur des locaux et d'une promesse de vente avec possibilité de lever par anticipation l'option d'achat.

Cette société a ensuite conclu un compromis de vente de ces locaux avec le gérant d’une autre société, sous la condition suspensive de l’obtention par cette dernière d’un prêt bancaire. 

La réalisation de la vente devait intervenir au plus tard 45 jours après que l'acquéreur eut informé la société promettante de l'obtention du prêt.

Le compromis de vente précisait que la levée d'option ferait l'objet d'un acte préalablement à la réitération de la vente et que la société promettante ne procéderait à la levée d'option que si l’acquéreur lui notifiait l'offre de prêt qu'il aurait reçue pour l'acquisition des biens.

Or, à la date de notification de l’obtention du prêt, le crédit bailleur de la société promettante, qui était propriétaire des biens immobiliers objets du compromis de vente, n'avait pas encore accepté la levée de l'option anticipée.

La vente n’a donc pas pu être réitérée, ce qui a valu à la société promettante d’être assignée en justice par l’acquéreur.

La société promettante s'est alors prévalue de la caducité du compromis de vente.

La Cour d’appel a rejeté les demandes de l’acquéreur en considérant que, faute de réitération dans le délai, la promesse était devenue caduque. 

Cependant, la Cour de cassation a cassé et annulé l’arrêt d’appel en reprochant aux juges du fond d’avoir estimé que la promesse était devenue caduque, alors que  « la promesse de vente stipulait que le délai prévu pour la réitération de la vente serait automatiquement prorogé jusqu'à réception des pièces administratives nécessaires à la perfection de l'acte authentique, (), et que la date d'expiration de ce délai ou de sa prorogation n'était pas extinctive mais constitutive du point de départ de la période à partir de laquelle l'une des parties pourrait obliger l'autre à s'exécuter. »

En d’autres termes, la promesse de vente n’était pas devenue caduque malgré le dépassement du délai de réitération de la vente, car la date d'expiration de ce délai ou de sa prorogation n'était pas extinctive mais constitutive du point de départ de la période à partir de laquelle l'une des parties pourrait obliger l'autre à s'exécuter.

Il en résulte donc qu’à l’expiration du délai de réitération de la vente, il était possible de sommer la partie défaillante de tenir ses engagements.

A défaut, il sera possible de l’assigner en justice pour obtenir la réalisation forcée de la vente ou des dommages et intérêts.

En définitive, la solution dégagée par la Cour de cassation invite à faire preuve de vigilance quant aux termes employés dans une promesse de vente, d’où l’utilité d’être assisté d’un avocat spécialisé pour être utilement conseillé lors de la vente ou de l’achat d’un bien immobilier.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
07/06/2015 16:29

Oups je voulais dire un quatrième batiment....

2 Publié par Maitre Anthony Bem
07/06/2015 20:23

Bonjour aurélie 53,

En l'absence d'engagement ou de promesse formalisée, vous ne disposez d'aucun moyen juridique susceptible de vous permettre de contraindre votre voisin à vous céder son terrain.

3 Publié par Visiteur
22/06/2015 22:32

compromis signé mais aucune vérification des ressources . acompte non payé au moment de la signature ??? Assignation tribunal ... si jugement rendu pourrais je faire
un recours ????

4 Publié par Visiteur
10/07/2015 23:11

Bonjour Maître,
Nous sommes vendeurs. Le compromis stipule (paragraphe réalisation) que la date mentionnée n'est pas extinctive (10 août). Notre acheteur ne fait pas appel à un prêt et aucunes conditions suspensives. Aujourd'hui on nous parle de difficultés de déblocage d'assurance vie et de succession. L'agent immobilier nous avance les difficultés du marché. Serons nous toujours engagés après le 10 août, sachant qu'aucun écrit ne nous fixe une date de signature devant notaire effective? Vous remerciant par avance.

5 Publié par Maitre Anthony Bem
11/07/2015 07:32

Bonjour vero,

Je vous confirme que vous aurez tout loisir d'interjeter appel du jugement, si vous souhaitez le contester, le cas échéant, devant la cour d'appel afin que l'affaire soit rejugée dans un sens qui vous sera éventuellement plus favorable.

Le délai d'appel est d'un mois à compter de la date de notification du jugement de première instance par un huissier de justice.

Cordialement.

6 Publié par Maitre Anthony Bem
11/07/2015 07:42

Bonjour Valou,

Je ne peux vous répondre correctement sans avoir analyser votre promesse de vente au préalable.

Merci de me consulter en privé le cas échéant.

Cordialement.

7 Publié par Visiteur
22/07/2015 10:03

Bonjour maître
Je me permets de vous solliciter pour un conseil urgent. En effet ma fille a signé un compromis de vente pour l'achat d'un appartement. Il n'y avait aucun souci de prêt uniquement une acceptation d'assurance du à un souci de santé plus longue que prévu. Le mois de mai a été lourd en pont et les assurances ont perdu du temps, résultat la date fixée n'a pas été respectée. Suite à deux lettres de notaire ma fille a joint celui ci pour le rassurer ne pouvant joindre le propriétaire parti en Afrique. C'était son premier achat elle a 28 ans et a voulu le gérer seule. Malheureusement le propriétaire a annulé la vente et suite à cette aannulation veut bénéficier des 2000 euros versés chez le notaire. Elle n'a pas évalué la complexité d'un contrat ni la mauvaise fois du propriétaire qui maintenant veut un jour négocier un autre jour non. Elle n'a pas d'assistance juridique et ne peux faire face à des frais d'avocat. D'autre part il est stipulé dans le compromis que si sa responsabilité n'est pas de son fait elle ne peut être tenu pour responsable. Je vous remercie si vous pouviez nous conseiller nous ne savons ou nous tourner ma fille a quittée son appartement pour acheter et se trouve depuis trois mois chez nous. Merci maître très cordialement Mme gabier Armelle

8 Publié par Maitre Anthony Bem
22/07/2015 14:17

Bonjour Armelle,

A priori, le délai étant dépassé et les obligations de votre fille n'ayant pas été respectées il semble difficile de pouvoir envisager une sortie positive de ce litige.

Néanmoins, je vous invite à me contacter en privé afin de vérifier avec vous si les obligations de votre fille ont été respectées et vous invite à me contacter en privé pour une consultation si vous le souhaitez le cas échéant.

Cordialement.

9 Publié par Visiteur
22/07/2015 21:58

Merci beaucoup pour votre réponse. Bonne soirée

10 Publié par Visiteur
23/07/2015 18:35

Bonjour,
Notre compromis a été signé le 3 juin nous donnant une date de signature max le 3 sept mais le vendeur avec qui nous avions convenu d'une signature avant le 15 aout car cela nous arrangeait (vacances du 15 au 30 aout pour nous permettre de faire les travaux) traine les pieds pour vider la maison inoccupée depuis 1 an et demi alors que les fonds du pret sont deblocablent depuis hier le 22 juillet. Notre notaire qui est different du sien souhaite que cela soit fait au plus vite car elle est, elle aussi, en vac du 15 au 30 aout. La propriétaire n'a toujours pas vidé la maison et ne se montre pas du tout conciliante. Avons nous un recourt si le 3/09 la maison n'est tjs pas vidée? il n'y a pas de clause signifiant des dommages et interets si la date est dépassée et nous sommes perdu...
Merci de votre réponse

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