Le Droit à la Sépulture dans un Jardin : Entre Liberté Individuelle et Réglementation Juridique

Publié le 22/10/2024 Vu 1 346 fois 0
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La question du droit à la sépulture dans un jardin privé représente une délicate intersection entre la sphère intime des rites funéraires et le cadre normatif imposé par la législation en vigueur.

La question du droit à la sépulture dans un jardin privé représente une délicate intersection entre la sp

Le Droit à la Sépulture dans un Jardin : Entre Liberté Individuelle et Réglementation Juridique

Cette problématique, loin d'être anecdotique, soulève des enjeux fondamentaux qui touchent à la dignité humaine, à la liberté individuelle, ainsi qu'à la préservation de l'ordre public et de la santé collective.

Dans une société où l'individualisme et la personnalisation des pratiques funéraires prennent de plus en plus d'ampleur, il est impératif d'examiner les implications juridiques et éthiques d'une telle démarche, qui consiste à envisager l'inhumation d'un proche dans un espace habituellement dévolu à la vie, tel qu'un jardin.

Historiquement, la sépulture a toujours occupé une place centrale dans les rituels de passage, symbolisant non seulement la fin de la vie terrestre, mais aussi le respect dû aux défunts et le lien indéfectible qui unit les vivants à ceux qui les ont précédés.

Le choix du lieu de sépulture est souvent chargé de significations personnelles et culturelles qui transcendent les simples considérations matérielles. Dans ce contexte, l'idée d'inhumer un être cher dans son propre jardin peut apparaître comme une ultime manifestation d'affection et de proximité, un moyen de garder vivant le souvenir d'un être aimé dans un espace familier et réconfortant. Cependant, cette aspiration à la proximité se heurte à des règles strictes régissant les pratiques funéraires et les lieux d'inhumation.

Le droit français, par exemple, interdit en principe l'inhumation en dehors des cimetières, afin de garantir la salubrité publique et de prévenir les risques sanitaires liés à la décomposition des corps.

Les textes législatifs, tels que le Code général des collectivités territoriales, encadrent rigoureusement cette question, en stipulant que les sépultures doivent se faire dans des lieux appropriés, désignés par les autorités compétentes. Ce cadre normatif témoigne d'une volonté de l'État de protéger l'intérêt général, en veillant à la sécurité et à la santé de la population, tout en maintenant l'ordre public. Au-delà des considérations légales, la question de l'inhumation dans un jardin soulève également des interrogations éthiques.

Quelles sont les limites de la liberté individuelle lorsqu'il s'agit de décisions qui peuvent impacter la collectivité ? Le respect dû aux défunts doit-il primer sur les préoccupations d'ordre public ? Ces interrogations mettent en lumière les tensions inhérentes à la coexistence des droits individuels et des responsabilités collectives, nécessitant une réflexion approfondie sur le rôle de la réglementation dans la régulation des pratiques funéraires.

 Dans un monde en mutation, où les normes sociales et culturelles évoluent rapidement, les débats autour de l'inhumation dans un jardin s'accompagnent de questions environnementales. Les jardins, en tant qu'espaces de vie, sont souvent perçus comme des sanctuaires de la nature, et leur utilisation pour des fins funéraires peut susciter des préoccupations quant à la préservation de l'écosystème local.

Les implications écologiques de l'inhumation, telles que la gestion des déchets organiques et les effets potentiels sur la biodiversité, viennent complexifier davantage cette problématique. Il est donc essentiel d'aborder la question du droit à la sépulture dans un jardin à travers une analyse pluridisciplinaire, intégrant des perspectives juridiques, éthiques et environnementales.

Cette approche permettra non seulement de mieux comprendre les enjeux en jeu, mais aussi d'envisager des solutions possibles qui pourraient concilier les aspirations individuelles avec les exigences de l'intérêt général.

Ainsi, notre étude se propose d'explorer les différentes dimensions de cette problématique, en examinant les fondements juridiques des pratiques funéraires, les impacts sociaux et environnementaux d'une inhumation dans un jardin, ainsi que les pistes d'évolution législative susceptibles de répondre aux évolutions des mentalités et des besoins sociétaux. En définitive, il s'agit d'interroger la place que nous accordons à la mort dans nos sociétés et la manière dont cette place peut être envisagée dans le respect des droits et des valeurs qui nous sont chers.

 

 

I.                  Les Cadres Juridiques de l’Inhumation dans un Jardin

 

A.   Les Dispositions Légales Relatives à l’Inhumation 

 L'inhumation en France est principalement régie par le Code général des collectivités territoriales. Selon l'article L. 2223-1, Chaque commune consacre à l'inhumation des morts un ou plusieurs terrains spécialement aménagés à cet effet. Autrement dit, l’inhumation doit se faire dans un cimetière, à moins que des dispositions spécifiques ne prévoient autrement.  La législation encadre ainsi strictement les lieux d'inhumation pour des raisons de santé publique, de sécurité et de respect des défunts.

L'article L. 2223-9 précise que Toute personne peut être enterrée sur une propriété particulière, pourvu que cette propriété soit hors de l'enceinte des villes et des bourgs et à la distance prescrite.

De plus, le Code de la santé publique renforce cette réglementation en imposant que les sépultures soient effectuées dans des lieux autorisés, pour éviter les risques de pollution et de nuisances olfactives. Ces lois visent à protéger la santé publique et à garantir le respect des espaces communs. Ainsi, toute inhumation non conforme aux dispositions légales pourrait engager la responsabilité de la famille et entraîner des sanctions administratives.

 

B.    Les Procédures d’Autorisation et les Cas d’Exception

 

·        Quels sont les textes de lois en vigueur ?

Le service public précise que l’inhumation en propriété privée reste exceptionnelle et que cette demande n’est acceptée que sous certaines conditions très encadrées par la loi.

En effet, la grande majorité de ces sépultures découlent de traditions locales (plus ou moins anciennes), ne s’appliquant qu’à quelques zones géographiques du territoire Français (Corse, Ardèche, Cévennes par exemple).

L'article L. 2223-9 du Code général des collectivités territoriales autorise à ce que l'on pratique un enterrement dans un espace privé. C'est également valable pour le placement de cendres.

Il faut, avant tout, avoir l'accord du propriétaire de ce lieu, à moins d’être soi-même le possédant.

On doit aussi respecter tout un ensemble de demandes et de règles en ce qui concerne les autorisations d'inhumation et l'édification de la tombe, cela notamment afin d'assurer les normes sanitaires.

En revanche la loi du 19 décembre 2008 interdit de conserver les restes d'un défunt chez soi. Seules les personnes qui ont effectué cette démarche avant 2008 peuvent garder les urnes dans leurs demeures.

·        Les conditions à remplir

La propriété où sera pratiquée l'inhumation doit être située en dehors des agglomérations (hors de l’enceinte des villes et bourgs) à au moins 35 mètres de distance, et suffisamment éloignée d'éventuels voisins.

Il convient de faire appel à un hydrogéologue agréé par l'Agence Régionale de Santé. Ce dernier va vérifier :

que le lieu choisi pour la tombe est éloigné de toute nappe phréatique, cela afin d'éviter que l'eau ne soit contaminée par le corps ;

juger de la fiabilité du terrain, pour anticiper tout risque de glissement du corps hors de la tombe (cette intervention n'est pas nécessaire s'il s'agit d'enterrer une urne) ;

Il faut néanmoins choisir un emplacement facile d'accès pour le convoi des pompes funèbres et les futurs visiteurs.

La tombe ou le cavurne érigés doivent répondre aux impératifs et aux réglementations encadrant la construction d'une sépulture en cimetière, cela pour des raisons de sécurité et d'hygiène.

 

·        Les démarches à effectuer

Il faut en faire la demande après avoir assemblé plusieurs pièces :

le certificat de décès signé par un médecin ;

la déclaration de décès obtenue auprès de l'officier de l'état civil du lieu de décès;

l'autorisation de fermeture de cercueil ;

Cette requête aboutit à un droit d'inhumer individuel :

Ce dernier ne permet pas d'enterrer d'autres personnes dans le caveau, même s'il comprend plusieurs places. Aussi chaque cas devra faire l'objet d'un dossier séparé.

 

C.    Qui peut s'opposer à une inhumation dans le jardin ?

**Autorités locales** : Les autorités administratives, notamment les municipalités, jouent un rôle central dans la régulation des pratiques funéraires. En effet, la loi française, à travers le Code Général des Collectivités Territoriales et le Code de la Santé Publique, stipule que les inhumations doivent généralement se réaliser dans des cimetières ou des lieux de sépulture autorisés.

Par exemple, Selon l'article L. 2223-1 Code général des collectivités territoriales, Chaque commune consacre à l'inhumation des morts un ou plusieurs terrains spécialement aménagés à cet effet. Autrement dit, l’inhumation doit se faire dans un cimetière, à moins que des dispositions spécifiques ne prévoient autrement. Ainsi, les maires, en tant qu'agents de l'État, ont le pouvoir de s'opposer à une inhumation dans un jardin en vertu de ces dispositions légales, en arguant du non-respect de la réglementation en vigueur.

 

 - **Voisins** : Les voisins immédiats peuvent également faire valoir leur opposition à une inhumation dans un jardin, notamment sur le fondement du droit de propriété et du respect de la tranquillité de leur environnement. Le droit de propriété, tel que défini par l'article 544 du Code Civil, confère à chaque propriétaire le droit d'user et de disposer de son bien. Cependant, ce droit est limité par les règles de voisinage, qui imposent une obligation de ne pas nuire à autrui. Ainsi, des voisins pourraient invoquer des atteintes à la salubrité, à la sécurité, ou à la jouissance de leur propre propriété, en se référant à l'article 673 et 1253 (loi n° 2024-346 du 15 avril 2024) du Code Civil qui traitent des troubles de voisinage. 

 

 - **Membres de la famille** : Les membres de la famille du défunt, en tant que parties prenantes dans le processus de deuil, peuvent également s'opposer à une inhumation dans un jardin. Si le défunt avait exprimé des souhaits contraires ou si la famille considère que cette inhumation ne respecte pas les traditions culturelles ou religieuses, elle peut s'opposer en vertu de son droit moral. Par exemple, dans le cas où le défunt avait une appartenance religieuse forte, cela pourrait entraîner des objections basées sur des prescriptions religieuses qui imposent l'inhumation dans un cimetière consacré.

 

-         Les Institutions Religieuses : Les institutions religieuses peuvent également jouer un rôle crucial dans l'opposition à une inhumation dans un jardin. Chaque tradition religieuse a ses propres règles concernant le traitement des corps et les lieux de sépulture. Par exemple, dans le christianisme, l'inhumation dans un cimetière est souvent considérée comme un acte de respect envers les morts. Les représentants religieux peuvent donc s'opposer à une inhumation dans un jardin en faisant valoir que cela contrevient aux préceptes de leur foi, ce qui pourrait engendrer des tensions au sein de la communauté religieuse.

 

-         Les Autorités de Santé Publique

 

 Enfin, les autorités de santé publique peuvent s'opposer à une inhumation dans un jardin pour des raisons d'hygiène et de sécurité. Les inhumations doivent être effectuées dans des conditions garantissant la salubrité publique. Les autorités sanitaires peuvent donc émettre des objections basées sur des préoccupations liées à la contamination des sols et des eaux, surtout si le jardin est situé à proximité de sources d'eau potable ou de zones résidentielles.

 

D.   Comment s’opposer au refus ?

Le droit à la sépulture est un principe fondamental qui découle du respect dû à la dignité humaine et à la mémoire des défunts. Ce droit est souvent encadré par des dispositions légales et réglementaires qui varient selon les juridictions. Cependant, des situations peuvent surgir où un individu ou un groupe se voit opposer un refus quant à l’inhumation d’un corps dans un jardin, qu’il s’agisse d’un domicile privé ou d’un espace non destiné à cet effet. Face à un tel refus, il est possible d’envisager plusieurs voies de droit pour contester cette décision.

-         Conciliation avec les Autorités Compétentes : La première démarche pour s’opposer à un refus d’inhumation consiste à engager un dialogue avec les autorités locales compétentes. Il est recommandé de solliciter un rendez-vous avec le maire ou le service d’urbanisme de la commune afin d’exposer la situation et de demander une réévaluation de la décision. Il peut être utile de rassembler des témoignages de proches ou d’amis qui soutiennent la demande, afin de démontrer l’attachement à la mémoire du défunt.

 

-         Les voies de recours possibles : En cas de refus, plusieurs options s'offrent aux familles. Elles peuvent introduire un recours gracieux auprès de l'autorité qui a émis le refus, en fournissant des arguments supplémentaires et en justifiant leur demande. Il peut être accompagné de pièces justificatives, telles que : - Un certificat de décès. - Des attestations de la famille affirmant le souhait d’inhumer le défunt dans le jardin. - Une étude de l’impact environnemental, si pertinent. Le recours sera examiné par la juridiction administrative, qui pourra annuler la décision de refus si elle estime que celle-ci est illégale ou disproportionnée.

 

-          Si ce recours est également rejeté, il est possible d'envisager un recours contentieux devant le tribunal administratif compétent. Ce dernier pourra alors examiner la légalité de la décision prise par la mairie, en s'assurant que celle-ci respecte les principes du droit, ainsi que les droits des demandeurs.

 

-         Cette action peut être fondée sur plusieurs bases juridiques : - Violation du Droit à la Vie Privée : Si le refus d’inhumer dans le jardin constitue une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée de la famille, une action en référé peut être envisagée pour obtenir une autorisation temporaire. - Préjudice Moral : La famille peut également revendiquer un préjudice moral lié à la douleur de ne pas pouvoir honorer la mémoire du défunt de manière appropriée. Cela pourrait donner lieu à une demande d’indemnisation.

 

 

-         Les actions à entreprendre pour une réévaluation : Pour renforcer leur dossier, les familles peuvent rassembler des témoignages de proches, des avis d'experts (médecins, anthropologues, etc.) ou des documents attestant de la volonté du défunt. Une approche respectueuse et empathique envers l'autorité peut également jouer en faveur des demandeurs, en montrant leur engagement à respecter les normes sanitaires et environnementales.

 

-         Le rôle des avocats spécialisés en droit funéraire : Solliciter l'aide d'un avocat spécialisé en droit funéraire peut s'avérer judicieux. Ce dernier pourra conseiller sur les meilleures stratégies à adopter, sur les arguments juridiques à avancer, et sur les démarches administratives à suivre, facilitant ainsi le processus de recours.

 

 

II.               Urne funéraire et dispersion des cendres

Le droit à la sépulture est un droit fondamental en France, reconnu par la législation et s’inscrivant dans le respect de la dignité humaine. La question de l’inhumation dans un jardin privé, notamment en ce qui concerne les urnes funéraires et la dispersion des cendres, appelle une analyse approfondie des dispositions légales en vigueur et des implications pratiques qui en découlent.

 

A.   Le Cadre Juridique du Droit à la Sépulture

En France, le droit à la sépulture est principalement régi par L. 2223-1 Code général des collectivités territoriales, Chaque commune consacre à l'inhumation des morts un ou plusieurs terrains spécialement aménagés à cet effet. Autrement dit, l’inhumation doit se faire dans un cimetière, à moins que des dispositions spécifiques ne prévoient autrement. Ce droit inclut le respect des volontés du défunt tout en tenant compte des obligations légales qui encadrent les pratiques funéraires. Traditionnellement, la sépulture se réfère à l’inhumation d’un corps dans un cimetière ou un lieu de mémoire. Toutefois, la question de l’inhumation d’une urne funéraire dans un jardin privé mérite une attention particulière.

 

B.    Inhumation d'une Urne Funéraire dans un Jardin

L'inhumation d'une urne funéraire dans un jardin est envisageable, mais elle doit répondre à des exigences spécifiques :

1. Autorisation Préalable : Conformément à l’article L. 2223-18 du Code général des collectivités territoriales, l’inhumation des urnes funéraires peut être réalisée sous certaines conditions. Le propriétaire du jardin doit tout d’abord demander une autorisation à la mairie. Cette demande sera examinée en fonction des règlements locaux qui peuvent varier d’une commune à l’autre. Par exemple, certaines municipalités peuvent interdire l’inhumation d’urnes en raison de préoccupations liées à l’aménagement du territoire ou à l’hygiène publique.

2. Conditions Sanitaires : L’inhumation d’une urne funéraire doit se faire dans le respect des normes sanitaires. L’article L2223-18-2 du même Code précise que : A la demande de la personne ayant qualité pour pourvoir aux funérailles, les cendres sont en leur totalité :

– soit conservées dans l'urne cinéraire, qui peut être inhumée dans une sépulture ou déposée dans une case de columbarium ou scellée sur un monument funéraire à l'intérieur d'un cimetière ou d'un site cinéraire visé à l'article L. 2223-40 ;

– soit dispersées dans un espace aménagé à cet effet d'un cimetière ou d'un site cinéraire visé à l'article L. 2223-40 ;

– soit dispersées en pleine nature, sauf sur les voies publiques. Par conséquent, des précautions doivent être prises pour éviter tout risque de contamination.

De plus, l’Article L2223-18-4 du Code général des collectivités territoriales précise que Le fait de créer, de posséder, d'utiliser ou de gérer, à titre onéreux ou gratuit, tout lieu collectif, en dehors d'un cimetière public ou d'un lieu de dépôt ou de sépulture autorisé, destiné au dépôt temporaire ou définitif des urnes ou à la dispersion des cendres, en violation du présent code est puni d'une amende de 15 000 € par infraction. Ces dispositions ne sont pas applicables aux sites cinéraires créés avant le 31 juillet 2005.

3. Respect des Volontés du Défunt : L’inhumation doit également respecter les dernières volontés du défunt, qui peuvent être exprimées dans un testament ou des directives anticipées. Il est donc impératif d’obtenir confirmation des souhaits du défunt, notamment en ce qui concerne le lieu de repos final.

 

C. La Dispersion des Cendres dans le Jardin

La dispersion des cendres d’un défunt dans un jardin privé est une pratique qui suscite de nombreuses interrogations. Certains cimetières de France proposent des "jardins du souvenir" où vous pouvez disperser les cendres de vos défunts. La loi autorise la dispersion des cendres en pleine nature, sauf sur les voies publiques, les fleuves et les cours d'eau. Dans la mesure où vous voulez disperser les cendres de votre défunt en pleine nature, vous devez automatiquement informer la commune. Selon la loi du 2 janvier 1986 et l’article L.2213-23 du Code général des collectivités territoriales, vous avez le droit de le faire en pleine forêt, en mer ou dans un océan à 300 mètres des côtes et 6 km du littoral.

Par contre, il vous est interdit de disperser les cendres dans un jardin public ou privé, dans la rue ou dans une rivière à proximité de votre maison Il est recommandé d’éviter la dispersion dans des zones visibles de la voie publique ou à proximité des habitations, afin de prévenir d’éventuels conflits avec des tiers. Par exemple, une dispersion réalisée sans concertation avec les voisins pourrait être perçue comme une atteinte à leur tranquillité.

C.    Conséquences Juridiques : En cas de non-respect des règles relatives à la dispersion des cendres, des recours peuvent être envisagés par des tiers, qu'il s'agisse de voisins ou d'autres parties concernées. Par exemple, si la dispersion des cendres entraîne une nuisance olfactive ou visuelle, les voisins pourraient engager une action en justice pour faire respecter leur droit à un environnement paisible.

 

 

III.            Les Enjeux Éthiques et Sociaux de l’Inhumation dans un Jardin

 

A.   La Dimension Éthique de la Sépulture à Domicile

 La volonté d’être inhumé dans son jardin peut être perçue comme une quête de proximité avec ses proches, un ultime désir de rester lié à son domicile et à son environnement naturel.

Cette pratique soulève des questions éthiques fondamentales concernant le respect des derniers souhaits des défunts, la dignité accordée au corps humain après la mort et le droit à une sépulture qui reflète les valeurs personnelles et culturelles du décédé.  D’un point de vue éthique, la possibilité d'une inhumation dans un jardin peut être défendue par l'argument selon lequel chaque individu a le droit de choisir le lieu où il souhaite reposer, en harmonie avec ses croyances et sa vision de la mort.

Cela rejoint des concepts plus larges de liberté individuelle et d’autonomie, et l'idée que la mort ne devrait pas être un sujet de contrainte ou de régulation excessive.

Ainsi, pour certains, l’inhumation dans un jardin peut symboliser une forme de liberté ultime, un retour à la terre et à la nature. Cependant, cette notion de liberté doit être mise en balance avec d’autres considérations éthiques.

La présence d’une sépulture dans un jardin peut poser des dilemmes pour les voisins et la communauté. En effet, le jardin, espace de vie et de convivialité, se transforme alors en lieu de mémoire, ce qui peut engendrer des sentiments de malaise ou d’inconfort chez les personnes vivant à proximité. De plus, la gestion des restes humains dans un cadre privé soulève des questions sur le respect et la dignité des défunts, ainsi que sur les normes sociétales qui régissent la mort et le deuil.

 

B.    Les Implications Sociales et Communautaires

 

 Au-delà des questions éthiques, l’inhumation dans un jardin peut avoir des implications sociales significatives. Dans de nombreuses cultures, les cimetières représentent des espaces de mémoire collective, où les familles peuvent rendre hommage à leurs ancêtres et où la communauté se regroupe pour célébrer la vie des défunts. En choisissant d’être inhumé dans un jardin privé, un individu peut potentiellement rompre ce lien social, en isolant sa mémoire des traditions communautaires et des rituels collectifs associés à la mort.

De plus, l’inhumation dans un jardin peut soulever des préoccupations en matière de santé publique et de sécurité. Les normes sanitaires imposées par la réglementation visent à protéger non seulement les individus, mais également l’environnement.

Une inhumation non contrôlée peut engendrer des risques de contamination des eaux souterraines et de propagation de maladies, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la santé des habitants du voisinage.

Des cas de pollution ont été rapportés lorsque des sépultures n’ont pas respecté les normes réglementaires, entraînant des actions en justice et des sanctions pour les familles concernées. En ce sens, la question de l’inhumation dans un jardin doit être envisagée dans un cadre plus large, prenant en compte non seulement les droits individuels, mais également les responsabilités envers la communauté et l’environnement. L'harmonisation entre le respect des souhaits personnels et les impératifs collectifs apparaît ainsi comme un défi majeur dans la réflexion sur cette pratique.

 L’inhumation dans un jardin, bien que séduisante par son aspect intimiste et personnel, est une question complexe qui engage des considérations juridiques, éthiques et sociales.

Si la volonté de disposer de son corps après la mort peut être perçue comme un droit fondamental, elle doit s’inscrire dans un cadre légal qui protège l’intérêt général et assure la sécurité et la salubrité publiques. Les dispositions légales en vigueur en France établissent des règles strictes concernant les lieux d’inhumation, et toute dérogation doit être soigneusement examinée pour éviter des répercussions négatives sur la santé publique et le bien-être de la communauté.

Par ailleurs, les enjeux éthiques liés à la dignité des défunts et au respect des traditions communautaires doivent également être pris en compte pour garantir un équilibre entre les droits individuels et les valeurs collectives. Ainsi, la question de l’inhumation dans un jardin ne peut être résolue par un simple oui ou non. Elle nécessite une réflexion approfondie, prenant en compte les différentes dimensions du problème, ainsi qu’un dialogue entre les individus, les familles, les autorités publiques et les communautés.

 

Sources :

Article L2223-1 - Code général des collectivités territoriales - Légifrance (legifrance.gouv.fr)

Article L2223-9 - Code général des collectivités territoriales - Légifrance (legifrance.gouv.fr)

Inhumation en propriété privée : démarches, conditions et lois (lassurance-obseques.fr)

Cour de cassation, civile, Chambre civile 1, 4 juillet 2018, 17-22.934, Publié au bulletin - Légifrance (legifrance.gouv.fr)

 

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