Nullité des significations des décisions de justice par les huissiers

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Quelles sont les conditions de validité du procès-verbal de recherches infructueuses de l’huissier de justice lors de la remise d’un acte ?

Quelles sont les conditions de validité du procès-verbal de recherches infructueuses de l’huissier de just

Nullité des significations des décisions de justice par les huissiers

Les décisions de justice tels que les jugements, ordonnances et arrêts doivent faire l'objet d'une signification par voie d'huissier de justice afin de pouvoir être exécutées et faire partir le délai de recours. 

La signification doit être faite à personne. 

Or, il est fréquent que la personne concernée ne soit pas "touchée", c'est à dire que l'huissier de justice ne puisse pas lui remettre en main propre l'acte à signifier. 

Ainsi, lorsque la personne à qui l'acte doit être signifié n'a ni domicile, ni résidence, ni lieu de travail connus, l'huissier de justice doit établir un procès-verbal de recherches infructueuses (dit « PV 659 » en référence à l'article 659 du Code de Procédure Civile). 

La Cour de cassation juge que la signification d’un jugement par voie de procès-verbal de recherches infructueuses fait courir le délai d’appel sans être contraire à l’exigence d’un procès équitable. 

La signification est valable mais doit alors respectée un certain formalisme à peine de nullité.

En effet, la nullité des actes d’huissiers de justice peut notamment être obtenue si le procès-verbal de recherches infructueuses ne répond pas aux conditions légales et jurisprudentielles.

Ainsi, aux termes de ce procès-verbal, l’huissier de justice doit relater « avec précision les diligences qu’il a accomplies pour rechercher le destinataire de l’acte ». (Cassation Civile, 2ème chambre, 7 décembre 2006 n°06-11211).

La Cour de Cassation se montre exigeante s'agissant des diligences devant être déployées par l’Huissier : interrogation du voisinage, consultation de l’annuaire téléphonique, déplacement à la mairie pour consultation des listes électorales, à la Poste, au Commissariat ou à la Gendarmerie, à l’ordre professionnel auquel appartient éventuellement l’intéressé, auprès de l’Administration fiscale, auprès du Registre du Commerce et des Sociétés, etc.

Il a été́ jugé qu’il ne peut davantage se borner à effectuer une diligence formelle en se rendant au dernier domicile connu et à mentionner, par exemple, que le nom de l’intéressé́ ne figure pas sur la boîte aux lettres et que les voisins n’ont pu lui donner aucune information sur son adresse actuelle (Cassation Civile, 2ème chambre, 5 juillet 2000, n° 98-18.486).

De plus, il est jugé qu'"est nul l’acte de signification ne comportant aucune mention sur les diligences accomplies par l’huissier pour rechercher le lieu de travail de la destinataire" (Cassation Civile, 2ème chambre, 21 mars 2013 n°12-14142).

Récemment, la chambre commerciale de la cour d’appel d’Angers a annulé le procès-verbal de signification d'un jugement par un huissier de justice car, après s’être rendu à l’adresse des époux condamnés telle qu’elle figurait dans le jugement à signifier et entrepris les démarches habituelles de recherche, ce dernier n'avait pas sollicité d'information auprès de l'avocat de première instance alors que son nom figurait sur la décision signifiée (Cour d’appel d’Angers, chambre commerciale, 23 septembre 2014, n°14/00795).

Il en découle que lorsque tous les moyens mis à la disposition de l'huissier n'ont pas été épuisés avant d’établir son procès-verbal de vaines recherches, son acte pourra faire l'objet d'une annulation.

Par ailleurs, le même jour ou, au plus tard, le premier jour ouvrable suivant la signification, l'huissier de justice doit envoyer au destinataire, à la dernière adresse connue par lettre recommandée avec avis de réception, une copie du procès-verbal, à laquelle est jointe une copie de l'acte objet de la signification.

En outre, le jour même, l'huissier de justice doit aviser le destinataire, par lettre simple, de l'accomplissement de cette formalité.

En conséquence, l'analyse des conditions et modalités de signification des décisions de justice par les huissiers peut permettre d'invalider la notification, contester les mesures d'exécution telles que les saisies pratiquées ou d'initier un recours contre la décision signifiée.

L'intervention d'un avocat spécialisé en mesure d'exécution permettra de s'assurer du respect de ces conditions de validité et/ou, le cas échéant, de solliciter de l'huissier la communication des éléments d'information susceptibles de remettre en cause l'acte de signification.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
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1 Publié par Visiteur
25/05/2018 14:13

Bjr maitre et pour moi l huissier peut il agir dans le mois d opposition du TE ? Cdlt

2 Publié par Maitre Anthony Bem
25/05/2018 21:57

Bonjour Delphine,

La mise en annexe d’un jugement à un commandement de payer peut valoir signification de ce jugement.

Cependant, le cas échéant, le commandement de payer ne peut pas préciser que le jugement a été précédemment signifié.

Je vous suggère de faire opposition à la saisie devant le juge de l’exécution si le montant le justifie.

Ainsi vous pourrez vérifier le caractère exécutoire ou non du jugement servant de titre exécutoire à la saisie pratiquée.

Cordialement.

3 Publié par Maitre Anthony Bem
25/05/2018 22:00

Bonjour Seb18,

L’huissier de justice peut continuer à agir en recouvrement de la dette, même dans le mois suivant l’opposition à la saisie pratiquée.

L’opposition n’empêche pas l’huissier d’agir.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
26/05/2018 11:34

Mais pour l instant il n y a aucunes saisies pratiquées... j ai lu quelques part que durant le mois d opposition cela rendais le TE non executoire justement

5 Publié par Visiteur
30/05/2018 08:38

Bonjour maître !

Encore merci. Avant d'assigner le créancier et p-e m'enfoncer encore plus.., je voudrais être certaine sur un point :

Est ce une erreur de forme ou de fond ?

En réalité, je suis persuadée que le créancier a cru qu'il était non nécessaire de signifier le jugement (assorti de l'exécution provisoire) car il était contradictoire et il s'agissait d'une procédure pénale où c'est normalement le ministère public qui notifie. Mais là, il s'agissait des intérêts civils (audience séparée) où la signification préalable du jugement est obligatoire ! (jurisprudence à l'appui)

C'est pourquoi j'ai reçu un "commandement de payer" (intitulé) avec les mentions :"jugement précédemment signifié" et "à nouveau je vous fais commandement" et non, comme j'ai déjà vu, un acte de "signification d'un titre exécutoire avec commandement..".
L'huissier voulait clairement signifier un commandement (et se rattrape avec la mise en annexe..)

Nullité à demander pour erreur de fond ou forme ?
Dans quelle défense ai-je mes chances de faire annuler tous les actes (sachant qu'en plus j'ai payé toute la dette, principal, 475-1, intérêts, hors actes d'huissier) ?

Merci encore !

6 Publié par Visiteur
02/06/2018 10:26

Bonjour Maître, merci d'avance pour votre blog et le temps que vous y consacrez.
Mon locataire en France vient de recevoir chez lui un itératif saisie vente rédigé à mon nom. Le locataire me prévient et ne sachant absolument pas de quoi il s'agit je contacte le huissier.
Ce document a été déposé par ce huissier pour le compte d'une entreprise en liquidation judiciaire.
Il y a 3 ou 4 ans j'avais commandé des travaux à cette entreprise mais à l'époque malgré mes nombreux courriers (CR) cette entreprise ne m'avait ni livré la marchandise ni effectué les travaux en totalité. Et pour cause, cette entreprise ayant fait faillite et ayant disparue avec mes versements ... Il semble que par après un liquidateur judiciaire pour cette entreprise a obtenu jugement contre moi pour payement de la totalité de la commande et ce liquidateur a semble aussi t'il attendu que le délai d'appel soit passé pour continuer à me poursuivre par un itératif saisie-vente. Mais JAMAIS je n'ai été signifiée de rien. Ni d'un quelconque jugement ni de jamais rien d'autre. J'habite à l'étranger depuis toujours. Jamais je n'ai été domiciliée en France. Pourtant le huissier persiste à déclarer que je suis bien là à cette adresse (soit disant voisins qui confirment, employé de mairie qui aurait répondu oui oui c'est bien là, etc...). Le huissier est très sournois et extrêmement menaçant. Il me réclame par écrit une somme de passé les 10.000€ à payer immédiatement sans quoi il écrit qu'il se rendra personnellement sur place dans quelques jours pour tout saisir et vendre ! Donc chez mes locataires qui n'ont rien à voir. Le huissier contacté par téléphone admet lui-même qu'après vérification de mon nom je suis enregistrée à l'étranger, mais par écrit il tient un autre discours. Il menace et essaie par tous les moyens de confirmer l'adresse de saisie où je n'ai jamais été domiciliée mais donc adresse à laquelle ce huissier a semble t'il tout envoyé pendant 2 ans. Le huissier évoque sans cesse l'article 658 et courriers adressés confirmés par le voisinage... Cette dette m'est totalement inconnue, ce jugement ne m'a jamais été signifié, je n'ai jamais rien reçu à mon domicile, cette société à l'époque m'avait déjà fait payer des milliers d'€ pour en définitive ne jamais me livrer, ne pas réaliser le travail et disparaître dans la nature malgré mes nombreux courriers recommandés restés sans réponse. Que dois-je faire pour me défendre? C'est inimaginable et en plus ce huissier est très vindicatif et menaçant. Il parle d'absence d'opposition, d'ordonnance d'injonction de payer signifiée, de signification d'ordonnance d'injonction de payer exécutoire signifiée depuis 18 mois, de l'article 658, etc... Merci d'avance pour vos conseils.

7 Publié par Katherine sanz
07/06/2018 22:27

Bonsoir Maître,

J'ai des crédits depuis 2001 qui sont impayés. J'ai eu des significations et titres exécutoires, mais certains organismes n'ont rien fait. Normalement, il y devrait y avoir prescription le 17 ou 18 juin, un titre exécutoire étant valable 10 ans maintenant.
Or ce matin, une employée de la société de mon ami (bureau + maison au même endroit) a pris pour moi une lettre recommandée venant d'un huissier des bouches du rhône (j'habite dans le 06). Dans la lettre en envoi simple, l'huissier écrit qu'il a fait un procès verbal pour recherches infructueuses, conformément à l'article 659 du CPC.
Le fait d'avoir accepté cette lettre, est-ce que je repars sur 10 ans ?
Etant donné que je n'ai pas signé sur le courrier, la société peut-elle faire un courrier disant qu'il y a eu erreur en acceptant la lettre ?

Dans l'attente de vos réponses,
Bien cordialement

8 Publié par Katherine sanz
07/06/2018 22:44

ps : le fait que la lettre est été acceptée prouve que j'habite bien à cette adresse et donc les recherches n'ont pas été effectuées. Qu'en pensez-vous ?
Merci pour votre réponse

9 Publié par Maitre Anthony Bem
07/06/2018 23:18

Bonjour Katherine sanz,

En effet, un titre exécutoire est valable 10 ans, depuis la loi de 2008 réformant le délai de prescription de l’exécution des décisions de justice.

Il y a donc prescription du titre exécutoire au 19 juin 2018, à défaut de tentative d’exécution forcée depuis 10 ans.

Le fait d'avoir accepté cette lettre ne fait pas repartir le délai de 10 ans.

Cordialement.

10 Publié par Katherine sanz
12/06/2018 00:06

Merci Maître.
Dans cette lettre, il y avait un commandement de payer aux fins de saisie vente. Par contre dans les recherches, il noté qu il a interrogé ficoba eT la ville qu il cite est une adresse de 15 ans en arrière. J ai fait aussi une interrogation ficoba il y a 4 mois et y figure mon adresse actuelle, pas celle d il y a 15 ans. Il Dit aussi aucune trace à la mairie, AlorS Que jé vote.
Il n a fait pour moi aucune recherche. Ayant 2 crédits dans cette société, j ai eu une 2eme recommandée Avec le commandement, plus signification de cession de créances datant de 2012. la, par contre l interrogation de ficoba eT de la mairie confirme l adresse ainsi que la cpam. Mais il n a pas réussi à avoir d employeur. Or jé travaille et ayant une saisie sur salaire, l autre huissier a bîen réussi à avoir le nom de mon employeuMerci Maître.
Dans cette lettre, il y avait un commandement de payer aux fins de saisie vente. Par contre dans les recherches, il noté qu il a interrogé ficoba eT la ville qu il cite est une adresse de 15 ans en arrière. J ai fait aussi une interrogation ficoba il y a 4 mois et y figure mon adresse actuelle, pas celle d il y a 15 ans. Il Dit aussi aucune trace à la mairie, AlorS Que jé vote.
Il n a fait pour moi aucune recherche. Ayant 2 crédits dans cette société, j ai eu une 2eme recommandée Avec le commandement, plus signification de cession de créances datant de 2012. la, par contre l interrogation de ficoba eT de la mairie confirme l adresse ainsi que la cpam. Mais il n a pas réussi à avoir d employeur. Or jé travaille et ayant une saisie sur salaire, l autre huissier a bîen réussi à avoir le nom de mon employeur. Donc je suppose qu il a fait Ca dans l urgence pour annuler la prescription des 10 ans.
Je pensais essayer de faire annuler le procès verbal de recherches infructueuses après le 19 juin. Qu en pensez vous ?
Merci Maître

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