Autorisation de découvert et facilité de caisse.

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Avoir un compte débiteur peut conduire à l'interdiction bancaire, à moins de bénéficier d'une tolérance de la part de son banquier. Celle-ci peut prendre la forme d'une facilité de caisse ou, mieux encore, d'une autorisation de découvert. Il convient de rappeler qu’une banque ne tolère les comptes débiteurs que dans la mesure où ils lui rapportent de l'argent perçu sous forme d'agios. Les agios comprennent les intérêts rémunérant le prêt d'argent et parfois des commissions de découvert. Le taux des agios peut être fixé librement par chaque banque sous réserve de respecter certaines contraintes. Ainsi, le taux d’agios doit être fixé par écrit et ne peut jamais être supérieur au taux d’usure défini tous les trimestres par la Banque de France. En outre, le client doit être informé à l’avance du taux d’intérêt qui lui sera appliqué. La distinction entre facilité de caisse et autorisation de découvert n’est pas toujours aisée en pratique et pourtant, elle s’avère très importante dans la mesure où la réglementation juridique applicable est différente. Au regard de la jurisprudence, pour différencier le concours occasionnel du concours qui, par hypothèse, ne l'est pas, implique de rechercher concrètement la commune intention des parties à travers l'analyse des variations du solde débiteur et des autres éléments de fait, telle l'attitude du banquier. Cet article a pour objet de préciser d’une part la notion de facilité de caisse et d’autre part celle d’autorisation de découvert.

Avoir un compte débiteur peut conduire à l'interdiction bancaire, à moins de bénéficier d'une tolérance

Autorisation de découvert et facilité de caisse.

1/ Les facilités de caisse :

En cas de difficultés financières passagères, un client peut obtenir de sa banque une facilité de caisse. Celle-ci résulte de l'acceptation tacite ou verbale de la banque d'honorer les paiements effectués par son client malgré la position débitrice du compte. Cette forme de crédit ponctuel et souple évite au client les désagréments en principe liés aux incidents de paiement.

Cette « tolérance » de la banque est ponctuelle et le compte doit redevenir créditeur quelques jours plus tard.

Une facilité de caisse permet donc à un client de faire face à une difficulté de trésorerie passagère sans justification particulière quant au besoin financé.

En contrepartie, la  banque applique des agios, c'est-à-dire facture des intérêts, qui sont souvent très élevés.

Au vue de la jurisprudence,  la fréquence des découverts est moins probante que leur permanence, une succession de découverts étant plutôt caractéristique de facilités de caisse ponctuelles exclusives de tout caractère permanent, au contraire précisément du véritable découvert.

Ainsi, la Cour de cassation dans un arrêt du 30 juin 1992, a approuvé  une Cour d’appel d'avoir retenu « que l'existence de découverts sur les comptes litigieux n'avaient duré que deux mois et que le Crédit lyonnais y avait mis fin en rejetant sept chèques dès le mois suivant, ce qui n'avait impliqué qu'une tolérance exceptionnelle de la part de celui-ci » (Cass. com., 30 juin 1992 : JurisData n° 1992-001716).

  • La rupture d’une facilité de caisse :

L’inconvénient principal de la facilité de caisse est qu’elle peut être supprimée à tout moment et sans avertissement préalable par la banque.

En effet, la loi n'impose au banquier le respect d'un délai de préavis de dénonciation que pour un concours autre qu'occasionnel (art L313-12 CMF).

A cet égard,  la Cour de cassation a précisé, dans un arrêt du 31 mai 2011, que les dépassements de découvert autorisé par une banque ne constituent que des concours exceptionnels de sorte que le rejet d’effets de commerce, dont le paiement aurait engendré un débit du compte au-delà du découvert autorisé, ne constituait pas une rupture fautive d’une ouverture de crédit (Cass. Com  31 mai 2011 n° 10-15180).

Il en résulte qu’une tolérance occasionnelle de la banque, n’étant qu’une simple faculté, ne saurait engager la responsabilité de la banque pour rupture abusive de crédit.

De même, la Cour de cassation, dans un arrêt du 15 avril 2008, a jugé que le maintien du taux initial du crédit en cas de dépassement autrement dit l'absence de facturation par la banque d'une commission dite de dépassement, n'est pas un indice probant du caractère non occasionnel du concours consenti.

Dès lors, « Une banque ne peut se voir reprocher d'avoir rompu abusivement un crédit dont l'existence n'est pas démontrée »  (Cass. com., 15 avr. 2008, n° 07-12.552, F-D, Société drômoise d'électronique et loisirs (SDEL) et a. c/ Société lyonnaise de banque : JurisData n° 2008-043721).

2 / L’autorisation de découvert :

Très souvent, les banques proposent à leurs clients la possibilité de souscrire, soit dans la convention de compte, soit par un contrat séparé, une autorisation de découvert.

Cette dernière garantit au client que la banque honorera les paiements effectués sur un compte débiteur, moyennant des agios souvent inférieurs à ceux appliqués aux facilités de caisse. Le découvert fait dans ce cas partie des services bancaires rémunérés soumis à des contraintes.

Aussi, s'agissant d'un découvert soumis aux règles du crédit à la consommation, le prêteur est tenu de présenter au titulaire d'un compte bancaire ayant fonctionné à découvert depuis plus de trois mois une offre préalable de crédit conforme aux dispositions de  l’article L311-8 du Code de la consommation.

Ainsi, le découvert de plus de trois mois est soumis aux exigences suivantes :

-      La délivrance d'une fiche d'information précontractuelle

-      La remise d'un projet de contrat de crédit

-      le respect du devoir d'explication et d'évaluation de la solvabilité.

En cas de non respect de ces exigences, le titulaire du compte est en droit de demander, outre le remboursement des frais et commissions versés, la déchéance de la banque de son droit aux intérêts.

Cette solution a été rappelée par la Cour de cassation dans un arrêt du 30 mars 2011, aux termes duquel elle a jugé que « le prêteur qui n'a pas présenté au titulaire d'un compte bancaire ayant fonctionné à découvert depuis plus de trois mois une offre préalable de crédit, ne peut réclamer que le capital restant » ( Cass. 1re civ., 30 mars 2011, n° 09-69.963, FS-P+B+I).

  • La rupture du découvert autorisé :

L’article L313-12 du Code Monétaire et financier dispose que :

« Tout concours à durée indéterminée, autre qu’occasionnel, qu’un établissement de crédit consent à une entreprise, ne peut être réduit ou interrompu que sur notification écrite et à l’expiration d’un délai de préavis fixé lors de l’octroi du concours. Ce délai ne peut, sous peine de nullité du concours, être inférieur à 60 jours ».

Il en résulte que la banque doit, sous peine de priver sa décision de tout effet, respecter un délai de préavis de 60 jours.  

Mais, il s’agit là d’un délai minimal de sorte que les parties peuvent prévoir un délai de prévenance plus long.

Il convient de préciser que le respect de ce délai vaut à la fois pour la rupture totale des concours bancaires que pour une simple réduction de concours décidée unilatéralement pour la banque.

Toutefois, l’article L313-12 alinéa 2 du Code monétaire et financier précise que « L'établissement de crédit n'est pas tenu de respecter un délai de préavis en cas de comportement gravement répréhensible du bénéficiaire du crédit ou au cas où la situation de ce dernier s'avérerait irrémédiablement compromise ».

A cet égard, la Cour de cassation dans un arrêt du 8 mars 2011, a considéré comme gravement répréhensible et justifiant une rupture sans délai des concours consentis, le fait pour un client de mobiliser deux fois les mêmes créances. Cette double mobilisation étant constitutive d'un délit, la banque était fondée à contre-passer au débit du compte courant de son client les créances litigieuses (Cass Com 8 mars 2011 n° 10-12909).

Enfin, à la demande du client, la banque doit lui fournir les « raisons de cette réduction ou interruption ».

Toutefois, cette obligation sera de pure forme dans la mesure où cette motivation de la décision de la banque ne pourra, a priori, pas être remise en cause par le client.

Enfin, l’article L313-12 alinéa 3 du Code monétaire et financier prévoit expressément qu’en cas de non respect de ces dispositions, la banque pourra voir engager sa « responsabilité pécuniaire ».

Cette responsabilité pécuniaire entrainera l’établissement financier à indemniser son client du préjudice entrainé par la violation du texte tel que les agios et autres frais financiers supportés par ce dernier à la suite de la perte subite de son autorisation de découvert.

 

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Joan DRAY
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1 Publié par Visiteur
02/04/2016 14:33

Bonjour , je suis un professionel
Ma banque m a adressé un RAR dénonciation de decouvert, sans motif.
Elle m à bloquer mes CB sans m'en informer et ma prélever des frais pour les CB que j ai effectué
Que puis je faire svp?
Metci

2 Publié par Visiteur
03/05/2016 16:06

bonjour
ma banque sté générale m'a acoordé une facilité de caisse de 1000 euros mais lorsque j'arrive à 1découvert de 400 euros elle m'écrit un courrier me disant que mon compte doit être créditeur tous les 15jours et que si je ne le fais pas de suite mes prélèvements et achats seront refusés or je suis actuellement à découvert de 950 euros sur les 1000 autorisés je n'y comprends plus rien.pourtant sur mon historique de compte il est bien inscrit"autorisation de découvert" et non "facilité de caisse?que dois_je faire svp?merci

3 Publié par Visiteur
28/06/2016 10:06

bonjour
ma banque bpca me refuse une renogociation de mon pret immobilier que puis je faire

4 Publié par Visiteur
08/08/2016 19:37

la banque n'a t'elle pas l'obligation de laisser au moins 100 € pour permettre un client en difficulté à pouvoir s'acheter de quoi manger ?

5 Publié par Visiteur
05/09/2016 12:21

Bonjour,
Mon cas est différent. Ma banque, La Banque Postale, m'avait aurorisé un découvert de 400 euros. Je sais reconnaître mes torts, vu que je depense plus que je ne gagne. Réalisant que mon découvert avoisinait parfois les 1000 euros, j'ai demandé à ma banque de supprimer mon découvert autorisé et de me mettre une carte à autorisation systématique pour éviter de retomber dans le piège.
Elle m'a donc fait parvenir une autre carte, et passé mon découvert à 40 euros.
Sauf que ça ne change rien à la situation et elle m'autorise des achats alors que je n'ai plus d'argent sur le compte.
Que puis-je faire?

6 Publié par Visiteur
17/01/2017 15:53

Bonjour, Depuis 2004, ma banque la SG m'autorise un découvert , qui à mon insu s'est transformé au cours du temps en facilité de caisse, donc depuis 12 ans j'ai cette autorisation; Est-ce normal cette situation?

7 Publié par Visiteur
18/05/2017 17:17

Bonjour ,ma banque (banque populaire)ma mis dans le rouge depuis décembre 2016,en septembre 2016 je suis allé voir la conseillère financiere pour revoir le taux de mes crédits ,mon mari étant décédé en juin 2016 ma vie allait basculée ,et nos retraites n'étant plus les même ,elle n'a rien voulue savoir,tant et si bien que mon compte est tombé dans le rouge ,j'ai due me mettre en dossier surendettement,aujourd'hui je n'aiplus 1 cts,et plus rien à manger il faut que j'attende le30 mai pour pouvoir manger .Au mois de septembre j'avais de l'argent sur mon compte .Comment je fais j'ai75 ans

8 Publié par Visiteur
29/05/2017 14:55

Bonjour ma banque ma retirer mon découvert autoriser de 700euros serait t il possible de me le remettreen place merci

9 Publié par Visiteur
24/06/2017 20:43

BonjouR urgentissime question mes jours pour ce mois compte .

je suis client depuis 32 ans au credit mutuel
j'ai r epris une activité libérale artiste auteur , mais je sors d'une licenciement économique , et chomage .

me moyens avec la transition d'allocations a ssedic et l'attente de 3 mois d'inscription RSA ont reduit cosidérablement mes revenus
ayant credits conso pour mon entreprise 'lactivité artiste auteur ne permet pas au banque de faire de prêt elles s'y refusent toutes. j'ai donc informé ma banque par lettre de cette difficulté passagère soit 3 mois demande donc de largesse de 50 euros sur l'autorisation découvert refus

resultat , la banque sur mi avril à maintenant à pratiquer une sorte de mise à l'eau en retardant les ordres de prélèvement sur les dates d'échéances se mettant en défaut de paiement , et faisant de réprésentation de dettes lesquelles remettent en défaut de paiement par les rejet donc à 10 jrs pour c ertains ordres , pendant ce temps je mets de l'argent sur le compte .
pour rien .
Pivé de tous mes moyens de paiement par ma banque à présent je ne peux plus payer , retirer du liquide pour travailler essence voiture par conséquent la banque me met en cessation de paiement délébirement . en a telle le droit , car les frais d'interventions eu ce posent là à 7 euros elle ne tient pas compte de ce fait d
e l'odre de 4 euros d'intervention sur unelcient en difficultés .

bref quoi faire ? je pense refaire lettre avec une demande express de revoir sa position
et d'appliquer des frais d'intervention en fonctin de ma situation financière devenue précaire par cette manipulation .

etant en difficultés finanière la banque lors de mon information de difficultés passagères sur 3 mois le temps que l'administration se fasse sur les allocationet le rsa aurait du ne voulant pas élargir le découvert à ce moment voir avec moi des solutions , à défaut me supprimer le découvert pour m'éviter
de plonger financièrement . les échéances auraient été couvertes dans c e cas .

j'en suis là je ne sais plus quoi faire car j'ai des défauts de paiement non pas mauvaise volonté mais par usage abusif de ma banque de la loi interdisant tout a ction pouvant nuire au surendettement par cette pratique rapportant à la banque des frais d'intervention , frais de courrier et taux d 'usure un bon petit pactol ......en faisant les compte sur avril/mai j'ai perdu
avec les rejets d'ordre de prélèvement
des revenus trimestriels me permettant de vivre sur juin juillet et aout , pour reprise d'activité sur Septembre donnant des s cours d'art sur l'année scolaire et ces cours sont payés tous les trimestes . mon revenus mensuel à donc été englouti par la banque .

10 Publié par Visiteur
09/08/2017 15:11

Bjr je voudrais savoir avec 92 jours de débit la banque me donne 60 jours pour repasser créditeur avant le 20 septembre 2017 le 23 juin 100€ de frais le 23 juillet 140€ de frais le 23 août 120€ de frais