Faute inexcusable de l'employeur : Nouvelles précisions sur l'indemnisation des victimes

Publié le 29/01/2015 Vu 36 159 fois 106
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En cas de faute inexcusable de l'employeur, l'indemnisation complémentaire à laquelle la victime a droit, ces temps aux conséquences d'une rechute de l'accident du travail initial

En cas de faute inexcusable de l'employeur, l'indemnisation complémentaire à laquelle la victime a droit, ce

Faute inexcusable de l'employeur : Nouvelles précisions sur l'indemnisation des victimes

La Cour de Cassation poursuit son travail de précision sur les modalités d'indemnisation des victimes d'une faute inexcusable de l'employeur, au travers de trois décisions récentes :

1/ La rechute de l'accident du travail initial doit faire l'objet d'une indemnisation

La Cour d'Appel de Paris avait déclaré une victime irrecevable à réclamer à la fois l'indemnisation du préjudice de l'accident du travail initial et celui d'une rechute de cet accident.

Cela était particulièrement dommageable puisque cette rechute correspondait à une réelle aggravation des séquelles de l'accident, mal évaluées initialement par les médecins.

Par un arrêt tout récent du 22 janvier 2015, dont nous avons la fierté de dire qu'il s'agit d'un de nos dossiers, la Cour de Cassation a jugé que :

« qu'en cas de faute inexcusable de l'employeur, l'indemnisation complémentaire à laquelle la victime a droit, s'étend aux conséquences d'une rechute de l'accident du travail initial ».

Cass. Soc. 22 janvier 2015, pourvoi n°14-10584

2/ Les frais d'assistance par un médecin lors de l'expertise sont d'un poste de préjudice à part entière

Lors de l'expertise médicale, il est absolument indispensable pour une victime d'être assistée par un médecin conseil spécialisé, qui pourra défendre au mieux son dossier.

Jusqu'à présent, ces frais d'assistance étaient globalisés par les juridictions dans le remboursement alloué au titre de l'article 700 du code de procédure civile. Compte tenu des (souvent) faibles montants alloués, la victime gardait de fait à sa charge une partie de ces frais.

Par un arrêt du 18 décembre 2014, la Cour de Cassation a jugé que les frais d'assistance par un médecin lors des opérations d'expertise, « qui sont la conséquence directe de l'accident du travail, ne figure pas parmi les chefs de préjudice expressément couvert par le livre IV du code de la sécurité sociale, ce dont il résulte qu'ils ouvrent droit à indemnisation complémentaire en raison de la faute inexcusable de l'employeur ».

Cass. Soc. 18 décembre 2014, pourvoi n°13-25839

Comme il y a lieu de le faire en droit commun, il est désormais de la responsabilité des avocats spécialisés de former une demande spécifique d'indemnisation pour ces frais, dont il y a tout lieu de penser qu'ils seront dorénavant intégralement remboursés.

3/ La perte de droits à la retraite ne donne pas droit à indemnisation

Depuis un arrêt du 17 mai 2006, la Cour de Cassation estime que «  lorsqu’un salarié a été licencié en raison d’une inaptitude consécutive à une maladie professionnelle qui a été jugée imputable à une faute inexcusable de l’employeur, il a droit à une indemnité réparant la perte de l’emploi due à cette faute de l’employeur ».

Elle avait eu l'occasion de rappeler que dans ce cadre, le préjudice spécifique résultant d'une perte sur les droits à la retraite, consécutif au licenciement, doit être pris en compte (Cass. Soc. 26 octobre 2011, pourvoi n°10-20991).

Or, par un arrêt du 9 janvier 2015, la chambre mixte de la Cour de Cassation, réunissant, la deuxième chambre civile, la chambre sociale, et la chambre criminelle, a jugé que :

« Mais attendu que si l'article L. 452-3 du code de la sécurité sociale, tel qu'interprété par le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2010-8 QPC du 18 juin 2010, dispose qu'en cas de faute inexcusable, la victime d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle peut demander à l'employeur, devant la juridiction de sécurité sociale, la réparation de chefs de préjudice autres que ceux énumérés par le texte précité, c'est à la condition que ces préjudices ne soient pas déjà couverts par le livre IV du code de la sécurité sociale ;





Et attendu que la perte de droits à la retraite, même consécutive à un licenciement du salarié pour inaptitude, est couverte, de manière forfaitaire, par la rente majorée qui présente un caractère viager et répare notamment les pertes de gains professionnels et l'incidence professionnelle résultant de l'incapacité permanente partielle subsistant au jour de la consolidation ;

Que la cour d'appel a donc décidé à bon droit que la perte subie par M. X... se trouvait déjà indemnisée par application des dispositions du livre IV, de sorte qu'elle ne pouvait donner lieu à une réparation distincte sur le fondement de l'article L. 452-3 du code de la sécurité sociale ; »

Cass. Ch. mixte, 9 janvier 2015, pourvoi n°14-10584

Il semble malheureusement que cette jurisprudence marque un recul pour l'indemnisation des victimes de la faute inexcusable de l'employeur.

À ce jour, il semble donc que seul le licenciement pour inaptitude résultant de l'accident ou de la maladie professionnelle donne droit à une indemnisation spécifique.

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1 Publié par Guillaume Cousin
24/01/2017 16:29

Votre MP est reconnue dans vos rapports avec la CPAM, et cela ne changera pas.

Votre dossier de faute inexcusable sera plus difficile à gagner si votre employeur obtient gain de cause, mais ça n'a rien d'impossible.

2 Publié par Visiteur
27/01/2017 14:06

Si je comprends bien, la mention apte avec la mention doit faire attention aux manutentions signifie pour vous que j'étais inapte à la manutention?

l'employeur qui a une obligation de sécurité et de résultat ne devait il pas intéroger le MT pour obtenir des précisions? Est ce par rapport a cette obligation que l'employeur a commis une faute?

Quelle est la démarche a entreprendre pour obtenir une indemnisation de mes prejudices corporels?

Excécution déloyale de mon contrat de travail devant le cph,autre demande?
faute inexcusable de l'employeur devant le TASS?

Merci pour votre réponse et vos informations que vous fournissez sur le sujet.

3 Publié par Guillaume Cousin
27/01/2017 14:50

Cher Monsieur,

Ne connaissant pas le détail de votre dossier, je ne peux vous donner que des directives générales.

La mention "faire attention à la manutention" prêtera évidemment à débat, puisse que votre employeur prétendra qu'il a "fait attention", et de fait, nul ne peut savoir exactement ce que signifie juridiquement "faire attention".

Peut-être effectivement aurait-il du demander des précisions médecin du travail, mais le simple fait qu'il ne l'ait pas fait n'est pas obligatoirement de nature engager sa responsabilité. Je vous recommande de bien détailler votre dossier avec un avocat compétent avant d'engager une procédure.

Si la dégradation de votre état de santé a donné lieu à la reconnaissance d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle, c'est la faute excusable de l'employeur qui doit être soulevée devant le TASS.

Sinon, c'est devant le conseil de prud'hommes qu'il faut aller, pour faire valoir un manquement à l'obligation de sécurité de résultat.

Bien cordialement,

Guillaume Cousin

4 Publié par Visiteur
11/02/2017 19:25

Bonsoir,
Je viens de recevoir le procès verbal de non conciliation suite au refus de mes anciens employeurs d'assister à une tentative de conciliation.
Je dispose maintenant de deux ans pour saisir le Tass.
Dans quelle forme doit se faire la saisine? Vais je recevoir par le tas un calendrier de procédure pour connaître les dates d'envois des conclusions avant la première convocation?
Par ailleurs, puis je obtenir communication du document unique d'évaluation des risques?
Peut on faire intervenir l'inspecteur du travail pour constater que certaines machines ne sont pas adaptées au travail même 5 ans apres l'accident de travail?
Cordialement

5 Publié par Visiteur
13/02/2017 20:01

Bonsoir,
J'ai lu qu'il fallait appeler la caisse en déclaration de jugement commun. Quelle est la procédure?
Merci pour les réponses que vous voudrez bien m'apporter.
Cordialement

6 Publié par Guillaume Cousin
14/02/2017 09:47

Bonjour,

La saisine du TASS se fait par lettre RAR.

La Caisse sera automatiquement mise en cause par le Greffe.

Bien cordialement,

Guillaume Cousin

7 Publié par Visiteur
14/02/2017 20:55

Bonjour mon cas est un accident de travail initial en date de mars 2011
Ensuite fin d'AT février 2012 avec un taux d'ipp a 5%
J'effectue ensuite une rechute en 2014 qui après multiples expertise le verdict tombe validé la rechute et validé et mon taux d'ipp grimpe à 15% avec l'attribution d'une rente
Mon souci est que je n'avais pas demandé de faute inexcusable initial vu que j'ai dépassé les 2 ans il n'y a plus de moyen de demandé la faute?

8 Publié par Visiteur
14/02/2017 20:59

J'ajoute à cela que depuis cet AT je suis reconnue auprès de la mdph pour un reclassement professionnel car vu mon état de santé je ne peux plus exercer et mon moral commence sérieusement à prendre un coup! Car depuis je n'est plus travaillé!!! Que m'est il possible de faire pour obtenir mes droits en vous remerciants

9 Publié par Guillaume Cousin
15/02/2017 10:38

Bonjour Bernie13,

Effectivement, le délai de prescription concerne l'accident initial, et la rechute ne fait pas courir de nouveau délai.

Si vous avez été consolidé en 2012, vous êtes malheureusement prescrit.

J'en suis désolé pour vous.

Reste à explorer une éventuelle procédure prud'homale par rapport à votre licenciement (si tel est le cas).

Bie cordialement,

Guillaume Cousin

10 Publié par Visiteur
29/04/2017 00:01

Bonjour,
Depuis 2012 nous sommes en proces pour faute inexcusable de l'employeur qui a été reconnu en appel cette semaine . Nous devons attendre 2 mois pour voir s'ils vont en cassation .
Mais a quel moment, nous comencerons à toucher l'argent de la rente majorée ?
cdt,

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