Faute inexcusable de l'employeur : Nouvelles précisions sur l'indemnisation des victimes

Publié le 29/01/2015 Vu 36 168 fois 106
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En cas de faute inexcusable de l'employeur, l'indemnisation complémentaire à laquelle la victime a droit, ces temps aux conséquences d'une rechute de l'accident du travail initial

En cas de faute inexcusable de l'employeur, l'indemnisation complémentaire à laquelle la victime a droit, ce

Faute inexcusable de l'employeur : Nouvelles précisions sur l'indemnisation des victimes

La Cour de Cassation poursuit son travail de précision sur les modalités d'indemnisation des victimes d'une faute inexcusable de l'employeur, au travers de trois décisions récentes :

1/ La rechute de l'accident du travail initial doit faire l'objet d'une indemnisation

La Cour d'Appel de Paris avait déclaré une victime irrecevable à réclamer à la fois l'indemnisation du préjudice de l'accident du travail initial et celui d'une rechute de cet accident.

Cela était particulièrement dommageable puisque cette rechute correspondait à une réelle aggravation des séquelles de l'accident, mal évaluées initialement par les médecins.

Par un arrêt tout récent du 22 janvier 2015, dont nous avons la fierté de dire qu'il s'agit d'un de nos dossiers, la Cour de Cassation a jugé que :

« qu'en cas de faute inexcusable de l'employeur, l'indemnisation complémentaire à laquelle la victime a droit, s'étend aux conséquences d'une rechute de l'accident du travail initial ».

Cass. Soc. 22 janvier 2015, pourvoi n°14-10584

2/ Les frais d'assistance par un médecin lors de l'expertise sont d'un poste de préjudice à part entière

Lors de l'expertise médicale, il est absolument indispensable pour une victime d'être assistée par un médecin conseil spécialisé, qui pourra défendre au mieux son dossier.

Jusqu'à présent, ces frais d'assistance étaient globalisés par les juridictions dans le remboursement alloué au titre de l'article 700 du code de procédure civile. Compte tenu des (souvent) faibles montants alloués, la victime gardait de fait à sa charge une partie de ces frais.

Par un arrêt du 18 décembre 2014, la Cour de Cassation a jugé que les frais d'assistance par un médecin lors des opérations d'expertise, « qui sont la conséquence directe de l'accident du travail, ne figure pas parmi les chefs de préjudice expressément couvert par le livre IV du code de la sécurité sociale, ce dont il résulte qu'ils ouvrent droit à indemnisation complémentaire en raison de la faute inexcusable de l'employeur ».

Cass. Soc. 18 décembre 2014, pourvoi n°13-25839

Comme il y a lieu de le faire en droit commun, il est désormais de la responsabilité des avocats spécialisés de former une demande spécifique d'indemnisation pour ces frais, dont il y a tout lieu de penser qu'ils seront dorénavant intégralement remboursés.

3/ La perte de droits à la retraite ne donne pas droit à indemnisation

Depuis un arrêt du 17 mai 2006, la Cour de Cassation estime que «  lorsqu’un salarié a été licencié en raison d’une inaptitude consécutive à une maladie professionnelle qui a été jugée imputable à une faute inexcusable de l’employeur, il a droit à une indemnité réparant la perte de l’emploi due à cette faute de l’employeur ».

Elle avait eu l'occasion de rappeler que dans ce cadre, le préjudice spécifique résultant d'une perte sur les droits à la retraite, consécutif au licenciement, doit être pris en compte (Cass. Soc. 26 octobre 2011, pourvoi n°10-20991).

Or, par un arrêt du 9 janvier 2015, la chambre mixte de la Cour de Cassation, réunissant, la deuxième chambre civile, la chambre sociale, et la chambre criminelle, a jugé que :

« Mais attendu que si l'article L. 452-3 du code de la sécurité sociale, tel qu'interprété par le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2010-8 QPC du 18 juin 2010, dispose qu'en cas de faute inexcusable, la victime d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle peut demander à l'employeur, devant la juridiction de sécurité sociale, la réparation de chefs de préjudice autres que ceux énumérés par le texte précité, c'est à la condition que ces préjudices ne soient pas déjà couverts par le livre IV du code de la sécurité sociale ;





Et attendu que la perte de droits à la retraite, même consécutive à un licenciement du salarié pour inaptitude, est couverte, de manière forfaitaire, par la rente majorée qui présente un caractère viager et répare notamment les pertes de gains professionnels et l'incidence professionnelle résultant de l'incapacité permanente partielle subsistant au jour de la consolidation ;

Que la cour d'appel a donc décidé à bon droit que la perte subie par M. X... se trouvait déjà indemnisée par application des dispositions du livre IV, de sorte qu'elle ne pouvait donner lieu à une réparation distincte sur le fondement de l'article L. 452-3 du code de la sécurité sociale ; »

Cass. Ch. mixte, 9 janvier 2015, pourvoi n°14-10584

Il semble malheureusement que cette jurisprudence marque un recul pour l'indemnisation des victimes de la faute inexcusable de l'employeur.

À ce jour, il semble donc que seul le licenciement pour inaptitude résultant de l'accident ou de la maladie professionnelle donne droit à une indemnisation spécifique.

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1 Publié par Visiteur
01/05/2017 11:16

Bonjour,
Je viens d'être consolidée avec séquelles, d'une rehute d'accident du travail.
L'accident date du 26 juin 2005 et la rechute du 18 février 2014.
Est il possible d'attaquer mon entreprise pour : Faute inexcusable?
Merci pour votre réponse.
Cordialement

2 Publié par Guillaume Cousin
02/05/2017 09:31

Malheureusement, la prescription de deux ans court à compter de l'accident initial, et/ou de la fin du paiement des indemnités journalières sur l'accident initial.

La rechute ne fait pas courir un nouveau délai.

Votre action est donc prescrite, s'agissant de l'accident de 2005.

3 Publié par Visiteur
04/05/2017 10:52

Bonjour,

J'ai subi un AT en avril 2013 puis une rechute en novembre 2013 jusqu'en octobre 2014.
Mon employeur m'a licenciée pour faute grave pendant mon AM car la CPAM a contesté le caractère professionnel de cette rechute. Le TASS lui a donné tort en mai 2016.
J'ai donc perçu des IJ en aout 2016 et est été consolidée avec séquelles en septembre 2017.
Coté employeur, celui-ci a été condamné par la cour d'appel pour harcèlement entre autre en septembre 2016.
Puis-je dans le cadre de la loi et du fait que j'ai été en procédure pour faire reconnaitre et mon licendiement abusif et le caractère professionnel de ma rechute (qui a pris 3 ans) encore invoquer la faute inexcusable de l'employeur ?
L'action en justice n'arrête t elle pas le délai de prescription ?
Cordialement

4 Publié par Guillaume Cousin
04/05/2017 13:57

Tout dépend de la date de consolidation de l'accident initial, et de l'objet du recours TASS.

5 Publié par Visiteur
05/05/2017 12:23

Bonjour,
Mon médecin traitant a effectué un certificat final de guerison apparente avec possibilités de rechute ultérieure en juin 2013 mais je n'ai jamais été consolidée de cet arrêt.
Ce certificat final vaut-il consolidation dans ce cas ?
Le recours TASS portait sur le fait que la rechute était bien imputable à l'AT initial.
Je vous remercie de m'avoir répondu.
Cordialement

6 Publié par Visiteur
20/06/2017 00:03

Bonsoir
Je viens vous poser une question
j ai gagné au TASS pour la faute inexcusable de mon employeur le 28/03/2017 mais les avocats de mon employeur a fait appel devant la chambre de cour d appel de Paris Combien de temps il faut attendre pour avoir une décision d une réponse du prochain jugement ? Mon avocat me laisse sans réponse Merci de votre compréhension

7 Publié par Guillaume Cousin
20/06/2017 10:05

Bonjour,

Le délai d'attente devant la Cour d'Appel de PARIS est variable.

Alors qu'il a pu atteindre par le passé jusqu'à 3 ans, il faut aujourd'hui compter 12 à 18 mois.

Il est aussi possible, dans certains cas, d'écrire à la Cour d'Appel pour demander une date plus rapprochée. Il faut motiver spécialement cette demande.

Bon courage à vous.

8 Publié par Visiteur
15/09/2017 23:12

maitre
aidez moi svp je suis perdue , je ne dors plus je ne connais rien dans les droits des accidents de travail svp

J'ai subi un AT en 2011 puis une rechute initial en 2015 méme expert a reconnus la rechute d'une façon directe certaine et rattachable ,en activité et soins jusqu'en 2016 en activité mais son soins je suis passé par le méme expert qui reconnais pas la rechute ,mon état de santé s'es dégrader deux avcs en deux mois , asciatique , hernis discale,tendinite,problème dans l'oeil,fracture ou bras des maux de téte sans arret , lombalgie aigue ,moral 0 le mal de dos impossible de me baisser etc etc ,je ne connais rien on ma parler de contestation par peur plus de délais ma santé va trés mal j'ai fait une rechute pour le moment je ne sais plus kuoi faire je me suis jamais arreter j'aime travaillé c'est juste protéger ma santé pour pouvoir travaillé comment faire svp

9 Publié par Visiteur
24/09/2017 00:46

bonsoir
un très grand merci pour votre réponse rapide ,je prendrais contacte dans les jours qui suivent
encore merci

10 Publié par Visiteur
01/10/2017 15:34

Bonjour

MP déclarée en 2013 ,rechute en mai 2017 chez un autre employeur qui ne veut rien savoir alors que c est le même travail.Je vais être en inaptitude,ne pouvant plus travaillé j ai 60 ans quelles sont mes droits merci

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